mardi 31 mai 2022

(FR) La Russie déploie des chars T-62 vieux de 50 ans en Ukraine.

 

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Un char moyen soviétique T-62

Avec des rumeurs de pénurie de chars modernes utilisables, la Russie a puisé dans son stock de T-62 désuets et les a envoyés en Ukraine.

Lors de la première phase de l’invasion de l’Ukraine, les forces terrestres russes n’ont visiblement pas sollicité leurs matériels les plus récents, l’essentiel des chars engagés dans la bataille étant des T-72, dont plus de 2.000 exemplaires étaient en service avant le début des hostilités et 7.000 mis en réserve, selon The Military Balance 2022, un document publié par l’International Institute for Strategic Studies IISS.

D’après le site spécialisé Oryx, qui s’attache à évaluer les pertes subies par les deux camps, les forces russes auraient perdu 700 chars, dont 425 T-72, 20 T-64B, 102 T-80 de différentes variantes et 19 T-90A.

Un responsable gouvernemental roumain récemment interrogé par le site Air Force Mag a d’ailleurs estimé que la Russie « gardait ses moyens les plus sophistiqués en réserve, pour un objectif différent, une autre opération censée venir ensuite ».

Et, effectivement, depuis qu’elles ont revu leur dispositif en Ukraine pour mieux se concentrer sur la région séparatiste du Donbass et le littoral donnant sur la mer Noire, les forces russes ont engagés des matériels plus récents, comme les chars T-90M, dont un exemplaire a d’ailleurs été détruit, ou encore les véhicules de combat d’infanterie BMPT Terminator qui, armés de deux canons de 30 mm, d’une mitrailleuse de 7,62 mm, de 4 missiles Ataka et de 2 lance-grenades AGS-17, sont entrés en service en 2011.



Un char russe endommagé en Ukraine – AZIZ KARIMOV / ZUMA PRESS / CONTACTOPHOTO.

Cependant, et dans le même temps, l’état-major russe a également déstocké des matériels très anciens, à savoir des chars T-62, dont la conception remonte au début des années 1960. Il avait été dit que ces derniers avaient été rayés de l’inventaire des forces terrestres russes en 2013. Mais cela s’est finalement révélé faux… puisque plusieurs exemplaires furent livrés aux forces syriennes par la suite.

Ainsi, selon des images diffusées via les réseaux sociaux, on peut voir de nombreux T-62 arriver en Ukraine par voie ferrée. Plus précisément, ces chars – ou du moins une partie – ont été transportés dans la région de Melitopol, localité située dans l’oblast de Zaporijjia et actuellement sous contrôle russe.

L’état-major ukrainien a ironisé en expliquant que « en raison des pertes subies, l’ennemi a été contraint de retirer du stockage des chars T-62 pour équiper les groupes tactiques de réserve qui sont en cours de formation pour être envoyés en Ukraine ». En outre, certains ont avancé l’hypothèse que ce recours à des chars dépassés était dû aux difficultés rencontrées par les forces russes pour entretenir leurs matériels.



Un T-62 en Syrie, en 2017. | Louai Beshara / AFP

Cela étant, ce n’est pas la première fois que l’état-major russe déploie des T-62 sur des théâtres d’opérations. Ces chars ont en effet été engagés en Afghanistan durant les années 1980, en Tchétchénie étaient encore en service actif, en 2000, puis en Géorgie, en 2008.

Seulement, la question est de savoir ce que ces T-62 pourront apporter en Ukraine, alors que l’on ne connaît pas leur état actuel… et qu’ils ne sont pas moins vulnérables que les T-72 et autres T-80, leurs munitions étant également stockées au niveau de leur tourelle. S’il était possible de les piloter à distance (la Chine a lancé un programme en ce sens pour ses T-59), alors on pourrait imaginer qu’ils puissent servir de leurres afin de faire baisser les stocks ukrainiens de missiles antichars… Mais rien n’indique qu’ils aient été modifiés de la sorte…



La Russie forcée de déployer des chars T-62 vieux de 50 ans.

Le plus probable est que ces T-62 soient remis aux forces séparatistes pro-russes… ou qu’ils servent à sécuriser les zones conquises par les forces russes dans le sud de l’Ukraine, ce qui permettraient à celles-ci d’engager leurs chars les plus modernes dans les combats à venir.

Justement, à ce propos, et selon le dernier point de situation du ministère des Armées, et après avoir pris le contrôle de Novoselivka, les forces russes semblent porter leur effort en direction de la localité de Lyman, située à l’ouest de l’oblast de Donetsk, et accentue leur pression sur Sievierodonetsk, ville située à plus de 80 km à l’est de Kramatorsk, le centre administratif du Donbass. Dans le sud, une forte concentration de troupes russes a été observée à Inzhenerve.

À noter que, la semaine passée, le président ukrainien, Volodymyr Zelenski, a remplacé le commandant des forces de défense territoriale, le général Youri Galouchkin ayant dû s’effacer devant le général Igor Tantsioura, auparavant chef d’état-major des forces terrestres ukrainiennes.

Le ministère ukrainien de la Défense a explique que la « croissance rapide » des forces de défense territoriale, dans des « conditions de combat intense » est une « expérience énorme, avec des erreurs et des réussites ». Et de conclure : « Il y a des réussites et, malheureusement, des pertes. »


Source :
Russia Deploys 50-Year-Old T-62 Tanks To Ukraine
https://www.thedrive.com/the-war-zone/russia-deploys-50-year-old-t-62-tanks-to-ukraine-front







dimanche 29 mai 2022

(FR) La variole du singe: peut-elle devenir une pandémie?

 

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Voici à quoi ressemble la variole du singe observée au microscope. — /AP/SIPA

L’épidémie de variole du singe de 2022 apparaît le 7 mai 2022 au Royaume-Uni, chez un individu de retour du Nigéria.

Au 25 mai 2022, plus de 300 cas de variole du singe étaient confirmés ou soupçonnés en Europe, en Amérique et en Australie, selon le décompte réalisé quotidiennement par une équipe internationale d'épidémiologistes.


