samedi 14 décembre 2024

(FR) La France et le Vietnam envisagent des « projets structurants » dans le domaine de l’industrie de défense.

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Escale de la frégate « Vendémiaire » à Cam Ranh, en mars 2022
(Photo de l'Ambassade de France au Vietnam)

Pour une très grande part, l’armée populaire vietnamienne est dotée d’équipements anciens, le plus souvent de facture soviétique. Mais cela pourrait changer dans les années à venir, Hanoï ayant l’intention d’augmenter annuellement son budget militaire de 5,5 % en moyenne afin de porter son montant à 10,2 milliards de dollars en 2029. Et cela sur fond de rivalités et de disputes territoriales avec Pékin, en particulier en mer de Chine méridionale.

Justement, alors que Pékin revendique la quasi-totalité de cette partie du monde, en pratiquant la politique du fait accompli, la France s’est rangée au côté du Vietnam. C’est en effet ce qu’indique la déclaration sur « l’établissement d’un partenariat stratégique global » entre les deux pays, publiée à l’occasion de la venue du président vietnamien, Tô Lâm, à Paris, le 7 octobre 2024.



Déclaration conjointe du Président Emmanuel Macron et du Président du Vietnam, To Lam.

« La France et le Vietnam réitèrent leur attachement au maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité en mer de Chine méridionale ainsi qu’au plein respect de la Convention des Nations Unies de 1982 sur le droit de la mer », affirme ce texte. « Les deux parties s’opposent résolument à toute menace de la force ou usage de la force contraire au droit international et réaffirment l’importance du maintien de la sécurité et de la liberté de navigation et de survol sans entrave, ainsi que du droit de passage inoffensif, en mer de Chine méridionale », poursuit-il.

Cela étant, dans le fil du troisième Dialogue de stratégie et de coopération de défense, organisé à Paris en décembre 2023, et de la commémoration du soixante-dixième anniversaire de la bataille de Diên Biên Phu, pour laquelle le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait été convié, la France et le Vietnam ont confirmé leur intention de renforcer leur coopération militaire, afin de « renforcer leur capacité à l’autonomie, selon leurs besoins ».

Pour rappel, la France et le Vietnam ont noué des relations de défense en 1991. Il aura fallu attendre 18 ans pour qu’un premier accord de coopération militaire soit signé. Puis, un partenariat stratégique a été instauré en 2013.

Quoi qu’il en soit, et comme annoncé par M. Lecornu, cette coopération aura un volet mémorielil est question de faciliter l’accès aux archives et, pour le Vietnam, de restituer les dépouilles de soldats français - Mais elle concernera aussi la médecine militaire, avec la recherche sur les maladies tropicales infectieuses, la formation, les échanges et l’accès aux bases militaires, en particulier navales.

Ainsi, selon cette déclaration conjointe, le Vietnam s’est engagé à faciliter les « escales de bâtiments français » dans ses ports, conformément à sa législation, « afin de développer la coopération mutuelle et l’échange d’expertise entre les marines et les garde-côtes ».

Mais il est aussi question d’étendre cette coopération à l’industrie de défense, dont le développement est l’une des priorités du Vietnam, celui-ci estimant qu’elle pourrait être un moteur de sa croissance économique. Ainsi, la déclaration parle « d’étudier, d’initier et de mettre en œuvre des projets structurants ».

Reste à voir ce que l’on entend par projets structurants… Dans le domaine économique, l’exceptionnelle réussite du Vietnam avec ses 100 millions d’habitants offre de nouvelles opportunités pour des projets communs dans les secteurs de l’aéronautique, des infrastructures, de la santé, de la défense, de l’agriculture et de l’énergie lors de la conférence de presse qu’il a donnée au côté de son homologue vietnamien.

Tô Lâm a sans doute livré des indices : durant son séjour à Paris, il s’est entretenu avec Benoit de Saint-Exupéry, le vice-président exécutif d’Airbus, et Philippe Errera, le responsable des relations institutionnelles du groupe Safran.











vendredi 13 décembre 2024

(FR) Chute de Bachar Al-Assad : retour sur 55 ans de dynastie sanguinaire en Syrie.

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 Bachar Al-Assad


La chute de Bachar al-Assad crée une opportunité historique de collecter directement des preuves des crimes du régime syrien restés jusqu'ici inaccessibles aux enquêteurs. Après 55 ans de violations massives des droits humains, de nombreux Syriens réclament vérité et justice.

Tortures, exécutions, attaques chimiques contre des civils, nettoyage ethnique, bombardements sur des zones résidentielles, utilisation de la famine comme arme de guerre… Des crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par le régime de Bachar al-Assad ne semble jamais vouloir s'arrêter. Après des décennies d'impunité, les enquêteurs internationaux espèrent désormais obtenir un accès direct à des preuves documentant cinquante années d'exactions. 

Comme son père Hafez el-Assad (Président de la République syrienne1971-2000), le dictateur déchu a construit son pouvoir sur un régime sanguinaire et paranoïaque où un mot de trop pouvait conduire dans l'enfer des prisons syriennes. Une répression implacable qui a connu son apogée dans le sillage du Printemps arabe. Depuis 2011, l'ONU estime que plus de 300 000 civils ont perdu la vie, sans compter la disparition d'au moins 100 000 Syriens.

"La chute de Bachar Al-Assad représente une opportunité absolument incroyable", explique Aymeric Elluin, chargé de plaidoyer armes et conflits à Amnesty international. "Pour monter des dossiers solides et irréprochables, nous devons avoir accès aux sources primaires, en particulier aux lieux où ont été commises des exactions. Or, depuis mars 2011, le régime nous a bloqué l'accès au territoire syrien. Notre travail s'est donc effectué à distance à travers des images satellites ou des témoignages de rescapés des prisons ayant trouvé refuge à l'étranger".

Malgré le verrouillage opéré par la Syrie de Bachar al-Assad, "nous avons pu avoir accès à beaucoup d'informations grâce à la société civile syrienne qui, très tôt, a collecté des témoignages et des documents officiels", note Chloé Pasmantier, avocate à la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH).


Une montagne de preuves

Ce travail de collecte précoce a été facilité par la bureaucratie méthodique du régime syrien qui a consigné avec une effrayante précision son œuvre de mort. Dès 2014, l'échelle industrielle des tortures infligées aux opposants en Syrie éclate au grand jour avec le dossier César, du pseudonyme de ce militaire chargé de prendre en photo les corps suppliciés de prisonniers. Sa défection a permis de constituer un rapport contenant 55 000 photos portant sur 11 000 détenus torturés et décédés entre 2011 et 2013 dans plusieurs centres de détention.

Devant cette montagne de preuves, l'ONU a mis en place en décembre 2016, le Mécanisme international, impartial et indépendant (MIII), "un facilitateur de justice" siégeant à Genève et chargé de centraliser les pièces à conviction et d'alimenter des procédures judiciaires ouvertes au niveau national contre des responsables syriens dans plusieurs pays européens.

Exemple en France où trois anciens cadres du régime ont été jugés par contumace fin mai et condamnés à la prison à vie. Selon le Parquet national antiterroriste (PNAT), chargé également des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocides, 24 procédures impliquant le régime syrien et ses supplétifs sont en cours, rapporte le journal Le Monde.

En Allemagne, un ancien colonel des services de renseignement syrien a été condamné à la prison à vie pour crimes contre l'humanité en janvier 2022. Anwar Raslan a été reconnu coupable de la mort et de la torture de prisonniers dans un centre de détention secret du pouvoir à Damas, entre 2011 et 2012. 

En novembre 2023, la justice française a également émis un mandat d’arrêt contre l’ex-président syrien pour l’attaque chimique d’août 2013 sur la Ghouta qui a fait plus de 1 400 morts.


Les stocks de Captagon découverts en Syrie

La Syrie de Bachar al-Assad était connue pour produire cette drogue à base d'amphétamine, lui permettant d'inonder le marché au Moyen-Orient et de contourner les sanctions occidentales.


Des pilules de captagon découverte dans une usine de fabrication de médicaments dans la ville de Douma en Syrie, le 12 décembre 2024. (BAKR ALKASEM / AFP)

Chute de Bachar al-Assad : trois questions sur les stocks de Captagon découverts en Syrie







jeudi 12 décembre 2024

(FR) L’Occident ne devrait pas trop s’inquiéter de la Syrie.

