mardi 6 septembre 2022

(FR) Haute technologie : des espions chinois "chasse" sur le sol français

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Illustration : Un employé de Huawei (Huawei) fait la démonstration de la technologie 5G lors d'une exposition à Pékin, le 26 septembre 2018. AP - Mark Schiefelbein.

Lors d'une audition devant la Chambre des représentants française le 13 juillet 2022, le chef de file de l'agence SGDSN en charge de la Défense nationale et de la Sécurité a affirmé que des espions chinois opéraient à « grande échelle » sur le territoire français. ". Les universités, les instituts de recherche et les entreprises sont des « proies délicieuses ».

Sans rendez-vous, en moins d'un mois, la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis ont tous dénoncé les activités de renseignement de la Chine contre l'Occident. Début juillet 2022, le directeur du MI5 (pour Military Intelligence, section 5) de l'agence britannique de renseignement intérieur et le chef du Federal Bureau of Investigation américain, le FBI, ont mis en garde la Chine contre "l'augmentation des activités d'espionnage commercial".

Le 22 juillet 2022, c'était au tour de Richard Moore, le directeur du MI6 (pour Military Intelligence, section 6) qui surveille les activités des entités étrangères, d'annoncer que Londres allait "mobiliser plus de moyens vers la Chine".

Entre ces deux moments, à la mi-juillet 2022, à Paris, le secrétaire général du secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale - SGDSN, Stéphane Bouillon, lors d'une audition à la Chambre des représentants a affirmé : "Beaucoup de gens la Chine se soucie de la intérêts" de la France en "infiltrant" , "surveillant", les objets de préoccupation. Comme un vampire qui suce le sang, à tous les niveaux, les services de renseignement chinois "sucent" les informations nécessaires.

Dans la même audition, ce responsable français a souligné : "Chaque fois qu'un stagiaire de plusieurs pays – et nous portons une attention particulière aux cas de la Chine et de l'Iran – vient s'inscrire dans les universités dans les domaines de la physique et de la chimie, le SGDSN ouvre une enquête et fait droit d'intervenir pour refuser les candidatures de candidats étrangers si elles sont jugées suspectes. Le SGDSN a pour mission d'empêcher certaines entreprises, notamment chinoises, afin que ce nombre n'augmente pas, d'occuper une place trop importante en France". Stéphane Bouillon a déclaré que "les télécommunications et certains secteurs sont considérés comme sensibles" pour la sécurité nationale.

Plus précisément, dans le cas de la France, sous quelle forme opèrent les agents de renseignement chinois, quelles sont les cibles dans le viseur de Pékin, et de quels moyens d'autodéfense dispose la France ? RFI invite Pierre-Antoine Donnet, auteur d'un livre à paraître en 2021 intitulé Chine, le grand prédateur, Editions de l'Aube pour répondre à ces questions. M. Donnet est l'ancien rédacteur en chef de l'agence de presse française AFP et un collaborateur régulier du journal en ligne axé sur l'Asie, Asialyst.  



L'espion chinois fait l'espionnage - surveillance et contrôle faits par la Chine Agence d'Intelligence et police secrète dans le pays Illustration de vecteur.

Depuis quand la Chine est-elle devenue la principale préoccupation du SGDSN, et pourquoi ?

Pierre-Antoine Donnet : "En septembre 2021, un rapport a été publié montrant à quel point les activités de renseignement de la Chine contre l'Occident en général et sur l'Europe en particulier ont été sophistiquées. C'est le rapport de l'Institut d'études stratégiques de l'École militaire française-IRSEM, une agence relevant du ministère des Armées. Selon ce document très détaillé de 650 pages, le renseignement chinois est multiforme et opère dans différents domaines : de l'économique à l'industriel, en passant par le militaire ou l'espionnage pour façonner l'opinion publique. Tout le monde sait que par le passé certains hauts dirigeants français ont été dans des situations délicates avec Pékin (...)

Ces opérations de renseignement sont basées sur un discours de Xi Jinping en 2014. Les dirigeants chinois ont défini la soi-disant "sécurité globale" dans cinq domaines. Le plus important est bien entendu la "sécurité politique", suivie de la "sécurité économique", de la "stabilité du régime", de la "sécurité étrangère" et enfin de l'essentiel dans les activités de renseignement calquées sur le modèle russe, menées par des activités de reconnaissance dans le domaine militaire. et la défense. C'est dans ce but que Pékin a planté des gens dans des agences étatiques internationales, dans des gouvernements pour servir les intérêts de la Chine.  

Dans son dernier ouvrage, à paraître en 2021, Pierre-Antoine Donnet a consacré de nombreuses pages aux activités d'espionnage de la Chine. Avec RFI, il a expliqué : La Chine est prête à jeter de l'argent pour soudoyer des responsables occidentaux et a "ait tomber dans le piège de nombreux hommes politiques français de premier plan" . À une époque où les réseaux sociaux sont rois, manipuler l'information, répandre de fausses nouvelles ou déformer la vérité, utiliser une puissante équipe de "cyber-soldats" pour salir l'adversaire, guider l'opinion publique n'est pas une chose difficile à faire.


Dans le cas de la France, quelles sont les cibles des espions chinois ? 

Pierre-Antoine Donnet :  Les technologies françaises ont permis aux ingénieurs chinois de progresser rapidement dans le domaine du nucléaire civil, dans la construction de systèmes ferroviaires à grande vitesse LGV, dans l'industrie aéronautique civile et militaire. Si la France et de nombreux autres pays occidentaux ont mis des décennies de recherche et ont dû beaucoup investir pour atteindre le sommet dans ces domaines, il n'a fallu que 10 à 15 ans à la Chine. Pour prendre un exemple très clair : la Chine a construit un réseau de plus de 40.000 km de voies ferrées pour les trains à grande vitesse LGV en moins de 20 ans. Il a fallu 40 ans à  la France pour parcourir moins de 10.000 km. Le personnel chinois a fait un excellent travail dans la mission française pour voler des informations technologiques.


Un autre record d'espionnage industriel que la France en particulier et l'Europe en général n'a pas encore "avalé" lié à l'industrie aéronautique civile

Pierre-Antoine Donnet  :  Airbus a découvert que des données confidentielles de l'entreprise ont été volées, les coupables sont clairement des hackers chinois. Peu de temps après, la Chine a présenté le COMAC C919 civil, qui ressemble à l'A320 d'Airbus comme deux gouttes d'eau. Le C919 chinois a facilement passé les vols d'essai. Cependant, le constructeur chinois n'a pas maîtrisé toutes les étapes de production et est bloqué au stade de la conception du moteur. C'est un domaine où la Chine est encore dépendante de la technologie américaine et européenne.


Comment expliquer que la Chine ait obtenu si facilement le savoir-faire industriel, de haute technologie de la France ?

Pierre-Antoine Donnet  : Il y a là 2 facteurs décisifs. 

1. Le premier facteur est "l'argent": Tout le monde est avide de profit. L'exemple le plus évident est que les groupes français du nucléaire civil, d'AREVA, FRAMATOME à EDF, ont tous transféré de la technologie à des partenaires chinois parce qu'ils voulaient pénétrer ce marché potentiel. Ces sociétés n'ont vu que de l'argent et des perspectives brillantes en Chine, elles ont donc facilement et négligemment signé un contrat avec ce partenaire. De ce fait, la Chine maîtrise désormais l'ensemble de l'industrie nucléaire civile : de la conception de la centrale nucléaire à la maintenance et surtout les techniques les plus avancées. Grâce à la technologie française, deux centrales nucléaires de nouvelle génération EPR fonctionnent en Chine depuis 2018 et 2019. En France, la centrale de Flamanville a plus de 15 ans de retard, le coût ne cesse de gonfler.

2. Le deuxième facteur est une innocence honteuse de l'Occident, de sorte que ce n'est que maintenant que les gens se réveillent, paniquent, regardent le problème et se demandent « pourquoi ce gâchis ? ». L'Europe et l'Amérique pensaient autrefois à tort que la Chine savait garder le mot "confiance" et ont seulement découvert que la Chine ne respectait pas les termes du contrat, n'était pas juste et n'était pas directe. Or, la France, les Etats-Unis ou le Japon... voient bien que la Chine n'est pas seulement l'usine du monde mais devient le "laboratoire" du monde.


Volé puis clôturé ? Est-il trop tard pour arrêter le vol d'informations économiques confidentielles, de savoir-faire technique ? La Chine a-t-elle encore besoin de ce savoir-faire occidental ? 

Pierre-Antoine Donnet  : Personnellement, je ne pense pas que la Chine atteindra la ligne d'arrivée, car l'Occident se réveille pour se rendre compte que le gouvernement de ce pays, je ne dis pas les Chinois, mais le gouvernement de Pékin ment. La Chine a longtemps trompé les gens et continue dans cette direction. L'Occident comprend seulement maintenant qu'on ne peut pas faire confiance à la Chine. C'est à cause de la naïveté que l'Europe et l'Amérique ont perdu des milliers, des dizaines de milliers d'emplois et plus encore.


Que peut faire la France pour protéger la technologie et les inventions des activités agressives de l'industrie chinoise du renseignement ? Quelle est l'efficacité de ces outils, s'ils sont appliqués correctement ?

Pierre-Antoine Donnet : 

1. Tout d'abord, arrêter tous les programmes de transfert de technologie sans garanties ni bases juridiques solides. Dans chaque contrat avec des partenaires chinois, chaque détail doit être "éclairé", soigneusement considéré avec des termes très précis. 

2. Deuxièmement, la France dispose de toute une agence de contre-espionnage pour intercepter les activités de renseignement de tous les autres pays, dirigées par la Chine, afin d'empêcher l'extraction d'informations classifiées. 

3. Le troisième outil à mon avis est simplement une stratégie d'autonomie industrielle et économique. Pendant la période épidémique du Covid, on a vu que la France était dépendante à 80% du paracétamol anti-douleur importé de Chine et à 20% importé d'Inde. De cela, la France en particulier, et l'Union européenne en général, ont tiré une leçon qui est de ne dépendre d'aucun pays dans des domaines clés pour l'économie, la sécurité... et surtout dans les nouvelles technologies qui n'existent pas. "la technologie du futur".

Le service de sécurité français SGDSN n'a pas été informé du programme de coopération entre le système français des écoles d'ingénieurs ParisTech et la célèbre université de Xi'an, soupçonnée d'avoir des liens étroits avec l'armée chinoise. En octobre 2022, le sénateur Stéphane Piednoir du Maine et Loire, dans l'ouest de la France, a interrogé la ministre chargée des programmes de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Invention, Mme Frédérique Vidal, sur les mesures visant à empêcher les institutions étrangères d'infiltrer les universités et les instituts de recherche nationaux. Il a également souligné un cas spécifique de coopération avec l'Université de Xi'an. Depuis, le ministère français de l'Enseignement supérieur a changé de main et Paris n'a pas encore répondu à la question du sénateur Piednoir.

Comme le révèle le journal Télégramme (3 juillet 2022), la région Bretagne (nord-ouest de la France) est très attractive pour la Chine grâce à ses universités, ses écoles d'ingénieurs publiques et privées, et ses laboratoires dans l'espace de défense. Il abrite également une base navale et des écoles de formation militaire.

Autre région reculée, Châteauroux, à 270 km au sud-ouest de Paris, est également "très attractive" car c'est l'un des quatre centres permettant à la Marine française de communiquer avec les sous-marins opérant partout dans le monde.

Ce journal local précise que ce n'est pas par hasard que Huawei a ouvert une usine à Brumath, dans le Bas Rhin (nord-est). Autour de cette ville de moins de 10.000 habitants se trouvent des bases "d'unités de l'armée spécialisées dans le recueil de renseignements, et une installation de la direction générale de la sécurité extérieure DGSE".  


SourceCông nghệ cao : Gián điệp Trung Quốc « săn mồi » trên đất Pháp

24 août 2022 - Mise à jour 06 septembre 2022










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