Propagation du virus

Au début du mois de mai 2022, trois cas sont d'abord signalés en Grande-Bretagne (sans doute par un cas importé d'un voyageur revenant du Nigéria), puis 23 cas suspectés en Espagne et au Portugal.

 L'agence sanitaire publique des États-Unis, le Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), affirme s'inquiéter d'une transmission communautaire au-delà de la Grande-Bretagne. Des cas sont ensuite confirmés au Canada et aux États-Unis, en Argentine, ainsi qu'en Italie, aux Pays-Bas, en Belgique, en France, en Suède, en Norvège, au Danemark, en Allemagne, en Suisse, en Autriche, en Grèce, en Israël  et en Australie. 



Lésions bulleuses humaines dues à la contamination par la variole du singe.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la plupart des cas concernent des hommes ayant eu des relations sexuelles récentes avec d’autres hommes, le risque de contagion étant plus élevé chez les personnes ayant plusieurs partenaires sexuels, tout en restant "très faible" dans la population en général. 

Le 23 mai 2022, l'OMS affirme que la propagation peut être stoppée dans les pays où le virus n'est pas encore endémique. Une première analyse génomique menée sur un cas confirmé au Portugal identifie le variant ouest-africain comme à l'origine de l'infection, et les génomes viraux connus les plus proches seraient ceux des cas exportés du Nigéria en 2018-2019 vers la Grande-Bretagne, Israël et Singapour. Un autre génome de virus, séquencé sur un patient aux Etats-Unis, correspond à celui identifié au Portugal.


Réactions et mesures

Le 20 mai 2022, l'OMS tient une réunion d'urgence sur la propagation du virus.

L'agence européenne de santé, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, recommande l'isolement de tous les cas jusqu'à ce que les lésions provoquées par la maladie « soient complètement guéries ».

Le 20 mai 2022, la Belgique introduit une quarantaine obligatoire de 21 jours pour les personnes infectées.

La Grande-Bretagne appelle toutes les personnes à haut risque d'attraper la maladie, telles que celles habitant avec des personnes infectées ou le personnel de santé ayant été en contact avec des malades, à s'isoler pour une période de 21 jours.

L'agence onusienne ONUSIDA, se basant sur son expérience dans la lutte contre le Sida, condamne les propos homophobes et racistes survenant dans les commentaires au sujet de l'épidémie, affirmant que ces propos « minent la confiance et la capacité à répondre efficacement à des épidémies comme celle-ci ».

Aux États-Unis, le CDC alerte les hommes homosexuels et bisexuels du risque particulier de transmission du virus au sein de leur communauté à travers le monde, les enjoignant à prendre des précautions s'ils ont été en contact avec des malades et de surveiller l'apparition de symptômes de la maladie, tout en rappelant que celle-ci peut toucher tout le monde.


16 cas confirmés en France, dont 12 en région parisienne

Le dernier bilan, mercredi 25 mai 2022, faisait état de sept cas, mais le ministère assure que les doses de vaccins en stock sont suffisantes pour éviter la propagation.

La France comptait samedi 16 cas « confirmés » d’infection au virus de la variole du singe, selon les autorités sanitaires dimanche 29 mai 2022. Sur ces 16 cas, 12 ont été rapportés en Ile-de-France, 1 en Auvergne-Rhône-Alpes, 2 en Occitanie et 1 en Normandie, selon les chiffres de Santé publique France.

Le précédent bilan faisait état de 7 cas « avérés » selon la nouvelle ministre de la Santé Brigitte Bourguignon mercredi 25 mai. Santé publique France annonce une actualisation du bilan pour lundi. La ministre avait indiqué que les autorités ne s’attendaient pas à une « flambée » de la maladie, et que le pays disposait de stocks suffisants de vaccins pour les personnes cas contact.

Deux personnes déjà vaccinées

La Direction générale de la Santé a indiqué vendredi 27 mai que 2 premières personnes, considérées comme ayant eu un contact à risque avec un malade de la variole du singe, ont été vaccinées à Paris, à l’hôpital Bichat. Face aux cas de variole du singe, dans un avis rendu mardi 24 mai, Haute autorité de Santé a recommandé la vaccination des adultes, y compris des professionnels de santé, ayant eu un contact à risque avec un malade.



La France assure avoir assez de doses de vaccin contre la variole du singe. (illustration) — ROBIN UTRECHT/SIPA

La variole du singemonkeypox » en anglais) ou « orthopoxvirose simienne » est une maladie considérée comme rare, connue chez l’être humain depuis 1970. Elle est due à un virus à ADN.









(FR) Le couple "Erdogan et Orban" face au défie l'unité de l'OTAN et de l'UE.

 

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Le président turc Recep Tayyip Erdogan et le Premier ministre hongrois Viktor Orban.

Alors que la Turquie a entravé les efforts des deux pays nordiques pour rejoindre l'OTAN, la Hongrie a continué d'empêcher l'UE d'imposer un embargo pétrolier à la Russie, mettant en péril l'unité des deux alliances.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a bloqué le 18 mai 2022 un vote sur l'accélération du processus d'approbation des candidatures de la Suède et de la Finlande à l'adhésion à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN).

Pendant ce temps, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a continué de bloquer une tentative de l'Union européenne (UE) d'imposer un embargo sur le pétrole russe - dans le cadre d'un sixième paquet de sanctions contre Moscou en raison du conflit en Ukraine, selon des informations du New York Times.

Les efforts occidentaux pour augmenter les sanctions contre la Russie se heurtent à une forte opposition de la part de deux puissants dirigeants qui donnent la priorité aux intérêts nationaux.


Membre puissant de l'OTAN

M. Erdogan et M. Orban sont peut-être des "exceptions" dans leur organisation, mais tous deux ont le droit d'utiliser le principe du consensus dans toute l'alliance de l'OTAN et de l'UE, pour bloquer les actions de tous les autres.

Le 18 mai 2022, les ambassadeurs de l'OTAN n'ont pas pu s'entendre pour procéder au premier vote sur la demande d'adhésion à l'alliance de la Suède et de la Finlande. La raison en est que la Turquie souhaite que l'OTAN réponde à ses préoccupations en matière de sécurité.