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Beaucoup de choses peuvent encore mal tourner, mais la chute de l'un des dictateurs les plus brutaux du monde est une chose dont il faut se féliciter.

Hayat Tahrir al-Cham ou HTC (en français, Organisation de libération du Levant; en anglais, Hay'at Tahrir al-Sham ou HTS) est un groupe rebelle islamiste de la guerre civile syrienne. Il est dirigé par Abou Mohammed al-Joulani.  https://fr.wikipedia.org/wiki/Hayat_Tahrir_al-Cham.

« Assad doit partir », a déclaré Barack Obama en 2013. Plus d’une décennie plus tard, le dictateur syrien a véritablement disparu. Mais l’ambiance générale aux États-Unis et en Europe est plus méfiante que festive.

L’histoire récente du Moyen-Orient nous donne de bonnes raisons d’être prudents. Le renversement d’autres dictateurs, tels que Saddam Hussein en Irak et Mouammar Kadhafi en Libye, a conduit à un chaos violent au lieu de la paix et de la stabilité. Le fait que la force qui a vaincu Bachar al-Assad, le groupe rebelle Hayat Tahrir al-Sham (HTS), soit classée comme groupe terroriste par les États-Unis, les Nations Unies et de nombreux pays européens, ajoute à la peur. Les souvenirs de la montée de l’EI en Syrie et en Irak en 2014 sont également encore frais.

Même s’ils ne le disent pas à haute voix, peut-être que l’Amérique et l’Europe préfèrent encore « le diable qu’elles connaissent », Bachar al-Assad, à l’instabilité d’un nouvel ordre en Syrie, dans lequel le le groupe rebelle (HTS) est la force la plus puissante. « Les djihadistes réformistes me semblent contradictoires », a déclaré un dirigeant européen.

La semaine dernière, les Émirats arabes unis ont publiquement soutenu Bachar al-Assad. Même Israël – qui a largement contribué aux troubles d'Assad en détruisant ses alliés du Hezbollah au Liban – préférerait l'ancien régime au nouveau. Yoram Hazony, un universitaire israélien proche de Benjamin Netanyahu, a qualifié le groupe rebelle HTS de « monstres à côté d’Al-Qaïda » et a déclaré que son succès était un « désastre ». En fait, le seul acteur régional puissant soutenant le groupe rebelle HTS est le gouvernement turc de Recep Tayyip Erdoğan.

Mais pour des raisons à la fois humanitaires et géopolitiques, les étrangers occidentaux ont tort de regretter la chute du régime d’Assad. On peut dire que c’est le gouvernement le plus brutal dans une région pleine de régimes terribles. Plus de 500.000 personnes sont mortes en Syrie depuis le début de la guerre civile en 2011 – et plus de 90 % des victimes ont été tuées par le gouvernement syrien et ses alliés étrangers.

Des milliers de prisonniers politiques autrefois détenus dans les prisons d'Assad – où la torture et les meurtres étaient monnaie courante – sont désormais libérés et leurs histoires seront horrifiantes. La guerre civile menée par Assad a contraint des millions de Syriens à fuir le pays, créé une crise des réfugiés qui a déstabilisé l’UE et provoqué de graves tensions en Turquie. La Syrie sous Assad est également devenue une plaque tournante de la criminalité transnationale et du trafic de drogue.

La chute d’Assad constitue également un coup dur pour la Russie et l’Iran. L’intervention militaire réussie de Vladimir Poutine en Syrie en 2015 a envoyé le message que la Russie était de retour en tant que puissance mondiale. La démonstration de puissance de Poutine et sa cruauté indéniable en Syrie l'ont enhardi pour sa prochaine invasion à grande échelle de l'Ukraine en 2022. En revanche, le retrait et l'échec de Poutine en Syrie mettent en évidence à quel point la guerre en Ukraine a épuisé les ressources de la Russie – et sapé l'idée que la communauté internationale les choses évoluent en faveur de Poutine.

La défaite de l’Iran est encore plus douloureuse. Au cours des dernières décennies, le régime iranien a bâti un réseau de mandataires puissants et brutaux à travers le Moyen-Orient. Cependant, les forces mandataires de l’Iran sont détruites une à une. Le Hamas a été détruit par l’armée israélienne à Gaza – même au prix d’un terrible coût humain. Le Hezbollah est ébranlé au Liban et n’est plus en mesure de combattre en Syrie. Les attaques de missiles balistiques iraniens contre Israël ont échoué. Si l’Iran perd sa position de force en Syrie, sa puissance régionale s’effondrera en quelques mois seulement.

Bien entendu, il existe de nombreuses raisons de s’inquiéter de la suite des événements. Si le régime iranien perd son bouclier par procuration dans la région, il pourrait trouver d’autres moyens de se protéger, comme par exemple accélérer le développement des armes nucléaires. La reprise des combats pourrait transformer la Syrie en un État en faillite et entraîner une nouvelle vague de réfugiés. Et le groupe rebelle HTS pourrait transformer certaines régions du pays en refuges pour le terrorisme.

Cependant, plusieurs ONG occidentales qui ont travaillé avec le groupe rebelle HTS dans les zones contrôlées par le groupe en Syrie ont trouvé que cette force était bien organisée, pragmatique et désireuse et capable d’établir des contacts avec le monde extérieur. Ils ont mis en garde contre toute hypothèse selon laquelle HTS pourrait devenir Al-Qaïda sous une nouvelle forme.

La réponse prudente de l’Occident à la chute d’Assad reflète les espoirs déçus du soulèvement arabe de 2011. La plongée de la Syrie dans une guerre civile brutale reste un récit édifiant, cité en tête par ceux qui s’inquiètent d’un optimisme naïf quant à l’effondrement des dictatures au Moyen-Orient.

Mais il existe aussi un pessimisme naïf. Croire qu’Assad a fermement pris le pouvoir et que le peuple syrien et la population de la région dans son ensemble ne peuvent s’attendre à rien de moins qu’une répression brutale et continue n’est pas seulement cynique, c’est aussi une erreur catégorique d’accumulation. L’Arabie saoudite, qui a rouvert son ambassade à Damas plus tôt cette année 2024, est un exemple frappant d’un gouvernement qui a décidé de faire des compromis avec Assad au moment même où son pouvoir était sur le point de s’effondrer. Ce n’est que lorsque la guerre au Liban a éclaté que les gens ont compris à quel point le pouvoir du régime d’Assad était fragile.

Au milieu de toute l’anxiété compréhensible concernant l’avenir de la Syrie post-Assad, il est facile d’oublier une simple vérité. La chute d’un régime brutal lié à d’autres régimes brutaux est une bonne chose.


Source : Article de Gideon Rachman, « The west should not succumb to cynical regret over Syria », Financial Times, 09/12/2024.











(FR) Conflit en Syrie - L'arsenal syrien après la chute du gouvernement Bachar al-Assad et ses implications pour l'Ukraine.

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Un missile anti-aérien syrien a été tiré. Photo : agence de presse iranienne MEHR


Selon Defense Express, du missile P-800 Oniks au système de défense aérienne S-300, ces dispositifs constituent non seulement des atouts stratégiques mais apportent également une grande valeur de recherche dans le contexte des tensions géopolitiques actuelles.

Selon le site d'information Defense Express (Ukraine), le 11 décembre 2024, l'effondrement du gouvernement du président Bachar al-Assad en Syrie ouvre une excellente opportunité pour découvrir des entrepôts d'armes et d'équipements militaires géants ayant appartenu à l'armée gouvernementale de ce pays. Une grande partie de l'équipement de l'arsenal syrien provient de Russie et d'Iran, ce qui rend encore plus urgent le contrôle de ces armes. 


Système de défense côtière Bastion

L'une des armes notables de l'inventaire d'équipement militaire syrien est le système de défense côtière Bastion acheté à la Russie, équipé de missiles antinavires supersoniques P-800 Oniks (1). Cependant, il n’existe pas de données fiables sur le nombre de Bastion que la Syrie possède

Pour l'Ukraine, accéder à un système Bastion depuis la Syrie peut aider à détecter les faiblesses du système, développant ainsi des contre-mesures en mer et trouvant des moyens d'empêcher les attaques à longue portée de la Russie avec des missiles P-800 Oniks depuis la Crimée vers l'Ukraine continentale. 


Types de missiles et de systèmes de défense aérienne 

Selon le rapport sur la défense mondiale « The Military Balance 2024 » de l'Institut international d'études stratégiques (IISS), outre les missiles antinavires, les forces du régime de Bachar al-Assad possèdent également un nombre indéterminé de missiles Tochka U (2) et Elbrus (3) tous deux développés par l'Union Soviétique et les missiles Fateh-110 (4) d'Iran.

Ces missiles constituent non seulement un matériel de recherche précieux permettant à l'Ukraine d'améliorer ses tactiques d'interception, mais également de détecter les composants électroniques importés de l'Occident, afin d'empêcher le flux d'armes vers d'autres pays.

Même si l’Elbrus (3) peut s’avérer complexe à utiliser comme arme opérationnelle, le système Tochka U (2) est facilement transférable aux forces armées ukrainiennes, qui connaissent bien les équipements de l’ère soviétique.

En outre, le rapport Military Balance 2024 indique également que la Syrie possède au moins 20 systèmes de puissance sol-air à longue portée S-300PMU2 (5), jusqu'à 36 lanceurs S-125-2M Pechora-2M et un nombre indéterminé de systèmes de missiles S-200, Buk et Buk-. Le M2 se déclenche. Tous ces systèmes pourraient être utiles pour défendre les villes ukrainiennes contre les attaques russes à longue portée. 


Artillerie et force aérienne 

Concernant l'armement d'artillerie syrien, l'Ukraine s'intéresse aux systèmes de lance-roquettes multiples Uragan 220 mm (6) et Smerch 300 mm (7), utilisant des obus d'artillerie rares sur le marché mondial.

En ce qui concerne l’armée de l’air, début 2024, la Syrie dispose d’un total de 184 avions militaires, dont les plus importants sont 30 avions de combat MiG-29 (8). Certains avions ont été mis à niveau vers la version MiG-29SM, permettant l'utilisation de missiles modernes tels que le R-77 et le Kh-31P. 

En outre, la Syrie possède également 10 bombardiers Su-24MK (9) restants sur une vingtaine d'avions reçus à la fin des années 1980. Concernant les hélicoptères, la Syrie possède 4 hélicoptères de guerre anti-sous-marine Ka-28 (10) et 5 hélicoptères Mi-14 (11), malgré leurs capacités opérationnelles. peut être très limité. Cependant, ils peuvent toujours fournir des pièces de rechange pour les réparations et l'entretien. 


Les défis du transfert d’armes vers l’Ukraine

Même si cet arsenal est considérable, la grande question est de savoir quel type d’équipement peut réellement être retiré de Syrie. Qui représentera le nouveau gouvernement en Syrie pour négocier l’éventuel transfert de ces armes ?

Le moment des négociations est également un facteur important, car l’armée de l’air israélienne a mené de nombreuses attaques systématiques contre des bases militaires sur le territoire syrien afin de détruire tous les dépôts d’armes importants laissés sur place par le régime de Bachar al-Assad. 

On peut dire que l’effondrement rapide du régime d’Assad a créé une situation instable en Syrie. Le contrôle de cet énorme arsenal affectera non seulement la région mais aussi la sécurité mondiale dans un avenir proche.


Sources

(1) P-800 Oniks https://fr.wikipedia.org/wiki/P-800_Oniks

(2) OTR-21 Totchka https://fr.wikipedia.org/wiki/OTR-21_Totchka

(3) R-17 Elbrus https://en.wikipedia.org/wiki/R-17_Elbrus

(4) Fateh-110 https://en.wikipedia.org/wiki/Fateh-110

(5) S-300 missile system https://en.wikipedia.org/wiki/S-300_missile_system

(6) BM-27 Ouragan https://fr.wikipedia.org/wiki/BM-27_Ouragan

(7) BM-30 Smertch https://fr.wikipedia.org/wiki/BM-30_Smertch

(8) Mikoyan-Gourevitch MiG-29 https://fr.wikipedia.org/wiki/Mikoyan-Gourevitch_MiG-29

(9) Soukhoï Su-24 https://fr.wikipedia.org/wiki/Soukho%C3%AF_Su-24

(10) Kamov Ka-28 https://aviationsmilitaires.net/v3/kb/aircraft/show/15017/kamov-ka-28-otan-helix-a

(11) Mil Mi-14 https://fr.wikipedia.org/wiki/Mil_Mi-14






(FR) Conflit en Syrie - Le journal Washington Post révèle les actions des services secrets ukrainiens en Syrie.

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Les rebelles menés par le groupe HTS/HTC en Syrie ont renversé le régime du président Bachar al-Assad. Photo : CBS

Hayat Tahrir al-Cham ou HTC (en français, Organisation de libération du Levant; en anglais, Hay'at Tahrir al-Sham ou HTS) est un groupe rebelle islamiste de la guerre civile syrienne. Il est dirigé par Abou Mohammed al-Joulani.  https://fr.wikipedia.org/wiki/Hayat_Tahrir_al-Cham.


Les services de renseignement ukrainiens auraient envoyé de nombreux pilotes pour contrôler environ 150 drones afin d'aider les rebelles syriens à renverser le gouvernement du président Bachar al-Assad.

Les informations ci-dessus ont été rapportées par le Washington Post, citant des sources bien informées sur les activités militaires de l'Ukraine, ajoutant que cette décision avait été mise en œuvre par Kiev environ 4 à 5 semaines avant le renversement du régime du président Bachar al-Assad par les rebelles syriens.

"L'Ukraine a envoyé environ 20 opérateurs de drones UAV (Unmanned Aerial Vehicle) expérimentés et 150 drones FPV (First Person View : Grâce à la caméra embarquée à bord, on profite des images en temps réel) dans la province d'Idlib pour soutenir le groupe rebelle Hayat Tahrir al-Sham (HTS)", - indique clairement la source.

Les responsables russes affirment depuis des mois que l’Ukraine a envoyé des agents de renseignement en Syrie pour soutenir les rebelles.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré en septembre 2024 que les services de renseignement ukrainiens étaient présents à Idlib, en Syrie, et que les dirigeants des services de renseignement ukrainiens étaient en contact direct avec le groupe HTS.

Le Washington Post a décrit ces efforts comme ayant joué un « rôle modeste » dans le renversement du président Bachar al-Assad, mais les a évalués comme « faisant partie d'un plan plus large de l'Ukraine visant à contrer secrètement les activités de la Russie au Moyen-Orient, en Afrique et en Russie ».

Cependant, Alexander Libman, expert en politique russe et en Europe de l'Est à l'Université libre de Berlin (Allemagne), a déclaré à Business Insider qu'il serait surprenant que l'Ukraine envoie réellement des opérateurs et des drones en Syrie en raison de la situation inquiétante dans l'est de l'Ukraine. 

"Je ne pense pas que l'Ukraine puisse tirer beaucoup d'avantages de sa participation à ce type d'activités", a déclaré l'expert Alexander Libman. "Au lieu de cela, elle ne fera que gaspiller des ressources qui devraient être consacrées au combat sur son propre territoire Ukraine". 

Cependant, l'effondrement du régime du président Bachar al-Assad pourrait entraîner une perte d'influence de la Russie en Syrie et le contrôle de la base aérienne de Hmeimim et de la base navale de Tartous.

La Russie a utilisé ces bases pour projeter sa puissance en Méditerranée et en Afrique, et pour contrer le flanc sud de l’OTAN.

Des images satellite prises par Maxar Technologies plus tôt cette semaine ont montré que les avions de guerre russes étaient toujours présents à Hmeimim mais que les navires de guerre russes n'étaient plus à Tartous.











mercredi 11 décembre 2024

(FR) Conflit en Syrie - L'armée israélienne dit avoir mené près de 480 frappes en Syrie en 48 heures.

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Un drapeau national syrien et un portrait du président syrien Bachar al-Assad déchirés par des combattants antigouvernementaux dans la ville d'Alep, dans le nord de la Syrie, le 30/11/2024.
afp.com/Omar HAJ KADOUR

Alors que l'armée israélienne a mené près de 480 frappes en Syrie en 48 heures depuis la chute du président Bachar al-Assad, sur le terrain, elle continuait mardi 10 décembre 2024 à s'enfoncer dans la partie syrienne du plateau du Golan. Une façon, pour Tel-Aviv, de se préparer à l'après-Assad et à un potentiel chaos

Hayat Tahrir al-Cham ou HTC (en français, Organisation de libération du Levant; en anglais, Hay'at Tahrir al-Sham ou HTS) est un groupe rebelle islamiste de la guerre civile syrienne. Il est dirigé par Abou Mohammed al-Joulani.  https://fr.wikipedia.org/wiki/Hayat_Tahrir_al-Cham


Le chef des rebelles syriens, Abou Mohammad al-Jolani, s'est rendu dimanche à la célèbre mosquée des Omeyyades à Damas. [AFP - ABDULAZIZ KETAZ]

"Si le nouveau régime en Syrie permet à l'Iran de se réimplanter, ou autorise le transfert d'armes au Hezbollah" libanais pro-iranien, a averti mardi Benjamin Netanyahu.

Quelques heures à peine après que les rebelles syriens de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) sont entrés dans Damas, signant la chute du régime de Bachar al-Assad dimanche 8 décembre 2024, l'armée israélienne réagissait, lançant une série de frappes aériennes. Deux jours plus tard, l'armée israélienne dit avoir mené près de 480 frappes en Syrie en 48 heures.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme OSDH, Israël a entre autres bombardé des aéroports, des radars, des véhicules blindés, des dépôts d'armes et de munitions dans plusieurs régions, dont celle de Damas. La marine israélienne a également endommagé des bâtiments syriens équipés de missiles mer-mer au large du port de Lattaquié sur la Méditerranée. Un centre de recherche scientifique près de Damas, soupçonné d'être lié au programme chimique syrien, a aussi été bombardé. 

L'objectif d'Israël est de détruire toutes les armes restantes dans les entrepôts et les unités militaires qui étaient contrôlés par les forces de l'ancien régime

Israël est face à un moment de vide politique et sécuritaire en Syrie et il en profite pour se tailler une part du gâteau. Car il est conscient que quelque soit la tournure que prendront les choses, il lui sera plus facile de composer et de faire pression sur un nouveau gouvernement faible militairement.



Jusqu'ici, le régime de Bachar al-Assad présentait en effet des avantages pour Israël. Même s'il restait un allié du régime iranien et permettait au Hezbollah de faire transiter des armes destinées au Liban par la Syrie, il était trop faible pour s'opposer frontalement à Tel-Aviv. Il permettait ainsi à Israël de mener des frappes aériennes contre des intérêts, des personnes et installations militaires du Hezbollah ou de l'Iran, sans jamais intervenir. 

Israël, c'était un ennemi confortable et surtout stable. Le régime de Bachar al-Assad a rarement mené d'actions directes contre Israël, préférant se concentrer sur les menaces internes.

À cet ennemi peu inquiétant car faible succède ainsi une plongée dans l'inconnu. Une incertitude encore renforcée par l'ambiguïté autour de la personnalité de Mohammed al-Joulani, chef des rebelles syriens de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), prêt à devenir le nouvel homme fort de la Syrie. Si ce dernier se présente aujourd'hui comme pragmatique ce qui pourrait l'inciter à  ne pas chercher d'épreuve de force avec Israël . 

Les nouveaux maîtres de la Syrie sont animés par "une idéologie extrême de l'islam radical", et "c'est pourquoi nous avons attaqué des systèmes d'armes stratégiques comme par exemple des restes d'armes chimiques ou des missiles et roquettes à longue portée, afin qu'elles ne tombent pas aux mains d'extrémistes", a ainsi déclaré lundi le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar.


Avancées sur le terrain

Sur le terrain également, Israël est passé à l'offensive. Depuis samedi 8 décembre, des troupes israéliennes sont positionnées dans la zone tampon située entre le plateau du Golan et la Syrie. C'est la première fois en 50 ans que des chars israéliens sont présents dans cette zone démilitarisée, mise en place en 1974 par un accord d'armistice entre les deux pays.

"C’est un jour historique dans l’histoire du Moyen-Orient", a félicité Benjamin Netanyahu dimanche, depuis le plateau du Golan, saluant dans le même temps la chute du régime de Bachar al-Assad.

L’accord de 1974 avec Damas s’est effondré du fait de l’effondrement du pouvoir syrien, a-t-il poursuivi, ouvrant la voie, selon lui, à une présence israélienne. Dans la foulée, il imposait un couvre-feu à des localités de cette zone tampon. 



Situé dans le sud-ouest de la Syrie, à la frontière orientale d’Israël, et bordé par le Liban au nord et par la Jordanie au Sud, le territoire du Golan revêt une importance stratégique majeure pour Israël, qui en occupe une partie depuis 1967. Au total, une trentaine de colonies israéliennes, soit environ 20.000 personnes, y vivent, au côté d’une population syrienne essentiellement composée par des Arabes druzes. 

Une occupation jugée illégale par le droit international mais qui est devenue une ressource majeure pour l'accès en eau en Israël, le contrôle du plateau du Golan et de ses multiples cours d’eau et nappes phréatiques fournit à Israël, majoritairement désertique, un tiers de l’approvisionnement en eau. La région est par ailleurs devenue un haut lieu touristique pour le tourisme de sports d’hiver et de production de vin réputés


Nouvelle zone tampon

Mais l'enjeu est aussi militaire. Culminant à 2.800 mètres, le plateau du Golan offre un point de vue idéal pour surveiller le sud de la Syrie, et notamment la capitale, Damas, située à environ 60 Km. 

Aujourd'hui, le plateau du Golan représente la menace numéro un pour Israël. Affaibli le régime de Bachar al-Assad n’avait jamais mis en œuvre d’actions diplomatiques sérieuses et militaires sur le terrain pour tenter de récupérer le Golan. Mais Mohammed al-Joulani le chef des rebelles syriens Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) pourrait vouloir revendiquer plus tard son retour dans le giron syrien. 

À plus court terme, ce territoire controversé pourrait devenir le théâtre de combats directs avec Israël. Pendant la guerre civile syrienne, des éléments jihadistes avaient tenté de franchir la frontière israélienne par les hauteurs du Golan. Tel Aviv est donc en état d’alerte car le Golan pourrait, en cas de chaos, devenir un théâtre de confrontation directe avec l’État hébreu (État juif). 

En avançant dans la zone tampon démilitarisée, Israël semble donc vouloir créer une sorte de nouvelle zone tampon plus au nord que l'actuelle. Dans le même temps, avancer vers le nord peut certainement lui permettre de sécuriser des routes utiles au Hezbollah vers le Liban et s'assurer que les territoires contigus au Golan sont sûrs.

Si Israël a, à plusieurs reprises, insisté que cette avancée était une mesure "limitée et temporaire", cela pourrait aussi, à moyen terme, "servir de monnaie de négociation avec le nouveau gouvernement" en Syrie, où "Israël n'accepterait de rendre les territoires conquis que si ce gouvernement ne se montre pas trop hostile.

Toute cette offensive est finalement assez coutumière d'Israël, "il veut créer un équilibre des forces par l'instrument militaire. Et c'est sur ce rapport de forces que se baseront les discussions politiques futures".







samedi 30 novembre 2024

(FR) CHINE : « Initiative route et ceinture » n’est pas morte.

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Vue du méga-port de Chancay, dans la petite ville de Chancay, au Pérou, le 29 octobre 2024.
Cris Bouroncle / AFP via Getty Images

En Amérique latine, la Chine dit adieu aux grands paris et aux ponts géants en faveur d’une nouvelle approche.

Le président chinois Xi Jinping s'est rendu au Pérou pour assister au sommet du forum de Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (en anglais : Asia-Pacific Economic Cooperation, APEC). Durant cette période, il inaugurera également le port en eau profonde de Chancay, à environ 72 km au nord de Lima. Il s'agit d'un projet de 3,6 milliards de dollars – l'un des investissements d'infrastructure les plus importants de la Chine dans la région au cours des deux dernières décennies.

Mais il s’agit peut-être aussi d’un des derniers projets du genre.

