samedi 18 juin 2022

(FR) WikiLeaks : Julian Assange (Le fondateur de WikiLeaks va être extradé vers les Etats-Unis)

 

Cliquez ici pour consulter la documentation la plus récente. 


Le couple Julian Assange & Stella Moris se mariera en petit comité avec seulement quatre invités et deux témoins. JUSTIN TALLIS / AFP


17/06/2022Londres confirme l’extradition de Julian Assange aux Etats-Unis
https://www.leparisien.fr/faits-divers/londres-confirme-lextradition-de-julian-assange-aux-etats-unis-17-06-2022-ISVN7Q55E5DVTHZEEFCMOTKWI4.php

23/03/2022 : Julian Assange se marie en prison avec son ancienne avocate Stella Moris.
https://www.lefigaro.fr/international/julian-assange-se-marie-en-prison-avec-son-ancienne-avocate-20220323



Stella Moris a épousé Julian Assange à la prison de Belmarsh, le 23 mars 2022. © Dylan Martinez / Reuters

23/03/2022 : Mariage derrière les barreaux pour Julian Assange etStella Moris
https://www.parismatch.com/Actu/International/Mariage-derriere-les-barreaux-pour-Julian-Assange-et-son-ancienne-avocate-1795844#




La future femme de Julian Assange arrive en robe de mariée à la prison de Belmarsh

Histoire de Julian Assange

Julian Assange risque l'extradition vers les États-Unis et jusqu'à 175 ans de prison pour avoir dévoilé des milliers de documents secrets avec Wikileaks.

Julian Assange né le 3 juillet 1971 à Townsville en Australie, est un journaliste, informaticien, cybermilitant et lanceur d'alerte. Il est surtout connu en tant que fondateur, rédacteur en chef et porte-parole de WikiLeaks. Cette association à but non lucratif a suscité la controverse en publiant des documents confidentiels, notamment des câbles diplomatiques et des fuites d'informations classifiées. L'action de Julian Assange se rapproche de celle d'Edward Snowden, ancien consultant pour la National Security Agency (NSA), qui a dévoilé le système de surveillance mondial de cette agence de renseignements américaine.

En 2010, à la suite des révélations de WikiLeaks sur la manière dont les États-Unis et leurs alliés mènent la guerre en Irak et en Afghanistan, Julian Assange atteint une grande notoriété. Il est ensuite au cœur d'une affaire politico-judiciaire internationale, qui le prive de liberté à partir de 2010 dans des circonstances telles qu'il a pu être qualifié de prisonnier politique.

En liberté surveillée, puis réfugié dans l’ambassade d'Équateur à Londres entre 2012 et 2019, il est incarcéré depuis 2019 au Royaume-Uni et au cœur d’une procédure d’extradition demandée par les États-Unis après avoir été inculpé pour « espionnage » ; il encourt 175 ans de prison.


Enfance et famille

Julian Paul Assange a une enfance turbulente et est en cavale avec sa mère de ses 11 à ses 16 ans après sa séparation d'un homme qui était membre d'une secte australienne. À 14 ans, il avait déjà déménagé 37 fois. À 16 ans, sa mère lui achète un ordinateur Commodore 64. Bien que les sites Web n'existent pas à l'époque, il rejoint un groupe de piratage informatique appelé "International Subversives". À 18 ans, il vit dans un syndicat de squatters à Melbourne avec sa compagne de 16 ans. Le couple a un fils quand elle a 17 ans. Des années plus tard, après une descente de police chez eux, elle choisit de partir avec l'enfant. À 20 ans, il est arrêté avec d'autres jeunes hackers et poursuivi pour 31 délits de cybercriminalité. Il étudie la programmation, les mathématiques et la physique à l'université mais n'obtient jamais de diplôme.


Informatique et études universitaires

En 1993, Assange participe au lancement de l'un des premiers fournisseurs de services Internet grand public en Australie, Suburbia Public Access Network. À partir de 1994, il exerce des activités en tant que programmeur et développeur de logiciels libres. En 1995, il écrit le logiciel Strobe, un scanner de port. En 1996, il contribue à l’écriture de plusieurs correctifs pour le projet PostgreSQL11. Assange a participé à la rédaction du livre Underground: Tales of Hacking, Madness and Obsession on the Electronic Frontier qui relate ce qu'il a vécu avec le groupe des International Subversives. Il co-invente, à partir de 1997, le système de chiffrement, un concept de cryptographie élaboré dans un progiciel pour GNU/Linux

À l’origine, dans l’esprit d'Assange, ce système devait constituer « un outil au service des personnes œuvrant en faveur des droits de l’homme, et qui avaient besoin de protéger des données sensibles dans ce domaine ». Parmi les autres logiciels qu’il a écrits ou coécrits, on compte le logiciel de mise en cache, une interface en ligne de commande pour les moteurs de recherche Web. En 1999, Assange enregistre le nom de domaine leaks.org, « mais », dit-il, « ensuite, je n’en ai rien fait ».

Le 4 novembre 2010, dans un entretien télévisé accordé à la Radio télévision suisse, il décrit ses premiers pas d'informaticien, grâce au Commodore 64 offert par sa mère. Il a par la suite utilisé un ordinateur Amiga pour ses premières activités de hacking.

Assange a fréquenté 6 universités. De 2003 à 2006, il a étudié la physique et les mathématiques à l'université de Melbourne, suivi des études de philosophie et de neurosciences, sans obtenir de diplôme.


Hacker

En 1987, dès l'âge de 16 ans, Assange devient un hacker, utilisant comme pseudo « Mendax » (menteur en latin) puis « Prof ». Ce dernier nom ferait allusion au roman Cryptonomicon de l'auteur de science-fiction américain Neal Stephenson.

En 1991, il est repéré dans une attaque contre un serveur australien de Nortel, une multinationale de télécommunications, et la police australienne perquisitionne son domicile en octobre. Poursuivi en justice, il plaide coupable en 1996. Il est condamné à une faible peine : 2.100 dollars australiens de dommages-intérêts.

 

Vie privée


Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, et Stella Moris (image d’archives). AFP

Julian Assange a plusieurs enfants dont un est français et vit en France. Début avril 2020, dans un entretien au Mail on Sunday, son ancienne avocate Stella Moris révèle qu'elle a eu 2 enfants avec Julian Assange lorsqu'il était réfugié à l'ambassade d'Équateur à Londres dans les années 2010. Elle a choisi de révéler l'existence de ses jeunes enfants sous la pression du juge qui, selon elle, souhaitait divulguer cette information et parce qu'elle « craint que la vie d'Assange ne soit en danger s'il reste à Belmarsh » en raison de la pandémie de Covid-19. 

En 2021, Stella Moris continue de se battre pour la libération de Julian Assange. « Je veux juste qu'il rentre à la maison, guérisse, profite de nos enfants et qu'il se reconnecte à la nature, dont il a été privé depuis une décennie », confie-t-elle. Mi-novembre 2021, elle affirme avoir eu l'autorisation de pouvoir se marier avec Julian Assange au sein de la prison de Belmarsh, sans qu'aucune date n'ait été fixée.


Les dates clés de l'affaire Julian Assange 

En 2006, Julian Assange fonde WikiLeaks, qui permet aux lanceurs d’alerte de divulguer des documents relatifs à des scandales de corruption, d’espionnage et de violations des droits humains perpétués par des États, tout en protégeant leurs sources. 


Publication de documents secrets américains sur la guerre en Irak et en Afghanistan

En avril 2010, WikiLeaks publie des documents classifiés sur la guerre d'Irak et notamment la vidéo Collateral murder (Meurtre collatéral). Chelsea Manning est l'analyste militaire américaine qui lui fournit les documents, sachant qu’elle risquait d'être poursuivie pour trahison.

Les autorités des États-Unis commencent à enquêter sur WikiLeaks et Assange en vertu de la loi sur l'Espionnage de 1917, ce que confirme en novembre 2010 le ministre de la Justice américain, Eric Holder. Un grand jury est constitué à Alexandria en Virginie.

En octobre 2010, le site révèle notamment que les forces militaires alliées en Irak, ont torturé ou tué sans raison des centaines d'Irakiens et met en évidence « de nombreux cas de crimes de guerre qui semblent manifestes de la part des forces américaines, comme le meurtre délibéré de personnes qui tentaient de se rendre ».

