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Ce mercredi 24 août 2022 marque le 31e anniversaire de l’indépendance de l’Ukraine, mais aussi les six mois de la guerre déclenchée par Moscou. Si le conflit s’enlise pour l’instant, l’Occident et Kiev craignent de nouvelles violences côté russe à cette date symbolique.
Six mois que les troupes russes ont envahi le territoire ukrainien. Et six mois que Kiev résiste. Mais la situation pourrait évoluer à partir de ce mercredi 24 août 2022, date à laquelle l’Ukraine doit fêter le 31e anniversaire de son indépendance de l’URSS, acquise en 1991. Six mois après le début de la guerre, l’Occident craint un durcissement du conflit.
Dans les premières heures de la journée de mercredi, des explosions ont retenti dans plusieurs villes, dont Kharkiv, Zaporijjia et Dnipro, selon les autorités locales. Dans un message alarmiste, l’ambassade américaine en Ukraine avait averti mardi 23 août que la Russie pourrait intensifier ces prochains jours ses bombardements et, preuve que l’inquiétude est réelle, appelé les citoyens américains à quitter le pays « dès maintenant » par « les moyens de transport terrestres privés disponibles ».
Samedi 20 août, c’est Volodymyr Zelensky qui avait fait part de ses craintes. Dans une vidéo, le président ukrainien affirmait que la Russie pourrait « essayer de faire quelque chose de particulièrement violent et dégoûtant », faisant une référence à la date clé de l’indépendance. Pour éviter une mise en danger des civils, les rassemblements publics ont été interdits de lundi à jeudi dans la capitale Kiev, et le gouverneur de la région de Kharkiv (centre-est) a de son côté ordonné un couvre-feu de mardi soir à jeudi matin.
« Moscou est en position défensive »
Depuis le retrait des forces russes des environs de la capitale ukrainienne fin mars 2022, l’essentiel des combats s’est concentré dans l’Est et le Sud. « On est dans un moment où le front se stabilise. Même si l’armée russe continue de tenter des offensives (limitées), on voit un essoufflement ; Moscou est en position défensive sur une grande partie du front et une partie de son arrière en Ukraine », estime auprès de l’AFP Dimitri Minic, chercheur au Centre Russie/NEI de l’Institut français des Relations internationales (IFRI).
En plus de ne plus progresser sur le terrain, la Russie, qui n’était pas parvenue à prendre Kiev et à destituer le gouvernement Zelensky, subie de lourdes pertes humaines. Colin Kahl, le numéro trois du Pentagone, affirmait début août 2022 que près de 80.000 soldats russes ont été tués ou blessés depuis le début de l’invasion de l’Ukraine.
Si Moscou communique peu sur ses pertes humaines, il ne fait aucun doute que l’armée russe est effectivement désertée. Pour recruter des soldats, le Kremlin a par exemple pioché des volontaires dans les prisons.
Malgré tout Moscou reste, d’une certaine manière, en position de force. La Russie continue de viser régulièrement les villes ukrainiennes à l’aide de missiles à longue portée, même si ces frappes visent rarement la capitale ou ses environs. Selon le président ukrainien, la Russie contrôlerait 20 % du territoire, en particulier dans le Donbass. D’autres lieux stratégiques sont contrôlés par les troupes de Vladimir Poutine : Marioupol (sur la mer d’Azov), la centrale nucléaire de Zaporijjia.
Réfugiés dispersés à travers l'Europe
Avant que la Russie ne lance la campagne militaire, environ 1 à 5 millions de réfugiés ont quitté l'Ukraine. Cependant, lorsque le conflit a éclaté, ce nombre était beaucoup plus élevé. Il y a actuellement environ 6,7 millions de réfugiés ukrainiens à travers l'Europe.
Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a enregistré environ 11 millions de personnes quittant l'Ukraine et 4,7 millions revenant dans le pays.
La commissaire européenne à l'intérieur, Ylva Johansson, a déclaré que le plus grand nombre de réfugiés ukrainiens se trouvait en République tchèque, suivie de la Pologne, de l'Estonie, de la Lituanie, de la Bulgarie et de la Lettonie.