Après être devenu président en 2013, dans le but de renforcer sa soi-disant stratégie extérieure et de rechercher de nouveaux marchés pour le secteur manufacturier chinois en plein essor, Xi Jinping a lancé un programme de réformes visant à renforcer les activités diplomatiques et à promouvoir les investissements à l'étranger, aboutissant à "Initiative route et ceinture" (en anglais : Belt and Road Initiative, BRI).

Les grands contrats d’infrastructure sont gagnant-gagnant : ils permettent à la Chine d’exporter ses capacités excédentaires d’acier, de main-d’œuvre et d’autres intrants, tout en répondant également aux besoins urgents de l’Amérique latine en matière d’infrastructures. Depuis 2017, 22 pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont officiellement rejoint la BRI, changeant complètement la relation de la Chine avec ce continent. La Chine est actuellement le deuxième partenaire commercial de l’Amérique latine, derrière les États-Unis.

Cependant, après deux décennies d’influence croissante dans la région, Pékin se tourne vers une nouvelle approche. Alors qu’elle lutte pour gérer un ralentissement économique, un fardeau croissant de la dette et un marché immobilier qui s’effondre, Pékin met fin à l’ère des projets de méga-infrastructures risqués et risqués au profit de petits investissements de « nouvelle frontière » pour vous rendre à la maison, avec la 5G, vous serez en mesure de le faire, et vous pourrez le faire.

La Chine a présenté au monde sa nouvelle stratégie comme visionnaire et tournée vers l’avenir. Cependant, leurs partenaires latino-américains n’y croient guère.

Un déficit infrastructurel important de longue date en Amérique latine a laissé les dirigeants régionaux avides d’investissements étrangers. Alors que les États-Unis et l’Union européenne hésitent encore à dépenser de grosses sommes d’argent, la Chine est heureuse d’y participer.

La BRI a financé des itinéraires à travers les jungles du Costa Rica; les systèmes ferroviaires en Bolivie et en Argentine ; des parcs industriels et un port à conteneurs à Trinité-et-Tobago ; la plus grande centrale hydroélectrique d'Équateur ; et le premier câble transocéanique à fibre optique reliant directement l'Asie à l'Amérique du Sud, s'étendant de la Chine au Chili, parmi de nombreux autres projets.

Ces grands projets d’infrastructures sont mis en œuvre parallèlement aux investissements accrus de la Chine dans le soft power et la diplomatie. Benjamin Creutzfeldt, spécialiste de la Chine, a commenté : "Les États-Unis travaillaient très bien avec leurs partenaires latino-américains, mais la Chine les a surpassés".

"Les Chinois sont devenus meilleurs dans leur diplomatie de séduction grâce à leurs ambassadeurs charismatiques", a-t-il déclaré. "Ils ont appris à traiter efficacement avec leurs partenaires."

Mais l’expansion de la Chine dans la région, notamment en termes d’infrastructures matérielles, a un coût pour l’Amérique latine. Les entreprises chinoises ont été accusées de mauvaises pratiques de construction et de corruption lors d’investissements majeurs antérieurs.

Par exemple, le barrage Coca Codo Sinclair, un barrage hydroélectrique en roche situé dans la jungle équatorienne, a régulièrement fait la une des journaux négatifs depuis son inauguration en novembre 2016. Ce projet est estimé à 3,4 milliards de dollars – le plus grand projet de l'histoire de l'Équateur – et a été construit et financé par la Chine en tant que projet clé de la BRI. Mais en juillet 2022, plus de 17.000 fissures étaient apparues sur le barrage et de nombreux hauts responsables équatoriens impliqués dans le processus de construction avaient été emprisonnés ou reconnus coupables de corruption liée au projet.

L’Équateur est non seulement laissé pour compte avec des infrastructures obsolètes, mais il est également aux prises avec d’énormes dettes. La BRI a transformé la Chine du statut de distributeur automatique de l'Amérique latine en premier créancier de la région. La Chine rivalise désormais avec la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement en tant que plus grand créancier de la région, et impose à l'Amérique latine le niveau de remboursement de la dette le plus élevé au monde, estimé à 4% du PIB de la région. Selon une étude du Centre de recherche sur les politiques économiques (CEPR), la part des prêts chinois accordés aux pays en difficulté financière est passée d'environ 5 % en 2010 à environ 60 % en 2010.

De son côté, l'Équateur tente de rembourser sa dette en exportant du pétrole vers la Chine avec une décote de près de 80 %. Mais l’accord pourrait également causer des problèmes à la Chine à long terme.

"Soutenir ces énormes projets, qui n'ont pas d'énormes retours, est une grosse affaire", a déclaré Leland Lazarus, directeur adjoint du programme de sécurité nationale à l'Institut Jack D. Gordon de politique publique de l'Université internationale de Floride. n’est pas nécessairement une bonne stratégie commerciale.

"La Chine risque de ne pas récupérer son argent", a déclaré Axel Dreher, professeur à l'université allemande de Heidelberg.

Après plus de deux décennies de mise en œuvre de projets d’infrastructures vastes et ambitieux, la Chine commence à en subir les conséquences.

La situation économique et politique intérieure tendue a accru la pression visant à réduire les dépenses à l’étranger et à se concentrer sur les besoins de développement intérieur. La semaine dernière, le gouvernement chinois a approuvé un plan de 1.400 milliards de dollars visant à stimuler l’économie en permettant aux gouvernements locaux de refinancer leur dette.

La Chine se méfie également de plus en plus des projets d’infrastructures après avoir été critiquée pour sa mise en œuvre inefficace de la BRI. AidData, un laboratoire de recherche sur le développement international, a analysé plus de 13.427 projets de cette initiative dans 165 pays, pour une valeur totale de 843 milliards de dollars. Ils ont constaté que 35 % d’entre eux présentaient des « problèmes majeurs de mise en œuvre », tels que des scandales, des manifestations, la corruption, des violations du droit du travail et une dégradation de l’environnement.

La Chine est encore en train de terminer certains projets d’infrastructures lourdes, notamment le système de transport en commun rapide du métro de Bogotá en Colombie, mais elle poursuivra moins de projets à l’avenir. Au lieu de cela, à court de liquidités et désireuse de réduire les risques d’investissement tout en maintenant son engagement à l’étranger, la Chine s’est concentrée sur de nouveaux projets pionniers – et a obtenu des résultats remarquables.

Wenyi Cai, investisseur chinois et directrice générale de Polymath Ventures, une société de capital-risque latino-américaine, a déclaré avoir constaté un intérêt considérable de la part des Chinois pour les investissements dans le numérique, en particulier au Mexique et au Brésil. Rien qu’en 2022, 58 % des investissements chinois en Amérique latine et dans les Caraïbes seront consacrés à ces nouvelles industries d’infrastructure, contre 25 % il y a un an.

Ce changement est particulièrement visible dans le secteur des télécommunications. Selon un rapport de l'Université de Navarre, jusqu'à 70 % des réseaux mobiles 4G-LTE d'Amérique latine sont désormais pris en charge par l'infrastructure du géant chinois de la technologie Huawei, atteignant une croissance de 9 % dans la région l'année dernière. Réseaux 5G dans plusieurs pays de la région.

La Chine fait également des vagues dans l’industrie des véhicules électriques. Selon un rapport de l’Institut de dialogue interaméricain, en 2022, les entreprises chinoises ont investi 2,2 milliards de dollars dans cette industrie, ce qui représente 35 % du total des investissements directs étrangers de la Chine dans la région cette année-là. En 2023, la Chine est devenue le premier fournisseur automobile du Mexique, exportant pour 4,6 milliards de dollars de véhicules, et le constructeur chinois de véhicules électriques BYD explore également activement des sites d'implantation au Mexique.

L’intérêt de la Chine pour cette révolution technologique est clairement motivé par des raisons économiques. Pour la Chine, les nouveaux secteurs frontières présentent moins de risques, des coûts d’exploitation inférieurs et des rendements plus rapides que les projets d’infrastructures traditionnels dans le monde post-pandémique.

« Parce que la Chine a moins de capitaux à allouer, elle essaie de les allouer de manière plus stratégique », a déclaré Margaret Myers, directrice du programme Asie et Amérique latine à l'Institut pour le dialogue interaméricain.

