samedi 26 février 2022

(FR) Le système SWIFT présenté comme la menace financière contre la Russie ?

 

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Les Européens ont décrété des sanctions massives contre la Russie.


*** 26/02/2022 : l'Allemagne accepte finalement une «limitation ciblée» de l'accès à Swift pour la Russie
https://www.lefigaro.fr/conjoncture/guerre-en-ukraine-l-allemagne-accepte-finalement-une-limitation-ciblee-de-l-acces-a-swift-pour-la-russie-20220226


Les Américains n’ont pas écarté l’idée de pousser Swift, une entreprise belge permettant la majorité des transactions internationales, à débrancher la Russie. Une mesure qui, si elle devait être prise, aurait d’importantes répercussions.

Créé en 1973 ce système de transferts d'informations financières SWIFT est le plus utilisé au monde. L'exclusion de l'Iran en 2012 et 2018 avait eu des conséquences majeures sur l'économie du pays.

Les Etats-Unis et l'UE ont mis leurs menaces à exécution. Alors que la Russie a donné son feu vert à une opération militaire en Ukraine, l'Occident a immédiatement répondu par un train de sanctions économiques. Interdiction d'accéder aux marchés financiers pour les autorités russes ce qui prive le pays de financement pour sa dette souveraine, interdictions de visas et avoirs gelés pour certaines personnalités russes, suspension par l'Allemagne du gazoduc Nord Stream 2...

Une première salve de représailles qui pourraient en entraîner d'autres, ont déjà prévenu les autorités américaines et européennes. Parmi les pistes envisagées de part et d'autre de l'Atlantique, il y a l'exclusion des entreprises russes du réseau interbancaire Swift. Une menace qualifiée "d'arme nucléaire" par les Etats-Unis.



Kurt Volker est un diplomate américain né le 27 décembre 1964 en Pennsylvanie. Représentant permanent des États-Unis auprès de l'OTAN en 2008-2009, il est par la suite impliqué dans les relations entre les États-Unis et l'Ukraine et en 2019 dans la controverse concernant Donald Trump et l'Ukraine.

En décembre 2021, le diplomate Kurt Volker, ancien représentant spécial des Etats-Unis en Ukraine expliquait  dans Le Monde.

"On ne veut vraiment pas aller si loin et y recourir, mais si on n’a plus le choix, si la Russie attaque ses voisins, tue des gens, occupe des territoires, et qu’on veut l’empêcher, cet outil peut servir en dernier recours".


Qu’est-ce que Swift ?

SWIFT est l'acronyme de Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunications. Basée à La Hulpe en Belgique au sud de Bruxelles, il s'agit d'une coopérative mondiale créée en 1973 à l'initiative de 239 banques de 15 grands pays pour fluidifier les paiements interbancaires transfrontaliers.



Concrètement il s'agit d'une messagerie automatisée qui permet aux banques et organismes financiers de faciliter le transfert d'argent dans le monde. SWIFT ne détient ni ne transfère directement des fonds. Il transmet simplement l'information de débit et de crédit aux deux banques en relation lors d'une transaction.

Concrètement lorsque Engie achète pour 1.000 euros de gaz à Gazprom, la banque de l'entreprise française débite le montant et transmet l'information à SWIFT qui envoie l'ordre de paiement à la banque du gazier russe. Cette dernière le réalise quelques jours plus tard.

Le service SWIFT est un prestataire de transferts d'information financière essentiel dans le commerce mondial. Il relie aujourd'hui plus de 11.000 institutions financières dans le monde et réalise 42 millions d'ordres par jour (en 2021), soit près de 500 chaque seconde.


Quelles seraient les conséquences pour la Russie de l'exclusion de SWIFT ?

Jusqu'à présent, seul l'Iran a été exclu du système SWIFT. En 2012, les administrateurs de la coopérative ont expulsé 30 institutions financières iraniennes afin de se conformer aux sanctions de l'UE suite à la relance du programme nucléaire iranien.

Un retrait qui avait eu des conséquences majeures sur l'économie de la république islamique.

"Après la déconnexion des banques iraniennes de Swift, le pays a perdu près de la moitié de ses revenus d'exportation de pétrole et 30% de son commerce extérieur, assure une note du Carnegie Moscow Center. L'impact sur l'économie russe serait tout aussi dévastateur, en particulier à court terme."

En 2014, alors que le Royaume-Uni avait déjà menacé la Russie d'exclusion, le ministre des Finances russes de l'époque avait estimé qu'une telle décision pourrait entraîner une baisse de 5% du PIB du pays.

"La Russie dépend fortement de SWIFT en raison de ses exportations d'hydrocarbures de plusieurs milliards libellées en dollars américains, rappelle le Carnegie Moscow Center. La coupure mettrait fin à toutes les transactions internationales, déclencherait la volatilité des devises et provoquerait des sorties massives de capitaux."

Concrètement, la sortie de SWIFT compliquerait et ralentirait fortement le transfert de fonds des banques russes avec leurs partenaires occidentaux. Elles devraient passer par des moyens manuels ou trouver des alternatives pour leurs transferts d'informations.


La Russie peut-elle débranchée de SWIFT ?

Officiellement organisation apolitique, SWIFT est géré par un conseil d'administration composé de 25 administrateurs indépendants issus des pays qui contribuent financièrement au service. Deux Français siègent par exemple dans ce conseil. Comme pour l'Iran en 2012 puis en 2018, ces administrateurs pourraient exclure la Russie si l'UE ou les Etats-Unis décidaient de sanctionner plus durement la Russie.

Une sanction à laquelle ne croit pas néanmoins Dimitri Medvedev, actuellement vice-président du Conseil de sécurité de Russie. Lorsqu'il était Premier ministre en 2014 lors de l'annexion de la Crimée, il considérait que "l'exclusion de SWIFT serait considéré comme "une déclaration de guerre".

Aujourd'hui, l'homme fort de Vladimir Poutine est bien plus modéré.

"Je vais être direct, je ne crois pas vraiment que quelqu'un nous en déconnecterait, car cela n'apporterait aucun avantage à qui que ce soit, y compris à cette organisation elle-même, d'autant plus que nous avons un grand nombre de transactions en cours", a-t-il déclaré en janvier 2022 à l'agence de presse russe TASS.

Dans le doute, le pays s'y est préparé et a développé des alternatives. Dans la foulée des menaces de 2014, la Banque de Russie a créé le système SPFS qui fournit le même service que SWIFT. Si l'ensemble des institutions financières russes en font partie, seules une vingtaine de banques étrangères utilisent toutefois ce service dont aucune aux Etats-Unis et très peu dans l'UE. Les Russes cherchent d'ailleurs à intégrer leur système avec le service équivalent chinois.

La Russie est bien plus confiante qu'en 2014 sur une éventuellement exclusion de SWIFT.

"Oui, ce sera plus difficile, c'est évident, mais ce ne sera pas une catastrophe", assure Dimitri Medvedev. Il en va de même pour les moyens de paiement. Si nous parlons, par exemple, de cartes de crédit, elles fonctionneront toujours à l'intérieur du pays. Sur les transferts internationaux - oui, dans ce cas, il y aura certaines difficultés. Mais nous avons nos propres cartes Mir, comme vous le savez, qui peuvent également être utilisées comme analogues."

Des menaces qui n'effraient plus tant que ça la Russie, d'autant qu'un retrait de la Russie de SWIFT pénaliserait aussi les entreprises européennes et particulièrement françaises. De nombreuses entreprises hexagonales sont installées en Russie à commencer par Société Générale dont la filiale Rosbank fait partie des 10 plus grands établissements bancaires du pays en termes d'actifs gérés. La sortie de SWIFT compliquerait les transferts de fonds entre la filiale moscovite et Paris. Idem pour Renault, TotalEnergies, Decathlon ou encore Leroy-Merlin fortement implantés en Russie.

La France est depuis plusieurs années le premier ou le deuxième investisseur étranger en Russie. Les entreprises tricolores emploient 160.000 salariés dans le pays.









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