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La nouvelle route de la soie (appelée OBOR en anglais pour One Belt, One Road) est à la fois un ensemble de liaisons maritimes et de voies ferroviaires entre la Chine et l'Europe passant par le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie, la Pologne, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni.
Le nouveau nom, en 2017, est Initiative ceinture et route (Belt and Road Initiative, BRI selon l’acronyme anglais) afin de marquer le fait que ce projet ne se limite pas à une seule route.
La nouvelle route de la soie a été dévoilée à l'automne 2013 par le gouvernement chinois; elle est l'une des priorités de la diplomatie chinoise, sous la présidence de Xi Jinping. Cette politique titanesque chinoise de constructions d’infrastructures portuaires, ferroviaires, terrestres dans le bassin méditerranéen, lui permettra de s’approvisionner en matières premières et de se mettre sur le devant de la scène internationale. Pour Thomas Gomart, directeur de l'Institut français des relations internationales, « cette initiative doit se comprendre comme un outil de restructuration de la gouvernance mondiale ».
Ce projet est devenu central dans la politique économique chinoise. Il concerne plus de 68 pays regroupant 4,4 milliards d’habitants et représentant près de 40 % du produit intérieur brut (PIB) de la planète. Les banques et institutions financières chinoises ont largement été sollicitées pour mettre en place un tel projet.
Histoire de la nouvelle route de la soie
La nouvelle route de la soie est parfois décrite par les termes « Une ceinture, une route », en référence à l'expression chinoise. Cette initiative date de septembre 2013, lorsque le président chinois Xi Jinping en parla dans son discours à l'université du Kazakhstan.
2015
En mars 2015, le terme apparaît dans des documents officiels. Il devient alors clair qu'il ne s'agit pas d'un simple investissement, mais d'un projet évolutif qui pourrait devenir un nouveau cadre de référence pour la mondialisation.
La montée en puissance du projet est visible par exemple au niveau géographique, par le nombre de pays concernés : une soixantaine au départ, une centaine en 2017.
Elle se note également au niveau sectoriel, avec des transports initialement, puis des projets plus larges : énergie, télécommunications, parcs industriels, projets touristiques, douaniers et juridiques, avec notamment la création sous le label des « nouvelles routes de la soie » de trois tribunaux d'arbitrage internationaux sur le territoire chinois.
La promotion par la Chine de ses propres normes et standards donne également au projet une dimension immatérielle croissante.
2019
En 2019, l'Italie s'associe aux routes de la soie, ce qui, selon Washington, revient à « donner une légitimité à l’approche prédatrice de la Chine en matière d’investissement ».
Depuis l'attaque du consulat chinois de Karachi en novembre 2018 qui avait provoqué quatre morts, les indépendantistes de l'Armée de libération du Baloutchistan multiplient les attaques armées contre les infrastructures pakistanaises et chinoises de la nouvelle route de la soie au Pakistan, qu'ils considèrent comme des outils de spoliation des richesses du Baloutchistan par les gouvernements pakistanais et chinois.
En mai 2019, l'attaque par ce groupe d'un hôtel de luxe surplombant le port de Gwanda, au Pakistan fait 5 morts et 6 blessés.
2020
L'année 2020 est marquée par la pandémie de Covid-19, qui entraîne de nombreuses conséquences socio-économiques, dont un krach boursier suivi d'une crise économique mondiale.
Le 15 avril 2020, lors d'une conversation téléphonique avec Wang Yi, son homologue chinois, le ministre des Affaires étrangères du Pakistan, Shah Mehmood Qureshi, sollicite l’appui de la Chine à l’Initiative mondiale pour l’allégement de la dette, lancée peu avant par le Premier ministre pakistanais, Imran Khan.
Par la suite, un certain nombre de pays participant au projet de nouvelle route de la soie, africains pour la plupart, font état de leurs difficultés à concilier plan de soutien à leur économie et remboursement des prêts accordés par les autorités chinoises pour la construction des infrastructures vitales pour le projet.
Selon France 24, Pékin aurait assuré, le 17 mai, qu’il ferait un effort « pour son ami » pakistanais.
Pour le New York Times, cité par France 24, « ces difficultés, ajoutées à la campagne anti-chinoise menée par Washington, pourraient pousser certains pays à revenir sur leur participation aux « routes de la soie » ou en dissuader d’autres qui se posaient la question ».
Les projets de chemin de fer entre la Chine et la Malaisie et celui de train à grande vitesse en Thaïlande ont dû être mis entre parenthèses.
Les objectifs de la Chine
Les objectifs économiques sont multiples pour la Chine : il s’agit d’accroître ses exportations, d'écouler sa production et de trouver de nouveaux marchés pour ses entreprises de BTP.
En effet, la Chine est en surcapacité industrielle. Or, l’Asie centrale (Ouzbékistan, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan et Turkménistan) est un marché en pleine expansion. Autre objectif économique, la création de ces routes répond également à un besoin de diversification et de sécurisation de ses approvisionnements énergétiques. L'Asie centrale représente pour la Chine un intérêt majeur afin de se libérer de sa dépendance énergétique vis-à-vis des pays du Golfe et de la Russie. En solidifiant des accords de coopérations avec des pays comme le Sri Lanka, le Bangladesh ou la Birmanie, elle assure en même temps la sécurité de ses nouvelles routes d’approvisionnement.
Politiquement, l'objectif est autant intérieur qu’international. Sur le plan interne, il s’agit pour la Chine d’assurer l’intégrité de son territoire. La province du Xinjiang, très riche en matières premières et au carrefour des routes d’hydrocarbures, est régulièrement en proie à des conflits ethniques. Pékin souhaite que l’aide au développement des pays limitrophes (Afghanistan, Kazakhstan, Tadjikistan, Kirghizstan), réduise l’instabilité aux frontières et à l’intérieur du pays. L’objectif interne se greffe à un objectif de politique régionale en Asie centrale : étendre l’influence chinoise face à l’acteur historique russe, et s’affirmer comme un acteur stabilisateur des relations internationales.
Plan de l’Union européenne "Global Gateway"
Chacun veut ses routes de la soie. Après la Chine, l’Europe s’est à son tour dotée, mercredi 1er décembre 2021, d’un ambitieux programme d’investissements dans les infrastructures.
Avec ce plan, baptisé "Global Gateway", l’Union européenne compte investir 300 milliards d’euros d’ici à 2027 dans des projets d’infrastructure un peu partout dans le monde.
Global Gateway vise à augmenter les investissements en promouvant des valeurs démocratiques et des normes élevées, la bonne gouvernance et la transparence, des partenariats égaux, des infrastructures vertes et propres, sécurisées et qui catalysent les investissements du secteur privé.
Global Gateway s'appuie sur les réalisations de la stratégie de connectivité UE-Asie 2018, les partenariats de connectivité récemment conclus avec le Japon et l'Inde, ainsi que les plans économiques et d'investissement pour les Balkans occidentaux, le partenariat oriental et le voisinage méridional. Il est pleinement aligné sur l'Agenda 2030 de l'ONU et ses Objectifs de développement durable (ODD) et l'Accord de Paris.
L'Afrique, objectif logique
L’un des plus importants tests grandeur nature pour mesurer l’efficacité du programme européen à contrer l’influence économique chinoise sera l’Afrique, qui devrait être l’un des principaux bénéficiaires de ces investissements. C'est logique que l’arrivée des financements chinois a fait le plus de mal aux entreprises européennes, qui ont souvent perdu des parts de marché.
L’Union européenne prive Pékin de l’un de ses arguments favoris en Afrique qui a toujours été de dire que la Chine agissait différemment des anciennes puissances coloniales européennes.
L’Europe n’est en outre pas la seule à vouloir faire de l’ombre aux nouvelles routes de la soie. Les États-Unis ont aussi annoncé leur propre programme, "Build Back Better World", lors du sommet du G7 en juin 2021.
Avec Global Gateway, la Chine risque de devoir changer de disque et trouver un autre refrain que celui qui était de capitaliser sur le sentiment anti-américain dans le monde en suggérant qu’il n’y avait que deux alternatives, le modèle américain ou le leur.
Sites utiles
Nouvelle route de la soie - Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle_route_de_la_soie
Avec "Global Gateway", l'UE tente de concurrencer les nouvelles routes de la soie chinoises
https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20211202-avec-son-global-gateway-l-ue-tente-de-concurrencer-les-nouvelles-routes-de-la-soie-chinoises
Global Gateway: up to €300 billion for the European Union's strategy to boost sustainable links around the world
https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_21_6433
Annonce du partenariat du G7 Build Back Better World (B3W)
https://irap.org/fr/2021/06/g7-build-back-better-world-b3w-partnership-announced/
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