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Le sous-marin d'attaque nucléaire (SNA) Suffren construit par Naval Group débute officiellement le vendredi 3 juin sa mission. Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, est ainsi attendu à Brest pour "l’admission au service actif" qui correspond à sa mise en service officielle. Cette cérémonie a lieu sur la plage de Riva-Bella.
Ce monstre d'acier noir tient son nom de Pierre-André Suffren, un amiral qui s'est illustré face aux Anglais au XVIIIe siècle.
Le submersible a en réalité été livré à la Marine nationale en novembre 2020 pour son déploiement de longue durée (DLD), une phase de tests en grandeur nature visant à vérifier le fonctionnement du bâtiment. Il a notamment réalisé une première traversée de longue durée l’été 2021, jusqu’à l’Équateur pour tester son fonctionnement en eaux chaudes et vérifier son endurance dans la durée.
Une fuite constatée sur l’une de ses turbines ainsi que la crise sanitaire du covid ont retardé un peu son entrée en mission opérationnelle qui devait être réalisée en 2021.
Un programme à 9 milliards d'euros
"Les nations qui dans le monde sont capables de mener à bien un tel projet industriel sont rares", avait alors souligné Emmanuel Macron, saluant "avec fierté" le travail des ingénieurs civils et militaires, techniciens et ouvriers.
Basé à Toulon, le Suffren est le premier sous-marin de la classe Barracuda, à propulsion nucléaire qui remplacera les sous-marins Rubis mis en service entre 1976 et 1990. Le coût de ce programme atteint 9 milliards d'euros. Six Barracuda doivent être livrés d'ici 2030.
Sa mission est de protéger les bâtiments précieux comme les porte-avions et sous-marins lanceurs d'engins (SNLE) à l'image du porte-avions Charles de Gaulle en détectant les sous-marins adverses et faire du renseignement.
Son atout: il est quasiment indétectable. Le son qu'il émet équivaut à celui d'un "banc de crevettes", selon l'expression utilisée par les responsables du projet.
Ses dimensions sont hors-normes. 99 mètres contre 76 mètres pour les Rubis et plus lourd (5.300 tonnes contre 2.600 tonnes). 65 sous-mariniers composent l'équipage qui comprendre pour la première fois de l'histoire de la Marine des femmes.
Des missiles d'une portée de 1.000 kilomètres
Il est capable de plonger à 350 mètres de profondeur pendant 70 jours contre 45 pour les Rubis.
Côté armement, le Suffren n'est pas équipé de missile nucléaire, comme les SLNE qu'il doit protéger. Il transporte 50% d’armes en plus que les Rubis. Il dispose de missiles de croisière, de la future torpille lourde F21 et du missile antinavire SM 39. Le Suffren peut tirer quatre missiles en une seule salve à une portée de 1.000 kilomètres.
Il dispose surtout d'un hangar de pont amovible pour les nageurs de combat. Cette base secrète immergée est dédiée aux nageurs de combat. Ils l'utiliseront pour faire partir des drones et aller en missions avec des mini sous-marins PSM3G.
Le prochain SNA pourrait être livré l'an prochain
Le second SNA de la classe Barracuda, le Dugay-Trouin, devrait être mis à l’eau d’ici la fin de l’été 2023. Un préalable avant la divergence de son réacteur. Et, selon la Presse de la Manche, ses premiers essais en mer ne débuteraient qu’en fin d’année 2022, ce qui fait qu’il sera livré à la Marine nationale, au mieux, qu’en 2023.
Rappelons que ce modèle de sous-marin aurait dû être exporté en Australie dans une version à propulsion non nucléaire. Mais Canberra a annulé unilatéralement le contrat, préférant conclure un partenariat stratégique avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, provoquant une crise diplomatique majeure entre la France et ses alliés.
Si Naval Group est le fabriquant du Suffren, 100 sous-traitants et PME sont impliqués dans le programme, en France et aussi en Europe. Ces entreprises sont principalement implantées dans les régions Normandie (Cherbourg) et Pays de la Loire (Nantes-Indret) mais aussi en PACA (Toulon, Saint-Tropez, Aix-en-Provence et Cadarache), Poitou-Charentes (Ruelle), Bretagne (Lorient et Brest) et région parisienne (Paris et Saclay).
Au total, 2.500 hommes et femmes ont participé à la construction du sous-marin avec en plus 800 techniciens chez les sous-traitants.
Rôles du sous-marin nucléaire d'attaque
Les sous-marins nucléaires d'attaque (abrégés en SNA en français et SSN pour « Ship Submersible Nuclear » selon le code OTAN) sont des sous-marins à propulsion nucléaire. Contrairement aux SNLE (Sous-marin nucléaire lanceur d'engins) qui ont pour seule mission la dissuasion nucléaire, les SNA sont destinés à des missions de protection, de renseignement et de projection de puissance.
Ces sous-marins sont des chasseurs. Ils ont plusieurs rôles :
- Lutte anti-sous-marine : détection, pistage et éventuellement destruction de sous-marins adverses (SNA, SNLE ou sous-marins diesel), en mission individuelle (patrouille) ou en protection d'un groupe de combat de surface, notamment d'un groupe aéronaval ;
- Lutte anti-navire : soit en mission de protection d'un groupe de surface, ou en mission offensive : blocus naval, stratégies d'interdiction ;
- Action contre la terre avec l'emploi de missiles de croisière ;
- Renseignement : interception électronique, prises de vues optiques et infra-rouge discrètes ;
- Participation à des actions de forces spéciales avec le débarquement de commandos et de nageurs de combat ;
- Minage en eaux hostiles.
Avantages par rapport aux sous-marins classiques
Les sous-marins classiques (code OTAN : SS [Sub-Surface] ou SSK - K pour kerosen, propulsion thermique - abréviation retirée de la nomenclature officielle depuis 2007) sont également conçus pour ces missions. Mais la propulsion nucléaire, totalement indépendante de l'atmosphère, apporte aux SNA un avantage déterminant en mobilité tactique et stratégique et en discrétion :
- Alors que les sous-marins classiques sont contraints de remonter en surface (ou à l'immersion périscopique en utilisant un schnorchel) pour alimenter les moteurs diesel en air (oxygène) et, ainsi recharger leurs batteries électriques, après quelques dizaines d'heures de plongée aux moteurs électriques (quelques jours pour ceux dotés de propulsion AIP), les rendant ainsi détectables et vulnérables, les sous-marins à propulsion nucléaire peuvent rester plusieurs mois en plongée, préservant ainsi leur discrétion.
- Ils peuvent également soutenir dans la durée des vitesses importantes en plongée qu'un sous-marin classique ne pourrait maintenir plus de quelques dizaines de minutes sans entièrement décharger ses batteries.
Armement
- Torpilles : il s'agit de torpilles lourdes à long rayon d'action, généralement filoguidées, à autodirecteur acoustique actif ou passif.
- Missiles aérodynamiques à changement de milieu (c’est-à-dire lançable en plongée) de 2 types :
* anti-navires à autoguidage électromagnétique actif (radar) comme le SM-39, dérivé de l'Exocet, ou le SubHarpoon ;
* de croisière (action contre la terre) guidage inertiel et recalage satellitaire, comme le Tomahawk.
- Mines
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