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Les pays occidentaux ont imposé une série de sanctions économiques sans précédent à la Russie après son invasion de l’Ukraine. Le régime de Vladimir Poutine cherche des alternatives, et l’utilisation de cryptomonnaies, comme le Bitcoin, l’Ether ou l’USDT pourrait être l’une d’entre elles.
En déclenchant une guerre contre l’Ukraine, jeudi 24 février 2022, la Russie a sidéré l’Europe et le monde. Immédiatement, l’Occident a répliqué avec une série de sanctions économiques contre le régime de Vladimir Poutine. Mais depuis quelques jours, des observateurs s’inquiètent de la possible utilisation des cryptomonnaies par le Kremlin pour contourner ces sanctions.
Effondrement du rouble
Il faut dire que la Russie est sous pression depuis l’exclusion d’une partie de ses établissements bancaires et financiers du système interbancaire international SWIF. En parallèle, l’Union européenne et les États-Unis ont bloqué les actifs de la Banque centrale russe.
Les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada ont ciblé les 640 milliards de dollars (478 milliards de livres sterling, 573 milliards d’euros) de réserves de change de la Russie et se sont liés pour empêcher la banque centrale russe de déployer ses réserves internationales d’une manière qui compromettrait l’impact des sanctions. Résultat, le rouble s’effondre et a perdu près de 30 % de sa valeur.
A contrario, les cryptoactifs, comme le Bitcoin, l’Ether ou l’USDT qui fonctionnent sur un réseau décentralisé et aucune entité centrale ne peut être sanctionnée et empêcher l’accès des utilisateurs. Les Russes se sont donc rués, ces derniers jours, sur ces monnaies virtuelles, avec « des volumes records d’achats en roubles », selon le cabinet américain Kaiko, rapporte l’Agence France-Presse.
Dès lors, les cryptomonnaies pourraient représenter une porte de secours à la Russie et un moyen d’échange alternatif au dollar. Cela permettrait également de contourner le système bancaire international qui est essentiel pour faire appliquer les sanctions.
Repérer les transactions illégales
L’enjeu, pour les Occidentaux, est de faire en sorte que la Russie se retrouve dans l’impasse. Les gouvernements peuvent, dans un premier temps, demander aux plateformes de limiter l’accès à certains utilisateurs, comme l’a fait récemment l’Ukraine au sujet des comptes russes, et comme envisagent d’imposer les autorités américaines.
Le Wall Street Journal a confirmé la semaine dernière que les États-Unis envisageaient d’imposer des sanctions sur le marché russe des cryptomonnaies. Des entreprises américaines telles qu’Elliptic proposent des logiciels qui permettent aux entreprises de repérer les transactions cryptographiques illégales.
« Si le gouvernement russe ou des entités russes voulaient chercher des moyens d’échapper aux sanctions en utilisant la cryptographie, ils pourraient essayer de développer un réseau de services d’échange complices qui les aideraient à le faire », expliquait récemment David Carlisle, directeur d’Elliptic, dans le quotidien britannique The Guardian.
Contrer la cryptomonnaie
De son côté, le cabinet Chainalysis, spécialisé dans le traçage des transactions décentralisées, se veut « optimiste sur la capacité de l’industrie des cryptomonnaies à contrer les actions russes pour échapper aux sanctions ».
Une situation extrême qui pourrait pousser les Russes à choisir une autre voie. On pense notamment à celle du piratage des plateformes de cryptomonnaie comme en Corée du Nord : 400 millions de dollars (360 millions d’euros) levés pour l’État de Kim Jong-un l’an passé, selon Chainalysis.
Il existe aussi des attaques de rançongiciels, où des groupes criminels ciblent des ordinateurs et exigent une cryptomonnaie en échange de leur déblocage. Alors même que l’agence de sécurité russe FSB a récemment affirmé avoir démantelé le groupe de rançongiciels REvil.
L’Europe hausse le ton
À l’évidence, l’ampleur des restrictions financières contre la Russie est telle que les cryptomonnaies ne pourront pas tout compenser, comme l’explique le patron d’Elliptic : « La crypto seule ne permettra jamais à la Russie de contourner toutes les restrictions financières. »
Toujours est-il que le cours du Bitcoin a bondi. Alors, la Banque centrale européenne (BCE) veut passer à la vitesse supérieure pour bloquer au plus vite les actifs russes. « Il y a toujours des moyens criminels de contourner une interdiction, a rappelé Christine Lagarde, présidente de la BCE, citée par l’Agence France-Presse. C’est pourquoi il est d’une importance capitale que MiCA (Market in Crypto Assets) soit adopté aussi rapidement que possible, pour qu’il existe un cadre réglementaire pour contrôler ces nouveaux flux monétaires. »
Dans ce dossier, les Occidentaux ont bien compris que le seul moyen d’affaiblir la Russie était d’unir leurs forces. Reste à voir si cela sera suffisant pour contrer Vladimir Poutine et son armée.
L’UE va « prendre des mesures » contre les cryptos et la Russie
Dès le 25 février 2022, lendemain du début du conflit russo-ukrainien, la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, sonnait la charge contre Bitcoin et les crypto-actifs, au nom des sanctions contre Vladimir Poutine.
Le mercredi 2 mars 2022, les différents ministres des Finances de l’Union européenne se sont rencontrés pour discuter de cette nouvelle crise, et nos chers cryptomonnaies faisaient partie des cibles discutées.
Le ministre des Finances de la France, Bruno Le Maire a dit :
« Nous ferons le point quotidiennement sur la mise en œuvre de ces sanctions, sur leur efficacité et sur les mesures complémentaires qui pourraient être nécessaires. En matière de sanctions économiques et financières, nous voulons rester flexibles et mobilisés. »
Lors de cette même conférence, le ministre des Finances de l’Allemagne, Christian Lindner, a fait écho aux propos de son homologue français, en citant nommément les cryptomonnaies comme échappatoire à contrôler/bloquer des dirigeants et institutions russes.
« Nous allons intensifier la pression si les dirigeants russes ne changent pas de cap (…) Nous devrions également prendre des mesures pour empêcher les personnes et les institutions répertoriées de se reporter sur des crypto-actifs non réglementés. »
C’est également à l’issue de cette rencontre du 2 mars 2022 que les 27 ministres des Finances de l’UE ont annoncé la coupure du réseau centralisé de virements SWIFT pour 7 grandes banques russes.
Malgré l’importance des sanctions économiques prises contre la Russie, il y a de fortes chances que l’utilisation des cryptos pour les contourner soit fortement exagérée, voire carrément fantasmée. En effet, l’économie du pays de Vladimir Poutine se tourne depuis plusieurs années vers l’Asie et la Chine, et cette dernière récupère pratiquement tout ce qui est bloqué du côté européen (gaz, céréales, transactions financières…).
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