Toutefois, cela a entraîné une forte diminution du financement destiné à l’Amérique latine. De 2010 à 2019, la Chine a investi en moyenne 14,2 milliards de dollars par an dans la région. En 2022, cependant, ce montant était tombé à moins de la moitié, soit environ 6,4 milliards de dollars. Une tendance similaire est apparue dans les prêts des principales institutions chinoises de financement du développement : à leur apogée en 2010, la Chine a prêté plus de 25 milliards de dollars à la région, mais ce chiffre est tombé à un peu plus de 1,3 milliard de dollars par an entre 2019 et 2023.

Même si les infrastructures ne constituent plus la stratégie d'investissement la plus intelligente, cela ne signifie pas pour autant que le besoin d'infrastructures de la région va disparaître. Luis Alberto Moreno, ancien président de la Banque interaméricaine de développement, nous a dit qu'il existe toujours un important déficit d'infrastructures en Amérique latine et que ce déficit s'aggrave à mesure que la région s'enrichit et demande davantage d'énergie, de biens et de services.

Les banques de développement non chinoises, notamment la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement, ont commencé à combler le vide depuis la première baisse des prêts de la Chine en 2015. Leur travail comprenait un nouveau financement important de la Banque interaméricaine de développement pour l'amélioration des routes l'année dernière, avec 600 millions de dollars alloués au Mexique, 480 millions de dollars au Brésil et 345 millions de dollars pour l'Argentine.

Cependant, Moreno a déclaré qu'il doutait que la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement soient capables de combler le vide à elles seules. La Chine semble être la seule option qui reste, mais elle ne veut pas y participer.

Même si la région est aux prises avec une dette intérieure et souffre de projets d’infrastructures qui ne répondent pas aux attentes en termes de délais, de coûts et de qualité, l’Amérique latine reste préoccupée par ce que serait la région sans l’afflux massif d’argent en provenance de Chine. .

« On a le sentiment que des infrastructures doivent être construites, que ce soit la Chine qui le fasse ou non », a révélé Myers.

Cependant, l'accent davantage mis par la Chine sur les investissements « nouvelles frontières » pourrait aider les pays d'Amérique latine à améliorer leur infrastructure numérique indispensable, les aidant ainsi à tirer parti de l'automatisation. Développer et appliquer l'intelligence artificielle. Cela pourrait également permettre à la région de participer à la transition verte mondiale.

Jesús Seade, l'ambassadeur du Mexique en Chine, considère le changement d'orientation vers des investissements axés sur l'innovation comme une opportunité pour son pays. « Cela signifie développement – ​​cela signifie aider le Mexique à gravir les échelons de la chaîne de valeur », a-t-il déclaré à Foreign Policy.

Cependant, certains craignent que la région ne devienne trop dépendante de la Chine dans ces nouveaux secteurs, comme c'est le cas pour les grands projets d'infrastructures physiques, sans pour autant améliorer sa propre compétitivité. Alors que certains accueillent favorablement les technologies vertes bon marché de la Chine pour soutenir la transition de la région vers une énergie propre, certains craignent que les pays d'Amérique latine n'en fassent pas assez pour renforcer leur capacité à produire des biens manufacturés de grande valeur, exploiter le transfert de technologie chinois et mettre en œuvre des mesures de sécurité strictes. pour lutter contre l’utilisation abusive des données des citoyens.

De nouveaux investissements frontaliers pourraient également constituer des menaces pour la sécurité des gouvernements latino-américains et de leurs citoyens, selon Robert Evan Ellis, professeur d'études latino-américaines au US Army War College, notamment en matière de surveillance, de cybersécurité et de risques de propriété intellectuelle que la région ne présente pas. prêt à aborder. Il s’inquiète également de la possibilité que la Chine abuse de son accès et de sa connaissance des opérations dans des centres logistiques clés – tels que le canal de Panama ou le port de Chancay – pour bloquer l’accès d’un autre pays ou lancer des attaques en cas de conflit.

Une autre préoccupation concerne l’équilibre des pouvoirs entre la Chine et ses partenaires latino-américains. Selon Marisela Connelly, professeur au Centre d'études asiatiques et africaines de l'Université du Mexique, c'est la Chine qui détermine les conditions du commerce et des investissements dans la région.

« La Chine souhaite simplement que les pays d'Amérique latine se conforment à ses exigences », a déclaré Connelly. Elle a critiqué le gouvernement mexicain pour n'avoir « aucune stratégie » et « aucun objectif clair » dans ses relations avec la Chine.

En fin de compte, cette situation soulève une question importante quant aux infrastructures dont l’Amérique latine a réellement besoin.

« Je ne pense pas que cela [moins d'investissement dans les infrastructures matérielles soit une mauvaise chose », a déclaré Evan Ellis. Après tout, l'Amérique latine doit encore financer ses projets d'infrastructure, et le changement d'approche de la Chine pourrait épargner à la région des projets d'infrastructure plus coûteux et non viables à l'avenir.


Article de Mie Hoejris Dahl, « The Belt and Road Isn’t Dead. It’s Evolving. » Foreign Policy , 13/11/2024

Mie Hoejris Dahl est une journaliste indépendante danoise vivant actuellement à Mexico. Elle se spécialise dans les reportages sur la politique, l'économie, l'environnement et les questions sociales en Amérique latine et est titulaire d'une maîtrise en administration publique de la Kennedy School of Government de l'Université Harvard.














jeudi 21 novembre 2024

(FR) Naturalisation en France : conditions et demande

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La naturalisation en France est le processus juridique par lequel une personne étrangère acquiert la nationalité française. Cette procédure repose sur plusieurs critères et démarches administratives et permet à l’individu de bénéficier des droits et des obligations attachés à la citoyenneté française.


C’est quoi la naturalisation en France ?

Naturalisation : obtenir la citoyenneté française

La naturalisation est un acte administratif qui permet à un étranger de devenir citoyen français. La naturalisation est accordée sous certaines conditions, notamment la durée de résidence en France, avec un séjour de cinq ans requis pour les étrangers, bien que ce délai puisse être réduit.

Décret de naturalisation

Le décret de naturalisation est le dispositif juridique par lequel l’État français accorde la nationalité française à un étranger par la procédure de naturalisation. Il s’agit d’une décision administrative qui intervient après un examen approfondi de la demande, et ce, selon des critères fixés par la loi.

Un décret régi par le Code civil

Le décret de naturalisation repose sur le Code civil français, et plus particulièrement sur l’article 21-17 qui précise les conditions sous lesquelles un étranger peut devenir citoyen français. Le décret est signé par le ministre de l’Intérieur, suite à l’instruction du dossier du demandeur.

Un décret régi par le Code civil

Le décret de naturalisation repose sur le Code civil français, et plus particulièrement sur l’article 21-17 qui précise les conditions sous lesquelles un étranger peut devenir citoyen français. Le décret est signé par le ministre de l’Intérieur, suite à l’instruction du dossier du demandeur.


Quels sont les quatre moyens d’obtenir la nationalité française ?

La nationalité par naissance (droit du sol)

Les enfants nés en France de parents étrangers peuvent obtenir la nationalité française de manière automatique s’ils remplissent certaines conditions, notamment s’ils ont résidé en France pendant cinq ans après l’âge de 11 ans. Les enfants nés en France de parents inconnus ou apatrides acquièrent, eux, automatiquement la nationalité française.

La naturalisation par filiation (droit du sang)

Autre possibilité : une personne peut obtenir la nationalité française par filiation, c’est-à-dire par la naissance d’un parent français. Si l’un des parents est français, l’enfant peut devenir français, qu’il soit né en France ou à l’étranger. Ce principe repose sur le droit du sang (jus sanguinis).

La naturalisation par mariage

Un(e) étranger(ère) marié à un(e) Français(e) peut demander la naturalisation après un certain nombre d’années de mariage. Il faut justifier de quatre ans de mariage (si la personne vit à l’étranger, le délai est porté à cinq ans) et démontrer une vie commune stable. Si le couple réside en France, l’étranger peut faire une demande après quatre ans de mariage.

La nationalité par naturalisation

La naturalisation est soumise à une série de conditions administratives. Ce processus est initié par une demande auprès des autorités françaises, qui examinent la situation de l’individu avant d’accorder ou non la nationalité.


Quelles sont les conditions pour obtenir la naturalisation ?

Une procédure discrétionnaire

Il est important de noter que la procédure de naturalisation est discrétionnaire. Même si toutes les conditions d’accès sont remplies, l’administration peut refuser la demande si elle estime que le demandeur n’est pas suffisamment intégré ou a commis des actes incompatibles avec la nationalité française.

Âge minimal

Le demandeur peut entamer la procédure de naturalisation à partir de l’âge de 17 ans. Cependant, la naturalisation ne pourra être effective qu’à compter de 18 ans. Cette flexibilité permet aux jeunes étrangers résidant en France depuis leur enfance de débuter leur parcours pour devenir citoyens français à un âge précoce, tout en respectant la majorité légale.

Résidence en France

Il est aussi nécessaire de résider en France de manière régulière et continue depuis au moins cinq ans. Ce délai peut être réduit à deux ans si le demandeur a obtenu un diplôme français de niveau Master ou supérieur, ou s’il a rendu des services exceptionnels à la France dans les domaines scientifique, culturel, sportif ou économique.

Intégration professionnelle

Le demandeur doit prouver son intégration professionnelle stable. Cela se traduit par un contrat de travail en cours ou une activité professionnelle indépendante qui démontre que le demandeur participe activement à la vie économique de la France.

Connaissance de la langue française

Autre condition d’accès : il est indispensable de démontrer une maîtrise suffisante de la langue française, tant à l’oral qu’à l’écrit. Cette maîtrise est évaluée selon le niveau B1 du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL).

Ce niveau signifie que le demandeur doit être capable de comprendre et de produire des phrases simples, de participer à une conversation courante et de comprendre des documents écrits dans un contexte quotidien.

Adhésion aux valeurs de la République

Les demandeurs doivent aussi démontrer une connaissance suffisante de l’histoire, de la culture et de la société françaises, et adhérer aux principes et valeurs essentiels de la République. Il s’agit de garantir que la personne respectera les principes essentiels de la laïcité, des droits de l’homme et de la citoyenneté.

Casier judiciaire

Dernière condition d’accès : le demandeur ne doit pas avoir de condamnations pénales incompatibles avec l’acquisition de la nationalité française. Cela signifie que toute personne ayant été condamnée pour des faits graves (terrorisme, atteintes aux principes de la République, etc.) verra sa demande de naturalisation rejetée.


Quels sont les effets de la naturalisation ?

Le décret de naturalisation est un dispositif qui confère à l’individu la nationalité française. Une fois le décret publié, le nouvel acteur citoyen peut jouir de tous les droits et devoirs associés à la nationalité française, tels que :

- le droit de vote et d’éligibilité ;

- l’accès à la fonction publique ;

- la possibilité de rejoindre un conjoint ou ses enfants en France dans certaines situations de regroupement familial ;

- la protection consulaire dans les pays étrangers où la France est représentée.


Étrangers vivant en France : comment obtenir la nationalité française par naturalisation ?

Faire sa demande de naturalisation en ligne

Depuis le 6 février 2023, la nouvelle procédure de naturalisation impose que toutes les demandes soient réalisées en ligne (https://administration-etrangers-en-france.interieur.gouv.fr). Ce service simple est accessible depuis un ordinateur ou un smartphone.

Soumettre la demande

Pour soumettre votre demande, suivez la marche à suivre :

- Rendez-vous sur le site, puis utilisez vos identifiants FranceConnect ou créez un compte sur la plateforme.

- Complétez ensuite le formulaire en ligne en fournissant les informations requises.

- Numérisez ou photographiez (si vous n’avez pas le matériel informatique nécessaire) les documents justificatifs demandés.

- Téléversez-les sur la plateforme.

Une fois la demande soumise, vous pourrez suivre son état d’avancement directement depuis votre espace personnel sur la plateforme.

Documents à joindre au dossier

Les documents à joindre au dossier de demande de naturalisation varient selon chaque situation, mais en règle générale, vous devrez fournir les éléments suivants :

- Justificatifs d’identité : une copie de votre passeport, de votre carte d’identité ou de tout autre document officiel qui prouve votre nationalité et votre identité.

- Justificatifs de domicile en France : des documents qui prouvent votre résidence régulière et continue en France (bail, quittances de loyer, factures, etc.).

- Preuves de votre insertion professionnelle ou académique : bulletins de salaire, contrat de travail, attestations d’employeurs, diplômes, etc.

- Certificat de langue française : un diplôme ou une attestation de votre maîtrise de la langue, avec un niveau B1 oral.

- Extrait de votre casier judiciaire étranger.

Entretien de naturalisation

Après l’instruction du dossier, une enquête administrative est mise en place pour vérifier les renseignements fournis. Si le dossier est jugé conforme, vous êtes ensuite convoqué à un entretien de naturalisation. Lors de l’entretien, un agent de la préfecture évalue votre assimilation à la culture et aux valeurs françaises. Une fois l’entretien passé, le dossier sera soumis à une décision.

Délai de traitement et réponse

L’administration dispose ensuite d’un délai de 18 mois pour répondre à la demande.

- Si cette réponse est favorable, le demandeur reçoit un courrier l’informant de son inscription dans le décret de naturalisation, après sa publication au Journal officiel (JO).

- En cas de décision défavorable, un recours peut être porté auprès du ministre chargé des naturalisations avant toute démarche contentieuse.


Naturalisation des étrangers vivant hors de France : comment faire sa demande de nationalité française ?

Les mêmes conditions que pour les résidents français

Les conditions sont identiques à celles requises si la demande était effectuée sur le sol français. Les conditions d’assimilation à la communauté française (histoire, connaissance de la langue française, moralité et absence de condamnations pénales, etc.) sont aussi les mêmes que pour une procédure lancée sur le territoire national.

Et des conditions spécifiques

Par dérogation, même s’il réside à l’étranger, le demandeur peut être naturalisé par décret sous réserve de remplir certaines conditions spécifiques :

- Exercer une activité professionnelle publique ou privée pour le compte de l’État français ou d’un organisme dont l’activité présente un intérêt pour l’économie ou la culture française.

- Faire son service national ou être engagé dans une formation de l’armée française.

- Être volontaire du service national universel.

Démarches à réaliser

La demande de naturalisation s’effectue également via le formulaire 12 753 accompagné d’un timbre fiscal à 55 euros.

Sauf exception, les documents rédigés en langue étrangère doivent être accompagnés de leur traduction par un traducteur agréé ou habilité. Les actes publics étrangers doivent aussi être légalisés ou apostillés (cachet apposé par le bureau d’état civil ou le ministère des Affaires étrangères ayant délivré l’acte).

Se faire aider

Pour toute assistance supplémentaire, le Centre de Contact Citoyen (CCC) est disponible au 0806 001 620 (appel gratuit depuis un poste fixe) ou via le formulaire de contact en ligne sur le site de l’ANTS. Des points d’accueil numérique sont également disponibles dans certaines préfectures.


YouTubeNaturalisation Française 2024 : Les 10 pièges et erreurs à éviter Absolument !






jeudi 14 novembre 2024

(FR) Etats-Unis : Donald Trump nomme Tol Homan à la tête de l’agence du contrôle de l’immigration et des frontières

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MEGAN VARNER / AFP
Les promesses de Trump sur l’immigration ont désormais un visage bien connu du premier mandat du président américain de 78 ans, Tom Homan.


Tol Homan ou Thomas Homan, "le tsar des frontières" de Donald Trump, revient à la tête de l'agence américaine de l'immigration. Cet ancien policier de 62 ans va diriger l'agence responsable du contrôle des frontières et de l'immigration (ICE) une fois l'investiture du nouveau président effective. Des premières nominations. Le président élu américain Donald Trump a annoncé dimanche 10 novembre 2024 le retour de Tol Homan, un tenant de la ligne dure, à la tête de l'agence responsable du contrôle des frontières et de l'immigration (ICE).


Voici les choses à savoir sur cette figure éminente de la politique migratoire américaine, à l’approche résolument stricte en matière de sécurité frontalière.