Ces réfugiés ukrainiens augmenteront progressivement la taille de la population active dans l'UE, d'environ 0,2 à 0,8 %, soit 0,3 à 1,3 million de personnes.
Guerre énergétique
Les économistes avaient prédit que l'économie russe s'effondrerait après que l'Occident ait imposé des sanctions radicales pour forcer le président Poutine à mettre fin à sa campagne militaire en Ukraine. Mais six mois se sont écoulés depuis le déclenchement des hostilités, la Russie tient toujours debout.
La hausse des prix de l'essence permet à la Russie de tirer d'énormes profits des exportations de carburant, tandis que l'Europe lutte pour faire face à une pénurie d'approvisionnement énergétique. La Russie gagne encore des centaines de millions de dollars par jour grâce à la vente de pétrole. Cela signifie que la Russie peut se permettre de renoncer aux revenus de la vente de gaz naturel à l'UE et mettre davantage de pression sur l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni, qui peinent à rompre avec la dépendance énergétique russe.
Depuis que la Russie a lancé sa campagne militaire en Ukraine, l'Allemagne s'est efforcée de réduire sa dépendance au gaz russe, notamment en construisant des ports de gaz naturel liquéfié (GNL).
L'objectif à court terme de l'Allemagne est d'essayer de reconstituer ses réserves de gaz pour l'hiver. Les données de l'Autorité nationale allemande des télécommunications montrent que les installations de stockage de gaz du pays en détiennent actuellement environ 63 %. Conformément à la loi gaz, les stockages doivent être remplis à 80 % au 1er octobre et à 90 % au 1er novembre.
L'analyste Julian Lee a déclaré que certains pays européens risquaient toujours d'avoir un hiver froid et des pannes de courant en raison d'un manque d'approvisionnement énergétique en provenance de Russie.
Le Kosovo a mis en place une coupure de courant après que son distributeur ait manqué d'argent pour importer de l'électricité d'Albanie. Au cours des 6 prochains mois, il est probable que davantage de pays suivront ce plan.
Le prochain développement de la guerre russo-ukrainienne
L'expert de l'Université Johns Hopkins, Hal Brands, a déclaré que la guerre en Ukraine entrait maintenant dans une troisième phase décisive.
1. Dans la première phase, la tactique de la Russie consistait à utiliser des chars et des hélicoptères dans le but d'une attaque rapide en profondeur en Ukraine.
2. Dans la deuxième phase, la Russie a déplacé ses forces dans la province de Donetsk pour poursuivre son plan d'occupation de toute la région du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, après avoir pris le contrôle de Lougansk.
3. La troisième phase de la guerre comportera des contre-attaques ukrainiennes dans le sud.
Selon le Washington Post, les six mois d'hostilités russo-ukrainiennes ont ajusté l'ordre mondial et bien d'autres choses d'une manière étonnante. Dans un avenir proche, si la guerre continue, la Russie et l'Ukraine subiront davantage de dommages en termes d'armement, et le conflit affectera beaucoup de choses dans le monde.
En outre, non seulement les pays européens proches de la zone de guerre sont touchés, mais les habitants d'autres régions telles que le Moyen-Orient et l'Afrique sont également soumis à une forte pression en raison de l'impact du conflit russo-ukrainien qui s'est propagé à l'échelle mondiale.
Soutien européen sur la durée
Face une guerre qui dure, l’Union européenne (UE) envisage une mission « d’entraînement et d’assistance » de l’armée ukrainienne, en plus de son aide militaire, a indiqué lundi le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell.
De son côté, Emmanuel Macron a exhorté la communauté internationale à ne faire montre d’« aucune faiblesse, aucun esprit de compromission » face à la Russie. Dans un message vidéo au Sommet de la plateforme de Crimée, le président français a ajouté à l’attention de Volodymyr Zelensky que les Européens étaient prêts à soutenir le « combat » de l’Ukraine « dans la durée ».
Une guerre qui sera très certainement au cœur des discussions du prochain sommet du G20 de 2022. La réunion de ce groupe des grandes économies mondiales, qui doit se tenir mi-novembre 2022 à Bali en Indonésie, verra se réunir les dirigeants des pays occidentaux ainsi que le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping, qui ont finalement annoncé qu’ils s’y rendraient.
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