Ankara souhaite que la Finlande et la Suède mettent fin à leur soutien à ce que la Turquie appelle des "organisations terroristes", principalement le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ainsi qu'à lever l'interdiction d'exporter du gaz vers la Turquie.



Le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué le soutien occidental aux groupes kurdes qu'Ankara considère comme une menace terroriste. Photo : AFP .

Dans un discours prononcé devant les législateurs turcs le 18 mai 2022, M. Erdogan a critiqué le soutien de longue date de l'Occident aux groupes kurdes.

"La Turquie a demandé l'extradition de 30 terroristes. Ils ont dit qu'ils ne nous le donneraient pas", a déclaré M. Erdogan au Parlement. "Ils n'ont pas livré les terroristes mais voulaient rejoindre l'OTAN. Nous ne pouvons pas cautionner une organisation de sécurité qui manque de sécurité".



La Suède et la Finlande ont officiellement demandé leur adhésion à l'OTAN le 18 mai. Photo : AP

Le PKK est un groupe de guérilla kurde qui se rebelle contre l'État turc depuis des décennies. M. Erdogan reste irrité par le soutien de Washington et de Stockholm aux forces affiliées au PKK en Syrie. En 2021, le gouvernement Erdogan a critiqué les États-Unis et la Suède à ce sujet et a demandé l'extradition de 6 membres accusés du PKK de Finlande et de 11 membres de Suède.

Le 14 mai 2022, Ibrahim Kalin, porte-parole et conseiller en politique étrangère du président Erdogan, a également déclaré : "La Turquie n'a pas complètement bloqué cette proposition. Mais nous parlons essentiellement de cela comme d'un problème de sécurité nationale."


"Bombe atomique" avec l'économie hongroise

La sécurité nationale est aussi la raison d'être du président M. Orban. La Hongrie dépend de la Russie pour l'énergie, 85 % de son gaz naturel et 65 % de son approvisionnement en pétrole provenant de Russie. Il utilise également la technologie de Moscou pour les centrales nucléaires.

Bien que Budapest ait approuvé tous les paquets de sanctions précédents, y compris un embargo sur le charbon russe, M. Orban a déclaré qu'un embargo sur le pétrole équivaudrait à une "bombe atomique" pour l'économie économique de son pays.



Viktor Orban rejette le nouveau train de sanctions contre la Russie : il s’agirait d’une bombe atomique.

Comme M. Erdogan à l'OTAN, M. Orban semble être la personne en position de décider de l'effort de l'UE pour embargo sur le pétrole russe - la principale mesure du sixième paquet de sanctions.

Le projet d'embargo pétrolier est sur la table des négociations depuis la mi-avril 2022, mais la Hongrie l'a retardé à plusieurs reprises.

La première proposition donne à la Hongrie et à la Slovaquie plus de temps pour trouver des fournisseurs alternatifs. Plus précisément, alors que les 25 membres restants de l'UE se dirigent vers un embargo complet sur le pétrole russe d'ici la fin de l'année 2022, la Hongrie et la Slovaquie ont pour échéance la fin de 2023. Cependant, Budapest exige des garanties et plus de temps, ce qui en fait l'UE prolonge le délai jusqu'à fin 2024.

Mais M. Orban a insisté sur le fait que la Hongrie aurait besoin des milliards de dollars de l'UE pour protéger son économie. Le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto a également déclaré que pour utiliser d'autres pétroles et moderniser le système énergétique, la Hongrie coûterait entre 15 et 19 milliards de dollars et prendrait 5 ans.

Les protestations de la Hongrie ont brisé l'unité sans précédent de l'alliance face aux sanctions contre la Russie. Cette décision a été saluée par Moscou.



Rencontre entre Viktor Orbán et Recep Tayyip Erdoğan le 30 juin 2017 à Ankara, en Turquie | Ho / Turkish president press office / AFP

Cependant, les diplomates disent s'attendre à ce que M. Orban accepte finalement l'embargo pétrolier, étant donné la garantie d'une longue prolongation et d'un financement supplémentaire. Mais il pourrait prolonger davantage les pourparlers, probablement jusqu'à la fin mai 2022, lorsque les dirigeants se rencontreront face à face à Bruxelles.

Pendant ce temps, les responsables de l'OTAN ont exprimé une confiance similaire en M. Erdogan. Ils supposaient qu'il finirait par accepter de soutenir l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN,  échange de quelques concessions qui l'aideraient à "marquer" le scrutins présidentiel et législatif en Turquie en 2023.









(FR) Kissinger a-t-il raison lorsqu'il dit que l'Ukraine devrait céder des terres à la Russie ?

 

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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (à droite) a condamné mercredi les appels de l'ancien secrétaire d'État américain Henry Kissinger (à gauche) pour que l'Ukraine accepte de renoncer à une partie de son territoire pour parvenir à un accord de paix avec la Russie. GETTY IMAGES/LAURENT VAN DER STOCKT/JOHN MACDOUGALL/AFP

Au forum de Davos, Henry Kissinger a appelé l'Ukraine à des concessions territoriales pour la paix

L'ancien secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger a estimé le 24 mai 2022 devant le Forum économique mondial de Davos que l'Ukraine devait envisager des concessions territoriales à la Russie, plutôt que de vouloir reconquérir la Crimée et le Donbass.

« Les négociations doivent commencer dans les deux prochains mois avant que cela ne crée des bouleversements et des tensions qui ne seront pas facilement surmontés », a-t-il alerté. L'homme politique de 98 ans a soutenu que l'Ukraine devait faire des concessions territoriales, en mettant fin à ses projets de s'emparer de la Crimée (rattachée à la Russie en 2014 à l'issue d'un référendum, dénoncé comme illégal par Kiev et les Occidentaux) ou des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et Lougansk (reconnues par Moscou).

« Idéalement, la ligne de démarcation devrait être un retour au statu quo ante. Poursuivre la guerre au-delà de ce point ne concernerait pas la liberté de l'Ukraine, mais une nouvelle guerre contre la Russie elle-même », a-t-il jugé.

Il a aussi enjoint l’Occident à se souvenir de l'importance de la Russie pour le continent européen et à ne pas se laisser influencer « par l'humeur du moment », prédisant que persister à vouloir infliger une défaite à la Russie aura pour seule conséquence de pousser les Russes dans les bras de la Chine et de l’Inde :

« L’Ukraine aurait dû être un pont entre l’Europe et la Russie, mais maintenant, alors que les relations sont remodelées, nous pouvons entrer dans un espace où la ligne de démarcation est redessinée et la Russie est entièrement isolée. Nous sommes maintenant confrontés à une situation où la Russie pourrait se couper complètement de l’Europe et chercher une alliance permanente ailleurs. Cela peut conduire à des distances diplomatiques semblables à celles de la Guerre froide, qui nous feront reculer de plusieurs décennies. Nous devons lutter pour une paix à long terme. »



Les points roses est contrôlé par la Russie et les séparatistes pro-russes dans l'est et le sud de l'Ukraine. Les points rouges sont des endroits où se déroulent des combats. Carte datée du 23 mai 2022 par l'AFP. ©AFP


Les « Sages » appellent à négocier la paix en Ukraine

Le jour suivant, d'anciens responsables et dirigeants mondiaux regroupés sous le nom des « Sages », un groupe fondé par Nelson Mandela en 2007, ont fait une déclaration similaire, rapporte Mediapart.

« Mettre fin à la souffrance humaine provoquée par cette guerre par l'entremise de la diplomatie doit être la principale priorité de la communauté internationale. Idéalement, la ligne de démarcation devrait être le retour au statu quo », ont-ils estimé, s'inquiétant notamment des retombées de cette guerre sur la paix mondiale et les prix alimentaires, comme des souffrances du peuple ukrainien.

Parmi les « Sages » figurent l'ancien secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon ou encore les anciens présidents irlandais Mary Robinson et chilien Ricardo Lagos. L'ancien président américain Jimmy Carter en est membre honoraire.


Cartes des frontières du plan de paix de Minsk signé le 5 septembre 2014.

L'Italie a présenté à l'ONU un plan de paix pour l'Ukraine

Le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio a annoncé le vendredi 20 mai 2022 que son pays avait proposé à l'ONU la constitution d'un "groupe international de facilitation" pour tenter de parvenir "pas à pas" à un cessez-le-feu en Ukraine. Le document est sur la table du Kremlin.


Luigi Di Maio

Voilà ce que l'on sait du plan italien.

1. Cessez-le-feu et démilitarisation 
Le cessez-le-feu devrait s'accompagner, dans la proposition italienne, de mécanismes de contrôle et de la démilitarisation de la ligne de front, pour discuter des questions ouvertes et préparer le terrain pour la fin des hostilités. C'est l'étape la plus complexe.

2. Le statut de l'Ukraine
La deuxième étape tourne autour des négociations multilatérales sur le futur statut international de l'Ukraine. Et notamment sur l'éventuelle condition de neutralité de Kiev, assurée par une "garantie" politique internationale. Cette neutralité serait établie après une conférence internationale sur la paix. Pour la protection des Ukrainiens, la condition reste que ce statut soit pleinement compatible avec l'intention du pays de devenir membre de l'UE. 

3. Sur la Crimée et le Donbass
Le troisième point, le "plus chaud" du point de vue diplomatique, concerne la définition de l'accord bilatéral entre la Russie et l'Ukraine sur les questions territoriales, toujours après médiation internationale.

L'épineuse question du statut de la Crimée et du Donbass est centrale. Dans la proposition italienne, les différends doivent évidemment être résolues. Ils portent sur les frontières internationalement reconnues, la souveraineté, le contrôle territorial, les dispositions législatives et constitutionnelles de ces zones et les mesures politiques d'autonomie.

4. Un accord multilatéral
Enfin la quatrième étape est engageante à l'international. Un nouvel accord multilatéral sur la paix et la sécurité en Europe est proposé, dans le cadre de l'OSCE et de la politique de voisinage de l'Union européenne. En fait, une réorganisation des équilibres internationaux, à commencer par la relation entre l'Union européenne et Moscou.

Dans ce cadre, un certain nombre de priorités énumérées sont à définir : stabilité stratégique, désarmement et maîtrise des armements, prévention des conflits et mesures de confiance. Par ailleurs, la définition d'un aspect très délicat de l'après-guerre fait également l'objet d'une médiation : le retrait des troupes russes des territoires occupés. L'objectif est de les ramener au moins au statu quo avant le 24 février 2022, date de l'invasion ordonnée par Poutine. Ce retrait serait progressif.






Volodymyr Zelensky
https://fr.wikipedia.org/wiki/Volodymyr_Zelensky

Henry Kissinger
https://fr.wikipedia.org/wiki/Henry_Kissinger

Forum économique mondial souvent appelé forum de Davos
https://fr.wikipedia.org/wiki/Forum_%C3%A9conomique_mondial

Diplomatie de la guerre : que penser de la proposition de Kissinger ?
https://www.eurotopics.net/fr/282075/diplomatie-de-la-guerre-que-penser-de-la-proposition-de-kissinger

La Russie examine un plan de paix proposé par l'Italie
https://www.nicematin.com/conflits/ukraine-la-russie-examine-un-plan-de-paix-propose-par-litalie-ce-que-les-diplomates-proposent-a-lonu-769121

Ukraine must give Russia territory
https://finance.yahoo.com/news/henry-kissinger-warns-against-defeat-174812366.html

Nelson Mandela
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nelson_Mandela

Ban Ki-moon
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ban_Ki-moon

Mary Robinson
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mary_Robinson

Ricardo Lagos
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ricardo_Lagos

Jimmy Carter
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jimmy_Carter

Luigi Di Maio
https://fr.wikipedia.org/wiki/Luigi_Di_Maio









vendredi 27 mai 2022

(FR) Guerre du Donbass : la Russie et les deux républiques populaires envahissent l'Ukraine avant le 24 février 2022.

 

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Le Donbass (en rouge) à l'est de l'Ukraine.

La guerre du Donbass est une guerre hybride actuellement en cours, opposant le gouvernement ukrainien à des séparatistes pro-russes et à la Russie, ayant commencé en 2014 dans le cadre du conflit russo-ukrainien et se déroulant dans l'Est de l'Ukraine, principalement au Donbass. Entre 2014 et 2020, la guerre a causé plus de 13.000 morts selon l'ONU (3.350 civils, 4.100 membres des forces ukrainiennes et 5.650 membres de groupes armés pro-russes) et le déplacement de près de 1,5 million de personnes.

Elle débute en février 2014 dans le contexte des manifestations de l'Euromaïdan dénonçant la corruption du pouvoir en place. La révolution ukrainienne de février 2014 entraine le renversement du gouvernement de Viktor Ianoukovytch et l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement intérimaire dirigé par les pro-européens Oleksandr Tourtchynov (le 22 février 2014) et Arseni Iatseniouk nommé Premier ministre (le 27 février 2014).

Le 23 février 2014, des manifestations anti-Maïdan éclatent principalement dans l'Est de l'Ukraine notamment à Kharkiv, la seconde plus grande ville d’Ukraine.

À partir du 28 février 2014, date qui préfigure l'annexion de la Crimée, des troupes russes s'emparent de ce territoire qui fait alors partie de l'Ukraine. Rapidement, un référendum local, dont la légalité n'est pas reconnue par l'Ukraine ni la grande majorité de la communauté internationale, se tient le 16 mars 2014 sur le rattachement de la Crimée à la Russie. L'indépendance de la Crimée est déclarée par le vice-Premier ministre de la région dix jours avant le référendum.



Au début d'avril 2014, dans la région du Donbass appartenant à l'Ukraine, composée des oblasts de Donetsk et de Louhansk, et dans ses régions limitrophes, les manifestations anti-Maïdan évoluent en insurrection armée des prorusses contre le nouveau gouvernement ukrainien. Cette insurrection armée devient séparatiste et deux entités non reconnues par l'ONU sont proclamées : la « République populaire de Donetsk » (7 avril 2014), puis la « République populaire de Lougansk » (11 mai 2014). Dès le 2 mai 2014, l'armée ukrainienne intervient dans l'Est du pays. Elle y progresse en juin et juillet avant d'être stoppée, puis de finalement reculer face aux séparatistes. La Russie, pays frontalier, est accusée de soutenir militairement les insurgés en y menant une guerre hybride.

Le 5 septembre 2014, un premier accord de Minsk est négocié et signé pour faire cesser la guerre du Donbass. Toutefois, cet accord sur douze points censé établir un cessez-le-feu, ne perdure que quelques semaines. En janvier 2015, les combats s'intensifient et l'armée séparatiste pro-russe progresse.



Cartes des frontières du plan de paix de Minsk signé le 5 septembre 2014.

Les 6 et 11 février 2015, François Hollande et Angela Merkel se déplacent en Russie et en Ukraine pour négocier un nouveau plan de paix élaboré dans le cadre d'un règlement global. Le 12 février 2015, ils signent à Minsk, en présence de Petro Porochenko, président de l'Ukraine, et Vladimir Poutine, président russe, un nouvel accord de cessez-le-feu (Minsk II) prévoyant l'arrêt des combats, contre l'engagement des différentes parties sur une feuille de route de treize points. Depuis cet accord le conflit a baissé d’intensité mais des combats sporadiques ont encore eu lieu jusqu’en 2019. L’accord Minsk II reste la référence pour résoudre le conflit de façon durable et a notamment été au centre des discussions lors de la rencontre de décembre 2019, dite au format Normandie, en présence du nouveau président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Du 19 au 21 février 2022, l'OSCE constate une augmentation accrue d'incidents armés et d'explosions dans les deux républiques du Donbass, les deux parties du conflit se rejetant la responsabilité.

Le 21 février 2022, la Russie reconnaît l'indépendance et la souveraineté des autoproclamées République populaire de Donetsk (RPD) et République populaire de Lougansk (RPL) vis-à-vis de l'Ukraine. Les accords conclus mentionnent notamment un devoir de coopération et d'entraide entre la Russie et les deux républiques populaires. Ces accords constituent une violation du droit international selon l'OSCE et l'Union Européenne, sont « une violation de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de l'Ukraine » et constituent une décision « incompatible avec les principes de la Charte des Nations unies » selon le premier secrétaire de l'ONU, et entraînent une rupture des accords de Minsk par la Russie.

Le 24 février 2022, les troupes russes envahissent l'Ukraine depuis les territoires séparatistes, la Biélorussie, la Russie et la Crimée occupée par la Russie depuis 2014.


Source
Guerre du Donbass : https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_Donbass












jeudi 26 mai 2022

(FR) Environ 24 milliards de dollars d'avoirs de la banque centrale russe ont été gelés dans l'UE.

 

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Les États de l'Union européenne ont signalé le gel d'environ 23 milliards d'euros (24,5 milliards de dollars) d'actifs de la Banque centrale russe, a déclaré mercredi 25 mai un haut fonctionnaire de l'UE, révélant pour la première fois un chiffre que l'on s'attendait à voir beaucoup plus élevé.

La Russie a déclaré publiquement que les sanctions occidentales ont conduit au gel d'environ 300 milliards de dollars d'actifs de sa banque centrale dans le monde, informe Zonebource.com.

Sur ces avoirs gelés, moins d'un dixième seulement se trouve dans l'UE, selon les informations que la Commission européenne a recueillies auprès des 27 gouvernements de l'UE, a déclaré le commissaire européen à la justice, Didier Reynders, lors d'une conférence de presse.

Il a précisé qu'environ 23 milliards d'euros avaient été gelés dans l'UE depuis le début de la guerre en Ukraine en février, un chiffre qui est éclipsé par les 100 milliards de dollars gelés par les États-Unis.

En plus de cela, les pays de l'UE ont également gelé environ 10 milliards d'euros d'actifs physiques, tels que des yachts et des villas, liés à des oligarques et des fonctionnaires ayant des liens avec le Kremlin, a déclaré M. Reynders.

Il n'a pas expliqué pourquoi la troisième plus grande économie du monde avait apparemment attiré si peu d'actifs de la banque centrale russe. Il a également refusé d'indiquer si tous les gouvernements de l'UE avaient signalé le gel des avoirs.

De nombreux gouvernements de l'UE sont traditionnellement prudents dans l'application intégrale des sanctions de l'UE, et certains d'entre eux ont refusé de dire publiquement s'ils avaient gelé des actifs russes.

Après que la Russie a lancé une campagne militaire en Ukraine, les États-Unis ont conduit leurs alliés à imposer de nombreuses séries de sanctions contre la Russie, telles que la suppression de certaines banques russes du système de paiement international SWIFT, l'interdiction d'importer de nombreuses marchandises en provenance de Russie et l'abolition de la plupart des sanctions du pays. -statut de nation favorisée. Les États-Unis ont également annoncé une interdiction des importations de pétrole et d'autres énergies en provenance de Russie.

RT rapporte que la Russie est soumise à environ 10 000 restrictions, ce qui en fait le pays le plus sanctionné au monde.

La Russie a réagi en interdisant l'exportation de plus de 200 articles dans les secteurs des télécommunications, de la médecine, de l'automobile, de l'agriculture, de l'électrotechnique et de la technologie jusqu'à la fin de 2022. Moscou a également interdit à une série de responsables occidentaux d'entrer dans le pays, les punissant de sanctions. a infligé des amendes à des dizaines de sociétés énergétiques américaines, européennes et singapouriennes et a obligé les pays "inamicaux" à acheter de l'énergie russe en roubles.










(FR) Kaja Kallas: « On ne doit pas laisser de porte de sortie à Vladimir Poutine »

 

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Le Premier ministre estonien Kaja Kallas. Photo prise le 22 avril 2022. REUTERS - INTS KALNINS.

Le Premier ministre estonien Kaja Kallas a déclaré au journal Le Figaro le 18 mai 2022 que le dialogue avec le président russe Vladimir Poutine est vain et que la solution à la guerre en Ukraine ne peut être que « militaire ».


Le Figaro : Après l’unité du début de la guerre, l’Union européenne paraît à nouveau divisée entre Est et Ouest sur l’attitude à avoir vis-à-vis de la Russie et sur la nature de l’aide à apporter à l’Ukraine…

Kaja Kallas : Bien qu'il existe de nombreux points de vue différents, je pense qu'il convient de souligner la solidarité que nous avons créée. Quand nous sommes divisés, nous sommes faibles et nous servons les intérêts de la Russie..

Il est également normal que les grandes démocraties comme l'Allemagne et la France mettent plus de temps à prendre une décision que les petits pays comme ceux de la région baltique. Je sais que votre pays a besoin de temps pour parvenir à un consensus, et je salue l'importante décision de l'Allemagne d'augmenter son budget de défense à plus de 2 % du PIB... Le problème, c'est que l'Ukraine n'a pas le temps.


Le Figaro :  Selon vous, le président Emmanuel Macron doit-il continuer à parler à Vladimir Poutine ?



Kaja Kallas :  Les appels téléphoniques ont été infructueux. A Bucha, nous avons détecté des signes évidents de génocide. Pour moi, Vladimir Poutine est un criminel de guerre et je ne vois aucune raison de lui parler. On dit qu'il faut prouver à Poutine qu'il est isolé, mais s'il continue à parler, Poutine ne se sentira pas seul et pensera qu'il est au centre du monde.


Le Figaro :  Pensez-vous que l'Union européenne devrait accorder plus d'attention aux opinions des pays de l'Est en matière de politique étrangère ?

Kaja Kallas : Je pense que nous ne devrions plus parler d'Est et d'Ouest, tout le monde doit s'asseoir à la table avec des droits égaux. Nous avons tous ces droits. Je regrette qu'aucun des nouveaux Etats membres ne soit représenté au plus haut niveau... Mais depuis le 24 février 2022, je me sens plus écouté. C'est une bonne chose, car notre expérience avec la Russie après 50 ans d'occupation nous permet de comprendre mieux que quiconque le fonctionnement des Russes.


Le Figaro :  Si la Russie ne s'arrête pas, quel pays sera la prochaine cible dans la région ? Estonie, Pologne ou Transnistrie ?



Kaja Kallas :  Il n'y aura pas d'objectifs à venir. Nous n'avons d'autre choix que de mettre fin à la guerre et de punir l'agresseur et tous les responsables de crimes de guerre. Si nous acceptons un retour à la normale, la guerre reviendra après une pause d'un ou deux ans.

Nous ne devrions pas laisser de porte de sortie à Vladimir Poutine, car pour lui, c'est comme envoyer le signal qu'il peut à nouveau commettre un crime. La seule solution possible est militaire. L'Ukraine doit gagner cette guerre ! Comme le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba a dit récemment :

« Si la Russie cesse de se battre, il y aura la paix.
Mais si l'Ukraine cesse de se battre, il n'y aura plus d'Ukraine. »


Le Figaro :  L'Europe a-t-elle bien réagi ?



Kaja Kallas :  L'Union européenne a réagi rapidement, de manière cohérente. Mais plus la guerre s'éternisait, plus il était difficile de maintenir cette unité. L'Europe n'est pas seulement un espace géographique, mais aussi des valeurs. C'est pour les valeurs européennes - liberté, démocratie, souveraineté - que les Ukrainiens se battent. L'Europe doit montrer qu'elle défend aussi ses valeurs.


Le Figaro :  Assiste- t-on au retour de la guerre froide ? Avec un nouveau rideau de fer séparant le monde libre du monde autoritaire ?



Kaja Kallas :  Cette division n'a pratiquement jamais disparu. Pendant la crise du Covid, on a d'abord cru que les gouvernements autoritaires avaient plus de succès que les démocraties, car ils imposaient facilement des mesures autoritaires à la population. Je parle d'expérience personnelle, ayant vécu en Union soviétique, où l'idéologie étouffe tous les droits, de la liberté individuelle à la propriété privée.

Mais maintenant on se rend compte qu'au final, les démocraties ont mieux géré la crise du Covid que les pays autoritaires, bien que réagissant parfois plus lentement car il faut du temps pour parvenir à un consensus.

La guerre entre la tyrannie et la liberté persiste depuis la guerre froide et est maintenant plus prononcée. Parfois, j'ai l'impression que la guerre en Ukraine est un résumé de notre histoire.

Lorsque certaines personnes insistent pour que la paix soit l'objectif, cela me rappelle l'occupation soviétique de l'après-guerre froide. Oui, nous avons la paix. Mais c'est une paix accompagnée de meurtres, de violences et de répressions. Ma famille a été exilée en Sibérie. Je n'ai aucun doute sur ce qui se passera en Ukraine, si nous insistons sur la paix à tout prix.


Source :

RFI - https://www.rfi.fr/vi/qu%E1%BB%91c-t%E1%BA%BF/20220518-n%E1%BB%AF-th%E1%BB%A7-t%C6%B0%E1%BB%9Bng-estonia-kh%C3%B4ng-n%C3%AAn-%C4%91%E1%BB%81-ra-m%E1%BB%99t-l%E1%BB%91i-tho%C3%A1t-cho-vladimir-putin




mercredi 25 mai 2022

(FR) Guerre en Ukraine : Cessions d'actifs occidentaux en Russie pour " 1 rouble " symbolique (0,20 euro).

 

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Une usine de la société Avtovaz (Renault détient une participation majoritaire), à ​​Togliatti (Russie). Photo : Denis Sinyakov/Reuters.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie déclenchée le 24 février 2022 a entraîné plus de sanctions internationales que celles imposées à Moscou depuis la fin de la guerre froide. Les entreprises occidentales opérant en Russie subissent des pressions de plusieurs côtés. Sous la pression des sanctions économiques, du "commandement" politique, du "commandement" moral ainsi que de la perspective d'une guerre prolongée, le marché est de plus en plus morose, entraînant un grand nombre d'entreprises doivent envisager de réduire fortement leurs activités, voire de se retirer rapidement de Russie.  

Cependant, la fermeture précipitée des opérations en Russie peut aussi causer trop de dégâts, pour l'entreprise elle-même, pour les salariés russes. Se retirer de Russie rapidement, mais de manière méthodique, planifiée et organisée, en minimisant les dégâts, est le principal défi actuel pour des milliers d'entreprises occidentales en général. 


Dmitri Divine

Le quotidien économique Les Echos du 18 mai 2022 propose un remarquable article résumant ce sujet. Article '' Concession d'actions occidentales : 'Autour de nous, les Russes rôdent comme des hiboux !' ", a déclaré qu'une atmosphère d'anxiété et de tension enveloppait le monde des affaires occidental en Russie. Menacées par les sanctions occidentales et la politique du Kremlin, plus de 1.000 entreprises entreprises euro-américaines ont annoncé retirer tout ou partie de leurs installations de Russie, entraînant une vague de vente. Une grande opportunité pour les entreprises russes.  

Le fait que la banque Société Générale et de nombreuses autres sociétés aient cédé des actions en Russie à des prix aussi bas n'offre aucune perspective.  

Un avocat à Moscou a déclaré que son entreprise devait traiter des dizaines de documents de vente d'entreprises, en particulier des entreprises européennes, anglo-américaines ou japonaises. Les entreprises nordiques se sont également précipitées hors de Russie.


Une occasion en or pour les magnats russes 

Pour de nombreux magnats russes, dont le milliardaire Vladimir Potanine, qui est très proche du président russe Vladimir Poutine, c'est une opportunité en or. Le milliardaire Vladimir Potanine avec le fonds d'investissement Interros a acquis Rosbank (une banque leader en Russie), dont la banque française Société Générale (SG) détient 68% des actions. La valeur du contrat est tenue secrète, mais les dégâts sont estimés à plus de 3 milliards d'euros. A Moscou, beaucoup de gens disent : le milliardaire Potanine n'a presque rien payé pour cette transaction.



Le milliardaire Vladimir Potanine, 61 ans, est déjà considéré comme la deuxième personne la plus riche de Russie (selon le classement Forbes 2021), avec une fortune totale de 27 milliards de dollars. Pour la banque française Société Générale, se retirer de Russie a été une décision douloureuse. En 2021, Rosbank a rapporté à la banque française 115 millions de bénéfices. Avec Société Générale, la Russie est le deuxième pays en nombre d'employés après la France, avec 12.000 personnes, soit 1/10 des salariés de l'entreprise.  


Les entreprises euro-américaines espèrent se retirer rapidement avec la perte "la plus faible" 

De son côté, la banque française Société Générale a affirmé que la décision de transférer la succursale de Rosbank à la première société du numéro deux milliardaire russe reste la « meilleure solution ». S'adressant à BFM Business au début du mois mai 2022, le PDG Frédéric Oudéa expliquait : SG a choisi de la céder à un " ancien actionnaire ", qui connaît bien cette banque, et prône de maintenir la culture d'entreprise telle qu'elle est afin que l'avenir de 12.000 salariés soit être sécurisé. 



Le directeur général de la Société Générale a souligné qu'un tel transfert bon marché vaut toujours mieux que le risque d'être « réquisitionné » par l'Etat russe . Pour le PDG de SG, la perte de 3 milliards d'euros est relativement insignifiante par rapport au capital de la banque (estimé à plus de 50 milliards d'euros). Par ailleurs, SG a également « échappé à 15 milliards d'euros d'actions de capital-risque en Russie, à un moment où l'économie russe risque de se contracter de 10 % cette année ».  


''Confiscation'' et ''fausse faillite'' : deux grandes craintes  

Pour les entreprises étrangères en Russie, il y a deux grandes craintes à venir. Le premier est la peur d'être « nationalisé » ou autrement dit d'exproprier des actifs, comme l'a dit plus haut le directeur général de SG. Le gouvernement russe a menacé de promulguer une loi sur l'expropriation des avoirs, pour punir les entreprises qui « abandonnent le marché russe ». La loi, qui est encore en préparation à la chambre basse, pourrait conduire à la « nationalisation » des filiales russes des entreprises étrangères. 



Magasin Ikea fermé à Moscou, le 4 mars 2022, au lendemain de l’annonce par le géant de l’ameublement suédois de la fermeture de ses 17 points de vente en Russie. PAVEL PAVLOV / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP.

Selon les experts, cette loi a, en principe, pour but d'éviter au gouvernement russe de supporter les coûts du retrait rapide des sociétés internationales du pays. Certes, la loi n'a pas été promulguée, mais selon Les Échos, une société finlandaise Paulig, spécialisée dans l'alimentation, a décidé de céder sa filiale russe à la société indienne Vikas Soi. L'entreprise finlandaise Paulig est classée par les autorités russes comme entreprise risquant d'être « nationalisée ».  

De nombreux députés bellicistes russes font même pression pour une législation qui imposerait jusqu'à 10 ans de prison aux dirigeants des branches d'entreprises « appliquant les sanctions occidentales ». C'est "le pire scénario pour les entreprises européennes", a déclaré un homme d'affaires basé à Moscou. Selon le directeur de la Chambre de commerce et d'industrie franco-russe Pavel Chinsky, "si cette loi est votée, il est très certain" que les entreprises occidentales quitteront le marché russe.  



La seconde crainte est également proche d'être accusée de « fausse faillite ». Une semaine après l'invasion de l'Ukraine par la Russie (4 mars 2022), en réponse aux pressions économiques occidentales, le premier vice-Premier ministre russe, Andrei Belousov, a annoncé : « la suspension d'un investisseur étranger opérant en Russie sera considérée par les autorités russes comme un acte de faillite intentionnelle ». Le chef de la branche risque une amende pouvant aller jusqu'à six ans de prison. Le dirigeant d'un grand groupe économique français appartenant au groupe CAC40 a déclaré au Figaro : en effet, « les branches locales de l'entreprise sont considérées comme prises en otage par les autorités russes.". L'avocat Olivier Attias, du cabinet d'August Debouzy, l'a dit clairement : "Les entreprises qui ne paient pas les salaires, les loyers des employés ou ne remboursent pas les emprunts risquent également d'être accusées de faillite simulée."  

Les Échos note, à l'heure actuelle, que la pression s'accroît quotidiennement dans les succursales en Russie : les employés de l'État effectuent en permanence des contrôles fiscaux irréguliers au siège, dans les entreprises étrangères, inspectent les lieux de travail, vérifient le nombre d'employés…  


Échangez contre "1 rouble"  (0,20 euro)

De nombreuses entreprises occidentales ont vendu leurs succursales en Russie à bas prix. Depuis quelques jours, les emblématiques contrats de transfert « 1 rouble » font leur apparition. C'est le cas du groupe automobile français Renault. Le 16 mai 2022, Renault a cédé la branche Avtovaz à NAMI, l'Institut russe de recherche et de développement sur les véhicules automobiles. Il s'agit de la première « nationalisation » à grande échelle depuis l'invasion de l'Ukraine. « Nationalisation » avec une décision jugée volontaire par le vendeur. La Russie est le deuxième marché de Renault après l'Europe, avec environ 500.000 voitures vendues par an.  



Renault a cédé ses parts dans AvtoVAZ à l'institut public russe NAMI pour un rouble symbolique. (Anar Movsumov/Sputnik/AFP).

Le contrat de vente de l'entreprise avec cet emblème « 1 rouble » permet à Renault de racheter l'entreprise au même prix d'ici six ans, si l'entreprise française a l'opportunité de revenir sur le marché russe. Le directeur général Luca de Meo a déclaré qu'il s'agissait « d'une décision difficile mais nécessaire », et permet de protéger les intérêts des 45.000 employés de la branche AvtoVAZ, ainsi que la possibilité de retourner en Russie.  


Des entreprises poussées par le gouvernement russe dans une impasse 

La solution de vendre des succursales avec le symbole « 1 rouble » pour le gouvernement russe a été choisie par de nombreuses entreprises occidentales (par exemple, Schneider, Accenture, Publicis ou Sodexo). Selon un avocat de Moscou, pour de nombreuses entreprises, le prix n'est plus « un problème », le plus dur est que le vendeur n'est pas visé par des sanctions par la suite, mais les sanctions ne changent pas constamment. Le vendeur veut juste une solution « 100% sûre ». « Donc au final, la solution la plus simple est de vendre gratuitement les actions aux autorités russes avec la possibilité de les racheter plus tard dans un certain délai », commente un responsable du secteur bancaire. 



Selon une évaluation de La Tribune, site spécialisé dans l'économie et la finance françaises, l'investissement total des entreprises occidentales en Russie est de 440 milliards de dollars. En cas de retrait d'urgence du marché russe, “ la totalité du montant sera réduite à néant ”, sans parler d'autres coûts supplémentaires. La France est le deuxième investisseur en Russie dans le monde, avec environ 500 agences, dont 35 appartiennent au groupe CAC40 (les plus grands groupes économiques), gérant environ 160.000 salariés. La Tribune assimile cette réalité à un « tsunami » financier et comptable    avec la France, qui a désespérément besoin d'un programme de soutien gouvernemental.

La pression pour punir l'Occident augmente, la guerre peut durer très longtemps, le gouvernement russe menace constamment : La tendance à vendre les actions en Russie des entreprises euro-américaines semble n'en être qu'à ses débuts.   


Sources :

RFI https://www.rfi.fr/vi/qu%E1%BB%91c-t%E1%BA%BF/20220524-lan-song-bao-thao-co-phan-cua-doanh-nghiep-au-my-co-loi-cho-ai

Liste complète des entreprises qui ont quitté la Russie – et celles qui ont décidé de rester
https://bigdecision.org/2022/04/15/liste-complete-des-entreprises-qui-ont-quitte-la-russie-et-celles-qui-ont-decide-de-rester/