mercredi 20 avril 2022

(FR) Guerre en Ukraine : Pourquoi la région du Donbass est-elle au cœur du conflit entre l'Ukraine et la Russie ?

 

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Le Donbass est une région industrielle située dans l’est de l’Ukraine, au cœur d’un conflit sanglant depuis 2014 entre Kiev et des séparatistes prorusses. Après avoir subi des revers dans l’ouest de l’Ukraine depuis le début de l’invasion 24 février 2022, l’armée russe a annoncé à la fin de mars changer de plan pour se concentrer sur la « libération du Donbass ». L’Ukraine se prépare depuis à une offensive massive sur la partie de la région qu’elle contrôle, les bombardements s’y intensifiant depuis lundi 18 avril 2022. .

Parmi les termes qui reviennent dans l’actualité figure le Donbass. Il s’agit d’une région située à l’est de l’Ukraine, à la frontière avec la Russie, composée de trois villes principales, Marioupol, Donetsk et Lougansk, dont les deux dernières constituent les capitales des deux provinces. C’est dans cette région qu’une guerre s’est amorcée en 2014.


D’où viennent les tensions dans le Donbass ?

En 2014, l’Ukraine a été marquée par la révolution pro-européenne de Maïdan, déclenchée par les tergiversations du président Viktor Ianoukovitch - rapidement destitué -, qui avait refusé de signer l’accord d’association proposé par l’UE et hésitait à accepter la proposition d’une union douanière avec la Russie. Dans la foulée, la Russie a soutenu des rebelles séparatistes de l’est du pays, qui ont proclamé la République populaire de Donetsk puis celle de Lougansk. C’est là qu’a débuté la guerre du Donbass, entre séparatistes d’un côté et armée ukrainienne de l’autre.


Deux « républiques populaires » non reconnues

Avec le soutien de Moscou, les séparatistes prorusses ont pris en partie le contrôle de ce bassin minier majoritairement russophone, y proclamant en 2014 les deux « républiques populaires » séparatistes de Donetsk et Louhansk dont l’indépendance n’est toujours pas reconnue par la communauté internationale.

Le président russe, Vladimir Poutine a reconnu leur indépendance le 21 février 2022, trois jours avant de lancer l’invasion de l’Ukraine de la « défense » des russophones discriminés par Kiev.

Sur les quelque 6,6 millions de personnes qui vivaient dans le Donbass jusque-là, selon les statistiques ukrainiennes, beaucoup sont alors parties, vers l’Ukraine ou vers la Russie. L’exode s’est accéléré depuis le début de l’invasion russe. Aucun chiffre fiable n’est disponible sur sa population actuelle.


Quel est leur statut juridique ?

Les deux entités républiques populaires de Donetsk (RPD) et de Louhansk (RPL) ne sont reconnues ni par les Etats-Unis, ni par l’Union européenne, ni par l’ONU. Elles étaient reconnues par la Russie, préférant rester neutre officiellement, tout en continuant à tirer les ficelles, au prétexte de protéger les populations russophones. Les deux entités séparatistes sont considérées comme des entités « terroristes » par l’Ukraine.


Un bassin industriel et minier

Le Donbass, dont le nom est une contraction de « bassin du Donets », est un territoire de près de 55.000 km2environ deux fois la taille de la Belgique –, sans existence administrative, qui englobe les deux régions ukrainiennes de Donetsk et Louhansk.



Les oblasts de Donetsk et de Louhansk au sein de l'Ukraine orientale, qui selon l'acception contemporaine inclut la région du Donbass.

Il a été pendant des siècles un territoire largement inhabité, partagé entre Tatars de Crimée et cosaques ukrainiens. Son développement économique remonte au XIXe siècle, sous l’Empire russe, avec la découverte des premiers gisements de houille. Cette région frontalière de la Russie recèle d’immenses réserves de charbon et de minerais métalliques, qui en ont fait un cœur industriel de l’ex-URSS.

Jusqu’à la guerre de 2014, l’agglomération de Donetsk, plus grande ville du Donbass, était le principal centre métallurgique d’Ukraine. La région, très urbanisée, est toujours parsemée d’usines et de mines aux conditions de travail très difficiles. La présence de nombreux russophones y est notamment liée à l’envoi de travailleurs russes après la seconde guerre mondiale.


Qui sont les séparatistes ?

Les dirigeants des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk « sont ukrainiens d’origine. Pour certains, ils ont eu des trajectoires fulgurantes, assez typiques d’une guerre », décrit Ioulia Shukan. Denis Pouchiline, leader prorusse de la zone occupée de Donetsk, était un entrepreneur peu connu, se souvient la spécialiste. Son homologue de la région de Lougansk est un ancien membre des services de sécurité de l’Ukraine, qui a basculé en 2014 du côté séparatiste.

Au-delà de ces deux dirigeants, « ce sont les services de sécurité russes qui encadrent la partie militaire », détaille la spécialiste. Et si, à l’origine, « les forces spéciales russes étaient sur le terrain pour attiser le séparatisme » dans le Donbass, elles se sont retirées progressivement pour laisser la place à des Ukrainiens, complète de son côté Alexandra Goujon, maître de conférences en Sciences politiques à l’université de Bourgogne et auteur de « L’Ukraine : de l’indépendance à la guerre ».


Quel est l’intérêt de Vladimir Poutine de reconnaître Donetsk et Lougansk ?

La reconnaissance de ces deux territoires permet de « faciliter les relations économiques et militaires » avec la Russie, entame la maître de conférences en Sciences politiques, Alexandra Goujon. Vladimir Poutine justifie ainsi le déploiement de l’armée russe par la nécessité de maintenir la paix dans cette zone. « C’est une stratégie qu’on a déjà vue à l’œuvre en Géorgie », compare-t-elle.



Sauf que, cette fois, le discours du président russe est plus radical, puisqu’il « nie l’État ukrainien », détaille la spécialiste. « Il y a une prétention expansionniste, le climat est posé pour qu’une action puisse intervenir. Mais on ne sait pas ce qu’il y a dans la tête de Poutine ».




















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