lundi 10 octobre 2022

(FR) Les plusieurs villes ukrainiennes ont été visées par des frappes russes.

  Cliquez ici pour consulter la documentation la plus récente.



La ville de Kiev touchée par plusieurs frappes russes, le 10 octobre 2022 - JAY BEECHER / UGC / ESN / AFP

BFMTVFace au recul de son armée sur le terrain, Moscou pourrait désormais se concentrer sur les cibles civiles, une stratégie qui vise à distiller la peur, mais qui n'est d'aucune utilité au niveau militaire.

Chronique d'une réplique attendue. Ce lundi matin 10 octobre 2022, plusieurs villes d'Ukraine dont la capitale Kiev ont été prises pour cible par des bombardements russes. Des frappes qui, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ont fait des "morts et des blessés" à travers le pays. Au total, 23 régions ukrainiennes ont été touchées par la sanglante réplique du Kremlin et en fin de matinée, la police ukrainienne évoquait au moins 5 personnes mortes et 12 blessées.

Cette vague de bombardements intervient alors que l'armée russe connaît une succession de revers militaires en Ukraine, mais également quelques heures après l'explosion qui a partiellement détruit et rendu inutilisable le pont qui relie la Crimée annexée au reste du territoire russe.



Les différentes zones touchées par les frappes russes le lundi 10 octobre 2022 © BFMTV

La nouvelle doctrine de l'armée russe

Face à ce camouflet, Vladimir Poutine, qui convoque ce lundi matin un conseil de sécurité qui pourrait marquer un tournant dans le conflit, a décidé de frapper fort. Selon Sylvie Bermann, ancienne ambassadrice de France en Russie et consultante diplomatique pour BFMTV, ces frappes sont une vengeance directe du président russe : "C’est un affront pour lui, il ne peut pas ne pas réagir vis-à-vis de son aile ultra-nationaliste qui demande de frapper plus fort", explique-t-elle.

De là à y voir un changement de stratégie militaire russe? Pour Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe, l'hypothèse est à sérieusement envisager depuis la nomination ces dernières heures du général Sergueï Sourovikine comme nouveau commandant en chef de "l'opération militaire spéciale", un homme à "la sinistre réputation". "On l'appelle Armageddon car pendant la dernière partie de la campagne de Syrie, il avait fait la même chose avec des tirs disproportionnés visant indistinctement civils et militaires", affirme-t-il.

Les images des bombardements de ce lundi matin à Kiev montrent que des cibles civiles sont visées et touchées: le parc de l'université Taras-Chevtchenko, une aire de jeux pour enfants ou bien encore le très symbolique pont de l'amitié entre les peuples, situé à quelques pas seulement de l'emblématique place Maïdan, au coeur de la capitale.

"Ça aurait pu été des installations militaires à haute valeur ajoutée, mais on fait ce qu'il y a de plus simple, on vise les villes avec des missiles qui vont tomber au plein milieu", explique le général Jérôme Pellistrandi, consultant défense de BFMTV.

La terreur pourrait dès lors devenir la nouvelle doctrine de l'armée russe, déjà réputée pour sa stratégie de la "terre brûlée" en temps de guerre. "Ce sont des frappes inutiles sur le plan militaire mais spectaculaires, c’est un avertissement pour qu’il n’y ait pas de nouvelles frappes sur la Crimée", analyse Sophie Bermann.

Lors d'une prise de parole tenue ce lundi, le président russe Vladimir Poutine a confirmé la campagne "massive" de bombardements, soulignant que les frappes visaient "l'infrastructure énergétique" du pays.



Aveu de faiblesse

Cependant, cette volonté de frapper les civils peut également témoigner d'un aveu de faiblesse de la part de Moscou, qui doit faire avec une armée sous-équipée face aux soldats ukrainiens armés par l'Occident, et qui, surtout, arrive au bout de ses capacités militaires.

"Ça traduit la faiblesse du système militaire russe pas en mesure de répliquer. [...] Est-ce que c'est un chant du cygne? En tout cas cela n'a aucune efficacité militaire, c'est pour impressionner. La Russie aujourd’hui est en manque de munitions de précision, ils utilisent des missiles sol-air qu’ils ont modifié pour qu’ils aillent plus loin", explique le général Pellistrandi.

Pour Patrick Sauce, journaliste spécialiste dans les questions de politique internationale de BFMTV, il s'agit également d'un aveu de faiblesse de Moscou dans le sens où, si la Russie en avait la capacité, elle aurait dû se concentrer sur "une grande contre-contre-offensive, or, les Russes ne peuvent pas se battre contre l'armée ukrainienne".

Comme le fait remarquer Jérôme Pellistrandi, des phases du même type, lors desquelles un agresseur frappe tous azimut dans un objectif de terreur, ont déjà eu lieu dans l'histoire récente de l'Europe.

"Cela évoque ce qui se passait en 1944 et 1945 lorsque l'Allemagne nazie bombardait l'Angleterre, Anvers et la France sans aucun effet. Il s'agissait d'armes de vengeance pour briser le moral mais cela n'a aucun effet a part, malheureusement, des victimes civiles".



Guerre en Ukraine : plusieurs villes ont été visées par des frappes russes
https://www.youtube.com/watch?v=D38MKemeeUc












Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire