dimanche 10 juillet 2022

(FR) Après la démission de Boris Johnson : La Grande-Bretagne et la France doivent reconstruire leur relation.

 

Cliquez ici pour consulter la documentation la plus récente.



Emmanuel Macron recevant Boris Johnson au Palais de l'Elysée (22 août 2019) ©Getty - Chesnot

Pêche, migrants, sous-marins australiens… Les sujets de conflits s’accumulent entre la France et le Royaume-Uni. Pour masquer ses propres difficultés, le premier ministre britannique multiplie les attaques contre Paris, ce qui ravit la presse populaire tabloïd de son pays.

De très longue date, les relations entre le Royaume-Uni et la France oscillent entre « entente cordiale » et exaspération réciproque sur fond de rivalité et, en réalité, de grande ressemblance. Mais jamais, dans l’histoire récente, les deux pays n’ont connu pareille accumulation de tensions. Aux différends sur la pêche, sur les migrants trans-Manche et sur la mise en œuvre du Brexit en Irlande du Nord s’est ajouté le « coup dans le dos » du pacte AUKUS, conclu sur l’Indo-Pacifique entre l'Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni au prix de la rupture de l’énorme contrat de fourniture de sous-marins français à l’Australie.

Le fil rouge qui relie chacun de ces conflits et exacerbe chacune de ces aigreurs est bien connu : il s’agit du Brexit. Tandis que la stratégie politique du premier ministre britannique vise à justifier le divorce avec l’Union européenne et à en souligner les prétendus bienfaits pour son pays, le président français, fondamentalement pro-européen, n’a cessé de fustiger le « mensonge » qui fonde le Brexit et dont Boris Johnson a été le principal artisan. Au printemps, Boris Johnson a tenté d’attribuer au Brexit l’avance qu’avait alors son pays dans la vaccination, grâce à AstraZeneca. Cet argument ayant fait long feu, il entend aujourd’hui porter l’accord AUKUS au crédit de sa politique de « Global Britain » (forger des liens plus forts avec des pays hors de l’UE), corollaire de la sortie de l’Union européenne.

A ces équations personnelles antagonistes s’ajoute le gain politique presque automatique que permet, de part et d’autre de la Manche, le fait de mettre en cause son voisin. Surtout pour un Boris Johnson qui accumule les bévues et a de moins en moins la possibilité d’en faire porter la responsabilité sur « Bruxelles ». Après le camouflet à la France de l’accord négocié en secret avec les Australiens et les Américains, l’insolent « Calmez-vous et lâchez-moi ! » adressé par le premier ministre britannique au président français Emmanuel Macron procédait d’un détestable réflexe visant à tenter d’humilier l’Elysée, au ravissement de la presse populaire tabloïd, afin de masquer ses propres difficultés.

Car d’embarras intérieurs, Boris Johnson n’en manque pas. Largement provoquée par le repli nationaliste du Brexit, qui a conduit à priver de visas les travailleurs européens non qualifiés, la pénurie de chauffeurs routiers entrave l’approvisionnement régulier des stations-service et des supermarchés britanniques en carburant et en produits courants. Pris au piège d’un isolement pour lequel les Britanniques ont majoritairement voté en 2016, mais qu’il aggrave par sa politique chaotique et à courte vue, le premier ministre cherche des exutoires. La France est en première ligne pour faire diversion.

Pour Paris, le piège consisterait à s’enfermer dans un duel avec Londres. A l’exception du dossier des migrants, qui relève des accords bilatéraux du Touquet, les autres points de friction avec le Royaume-Uni – pêche, Irlande du Nord – s’expliquent par la difficulté qu’à Boris Johnson à honorer sa signature de l’accord sur le Brexit, qui prévoit des contrôles douaniers en mer d’Irlande – que Boris Johnson voudrait oublier – et reconnaît aux Européens le maintien partiel des droits de pêche dans les eaux britanniques, que Londres cherche à rogner.

Il appartient aux Vingt-Sept d’obtenir une application à la fois honnête et pragmatique des points litigieux d’un accord de divorce déjà si longtemps négocié. Les Britanniques comme les Français méritent mieux que de se prendre les uns ou les autres pour bouc émissaire.

Après sa démission, le premier ministre britannique Boris Johnson laisse le Brexit en héritage. Il est le temps de rebâtir des liens de confiance entre le Royaume Uni et la France, c'est l’intérêt de tous.

Plus de 50 membres du gouvernement ont remis leur démission en guise de défianceBoris Johnson annonce finalement sa démission le 7 juillet 2022 lors d'une allocution télévisée. Il occupera le poste de Premier ministre jusqu'à ce que le parti conservateur désigne son successeur.









Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire