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En Chine, des centaines de milliers de personnes musulmanes sont internées, torturées et persécutées dans des camps dits de « transformation par l’éducation ». Le but ? L’assimilation à une nation laïque et homogène par l’élimination de leurs traditions religieuses et culturelles.
Un million de Ouïghours y seraient internés de façon préventive et sans procès dans le cadre d’une vaste campagne d’antiterrorisme visant les islamistes et les indépendantistes après de nombreux attentats en 2013 et 2014.
Qui sont les Ouïghours ?
Les Ouïghours sont une ethnie musulmane sunnite, minoritaire en Chine mais majoritaire dans la province du Xinjiang, située au nord-ouest du pays. Turcophone, le peuple ouïghour est aussi présent au Kazakhstan, en Ouzbékistan, au Kirghizistan et en Turquie.
Dans la province autonome chinoise du Xinjiang, les velléités indépendantistes se heurtent depuis des décennies à la politique de sinisation du gouvernement. Les Hans, une ethnie majoritaire en Chine mais qui représentait 6 % seulement de la population du Xinjiang en 1949, sont arrivés par millions, si bien qu'aujourd'hui, ils sont presque aussi nombreux que les Ouïghours (plus de 10 millions).
Le New York Times a révélé le contenu de discours secrets du président chinois Xi Jinping appelant dès 2014 à lutter « sans aucune pitié » contre le séparatisme au Xinjiang. D'après des organisations de défense des droits humains et le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, plus d'un million de musulmans, principalement des Ouïghours, sont détenus au Xinjiang dans des camps de rééducation politique.
Le gouvernement chinois attribue à cette minorité une série d'attentats sanglants ces dernières années.
Que sont ces camps ?
L'ONG Amnesty International a affirmé dans un rapport publié en octobre 2018 :
« Les camps d'internement sont avant tout des lieux de sanction et de torture, pas d'apprentissage. Des informations persistantes font état de coups, de privation de nourriture et de détention à l'isolement ».
Des chercheurs bénévoles travaillant avec l'ETNAM ont identifié un nombre impressionnant de camps de concentration, de prisons et de camps de travail présumés dans le Turkestan oriental (ce que la Chine appelle la « région autonome ouïghoure du Xinjiang ») où des personnes majoritairement musulmanes et ethniquement turques sont confrontées à un internement de masse sans précédent depuis l'époque. de l'Holocauste.
À ce jour, on a identifié 182 camps de concentration présumés, 209 prisons présumées et 74 camps de travail présumés de Bingtuan. L'assistant à la sécurité de la défense pour l'Asie-Pacifique, Randall Schriver, a déclaré que le nombre de personnes détenues dans les camps de concentration "est d'au moins un million mais probablement plus proche de 3 millions". En septembre 2019, le gouvernement chinois a publié un livre blanc révélant que quelque 8 millions de personnes avaient été envoyées en « formation professionnelle » dans des camps de concentration de 2014 à 2019.
Qu'en disent les Occidentaux ?
En octobre 2019, le gouvernement américain a annoncé des « restrictions » dans l'octroi de visas américains à des responsables du gouvernement et du Parti communiste chinois accusés d'être « responsables » ou « complices » de cette « campagne de répression ». Paris a également réagi en 2019, à la suite des révélations de l'ICIJ (Consortium international des journalistes d'investigation). « Nous appelons les autorités chinoises à mettre un terme aux détentions arbitraires de masse dans des camps », a déclaré la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères au point de presse électronique quotidien du Quai d'Orsay.
« Nous invitons la Chine, outre la fermeture des camps d'internement, à inviter la Haut-Commissaire aux Droits de l'Homme (de l'ONU, Michelle Bachelet) et les experts des procédures spéciales dans les meilleurs délais afin de rendre compte de manière impartiale de la situation », a ajouté le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, devant la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. « Nous suivons avec une grande attention l'ensemble des témoignages et documents relayés par la presse » concernant le « système répressif mis en place dans cette région », a souligné le ministre français des Affaires étrangères.
La chancelière allemande, Angela Merkel, a déclaré le même jour aux parlementaires qu'elle soutenait la condamnation par l'UE des violations des droits de l'homme dans la région. Elle a réclamé à son tour que des représentants de l'ONU soient autorisés à accéder au Xinjiang.
Qu'en dit la Chine ?
La Chine nie l'existence de ces camps avant d'en reconnaître officiellement l'existence en octobre 2018 sous le nom de « camps de transformation par l’éducation ». Elle les décrit comme des centres de formation professionnelle, avec pour objectif de lutter contre le terrorisme et l’extrémisme musulmans.
Les Xinjiang Papers (403 pages incluent 96 pages de discours de Xi Jinping), documents internes chinois transmis au New York Times en novembre 2019, documentent la répression contre la minorité musulmane et la nature des camps. Les China Cables, enquête du Consortium international des journalistes d'investigation publiée le 24 novembre 2019, confirment le caractère carcéral des camps d'internement.
À Londres, l'ambassade de Chine a nié l'authenticité des documents publiés, les qualifiant de « pure falsification » et de « fausses informations ». « Il n'existe aucun document ou ordres pour de soi-disant camps de détention. Des centres de formation et d'entraînement professionnels ont été établis à des fins de prévention du terrorisme », a-t-elle affirmé dans un communiqué au quotidien The Guardian, qui fait partie des médias ayant publié les documents de l'ICIJ.
La Chine a également répondu aux propos tenus mercredi par Angela Merkel et Jean-Yves Le Drian. « Les affaires du Xinjiang relèvent entièrement des affaires intérieures de la Chine », a martelé le porte-parole de la diplomatie chinoise, Geng Shuang. Des déclarations semblables à celles tenues par Pékin à propos de Hong Kong, en proie depuis des mois à des troubles qui inquiètent les capitales occidentales.
https://www.amnesty.be/infos/actualites/article/chine-les-camps-d-internement-en-masse-sont-des-lieux-de-sanction-pas-de
https://nationalawakening.org/coordinates/
https://www.lefigaro.fr/international/2018/11/07/01003-20181107ARTFIG00077-l-occident-demande-a-la-chine-de-fermer-ses-camps-d-internement-pour-musulmans.php
https://www.amnesty.fr/discriminations/actualites/ouighours-kazakhs-minorites-musulmanes-victimes-crimes-humanite
https://www.gazettemauricie.com/la-politique-de-la-chine-vis-a-vis-des-ouighours/
https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/01/20/l-assemblee-nationale-adopte-une-resolution-reconnaissant-le-caractere-genocidaire-des-violences-contre-les-ouigours-en-chine_6110251_3224.html
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