jeudi 29 septembre 2022

(FR) Nord Stream : une quatrième fuite de gaz détectée au large de la Suède dans la mer Baltique

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Localisation des gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 reliant la Russie à l'Allemagne.


Le Monde avec AFP et ReutersSelon les autorités suédoises, il y a désormais « deux fuites côté suédois et deux fuites côté danois ». L’hypothèse de défaillances accidentelles simultanées semble écartée et celle d’un « acte délibéré » privilégiée.

Des fuites sont apparues sur les gazoducs russes Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique, ont rapporté mardi 27 septembre 2022 la Suède et le Danemark, qui s'inquiète d'un possible sabotage. 

Deux jours après l’annonce d’un possible sabotage des deux gazoducs Nord Stream en mer Baltique, l’origine exacte des fuites de gaz, qui produisent encore d’importants bouillonnements à la surface de la mer Baltique, reste inconnue.

Une quatrième fuite a été rendue publique par les garde-côtes suédois, jeudi 29 septembre 2022. « Il y a deux fuites côté suédois et deux fuites côté danois », a expliqué un responsable suédois à l’Agence France-Presse. Ils n’ont pas pu préciser pourquoi le signalement de cette nouvelle fuite n’a eu lieu que tardivement.

Mais les deux fuites côté suédois sont situées dans le même secteur, ont-ils précisé, sans confirmer des informations de médias suédois selon laquelle cette nouvelle fuite concerne Nord Stream 2. La Suède avait jusqu’ici rapporté une fuite au-dessus de Nord Stream 1 au nord-est de l’île de Bornholm. Le Danemark a lui confirmé une fuite sur Nord Stream 2 au sud-est de l’île, et une autre au nord-est au-dessus de Nord Stream 1.



La fuite de gaz au niveau du gazoduc Nord Stream 2, au large de l’île danoise de Bornholm, au sud de Dueodde, dans la mer Baltique, le 27 septembre 2022. HANDOUT / AFP

L’hypothèse de défaillances accidentelles simultanées semble désormais écartée. Mais la méthode utilisée reste inconnue comme l’auteur présumé, objet de multiples conjectures. Les informations disponibles à ce stade indiquent que les fuites provoquées par des explosions sur ces installations sous-marines reliant la Russie à l’Allemagne résultent d’un « acte délibéré », a affirmé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, dans une déclaration au nom des vingt-sept Etats membres de l’UE.

Sans désigner de responsable, l’Union européenne s’est contentée à ce stade de mettre en garde contre toute attaque ciblant ses infrastructures énergétiques. Mais plusieurs gouvernements évoquent ouvertement la piste d’un sabotage impliquant une puissance étrangère.

Le service des renseignements suédois (Säpo) « a repris à la police l’enquête préliminaire concernant les événements survenus sur Nord Stream. Le motif retenu est actuellement de sabotage aggravé », a-t-il indiqué mercredi dans un communiqué. « Il peut s’agir d’un crime grave qui pourrait être au moins en partie dirigé contre les intérêts suédois » et il « n’est pas exclu qu’une puissance étrangère soit impliquée », précise encore le service.

« L’ampleur de cet acte est telle qu’il y a sûrement un acteur gouvernemental derrière », a estimé le ministre des affaires étrangères finlandais, Pekka Haavisto. La Finlande va enquêter sur « tous les mouvements de navires dans la mer Baltique et essaierait de découvrir quel type de mouvement a eu lieu à proximité des conduites ».

Quel qu’en soit l’auteur, l’opération de sabotage nécessitait d’intervenir par 70 mètres de fond. Elle était donc complexe, sans être hors de portée d’une armée professionnelle. « C’est du lourd. Abîmer deux gazoducs au fond de la mer est un événement important, donc un acteur étatique est probable », note Lion Hirth, professeur à la Hertie School de Berlin, cité par l’Agence France-Presse (AFP).


Suède et Finlande soupçonnent une intervention étrangère

La zone est « parfaitement adaptée à des sous-marins de poche », a également expliqué à l’AFP un haut responsable militaire français, évoquant soit l’option de nageurs de combat envoyés pour poser des charges, soit celle de la mine mobile ou du drone sous-marin.

L’inspection des deux gazoducs endommagés ne pourra se faire avant une à deux semaines en raison des remous causés par le gaz, a prévenu le ministre danois de la défense Morten Bodskov.


La Russie soupçonnée sur fond de guerre en Ukraine

Objet de tous les soupçons compte tenu des tensions sur les approvisionnements énergétiques en Europe depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, la Russie a été accusée formellement, mais sans preuve, par Kiev d’être à l’origine de ce sabotage.

« Aujourd’hui, la marine russe dispose de la plus grande flotte de sous-marins espions dans le monde. Ils sont basés en Arctique. Ils seraient capables de dégrader un pipeline dans la Baltique », estime l’analyste naval indépendant HI Sutton. Pour autant, la Russie rappelle que c’est son gaz qui s’échappe de ces fuites et que les deux gazoducs étaient à l’arrêt au moment des explosions.

La Pologne a souligné mardi 27 septembre 2022 que le sabotage du gazoduc était partie intégrante du bras de fer en cours dans la guerre en Ukraine. « Nous voyons clairement que c’est un acte de sabotage, qui marque probablement la prochaine étape de l’escalade de la situation en Ukraine », a déclaré le premier ministre, Mateusz Morawiecki.

Quels qu’ils soient, ceux qui ont attaqué Nord Stream font aussi comprendre qu’ils pourraient frapper d’autres infrastructures énergétiques desservant une Europe assoiffée de gaz et pétrole.


Moscou met en cause les Etats-Unis

La Russie a répliqué mercredi 28 septembre 2022 en accusant implicitement les Etats-Unis d’être à l’origine de ces sabotages. « Le président américain est obligé de répondre à la question de savoir si les Etats-Unis ont mis à exécution leur menace », a lancé sur Telegram la diplomatie russe, en référence à une déclaration de Joe Biden début février 2022 qui affirmait que Washington « mettrait fin » à Nord Stream 2 si Moscou intervenait militairement en Ukraine. « Si la Russie envahit l’Ukraine, alors il n’y aura plus de Nord Stream 2 », avait affirmé Joe Biden le 7 février 2022, deux semaines avant le début de l’offensive russe.

Moscou met également en avant « les énormes bénéfices réalisés par les fournisseurs américains de gaz naturel liquéfié, qui ont multiplié leurs approvisionnements sur le continent européen ». La Maison Blanche a rétorqué qu’il était « ridicule » d’insinuer que les Etats-Unis pourraient être impliqués, rappelant la stratégie éprouvée de désinformation menée par la Russie.

Dans la foulée, les services de sécurité russes (FSB) ont ouvert une enquête pour « acte de terrorisme international ». Le Conseil de sécurité de l’ONU va se réunir vendredi 30 septembre 2022 à la demande de la Russie sur ce sabotage, ont annoncé mercredi la Suède et la France.


Pas de conséquence en matière d’approvisionnement

Aussi spectaculaires soient-elles, les fuites de gaz, précédées d’explosions, sur Nord Stream 1 et 2 qui relient l’Allemagne et la Russie sous la Baltique n’ont pas d’incidence sur l’approvisionnement de l’Europe : les deux gazoducs n’étaient pas en service du fait de la guerre en Ukraine.

Après des observations troublantes de drones et au regard des soupçons concernant les fuites de Nord Stream, la Norvège, désormais principal fournisseur de gaz de l’Europe, a décidé de renforcer la sécurité autour de ses installations pétrogazières considérées comme des potentielles cibles de choix. Un sabotage similaire sur des installations norvégiennes, reliées au continent européen par un vaste réseau de pipelines, aurait des effets catastrophiques pour le continent, qui peine déjà à couvrir ses besoins en énergie à l’approche de l’hiver.


Nord Stream : fuite de gaz massive en mer baltique - JT RTBF
https://www.youtube.com/watch?v=-MOslbbkenc








Gazoducs Nord Stream: six hypothèses pour expliquer les fuites
https://www.rfi.fr/fr/europe/20220929-gazoducs-nord-stream-six-hypoth%C3%A8ses-pour-expliquer-les-fuites








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