Fin novembre 2010, Julian Assange échange des lettres avec le gouvernement américain, puis WikiLeaks commence à publier les révélations de télégrammes de la diplomatie américaine. La Maison-Blanche qualifie cette opération de « crime grave ». D'après Robert Gibbs, porte-parole de la présidence américaine, WikiLeaks et ceux qui disséminent ces informations seraient des criminels, il estime que ces fuites constituent « de graves violations de la loi et une menace grave pour ceux qui mènent et aident notre politique étrangère ». D'après The New York Times, la secrétaire d'État Hillary Clinton évoque une « les fuites mettent en danger la sécurité nationale ».


Mandat d'arrêt suédois pour délit sexuel

Le 21 août 2010, la justice suédoise révèle suspecter Julian Assange de délits sexuels (viol mineur) à l'encontre de deux femmes suédoises. Les deux femmes, amies, ont fait une déposition commune auprès du commissariat local quelques jours après avoir eu des relations sexuelles séparées et répétées avec Julian Assange mais n'ont pas porté plainte et c'est la police qui a pris l'initiative d'informer le parquet. Quelques heures après l'émission du communiqué de presse, le Parquet lève l'avis de recherche estimant qu'en fait M. Assange « n'était pas suspect de viol » et « n'était plus recherché »2. En revanche, l'enquête pour agression se poursuit. Julian Assange nie formellement les faits, et reconnaît avoir eu une relation sexuelle, consentie, avec les deux femmes. Ces dernières ne nient pas que la relation était initialement consentie, mais affirment qu'Assange aurait retiré son préservatif sans qu'elles l'y aient autorisé. Le refus d'arrêter immédiatement les ébats après la rupture d'un préservatif est un acte condamnable en droit suédois.

Cette accusation survient peu de temps après que WikiLeaks a publié 77 000 documents confidentiels de l'armée américaine sur la guerre en Afghanistan, déclenchant la « fureur du Pentagone », puis annoncé, le 15 août 2010, vouloir en publier 15 000 nouveaux

Le 18 novembre 2010, le parquet suédois, après avoir abandonné les poursuites et l'avoir autorisé à quitter le territoire, émet un mandat d'arrêt contre Julian Assange, afin de l'interroger sur des suspicions de « viol mineur » et d'agression sexuelle. Julian Assange se déclare prêt à être interrogé.

Depuis le 30 novembre 2010, il est l'objet d'un mandat d'arrêt international de la part de la Suède relayé par Interpol pour cette affaire.


Liberté surveillée, sous caution au Royaume-Uni

Le 7 décembre 2010, alors que Julian Assange se rendait à une convocation judiciaire concernant l'affaire suédoise, Assange est arrêté par la police britannique, qui lui fait savoir son intention de l'extrader vers la Suède.

Une semaine après son arrestation, Julian Assange bénéficie d'une décision de remise en liberté surveillée sous réserve du paiement d'une caution fixée à hauteur de 240.000 £ (282 000 €). La décision contestée par l'accusation est confirmée en appel par la Haute Cour de justice de Londres le 16 décembre 2010. 

Le 16 décembre 2010, après le versement d'une caution de 282 000 € exigée pour sa libération conditionnelle, Julian Assange est libéré mais doit porter un bracelet électronique.


Publication de l'intégralité des câbles diplomatiques américains par WikiLeaks

Le 2 septembre 2011, à la suite de la fuite d'une archive chiffrée de WikiLeaks sur Internet contenant les données brutes des télégrammes de la diplomatie américaine, WikiLeaks décide de publier l'intégralité des 250 000 câbles diplomatiques américains non expurgés des noms qui pourraient être identifiés, comme cela avait été le cas jusqu'alors. Julian Assange et The Guardian s'accusent mutuellement de négligence dans la fuite initiale de l'archive chiffrée.

La porte-parole du département d’État américain, Victoria Nuland, dans un communiqué : « WikiLeaks nous a avertis de la diffusion imminente d'informations et de son intention de continuer à publier des documents classifiés », et ajoute « Cependant, WikiLeaks a ignoré nos demandes de ne pas publier ou diffuser tout document américain qu'il pouvait avoir en sa possession ». Les États-Unis estiment que WikiLeaks mettrait des vies en danger en citant des sources, ce que WikiLeaks dément, l'organisation ayant contacté les autorités américaines la semaine précédente, afin que les sources potentiellement mises en danger puissent se mettre à l'abri.


Refuge à l'ambassade d'Équateur à Londres

Rejet de son ultime recours contre une extradition vers la Suède  - Julian Assange fait appel devant la Cour suprême du Royaume-Uni, qui avait validé le principe de son extradition vers la Suède le 30 mai 2012; cette cour rejette le 14 juin 2012 ce dernier recours pour ne pas être extradé vers la Suède, considérant ainsi que le mandat d'arrêt européen lancé contre lui pour interrogatoire est valide.


Refuge et demande d'asile à l'ambassade d'Équateur - Poursuivi par la justice britannique du fait du mandat d'arrêt suédois, Julian Assange se réfugie le 19 juin 2012 dans l'ambassade d'Équateur à Londres, alors qu'il était en liberté sous caution au Royaume-Uni,  pour y déposer une demande d'asile politique

Le ministre des affaires étrangères équatorien Ricardo Patiño rencontre Julian Assange à Londres

Le ministre équatorien des Affaires étrangères, Ricardo Patiño, confirme sa demande, déclare que son gouvernement va l'étudier et qu'en attendant Julian Assange peut rester à l'intérieur de l'ambassade. Il vivra reclus, dans une pièce exiguë aménagée en studio au sein de l'ambassade, jusqu'au 11 avril 2019. Ne pouvant sortir et recevant peu de visiteurs, Julian Assange y séjourne dans des conditions qu'il relate comme éprouvantes.


Asile politique et menaces britanniques - Le Metropolitan Police Service de Londres déclare que Julian Assange a violé les obligations de sa liberté conditionnelle et qu'il sera arrêté dès que possible. Un mandat d'arrêt est donc émis contre lui, pour ne pas avoir respecté les clauses de sa liberté sous caution.

Les autorités britanniques semblent déterminées à procéder à l'arrestation de Julian Assange, elles se montrent menaçantes envers l'Équateur. Elles envoient notamment une lettre à la diplomatie équatorienne, expliquant que le Royaume-Uni était dans son droit pour intervenir au sein de l'ambassade pour arrêter Julian Assange, suggérant donc que si l’Équateur ne restituait pas Assange elles lanceraient l'assaut, une menace d'attaque à la souveraineté de l'Équateur choquante pour la diplomatie équatorienne. 

Le 15 août 2012, le ministre des Affaires étrangères Ricardo Patiño, lors d'une conférence de presse à Quito déclare : « Aujourd'hui nous avons reçu du Royaume-Uni la menace expresse et par écrit qu'un assaut pourrait être lancé contre notre ambassade à Londres si l'Équateur ne lui remet pas Julian Assange », il ajoute : « L'Équateur rejette de la manière la plus énergique la menace explicite ». L'Ambassade d'Équateur à Londres s'est déclarée « profondément choquée par les menaces du gouvernement britannique contre la souveraineté de l'Ambassade de l'Équateur et leur suggestion d'une entrée en force dans l'ambassade ». 

Le 16 août 2012, le ministre des Affaires étrangères de l'Équateur, M. Ricardo Patiño, annonce que l'Équateur accorde l'asile politique à Julian Assange malgré des pressions insistantes du Royaume-Uni.


Julien Assange s’exprimant au balcon de l'ambassade équatorienne à Londres le 19 août 2012.

S'exprimant au balcon de l'ambassade équatorienne à Londres le 19 août 2012, Julien Assange déclare « WikiLeaks est sous le coup de menaces, tout comme la liberté d'expression et la santé de l'ensemble de nos sociétés. Les États-Unis doivent renoncer à la chasse aux sorcières lancée contre WikiLeaks ».


Abandon des poursuites en Suède - Le 13 août 2015, les accusations d'agression sexuelle sont prescrites, mais Julian Assange reste enfermé dans l'ambassade d'Équateur où il s'est réfugié, disant craindre une extradition vers les États-Unis et toujours sous le coup du mandat d'arrêt international lancé par la Suède, malgré l'avis du Groupe de travail sur la détention arbitraire de l'ONU rendu le 5 février 2016, après un an et demi d’enquête, qui estime qu’il est victime d’une détention arbitraire et demandant qu'il retrouve sa liberté de mouvement. Le 16 septembre 2016, le tribunal suédois chargé de l'affaire confirme le mandat d'arrêt européen pour les faits présumés de viol qu'il aurait commis. Ses avocats annoncent dans la foulée faire un recours devant la Cour suprême.

