vendredi 10 décembre 2021

(FR) Tension Russie - Ukraine

 

Cliquez ici pour consulter la documentation la plus récente.




Annexion de la Crimée par la Russie en 2014

L'annexion de la Crimée fait référence à l'invasion de la péninsule de Crimée en Ukraine menée par la Fédération de Russie en février et mars 2014, et à son rattachement ultérieur à la Russie. Cet événement a eu lieu au lendemain de la révolution ukrainienne de 2014 qui exige le départ du président Viktor Ianoukovitch et fait partie du conflit russo-ukrainien.



Place de l'Indépendance à kiev, pendant les affrontements le 19 février 2014 (Stringer/Reuters)

Les révoltes prennent de l’importance dans la région orientale de l’Ukraine, le Donbass, jusqu’à l’intervention de l’armée ukrainienne pour lutter contre une insurrection armée pro-russe. Les premiers combats éclatent alors que les provinces de Donetsk et Louhansk, qui forment le Donbass, s’autoproclament “républiques populaires” indépendantes, respectivement le 7 et le 27 avril 2014. Aucun Etat ne reconnaît ces déclarations d’indépendance, pas même la Russie.



Le 17 juillet 2014, le Boeing 777 de Malaysia Airlines reliant Amsterdam à Kuala Lumpur est abattu en plein vol au-dessus du Donbass, faisant 298 morts, dont 154 hollandaises. L’enquête internationale parvient à la conclusion en 2018 que l’explosion est due à un missile de fabrication russe, tiré depuis une zone contrôlée par des séparatistes.

Si les combats ont baissé en intensité depuis leur apogée en 2014, se stabilisant autour d’une ligne de front fixe, les différentes trêves ont rarement été respectées plus de deux semaines. En février 2019, les Nations unies estimaient à 13 000 le nombre de morts depuis le début du conflit, dont environ 3 300 civils. Des regains de violence récurrents continuent d’alourdir ce bilan.


Quels sont leurs objectifs : Ukraine, Russie, Europe, Etats-Unis…  ?

Ukraine

Pour le gouvernement ukrainien, il est indispensable de retrouver le contrôle sur l’intégralité de son territoire, et donc la Crimée et la partie est du Donbass. Dans les faits, récupérer les régions séparatistes semble difficile pour l’Ukraine, qui devrait composer avec une population souvent plus favorable à la Russie. Mais une grande partie des Ukrainiens souhaitent les voir revenir dans le giron de Kiev. 



Le président Emmanuel Macron, en compagnie de la chancelière allemande Angela Merkel, a réuni le 9/12/2019 à l'Elysée les présidents ukrainien, Volodymyr Zelensky, et russe, Vladimir Poutine. (AFP)

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, élu en avril 2019, souhaite un rapprochement avec l’Union européenne. Une volonté partagée par les institutions européennes. " Nous voulons aller encore plus loin dans notre relation avec l’Ukraine ", a affirmé le président du Conseil européen Charles Michel à l’issue du sommet UE-Ukraine du 6 octobre 2020, l’avant-dernier en date.

L’Ukraine souhaite également adhérer à l’OTAN, ce qui impliquerait l’intervention des pays membres de l’Alliance atlantique en cas d’agression militaire. Une perspective à laquelle s’oppose la Russie, qui demande aux Etats-Unis et à leurs alliés des assurances juridiques excluant tout élargissement de l’Otan à l’Ukraine. Si les membres de l’organisation militaire sont peu enclins à accueillir un nouveau membre ukrainien dans l’immédiat, étant donné l’impact géopolitique d’une telle décision, ils rejettent cependant la demande du Kremlin et maintiennent que Kiev rejoindra à terme l’Alliance atlantique.

Fin 2021, la Russie dépêche des soldats à sa frontière ukrainienne : des mouvements de troupes qui pourraient culminer à 175 000 militaires et à la possibilité d’envahir l’Ukraine dès début 2022, selon un haut responsable américain interrogé par le Washington Post. Moscou fait ainsi planer une menace dont la mise à exécution est incertaine. Car une invasion aurait un très important coût humain et économique, d’autant que des lourdes sanctions américaines et européennes, s’ajoutant à celles déjà en vigueur, frapperaient probablement la Russie. Celle-ci maintient tout du moins la pression sur l’Ukraine et ses alliés occidentaux. 


Russie

La Russie craint donc une éventuelle adhésion à l’OTAN, qu’elle voit comme une organisation concurrente menaçant sa sécurité, ainsi que le rapprochement des anciennes républiques soviétiques avec l’Union européenne. Dès lors, l’influence exercée par la Russie sur les régions séparatistes ukrainiennes est un moyen de peser sur la politique internationale de Kiev, afin de garder l’Ukraine dans la sphère russe.

En ce sens, l’implication de la Russie en Ukraine s’inscrit dans la lignée de précédentes interventions militaires dans l’espace post-soviétique, comme en Abkhazie et en Ossétie du Sud (Géorgie) ou en Transnistrie (Moldavie). L’objectif est de soutenir les populations russes ou pro-russes de ces pays pour garantir leur autonomie politique vis-à-vis des Etats centraux. La Russie a agi de la même sorte en Crimée, en déployant ses troupes officielles à l’appel des dirigeants de la région, même si le résultat final est cette fois une intégration de la région dans l’Etat russe.

Concernant les provinces de Donetsk et Louhansk, la Russie se limite officiellement à leur apporter son soutien politique. Selon l’OTAN toutefois, Moscou leur aurait fourni des troupes et des armes lourdes.


Union européenne

La France et l’Allemagne ont jusqu’à maintenant joué un rôle de premier plan dans la diplomatie européenne sur la crise en Ukraine. Les deux alliées sont impliquées dans la résolution de ce conflit depuis une réunion informelle de 2014, en marge des célébrations du débarquement de Normandie. Les dirigeants ukrainien, russe, français et allemand avaient alors pu ouvrir des négociations à l’initiative du président français François Hollande. Ces rendez-vous à quatre ont depuis pris le nom de “format Normandie”.



Dirigeants de la Biélorussie, de la Russie, de l'Allemagne, de la France et de l'Ukraine le 11 et 12 février 2015 à Minsk.

En février 2015, en présence des représentants des républiques populaires auto-proclamées de Donetsk et Louhansk, ces dirigeants sont notamment parvenus à l’accord de Minsk II, censé concrétiser le cessez-le-feu signé par les belligérants en septembre 2014 (protocole de Minsk). Le nouvel accord prévoit également un retrait des armements lourds, ainsi que des engagements politiques en faveur d’une plus grande autonomie du Donbass. Mais près de7 ans après sa signature, le texte est encore loin d’être pleinement appliqué. Et notamment le cessez-le-feu qu’il implique, dont les violations sont régulières.


Sur Instagram, l'opposant russe Alexeï Navalny a publié plus tôt cette semaine cette photo de lui avec son épouse et ses enfants. PHOTO : ASSOCIATED PRESS

Au-delà de leurs appels répétés à mettre en œuvre l’accord de Minsk II, la France et l’Allemagne ont souhaité normaliser leurs relations avec la Russie. La fédération est un partenaire stratégique, sur le plan politique, avec son siège permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies, mais aussi sur le plan économique, notamment pour les questions énergétiques. L’empoisonnement d’Alexei Navalny en août 2020 a toutefois ravivé les tensions entre le Kremlin et Berlin qui a accueilli l’opposant russe.

L’Union européenne a, elle aussi, plusieurs fois condamné l’insurrection pro-russe au Donbass et souligné son attachement aux accords de Minsk. Plusieurs sanctions économiques et politiques ont également été prises à l’encontre de la Russie dès le début du conflit, "en réponse à l’annexion illégale de la Crimée et à la déstabilisation délibérée d’un pays souverain frontalier par la Fédération de Russie". Des sanctions qui ont eu un lourd impact sur l’économie russe, mais qui pour l’heure ne semblent pas avoir infléchi la position de Moscou. Il est par ailleurs parfois difficile pour les 27 pays de l'UE de porter une position commune, entre les partisans de la négociation (France et Allemagne) et ceux souhaitant une plus grande fermeté, comme les Etats baltes (l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie) et la Pologne.


Sommet Biden-Poutine

Positions et désaccords sur la situation en Ukraine ont été les principaux sujets de la rencontre du 7 décembre 2021 par visioconférence des deux chefs d'État des États-Unis et de la Russie. 



Le président américain Joe Biden assis à la Maison Blanche (Washington - USA) participe à une réunion en ligne avec son homologue russe Vladimir Poutine le 7 décembre 2021. © La Maison Blanche/Document via REUTERS

Le 7 décembre 2021, le président américain Joe Biden a menacé d'imposer des sanctions à Moscou si la Russie attaquait l'Ukraine. Alors que le président Vladimir Poutine a maintenu sa position de ne pas laisser le pays voisin rejoindre l'OTAN. Pour le Kremlin, il s'agit d'un "sujet sensible", ajoutant qu'il est "difficile de faire des progrès significatifs dans l'immédiat" mais "continuera à avoir des dialogues" avec les Etats-Unis

Toujours dans le dialogue au sommet russo-américain, avec des mots francs et pragmatiques, le président Vladimir Poutine a une nouvelle fois nié toute responsabilité dans l'escalade militaire à la frontière ukrainienne et a expliqué que l'expansion de l'OTAN à l'est et le renforcement militaire à la frontière avec la Russie constituent une menace pour la sécurité de la Russie.

Point positif, les deux chefs d'Etat ont délégué aux conseillers la responsabilité de travailler ensemble sur ces dossiers sensibles, sachant que Moscou exige des garanties juridiques de l'OTAN sur ce point. De plus, Moscou a déclaré qu'il était prêt à lever les restrictions sur les activités des missions américaines en Russie afin que d'autres problèmes dans les relations bilatérales puissent être normalisés. Toutes ces déclarations restent à faire sur le terrain, mais permettent néanmoins d'espérer que les deux chefs d'Etat se retrouveront face à face, peut-être au printemps prochain. 



Le président américain Joe Biden s'adresse à des journalistes à la Maison Blanche, à Washington, aux États-Unis, le 8 décembre 2021. AP - Susan Walsh

S'adressant à des journalistes à la Maison Blanche le 8 décembre 2021, au lendemain d'une réunion en ligne de deux heures avec son homologue russe Vladimir Poutine, le président américain Joe Biden a déclaré qu'il avait été très clair avec Poutine que si la Russie envahissait l'Ukraine, la Russie en souffrirait. conséquences économiques sans précédent. Cependant, la Maison Blanche n'a pas précisé si Biden avait spécifié des mesures pour faire pression sur Poutine.


Jens Stoltenberg a rejeté l'appel de la Russie à annuler l'invitation de l'Ukraine à rejoindre une alliance militaire de pays européens et des États-Unis.



Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg.

Dans l'intérêt fondamental de la sécurité européenne, il est nécessaire de rejeter la décision de l'OTAN de 2008 selon laquelle « l'Ukraine sera membre de l'OTAN », a appelé le ministère russe des Affaires étrangères.

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a catégoriquement démenti. « Les relations de l'OTAN avec la Russie seront déterminées par les 30 États membres et l'Ukraine, et non par aucun autre pays », a déclaré Stoltenberg.

Pendant ce temps, l'Union européenne (UE) a averti que la Russie subirait de terribles conséquences si elle attaquait l'Ukraine. Le nouveau chancelier allemand Olaf Scholz a appelé à des pourparlers à quatre avec l'Allemagne, la France, la Russie et l'Ukraine pour apaiser les tensions.

Lors des récents pourparlers entre le président russe Vladimir Poutine et le président américain Joe Biden, l'une des conditions proposées par la Russie pour désamorcer les tensions était que l'Occident veille à ce que l'Ukraine ne soit pas autorisée à rejoindre l'OTAN.

Parallèlement, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est dit le 10 décembre 2021 ouvert à la possibilité d'organiser un référendum sur l'avenir de l'est du pays, actuellement contrôlé par des séparatistes pro-russes.

« Je n'exclus pas la tenue d'un référendum sur l'avenir du Donbass ou même de la Crimée. Cela pourrait être le moyen de mettre fin à cette guerre", a déclaré Volodymyr Zelensky.


Sites utiles

Liste des pays d'Europe occidentale - Wikipédia
https://fr.vikidia.org/wiki/Liste_des_pays_d%27Europe_occidentale_(ONU)

Annexion de la Crimée par la Russie en 2014
Annexion de la Crimée par la Russie en 2014

Crash du vol MH17 en Ukraine : 298 morts et de nombreuses questions
https://www.francetvinfo.fr/monde/crash-du-vol-mh17-en-ukraine-298-morts-et-de-nombreuses-questions_1693993.html

Organisation du traité de l'Atlantique nord OTAN
https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_du_trait%C3%A9_de_l%27Atlantique_nord

Minsk II - Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Minsk_II

Navalny empoisonné à son hôtel de Tomsk, pas à l'aéroport, selon son équipe
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1734445/alexei-navalny-emoisonnement-novitchok-hotel-tomsk

Guerre du Donbass - Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_Donbass









Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire