lundi 28 octobre 2024

(FR) Sommet des BRICS 2024 : La plateforme clé pour promouvoir un "ordre mondial multipolaire"

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Le Premier ministre indien Narendra Modi, le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping. MAXPPP - ALEXANDER ZEMLIANICHENKO / POOL


Les BRICS+ sont un groupe de neuf pays qui se réunissent en sommets annuels : le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, l’Iran, l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Éthiopie.

Initialement, le terme « BRIC » est un acronyme pour désigner quatre pays se regroupant à partir de 2009 : Brésil, Russie, Inde et Chine (en anglais : Brazil, Russia, India, China) ; le terme BRIC est forgé dès 2001 par un économiste de Goldman Sachs. En 2011, l'adhésion de l'Afrique du Sud (en anglais : South Africa) donne naissance à l'acronyme BRICS. En 2024, avec l'ajout de l'Égypte, des Émirats arabes unis, de l'Éthiopie, de l'Iran, le groupe devient les BRICS+.

Les neuf pays des BRICS+ représentent en 2024 près de la moitié de la population mondiale et 26 % du produit intérieur brut mondial en valeur nominale, contre 44 % pour les pays du G7.

Le sommet des BRICS 2024 est le 16e sommet des BRICS qui se tient du 22 au 24 octobre 2024 à Kazan en Russie.

Le sommet des BRICS Plus, qui se tient à Kazan en Russie, marque un tournant avec l'intégration de nouveaux membres, dont l'Égypte et l'Éthiopie. Ce sommet aborde des enjeux clés comme l'alternative au dollar et un éventuel nouvel élargissement. Ce sommet a été présenté comme un événement diplomatique majeur, marquant une tentative de Vladimir Poutine de démontrer que la Russie n'est pas isolée sur la scène internationale malgré l'invasion de l'Ukraine. Vladimir Poutine a réitéré son ambition de remodeler l'ordre géopolitique mondial, en utilisant le bloc BRICS comme levier face à l'hégémonie occidentale, notamment celle des États-Unis et de l'Europe.



En marge du sommet, il a rencontré son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa, marquant ainsi la solidité de l'alliance entre la Russie et l'Afrique du Sud. Cette relation, qualifiée de "précieuse" par Ramaphosa, remonte à l'époque de la lutte contre l'apartheid, où Moscou avait soutenu les mouvements de libération sud-africains. Désormais, cette amitié historique s'inscrit dans une dynamique plus large visant à renforcer la coopération économique, géopolitique et sécuritaire.

Poutine, confronté à une mise au ban progressive de la Russie par les puissances occidentales depuis l'invasion de l'Ukraine, voit dans les BRICS une plateforme clé pour promouvoir un "ordre mondial multipolaire" . Cette vision se traduit par des efforts concertés avec l'Afrique du Sud pour défier la domination du dollar, et plus largement, pour promouvoir un système financier et politique moins centré sur l'Occident. L'année précédente, la Russie avait mené des exercices militaires conjoints avec l'Afrique du Sud et la Chine, provoquant l'inquiétude des pays occidentaux. Cette collaboration souligne la volonté de Moscou de s'appuyer sur le Sud global, notamment l'Afrique, pour maintenir une influence stratégique malgré l'isolement international croissant. Pour la Russie, c'est l'occasion d'affirmer sa place au sein d'une alliance qui représente près de 50 % de la population mondiale et plus de 30 % du PIB global.






Ce sommet permet aussi à Poutine de redorer son image sur la scène internationale, en particulier avec la visite du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, une rencontre qui suscite des interrogations, notamment en raison du mandat d'arrêt qui pèse sur le président russe et de son isolement diplomatique. Cependant, la Russie tente de faire passer ce rassemblement comme un signe d'un nouvel ordre mondial, plus juste et moins centré sur les États-Unis.

Les BRICS s'accordent sur un objectif majeur : réduire la dépendance au dollar américain dans leurs échanges économiques. Bien que l'idée d'une monnaie commune ait été évoquée lors du sommet de Johannesburg en 2023, elle semble encore prématurée en raison des divergences économiques entre les membres. La Russie, par exemple, souhaiterait la mise en place d'une plateforme alternative pour les paiements internationaux après son exclusion du système SWIFT, mais la Chine se montre réticente, soucieuse de ne pas subir les effets des sanctions imposées à Moscou. Cette volonté de dédollarisation vise à affaiblir l'influence économique des États-Unis et à proposer un nouvel ordre monétaire international.




Lors du sommet des BRICS en 2023 à Johannesburg, l'idée d'une monnaie commune a été abordée comme une solution potentielle pour renforcer l'intégration économique entre les membres et limiter l'hégémonie du dollar. Cependant, les différences économiques significatives entre les membres, notamment entre la Chine et la Russie, compliquent la création d'une telle monnaie, surtout en raison des tensions géopolitiques et des sanctions internationales qui affectent certains pays comme la Russie. En outre, la Chine, bien que favorable à une réduction de la dépendance au dollar, reste prudente quant à l'adoption d'une monnaie unique, préférant miser sur la promotion de sa propre monnaie, le yuan, dans les échanges internationaux.




Toutefois, ces ambitions se heurtent aux intérêts divergents des membres, certains préférant maintenir leurs liens avec l'Occident, notamment l'Inde et le Brésil, tandis que d'autres, comme l'Iran et la Russie, cherchent à s'en éloigner. Pour Vladimir Poutine, ce sommet est aussi l'occasion de s'affirmer politiquement, en utilisant la tribune offerte pour légitimer sa guerre en Ukraine et promouvoir une vision multipolaire du monde, où l'Occident perdrait sa domination historique.

L'élargissement du groupe à l'Iran, l'Égypte, l'Éthiopie et les Émirats arabes unis a été interprété comme un signe de son influence croissante, tandis que le renforcement des liens avec la Chine a été présenté comme un facteur de stabilité mondiale. L'arrivée des nouveaux membres africains, comme l'Éthiopie, renforce le poids démographique et géopolitique du bloc, bien que des tensions existent. Les experts restent divisés sur la signification réelle de ce sommet. Certains considèrent que le sommet des BRICS est une victoire diplomatique pour Poutine, démontrant l'échec des sanctions occidentales et la montée en puissance d'un bloc anti-occidental. D'autres, cependant, soulignent l'hétérogénéité du groupe, les divergences d'intérêts entre ses membres et la difficulté de créer un véritable bloc uni, notamment entre l'Égypte et l'Éthiopie concernant le barrage de la Renaissance. La Chine, bien que considérée comme le leader du groupe, a des intérêts économiques et géopolitiques distincts de ceux de la Russie, et son soutien à la Russie dans le conflit ukrainien est loin d'être inconditionnel. De plus, l'absence du Brésil, représenté uniquement par visioconférence, et la présence de pays comme l'Iran et l'Éthiopie, qui ne sont pas des modèles de démocratie, soulèvent des questions sur la cohésion idéologique du groupe. L'avenir des BRICS reste incertain, certains experts prédisant une institutionnalisation accrue, tandis que d'autres estiment que le groupe conservera sa flexibilité et son caractère informel. Carlos Lopez, professeur à l'université du Cap, a évoqué l'importance de ces nouveaux membres pour le BRICS tout en soulignant les défis à venir.



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