Le 18 avril 2016, John Jones, avocat d'Assange au Royaume-Uni, meurt percuté par un train.

Les 14 et 15 novembre 2016, Julian Assange fait sa première déposition auprès d'Ingrid Isgren, magistrate suédoise, dans les locaux de l'ambassade équatorienne. Il y expose les accusations dont il fait l'objet, et le contexte politique et journalistique entourant la publication des câbles diplomatiques américains.


Maintien du mandat d'arrêt britannique - Après l'arrêt de la procédure suédoise en mai 2017, subsiste le mandat d'arrêt britannique.

En novembre 2017, les procureurs britanniques admettent avoir détruit des e-mails clés dans l'affaire Julian Assange, concernant notamment la correspondance entre le CPS (Service des poursuites judiciaires de la Couronne : c'est-à-dire le procureur) et ses homologues suédois.

Le 12 décembre 2017, l'Équateur délivre à Julian Assange la nationalité équatorienne, la cheffe de la diplomatie équatorienne María Fernanda Espinosa déclare avoir demandé à Londres d’accorder un statut diplomatique à Assange, ce qui a été refusé par le gouvernement britannique.

Le 6 février 2018, la justice britannique refuse à Julian Assange la levée du mandat d'arrêt à son encontre ; elle s'est prononcée à nouveau sur le maintien de ce mandat d’arrêt le 13 février et a décidé que son maintien n'allait « pas à l’encontre de l’intérêt public ».

Le 27 mars 2018, le nouveau gouvernement équatorien suspend les communications d'Assange avec l'extérieur. Cette décision sanctionne la « violation de son engagement, pris à la fin de 2017, de ne pas émettre des messages comportant une ingérence dans les affaires d'autres États ». 

Le 20 juillet 2018, le président équatorien Lenín Moreno se rend à Londres. Selon le journaliste Glenn Greenwald, cette visite pourrait donner lieu à un accord entre le Royaume-Uni et l'Équateur aux termes duquel Assange serait expulsé de l'ambassade et remis aux autorités britanniques.


Fin de l’asile politique et déchéance de la nationalité équatorienne - En 2019, Lenín Moreno, le nouveau président de l’Équateur, aimerait se débarrasser de Julian Assange qu’il décrit comme un « problème hérité » de ses prédécesseurs, un pirate informatique et un « caillou dans la chaussure ».


Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo et le président équatorien Lenín Moreno, 20 juillet 2019

Le 3 avril 2019, WikiLeaks publie l'affaire « INA Papers », elle accuse Lenín Moreno et sa famille d'être impliqués dans une affaire de corruption, qui leur aurait permis de s'enrichir via des comptes d'entreprises fictives basées au Panama. Ces révélations ont fortement déplu à Lenin Moreno, qui accuse l'opposition, et notamment son prédécesseur, Rafael Correa, de mener une campagne calomnieuse. 

Le président équatorien Lenín Moreno annonce le déchoir de la nationalité équatorienne et met fin à son droit d'asile de Julian Assange. Il déclare « J’ai demandé à la Grande-Bretagne la garantie que M. Assange ne serait pas extradé vers un pays où il pourrait être torturé ou condamné à mort. Le gouvernement britannique me l’a confirmé par écrit ».


Arrestation à l'ambassade de l'Équateur à Londres

Le 11 avril 2019, Assange est arrêté dans l'enceinte de l'ambassade par la police britannique. Il y était confiné depuis 2.487 jours. Visiblement affaibli, il est porté par 6 policiers et embarqué à bord d’un fourgon de police. Selon un communiqué de la police britannique, c’est l’ambassadeur d’Équateur lui-même qui a « invité » les policiers à se rendre dans ses locaux.

En pleine tourmente du Brexit, la Première ministre du Royaume-Uni, Theresa May, déclare devant les députés que « personne n'est au-dessus des lois ». Le secrétaire d'État des Affaires étrangères et du Commonwealth, Jeremy Hunt, ajoute que Julian Assange « a fui la vérité pendant des années et il est juste que son avenir soit décidé par le système judiciaire britannique ». Hillary Clinton se déclare satisfaite de l'arrestation d'Assange, estimant qu'il était temps qu'il s'explique devant la justice.


Saisie de ses affaires personnelles sur demande des États-Unis

Après une tentative infructueuse de Kristinn Hrafnsson, rédacteur en chef de WikiLeaks, désireux de récupérer ses affaires personnelles à l'Ambassade d'Équateur à Londres, le procureur général de l'Équateur informe l'avocat de Julian Assange que ses affaires personnelles, fichiers, ordinateurs, téléphones portables et autres appareils électroniques laissés derrière lui après son arrestation sont saisis et seront envoyés aux États-Unis.


Incarcération au Royaume-Uni


Vue aérienne de la prison de haute sécurité de Belmarsh

Condamnation pour violation de sa liberté provisoire - Le 11 avril 2019,  Assange est incarcéré dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, puis condamné le 1er mai 2019, à 50 semaines de prison pour violation des conditions de sa liberté provisoire au Royaume-Uni en 2012. Il plaide non-coupable.


Conditions de détention - Julian Assange est soumis à un isolement strict en principe réservé aux terroristes internationaux, alors qu'il est journaliste en détention provisoire. Il est maintenu 23 heures par jour dans un isolement total et ne dispose que de 45 minutes par jour de promenade dans une cour revêtue de béton. 

Le 21 octobre 2019, Julian Assange faisait sa première apparition publique depuis le mois de mai à l’occasion d’une audience devant un tribunal londonien au cours de laquelle les photos étaient interdites.

Le 17 février 2020, un groupe de 117 médecins de 18 pays publie une lettre ouverte dans la revue médicale britannique The Lancet. Ils accusent le gouvernement britannique de porter atteinte au droit fondamental de Julian Assange d'accéder aux soins médicaux qui pourraient entraîner sa mort.

Le 9 septembre 2020, lors d’une entrevue accordée à la journaliste Nadja Vancauwenberghe, Nils Melzer déclare que « les accusations portées [contre Assange] aux États-Unis sont si manifestement arbitraires et en violation directe de la liberté fondamentale d'opinion et d'expression que leur nature politique ne peut être ignorée. Donc, oui, à mon avis, Julian Assange est un prisonnier politique. »142


Clôture définitive de l’affaire en Suède - Le 19 novembre 2019, le parquet suédois annonce classer sans suite l'enquête pour viol. L’affaire aura duré 9 années, des accusations de « délit sexuel » en novembre 2010, à leur prescription le 13 août 2015, puis l’abandon des poursuites par le parquet suédois le 19 mai 2017. Et enfin la réouverture d’une enquête avant sa clôture définitive, faute de preuves en 2019.


Procès d’extradition vers les États-Unis

Demande d’extradition et nouvelles inculpations pour « espionnage » aux États-Unis - En 2019, au Royaume-Uni, l’affaire divise. Dans un premier temps, les États-Unis demandent l’extradition de Julian Assange afin qu’il soit jugé pour piratage informatique. Il s'agit d'une inculpation liée à l'aide qu'il aurait fournie à Chelsea Manning pour lui éviter d'être identifiée lorsqu'elle s'est introduite dans le système informatique de l'armée américaine.

Le 23 mai 2019, la justice américaine inculpe Assange pour espionnage avec 17 nouveaux chefs d'accusation, ce qui modifie la portée du procès qui pourrait lui être intenté aux États-Unis. Assange risque ainsi 175 ans de prison.


Ouverture du procès au Royaume-Uni et réactions - L'audience d'extradition de Assange vers les États-Unis par la justice britannique commence le 24 février 2020.

Amnesty International demande au Royaume-Uni de refuser d'extrader ou de renvoyer aux États-Unis Julian Assange, qui risque selon elle d'y être torturé ou exécuté. 

En février 2020, une pétition mondiale est lancée par Amnesty International pour réclamer l’abandon de ces accusations. En France, Éric Dupond-Moretti, avocat français chargé de la défense d’Assange, annonce son intention de déposer officiellement une demande d’asile politique.

Le 24 juin 2020, le ministère de la justice américain renforce ses accusations : Julian Assange aurait conspiré avec des membres des groupes LulzSec et Anonymous et aurait obtenu « un accès non autorisé au système informatique gouvernemental d’un pays de l’OTAN ». Selon les avocats d'Assange, il s'agit d'« une nouvelle tentative pathétique pour tromper le public ».

Le 25 juin 2020, 216 médecins de 33 pays, publient une lettre dans la revue médicale The Lancet pour dénoncer à la fois une « escalade dans les tactiques de torture psychologique » et le refus de la justice britannique d’accorder une libération conditionnelle.

Le procès en extradition s'achève le 1er octobre 2020, à l’issue de près de 4 semaines d’audiences à la cour criminelle de l’Old Bailey, à Londres. La justice britannique annonce qu'elle rendra son verdict le 4 janvier 2021 concernant la demande d’extradition des États-Unis. La juge Vanessa Baraitser précise que Julian Assange restera emprisonné jusqu’à cette date.


Reporters Sans Frontières manifeste à Londres en soutien à Julian Assange le 4 janvier 2021.

Reporters sans frontières (RSF) appelle à la libération immédiate de Julian Assange menacé par l’épidémie de Covid-19 en prison et pilote également une pétition en sa faveur.


Rejet de la demande d’extradition et refus de remise en liberté - Le 4 janvier 2021, le tribunal britannique rejette la demande d'extradition des États-Unis, la juge arguant de raisons médicales et de risques de suicide. Sa personnalité, en particulier la persévérance typique du spectre de l'autisme, constitue un facteur de risque également mentionné dans les attendus du jugement. Le ministère de la justice des États-Unis annonce le jour même son intention de faire appel. 

Le 6 janvier 2021, la justice britannique refuse la demande de remise en liberté de Julian Assange faisant valoir qu'il dispose d’un important « réseau de soutiens », et qu’il risque de fuir le Royaume-Uni avant la « procédure de recours ». La représentante de l'accusation Clair Dobbin souligne notamment l'offre d'asile politique faite par le Mexique le 4 janvier 2021.

L'Assemblée nationale refuse l'asile politique à Julian Assange - Le 4 février 2022, l’Assemblée nationale a débattu d’une proposition de résolution transpartisane invitant le gouvernement français à octroyer le statut de réfugié au fondateur de WikiLeaks, avec à la clef un refus de l’exécutif et de la majorité. Un vote non contraignant : 17 pour, 31 contre.


Appel des États-Unis

Le 15 janvier 2021, Les États-Unis déposent formellement la demande d'appel de la décision britannique. Le nouveau gouvernement américain de Joe Biden, en place depuis le 20 janvier 2021, confirme l’appel.

En juin 2021, Sigurdur Thordarson affirme avoir fait un faux témoignage dans l'acte d'accusation américain pour incriminer Assange. Les partisans de WikiLeaks, dont Edward Snowden, affirment alors que sa déclaration sape l'affaire pénale contre Assange.

Selon la Haute Cour, les États-Unis ont consenti à transférer Assange dans son pays natal, l'Australie, pour y purger une éventuelle peine de prison. Le gouvernement américain s'est également engagé à ce qu'Assange ne soit pas maintenu en isolement total ou emprisonné dans un établissement de sécurité maximale.


La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, se tient à côté du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse à Guilin, Chine, le 23 mars 2021.

Le 27 octobre 2021, le procès en appel s'ouvre.. Le 10 décembre 2021 la justice britannique annule la décision de première instance, et ouvre la voie à l'extradition de Assange vers les États-Unis. La Russie à travers la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova conteste cette décision d'annuler en appel le refus d'extradition tandis que de nombreuses personnalités politiques françaises se sont également multipliés pour dénoncer cette extradition vers les Etats-Unis au nom de la liberté de la presse. Plusieurs dizaines de députés soutiennent une proposition d'offre d'asile politique dirigé par Jean-Luc Mélenchon. Sa fiancée Stella Moris révèle un état de santé fragile lié à accident vasculaire cérébral.

Le 23 décembre 2021, Julian Assange fait appel de la décision de la Haute Cour.

Le 24 janvier 2022, la Haute Cour de Londres a décidé de permettre à Julian Assange de contester son extradition.

Le 20 avril 2022, la justice britannique autorise l'extradition vers les États-Unis ; le ministre de l’intérieur britannique, Priti Patel, doit approuver l’ordonnance d’extradition pour la confirmer définitivement, celle-ci ayant été signé le 17 juin 2022.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire