mercredi 11 décembre 2024

(FR) Conflit en Syrie - L'armée israélienne dit avoir mené près de 480 frappes en Syrie en 48 heures.

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Un drapeau national syrien et un portrait du président syrien Bachar al-Assad déchirés par des combattants antigouvernementaux dans la ville d'Alep, dans le nord de la Syrie, le 30/11/2024.
afp.com/Omar HAJ KADOUR

Alors que l'armée israélienne a mené près de 480 frappes en Syrie en 48 heures depuis la chute du président Bachar al-Assad, sur le terrain, elle continuait mardi 10 décembre 2024 à s'enfoncer dans la partie syrienne du plateau du Golan. Une façon, pour Tel-Aviv, de se préparer à l'après-Assad et à un potentiel chaos

Hayat Tahrir al-Cham ou HTC (en français, Organisation de libération du Levant; en anglais, Hay'at Tahrir al-Sham ou HTS) est un groupe rebelle islamiste de la guerre civile syrienne. Il est dirigé par Abou Mohammed al-Joulani.  https://fr.wikipedia.org/wiki/Hayat_Tahrir_al-Cham


Le chef des rebelles syriens, Abou Mohammad al-Jolani, s'est rendu dimanche à la célèbre mosquée des Omeyyades à Damas. [AFP - ABDULAZIZ KETAZ]

"Si le nouveau régime en Syrie permet à l'Iran de se réimplanter, ou autorise le transfert d'armes au Hezbollah" libanais pro-iranien, a averti mardi Benjamin Netanyahu.

Quelques heures à peine après que les rebelles syriens de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) sont entrés dans Damas, signant la chute du régime de Bachar al-Assad dimanche 8 décembre 2024, l'armée israélienne réagissait, lançant une série de frappes aériennes. Deux jours plus tard, l'armée israélienne dit avoir mené près de 480 frappes en Syrie en 48 heures.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme OSDH, Israël a entre autres bombardé des aéroports, des radars, des véhicules blindés, des dépôts d'armes et de munitions dans plusieurs régions, dont celle de Damas. La marine israélienne a également endommagé des bâtiments syriens équipés de missiles mer-mer au large du port de Lattaquié sur la Méditerranée. Un centre de recherche scientifique près de Damas, soupçonné d'être lié au programme chimique syrien, a aussi été bombardé. 

L'objectif d'Israël est de détruire toutes les armes restantes dans les entrepôts et les unités militaires qui étaient contrôlés par les forces de l'ancien régime

Israël est face à un moment de vide politique et sécuritaire en Syrie et il en profite pour se tailler une part du gâteau. Car il est conscient que quelque soit la tournure que prendront les choses, il lui sera plus facile de composer et de faire pression sur un nouveau gouvernement faible militairement.



Jusqu'ici, le régime de Bachar al-Assad présentait en effet des avantages pour Israël. Même s'il restait un allié du régime iranien et permettait au Hezbollah de faire transiter des armes destinées au Liban par la Syrie, il était trop faible pour s'opposer frontalement à Tel-Aviv. Il permettait ainsi à Israël de mener des frappes aériennes contre des intérêts, des personnes et installations militaires du Hezbollah ou de l'Iran, sans jamais intervenir. 

Israël, c'était un ennemi confortable et surtout stable. Le régime de Bachar al-Assad a rarement mené d'actions directes contre Israël, préférant se concentrer sur les menaces internes.

À cet ennemi peu inquiétant car faible succède ainsi une plongée dans l'inconnu. Une incertitude encore renforcée par l'ambiguïté autour de la personnalité de Mohammed al-Joulani, chef des rebelles syriens de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), prêt à devenir le nouvel homme fort de la Syrie. Si ce dernier se présente aujourd'hui comme pragmatique ce qui pourrait l'inciter à  ne pas chercher d'épreuve de force avec Israël . 

Les nouveaux maîtres de la Syrie sont animés par "une idéologie extrême de l'islam radical", et "c'est pourquoi nous avons attaqué des systèmes d'armes stratégiques comme par exemple des restes d'armes chimiques ou des missiles et roquettes à longue portée, afin qu'elles ne tombent pas aux mains d'extrémistes", a ainsi déclaré lundi le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar.


Avancées sur le terrain

Sur le terrain également, Israël est passé à l'offensive. Depuis samedi 8 décembre, des troupes israéliennes sont positionnées dans la zone tampon située entre le plateau du Golan et la Syrie. C'est la première fois en 50 ans que des chars israéliens sont présents dans cette zone démilitarisée, mise en place en 1974 par un accord d'armistice entre les deux pays.

"C’est un jour historique dans l’histoire du Moyen-Orient", a félicité Benjamin Netanyahu dimanche, depuis le plateau du Golan, saluant dans le même temps la chute du régime de Bachar al-Assad.

L’accord de 1974 avec Damas s’est effondré du fait de l’effondrement du pouvoir syrien, a-t-il poursuivi, ouvrant la voie, selon lui, à une présence israélienne. Dans la foulée, il imposait un couvre-feu à des localités de cette zone tampon. 



Situé dans le sud-ouest de la Syrie, à la frontière orientale d’Israël, et bordé par le Liban au nord et par la Jordanie au Sud, le territoire du Golan revêt une importance stratégique majeure pour Israël, qui en occupe une partie depuis 1967. Au total, une trentaine de colonies israéliennes, soit environ 20.000 personnes, y vivent, au côté d’une population syrienne essentiellement composée par des Arabes druzes. 

Une occupation jugée illégale par le droit international mais qui est devenue une ressource majeure pour l'accès en eau en Israël, le contrôle du plateau du Golan et de ses multiples cours d’eau et nappes phréatiques fournit à Israël, majoritairement désertique, un tiers de l’approvisionnement en eau. La région est par ailleurs devenue un haut lieu touristique pour le tourisme de sports d’hiver et de production de vin réputés


Nouvelle zone tampon

Mais l'enjeu est aussi militaire. Culminant à 2.800 mètres, le plateau du Golan offre un point de vue idéal pour surveiller le sud de la Syrie, et notamment la capitale, Damas, située à environ 60 Km. 

Aujourd'hui, le plateau du Golan représente la menace numéro un pour Israël. Affaibli le régime de Bachar al-Assad n’avait jamais mis en œuvre d’actions diplomatiques sérieuses et militaires sur le terrain pour tenter de récupérer le Golan. Mais Mohammed al-Joulani le chef des rebelles syriens Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) pourrait vouloir revendiquer plus tard son retour dans le giron syrien. 

À plus court terme, ce territoire controversé pourrait devenir le théâtre de combats directs avec Israël. Pendant la guerre civile syrienne, des éléments jihadistes avaient tenté de franchir la frontière israélienne par les hauteurs du Golan. Tel Aviv est donc en état d’alerte car le Golan pourrait, en cas de chaos, devenir un théâtre de confrontation directe avec l’État hébreu (État juif). 

En avançant dans la zone tampon démilitarisée, Israël semble donc vouloir créer une sorte de nouvelle zone tampon plus au nord que l'actuelle. Dans le même temps, avancer vers le nord peut certainement lui permettre de sécuriser des routes utiles au Hezbollah vers le Liban et s'assurer que les territoires contigus au Golan sont sûrs.

Si Israël a, à plusieurs reprises, insisté que cette avancée était une mesure "limitée et temporaire", cela pourrait aussi, à moyen terme, "servir de monnaie de négociation avec le nouveau gouvernement" en Syrie, où "Israël n'accepterait de rendre les territoires conquis que si ce gouvernement ne se montre pas trop hostile.

Toute cette offensive est finalement assez coutumière d'Israël, "il veut créer un équilibre des forces par l'instrument militaire. Et c'est sur ce rapport de forces que se baseront les discussions politiques futures".







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