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Foreign Policy - Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a reporté une visite à Pékin en réponse à un ballon espion présumé au-dessus du territoire américain.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a reporté ce week-end une visite diplomatique critique à Pékin à la suite de la révélation d'un ballon de surveillance chinois, transportant du matériel à peu près de la taille de trois bus, flottant au-dessus du Montana à proximité de sites nucléaires sensibles. L'administration Joe Biden dit qu'elle surveille de près le ballon, a neutralisé toute menace de renseignement qu'il représente et réfléchit à la manière de le faire tomber, car on craint qu'il ne tombe sur des zones habitées.
Les ballons à haute altitude peuvent sembler peu impressionnants par rapport aux images satellites qui peuvent déjà capter des détails infimes depuis le ciel. Mais les ballons, comme l'analyste William Kim l'a souligné l'année dernière, présentent plusieurs avantages par rapport aux satellites. Ils sont bon marché, ils peuvent durer des mois, ils peuvent rester sur place plutôt que de suivre les trajectoires prévisibles des satellites, et ils sont étonnamment difficiles à démonter.
Auparavant, tout cela était annulé par un facteur évident : ils étaient à la merci du vent. Mais de nouvelles techniques d'apprentissage automatique permettent désormais aux ballons d'utiliser les courants d'air pour se diriger dans des directions définies, ce qui rend la technologie beaucoup plus utile.
Pourquoi maintenant ?
Bien que les ballons sont un puissant outil de surveillance potentiel, il est étrange que Pékin fasse quelque chose d'aussi provocateur juste avant un voyage diplomatique américain clé, d'autant plus que la Chine fait pression pour réparer les relations avec les États-Unis après la pandémie. La Chine a certainement un grand intérêt à surveiller les sites nucléaires américains, et Washington a suivi de près l'expansion nucléaire de la Chine. Mais les États-Unis regorgent également de sites militaires sensibles.
Il est possible qu'il s'agisse d'une provocation délibérée de la part d'une faction anti-américaine au sein de l'État militaire ou sécuritaire chinois, peut-être en réponse à l'affaiblissement provoqué par les récentes pressions chinoises pour de meilleures relations avec Washington. Mais il est plus probable qu'il s'agissait d'une simple erreur, qu'un programme de surveillance existant ait été détecté ou peut-être même que le ballon n'était pas du tout destiné à entrer sur le territoire américain.
Il est très probable que la Chine utilise cette technique depuis un certain temps et que les États-Unis en étaient conscients mais ont diplomatiquement choisi de ne pas répondre. Lors d'un briefing jeudi soir 2 février 2023, un porte-parole du département américain de la Défense a confirmé que de telles intrusions se sont déjà produites : "Ce n'est pas la première fois qu'un ballon de cette nature traverse le continent américain. C'est arrivé une poignée d'autres fois au cours des dernières années, y compris avant cette administration. Le facteur déclenchant de cet incident semble être que le ballon a dérivé suffisamment bas pour être détectable par des civils, ce qui signifie que les autorités américaines ont dû réagir."
Comment la Chine va-t-elle réagir ?
Pékin a déclaré que le ballon est un ballon météo qui a déraillé, affecté par les vents d'ouest, et qu'il "regrette l'entrée involontaire" du ballon dans l'espace aérien américain. Il est très peu probable qu'il change de position à ce sujet - il est difficile pour Pékin d'admettre sa faute publiquement. Il est possible qu'il y ait des aveux ou des excuses à huis clos.
Mais il est également facile de voir comment, du point de vue chinois, les États-Unis peuvent sembler hypocrites ici. Après tout, Washington et ses alliés ont régulièrement utilisé une gamme de techniques de surveillance pendant des décennies pour observer de près le territoire chinois, de l'imagerie satellite à la surveillance sous-marine. Cela peut déjà inclure des ballons espions, sur lesquels le Pentagone travaille depuis au moins 2020 . Les experts américains réfléchissent depuis des années aux utilisations potentielles de l'espace proche.
Annuler ou reporter le voyage de Antony Blinken au dernier moment pourrait renforcer les partisans de la ligne dure anti-américaine au sein de la direction chinoise, qui liront cela comme montrant que Washington n'a jamais été sérieux dans sa tentative de reconstruire une relation de travail. Même les plus favorables aux efforts diplomatiques américains peuvent y voir un signe que Washington est pris au piège de la politique intérieure anti-chinoise.
Que se passe-t-il ensuite ?
C'est une autre confirmation que nous sommes aux premiers jours de la guerre froide 2.0, où la surveillance mutuelle était l'un des problèmes les plus tendus. Prenez l' incident de l'avion espion U-2 de 1960, dans lequel les États-Unis ont été pris dans un mensonge embarrassant après que les Soviétiques ont non seulement abattu un avion soi-disant indétectable, mais ont capturé son pilote vivant et l'ont fait avouer à la télévision nationale. Cela est arrivé à un stade relativement favorable des relations américano-soviétiques et a mis fin aux efforts de pourparlers sur le désarmement. Dans un étrange écho d'aujourd'hui, les États-Unis, avant la révélation de la capture du pilote, ont affirmé que l'avion effectuait des travaux météorologiques et était accidentellement entré sur le territoire soviétique.
Aucun pilote de ballon chinois ne peut être produit ici, mais certaines des conséquences peuvent dépendre de la manière dont le ballon est descendu. Des ballons comme celui-ci sont étonnamment résistants et ont souvent besoin d'une force explosive pour être détruits, ce qui pourrait laisser sa nature utilement ambiguë. Si les États-Unis parviennent à l'abattre et à récupérer du matériel de surveillance qui est évidemment destiné à la surveillance militaire - et non météorologique -, les choses deviendront plus embarrassantes pour Pékin.
Quoi qu'il en soit, cela alimente la forte conviction au Congrès que la Chine est une menace majeure pour les États-Unis. Un responsable américain a déclaré que la visite de Blinken avait été reportée, et non annulée, et que Blinken ne voulait pas que le ballon domine les pourparlers. Cela semble probable : Washington a un vif intérêt à lire l'ambiance sur le terrain en Chine après le tumulte des manifestations de l'année dernière et les revirements de ses politiques zéro-COVID. Mais une relation déjà froide entre les deux plus grandes puissances du monde est devenue un peu plus glaciale.
Source : James Palmer, rédacteur en chef adjoint de Foreign Policy, "How a Chinese Spy Balloon Blew Up a Key U.S. Diplomatic Trip", 03/02/2023
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