dimanche 13 février 2022

(FR) L'Église catholique française corrige et indemnise les victimes pédophiles pour la période 1950-2020


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Le président de la Conférence épiscopale de France, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, s'agenouille lors d'une prière pénitentielle à la mémoire des victimes d'abus sexuels, cathédrale de Lourdes, le 6 novembre 2021. Saint Valentin CHAPUIS AFP

Selon RFI du12/02/2022 Environ un mois après la publication du rapport de Sauvé sur les abus sexuels d'enfants dans l'Église catholique française de 1950 à 2020, il a créé un "tsunami" qui a choqué les paroissiens, les évêques et le public. En général, la Conférence épiscopale française, réunie en plénière à la sainte site de Lourdes (Lourdes), dans le sud de la France, et le 8 novembre 2021, a reconnu la responsabilité de l'Église catholique française, et proposé des mesures de prévention, de correction des erreurs, d'indemnisation financière des victimes.


Confession historique 

Après la séance plénière au sanctuaire de Lourdes, début novembre 2021, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la conférence épiscopale française, a voulu "regarder directement la vérité" et reconnu publiquement la responsabilité des institutions dans les abus sexuels systématiques. cas que le rapport Sauvé révélait début octobre 2021 :

« Nous avons vérifié et confirmé que nous sommes tous d'accord sur l'admission que de telles infractions sont systémiques, c'est-à-dire pas simplement le comportement de quelques individus, mais que l'intrusion est conditionnée à avoir lieu : le contexte général, les idées et les pratiques au sein du l'Église catholique qui les a conduits ».

Pour rappel, selon le rapport Sauvé publié le 5 octobre 2021, l'Église catholique française a le taux de pédophilie le plus élevé du pays, après seulement la famille et les proches ; la plupart des auteurs sont des prêtres dans les diocèses. 216.000 est le nombre de victimes encore en vie et actuellement âgées de plus de 18 ans qui ont été abusées sexuellement par des prêtres, des clercs, des moines et des nonnes alors qu'elles étaient mineures. Si l'on inclut ceux qui ont été agressés sexuellement par des païens mais impliqués dans les activités de l'Église catholique française, le nombre total de victimes est estimé à 330.000 personnes.

La douloureuse vérité a été reconnue par la Conférence épiscopale française. Mais les paroles doivent aller de pair avec les actes, c'est ce que les associations de victimes demandent et attendent de l'Église catholique française. Le 2 novembre 2021, sur RFI Francophone, Mme Christine Pedotti, directrice éditoriale du magazine Témoignage chrétien soulignait :

« Les résultats des sondages que j'ai sous la main disent qu'environ 4% seulement des catholiques acceptent de contribuer en argent, donc ce sera peu probable, l'Église catholique française devra trouver d'autres moyens de financement. Ils devront lever une partie des actifs qui appartiennent à l'Église catholique française. Quoi qu'il en soit, l'Église catholique française devra prouver qu'elle est capable de prendre les mesures très coûteuses et irrévocables qui l'exigent, ce qui implique de prouver que l'Église est digne de confiance. Si l'Église veut que ses déclarations soient à nouveau considérées comme quelque peu crédibles, elle devra transformer les paroles en actes. C'est exactement ce que les victimes ont dit.

J'ai eu des nouvelles d'une association collective de victimes, précisément appelée "De la parole à l'action", qui regroupe la majorité des associations de victimes et qui est aujourd'hui, sans doute, vulnérable, blessée par un atermoiement silencieux, prudent, de l'Église catholique française. Les associations de victimes ont déclaré : "Oui, nous savons comment les choses sont maintenant. Le rapport Sauvé est un résumé des chiffres, un diagnostic, et maintenant nous attendons vos réponses ».

Ce n'est pas le moment d'inviter simplement la victime à parler. Il est temps d'agir. Les victimes disent que l'Église catholique française doit avoir un aveu de responsabilité et faire des corrections puis se réformer pour que cela (la pédophilie) ne se reproduise plus. Admettre ses erreurs, assumer ses responsabilités, corriger ses erreurs et se réformer sont les quatre choses que les victimes exigent de l'Église catholique française et pour être honnête, elles ont raison.


Rétablir la foi des paroissiens

Comme pour affirmer que l'Église catholique « a dit et fait », le 24 janvier 2022, le président du SELAM a annoncé que les évêques et diocèses avaient versé 20 millions d'euros au fonds d'indemnisation des victimes. SELAM, la Fondation de lutte contre la maltraitance des mineurs, est un fonds spécial créé par l'Église catholique française pour s'acquitter de sa responsabilité de collecte de fonds et est géré par un groupe de 20 membres dirigé par une figure païenne. M. Gilles Vermot-Desroches, ancien président de les Boy Scouts de France. « C'est la première action », a déclaré à l'AFP « L'Église catholique française a pris la mesure qu'elle annonçait ».

Dans l'immédiat, le conseil de gestion du fonds a décidé d'une enveloppe financière de 5 millions d'euros pour soutenir les victimes, la seconde, d'un montant de 1 million d'euros, pour des actions de prévention des abus sexuels sur mineurs et de mémoire des victimes. La réception et le traitement des dossiers d'indemnisation des victimes se feront par l'intermédiaire de l'INIRR, institution nationale indépendante de reconnaissance de responsabilité et de correction, dirigée par la juriste Marie Derain de Vaucresson.

Parce que Mgr Éric de Moulins-Beaufort a déclaré un jour qu'il n'utilisait pas les fonds de fonctionnement de l'Église catholique française, n'utilisait pas l'argent donné par les paroissiens aux activités de l'Église pour indemniser les victimes, et selon les sondages d'opinion En général, les paroissiens ne soutiennent pas l'organisation des dons, c'est ainsi qu'une centaine de diocèses ont mobilisé aussi bien des biens mobiliers que immobiliers pour avoir de l'argent à contribuer au fonds SELAM. Et pour pouvoir vendre des biens diocésains, l'Église catholique française est obligée de discuter avec des juristes pour lever les barrières liées à la loi de 1905.

Plus particulièrement, le diocèse de Créteil décide de vendre l'évêché. Les diocèses de Lyon et de Rennes ont également annoncé des contributions de respectivement 750.000 et 500.000 euros au fonds SELAM. Le diocèse de Paris a promis à lui seul d'apporter 1 million d'euros. Les diocèses sont les principaux contributeurs et ont fait preuve de solidarité, et il y a aussi de nombreux évêques qui, bien que non impliqués dans des affaires de pédophilie, ont décidé d'utiliser leurs propres biens et de contribuer à la cause de la personnalité. Or, l'AFP du 25 janvier citait M. Gilles Vermot-Desroches disant que le premier bienfaiteur du fonds SELAM était une victime.

Dans une interview au journal Le Figaro du 9 novembre 2021, le président de la conférence épiscopale française a déclaré qu'en Belgique, l'indemnisation moyenne des victimes d'abus sexuels oscille entre  1500 et 25.000 euros. Dans l'Église catholique française, le montant de l'indemnisation sera déterminé par l'INIRR selon la loi en France et examiné au cas par cas, mais Mgr Éric de Moulins-Beaufort assure qu'aucune victime ne sera abandonnée ou oubliée.


La limite est toujours là

Même l'annonce par Mgr Éric de Moulins-Beaufort reconnaissant la responsabilité de l'Église catholique française est vécue comme un "revirement historique" par la conférence épiscopale française après des années à garder toujours une attitude méfiante et prudente sur ce dossier sensible, mais la Le plan de l'Église catholique française pour corriger les erreurs est encore jugé avoir certaines limites. Répondant à RFI le 9 novembre 2021, la théologienne Anne Soupa a souligné :

"On a le sentiment qu'ils ont été entendus, qu'ils sont revenus à la réalité, qu'ils comprennent les dégâts qu'ils ont causés. Toutes ces choses sont très positives, mais il y a deux points qui, à mon avis, ne sont toujours pas mentionnés. Le premier concerne les adultes vulnérables, vulnérables, car dans la majorité des cas, les recommandations sont faites concernant des victimes mineures. Je crains que l'affaire ne finisse par ternir les éloges que l'on peut faire de ces propositions.

Le deuxième problème est le manque de reconnaissance des femmes victimes. Cela me paraît bien visible : il me semble clair que l'harmonisation du genre dans les instances, tant pastorales que décisionnelles, n'est pas prise en compte dans les conditions d'exclusion des abus sexuels. C'est un fait en sociologie : quand on est dans un système où les hommes sont les décideurs, ils ont tendance à user de tout leur pouvoir sans retenue ».

Beaucoup soutiennent que l'Église catholique française souhaite se réformer en interne, mais François Devaux, l'un des visages éminents du mouvement de lutte pour que les victimes aient la parole, a déclaré qu'outre les mesures de soutien financier aux victimes, les propositions des évêques de France Conférence ne suffisent pas à provoquer la réforme radicale nécessaire, car cela dépend de la loi de l'Église :

« Néanmoins, les recommandations de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église CIASE ont encore quelques points d'intérêt direct pour le Vatican. Les opinions sur le sexe ne sont pas quelque chose que les évêques de France peuvent prétendre changer. Le droit canonique n'est pas quelque chose que les évêques français peuvent prétendre changer. Ainsi, les évêques français peuvent entamer un processus d'aveu d'erreurs, de correction, de réflexion, mais ensuite très vite ils s'apercevront qu'ils préfèrent s'associer au siège qui ne veut pas participer à ces réformes de grande envergure. Toutes les institutions catholiques en Occident doivent, par exemple, garantir l'équité de la loi ou l'égalité.

Vous voyez, ce concept n'est pas nouveau depuis quelques repas il y a quinze jours. Voilà quelque chose qu'on sait depuis longtemps : les femmes ont un rôle à jouer, apporter un équilibre et c'est essentiel. Comment l'institution catholique a-t-elle pu défendre si longtemps sa position ? Les évêques de France ne pourront pas changer grand-chose dans de telles conditions.











Marie Derain de Vaucresson
https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Derain

Marie Derain de Vaucresson, une juriste nommée au service de l’indemnisation des victimes d’abus sexuels de l’Eglise
https://www.liberation.fr/societe/religions/marie-derain-de-vaucresson-une-juriste-nommee-au-service-de-lindemnisation-des-victimes-dabus-sexuels-de-leglise-20211109_US3AK4QOAREOTLCBXFMNWXRN34/

Anne Soupa
https://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_Soupa










 

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