lundi 21 novembre 2022

(FR) Poutine ressemble de plus en plus à Staline.

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Staline et Poutine.

watson.ch - Le président russe est isolé, paranoïaque et ressemble de plus en plus à un dictateur de l'ère soviétique.

Entre les honteuses défaites aux abords de Kiev, la fuite des troupes russes hors de la région de Kharkiv et maintenant le retrait hors de Kherson, la fin de Vladimir Poutine devrait être signée. On ne saurait faire beaucoup plus en matière de désastre militaire. Et pourtant, cette fin ne se manifeste toujours pas. Au contraire, le président russe semble toujours bien ancré à la tête du Kremlin : il se laisse inspirer par son modèle, Joseph Staline, pour assurer son pouvoir.

Espérons que Staline croupit aujourd'hui dans un endroit particulièrement horrible en enfer. Avec Hitler et Mao, il fait partie des plus grands assassins de masse du siècle dernier. Faire fusiller ses opposants par centaines de milliers ou les envoyer dans les "goulags", les tristement célèbres camps de détention de l'Union soviétique : il n'a reculé devant aucune horreur pour maintenir le pouvoir. Sans oublier qu'il a livré ses propres paysans à la famine par millions.


Au pouvoir grâce aux « Tchetniks »

Staline s'est assuré le pouvoir avec l'aide des "tchetniks", les fameux hommes des services secrets du NKVD (Commissariat du peuple aux Affaires intérieures), l'organisme qui est devenu plus tard le KGB (Komitet gossoudarstvennoï bezopasnosti, c'est-à-dire Comité pour la Sécurité de l'État) et aujourd'hui le FSB (Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie). De son côté, Poutine était à la tête du FSB avant de devenir chef du gouvernement sous Boris Eltsine, puis président de la Russie, et gouverne, aujourd'hui, comme Staline autrefois, avec l'aide des hommes des services secrets, les fameux siloviki (force de sécurité).



L'unité spéciale Alpha du FSB. 
Image: spetsnazalpha - eigenes werk, cc by-sa 3.0

Les combattants de l'ombre de Poutine: que sait-on du FSB?

Andrei Kolesnikov énumère dans le magazine Foreign Affairs toute une série de parallèles entre Poutine et Staline. Kolesnikov est un chercheur à la Fondation Carnegie pour la paix internationale, un groupe de réflexion (think tank) basé à Washington.

Au vu des atrocités inconcevables commises par Staline, celui-ci devrait être aussi haï en Russie qu'Hitler en Allemagne. Mais ce n'est pas du tout le cas. Au contraire, plus de la moitié des Russes le considèrent encore aujourd'hui comme un "grand leader". Pour renforcer cette perception, Poutine a récemment engagé Memorial, une organisation qui avait pour objectif de réviser les crimes de Staline.



Une chorale russe chante devant le Kremlin – avec une photo de Staline en arrière-plan. Image: Keystone

Parallèlement, la Russie ressemble de plus en plus à l'URSS du temps de Staline. « En 2022, la Russie est devenue une autocratie à proprement parler » constate Kolesnikov:

« Elle vénère une idéologie impérialiste et nationaliste. La société civile est impitoyablement réprimée et toute forme de dissidence est étouffée dans l'œuf. Poutine a repris presque tous les éléments classiques du totalitarisme de Staline, à commencer par le culte de la personnalité et le culte de la mort d'un héros

Poutine imite également le comportement de Staline. En voici quelques exemples :

- Comme l'ancien dictateur, il s'entoure de quelques initiés qui lui sont absolument dévoués. A travers eux, il contrôle aussi totalement l'élite russe.

- Comme Staline, Poutine se terre le plus souvent dans ses différentes villas, de préférence dans son palais près de Sotchi, au bord de la mer Noire.

- Sa guerre contre l'Ukraine est une copie de la guerre de Staline contre la Finlande. A l'époque, Staline voulait lui aussi une zone tampon contre l'Occident, et s'est lui aussi lourdement trompé. « Tout comme Staline s'attendait à ce que les ouvriers finlandais l'accueillent avec des fleurs, Poutine a cru que les Ukrainiens l'acclameraient en tant que libérateur », explique Kolesnikov.

- Poutine est un historien du dimanche qui remanie l'histoire en fonction de sa vision du monde. C'est une astuce que Staline aimait également utiliser.

- Comme Staline autrefois, cela fait plus de 20 ans que Poutine est à la tête de la Russie. De son côté, Staline est mort plus ou moins paisiblement dans son lit, et il semble que Poutine ne quittera le monde que de cette manière.

Il y a, toutefois, une différence marquante entre ces deux régimes. Sous Staline, l'Armée rouge a écrasé les troupes hitlériennes, même si cela s'est fait au prix d'énormes sacrifices. Staline n'a non seulement sauvé l'URSS, mais Moscou a pu, par la suite, étendre sa zone d'influence jusqu'à la frontière de l'Allemagne de l'Ouest.

Poutine aimerait bien restaurer la puissance impériale de l'ancienne Union soviétique. Avec sa désastreuse campagne contre l'Ukraine, il obtient pourtant exactement le contraire. Michael Khodarkovsky, professeur d'histoire à la Loyola University de Chicago, constate dans le Wall Street Journal :

« Au lieu de conduire son pays vers une nouvelle grandeur, Vladimir Poutine pourrait régner sur le dernier empire russe »


Les républiques vont-elles se soulever ?

Ce qui caractérise la Russie en tant que pays n'est pas seulement son territoire immense, mais aussi le grand nombre de républiques qu'elle contient. Après l'effondrement de l'URSS, Moscou a dû accorder une certaine autonomie à ces 21 républiques. Les musulmans sont majoritaires dans nombre de celles et il existe même une thèse selon laquelle les Russes seront minoritaires en Russie d'ici au milieu du siècle.

Selon Khodarkovsky, Poutine avait également une motivation démographique pour envahir l'Ukraine. « Il a aussi partiellement envahi l'Ukraine pour augmenter la part de la population slave en Russie », explique l'historien.

Ce calcul ne semble pas aboutir au résultat espéré. Dans les républiques non russes comme le Daghestan, le Bashkortostan et la Sibérie, la résistance grandit : les mères de ces régions ne sont plus prêtes à sacrifier leurs fils pour une guerre insensée.

Khodarkovsky fait référence au tsar d'avant la Première Guerre mondiale, qui a également utilisé des musulmans d'Asie centrale comme chair à canon, provoquant ainsi une révolte à l'été 1916 qui a finalement conduit à sa chute.



Attentat à Kizlyar, une ville du Daghestan. Image: ap newsteam

« En envoyant des hommes non russes mal préparés en Ukraine, Moscou pourrait bientôt connaître un sort similaire », selon Khodarkovsky :

« L'amertume et la frustration accumulées pendant des siècles contre la domination de Moscou pourraient dégénérer en guerre civile. Au vu des défaites russes, cette perspective n'est pas si lointaine que ça. Si cela devait effectivement se produire, la Russie se désintégrerait alors comme l'Union soviétique autrefois. L'ironie de l'histoire serait alors que ce soit justement l'homme qui voulait restaurer l'ancienne URSS qui ait conduit l'empire russe à sa perte. »









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