Un ancien policier

Thomas Douglas Homan, né en 1961 à New York, est un ancien policier américain qui a commencé sa carrière au Service de naturalisation et d’immigration des États-Unis, avant de rejoindre la patrouille frontalière. En 2013, il est nommé directeur adjoint exécutif des opérations de contrôle et d’expulsion au sein de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) sous la présidence de Barack Obama. En reconnaissance de son travail, le 44e président des Etats-Unis lui décerne en 2015 le Presidential Rank Award, une distinction réservée à un groupe restreint de hauts fonctionnaires pour leurs résultats notables. En 2016, un portrait publié par le Washington Post le qualifie en ces termes : "Thomas Homan expulse des gens. Et il est vraiment doué pour ça."


Une politique de "tolérance zéro" sous l’ère Trump

Sous la première administration Trump, Tol Homan est nommé directeur intérimaire de l’ICE (il quitte ce poste en juin 2018). Pendant cette période, appliquant une politique de "tolérance zéro", il multiplie les arrestations d’immigrants sans papiers, allant jusqu’à cibler des lieux sensibles comme des écoles ou des tribunaux.


Des positions ultra-conservatrices

Tol Homan est connu pour son style intransigeant et ses positions ultra-conservatrices. En 2014, il avait par exemple affirmé que séparer les enfants de leurs parents serait un moyen efficace de décourager les passages illégaux de la frontière.

Lorsqu’il est apparu à la Convention nationale républicaine en juillet 2023, Tol Homan a déclaré à ses partisans : "J’ai un message pour les millions d’immigrants illégaux que Joe Biden a autorisé dans notre pays : vous feriez mieux de commencer à faire vos valises maintenant".


Un contributeur du "Projet 2025"

En 2022, selon CNN, Tol Homan contribue à l’élaboration du "Projet 2025", un ensemble de propositions politiques de 900 pages rédigé par la Heritage Foundation, un think-tank privé d’extrême-droite. L’objectif de ses auteurs : durcir encore davantage la politique migratoire américaine en cas de retour de l’administration Trump en 2024.

Toujours selon CNN, pour avoir exprimé sa volonté de mener les plus vastes campagnes de déportation que le pays ait connues, Tom Homan ferait partie des acteurs clés de cette initiative.







lundi 11 novembre 2024

(FR) Le meilleur moyen pour l’OTAN de réduire sa dépendance à l’égard des États-Unis.

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Soldats lettons brandissant les drapeaux de la Lettonie et de l'OTAN, Riga, Lettonie, mars 2024.
(
Ints Kalnins / Reuters)

Réduire la dépendance à l’égard des États-Unis se traduira par une alliance plus forte et une Europe plus sûre.

Dans leur article « Planning for a Post-American NATO », Phillips O'Brien et Edward Stringer tentent de remédier au vide sécuritaire qu'ils prévoient de voir apparaître à la suite de l'administration Trump 2.0. Ils ont particulièrement souligné ma proposition d’une « OTAN en hibernation », dans laquelle j’ai esquissé un cadre qui verrait les États-Unis retirer leurs forces terrestres d’Europe pour transférer la charge de la défense du continent de Washington aux gouvernements régionaux. Selon O'Brien et Stringer, une OTAN endormie pourrait rapidement devenir une OTAN morte, car l'alliance aura du mal à survivre à moins que les États-Unis ne démontrent clairement un engagement fort envers l'Europe. Sans cet engagement, affirment les auteurs, les anciennes divisions reviendront, l’Europe centrale et orientale devenant plus belliciste, tandis que l’Europe du Nord et l’Ouest continueront de bénéficier des cadeaux de Washington. « Une alliance européenne de sécurité pourrait s’effondrer sous le poids de points de vue aussi incompatibles », écrivent-ils.

O'Brien et Stringer ont mal évalué ma proposition. Une hibernation de l’OTAN n’est pas un retrait dévastateur de l’Europe. Au lieu de cela, elle repose sur trois hypothèses correctes : que les forces structurelles pousseront les États-Unis à donner la priorité à l'Asie plutôt qu'à l'Europe, que la poursuite de l'expansion de l'OTAN diluera les intérêts géographiques fondamentaux de l'OTAN et transformera une alliance défensive en une alliance idéologique, et que l'Europe de l'Ouest profitera de ses intérêts géographiques. était le résultat de la présence écrasante de l’Amérique. Dans mon système, l’Amérique continuera à soutenir la sécurité du vieux continent en fournissant son parapluie nucléaire et en déployant ses ressources navales. La proposition n’a jamais appelé à un retrait complet. Ce qu’il réclamait, c’était une répartition meilleure et plus équitable du travail, Washington transférant le fardeau de la logistique, des blindés et de l’infanterie aux riches puissances d’Europe occidentale.

Mais plus important encore, O'Brien et Stringer se trompent sur la sécurité européenne en général. Les auteurs soutiennent que l’OTAN peut survivre au retrait américain si l’organisation réforme sa direction et se regroupe. Plus précisément, ils soutiennent que le continent devrait transférer le commandement militaire de l’OTAN à un pays d’Europe de l’Est, comme la Pologne, et développer une dissuasion nucléaire commune. Mais leurs propositions ignorent le problème central qu’elles posent : l’incohérence stratégique de l’Europe. Ils n’acceptent pas que les « perspectives incompatibles » du continent ne soient pas le produit d’une mauvaise conception, mais le résultat de la géographie, de la culture, de la perception des menaces, des capacités d’attaque, de la puissance industrielle et d’une foule d’autres variables. Ces différences sont inconciliables. Il ne peut y avoir d’alliance de sécurité européenne unifiée sans Washington, car il n’y a tout simplement jamais eu d’Europe unifiée.

L’Europe est plutôt une entité artificielle, composée de pays aux intérêts très différents. Il est logique, par exemple, que l'Allemagne et les Pays-Bas s'investissent moins dans l'aide à l'Ukraine que l'Estonie ou la Pologne, car les priorités de défense de chacun de ces pays dépendent de leur distance géographique par rapport à la Russie – l'Allemagne et les Pays-Bas sont beaucoup plus éloignés de la Russie que l'Estonie et Pologne. En revanche, l’architecture de sécurité commune de l’Europe n’est pas naturelle. Il a été soutenu par l’hégémonie américaine, qui a poussé les puissances traditionnelles européennes à dépenser moins pour leurs armées que d’habitude, tout en réprimant la violence nationaliste traditionnelle sur le continent. Par conséquent, imaginer l’unité européenne sans l’Amérique – comme tentent de le faire les deux auteurs ci-dessus – est absurde.


STRUCTURE SOCIALE

O'Brien et Stringer ont tenté d'aborder, de manière pragmatique, les difficiles questions de sécurité auxquelles l'Europe serait confrontée si elle était abandonnée par Washington. Ils ont pesé les ressources et les idéologies des plus grandes nations du continent, afin de déterminer quelle nation pourrait être le meilleur leader. En fin de compte, ils sont arrivés à la conclusion que la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne étaient incapables de diriger le continent – ​​mais que la Pologne le pouvait, grâce à son récent réarmement. Ils soutiennent également que l’Europe devra envisager de mettre en place une dissuasion nucléaire à l’échelle du continent. Dans un avenir proche, ils suggèrent que Londres et Paris pourraient fournir un tel bouclier en accordant à d’autres pays européens certains droits sur leurs protocoles de lancement d’armes. À long terme, ils soutiennent que le continent devrait créer un arsenal nucléaire commun.

Ces idées pourraient donner lieu à un bon débat académique, mais elles ne sont pas pratiques. Examinons d'abord la question nucléaire. L’idée selon laquelle la France ou la Grande-Bretagne permettraient à un autre pays – sans parler de certains responsables non élus de l’Union européenne – de déterminer leur posture nucléaire est fantaisiste. L’idée selon laquelle les pays européens se coordonneraient pour développer un arsenal nucléaire commun est tout aussi fantaisiste.

De même, l’affirmation des auteurs selon laquelle la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne seraient d’accord sur une orientation de politique étrangère unifiée est invraisemblable : la paix des grandes puissances en Europe est un état de paix internationale relative considéré comme supervisé par les États-Unis ou le Royaume-Uni (Pax Americana) en grande majorité, et non pas parce que leurs les pays sont soudainement devenus bienveillants. Même si les plus grandes puissances européennes deviennent désormais plus dociles, il est peu probable que les trois pays les plus peuplés du continent abandonnent leurs intérêts économiques et stratégiques concurrents et acceptent de céder le leadership à un pays d’Europe de l’Est agressif et paranoïaque, qui est financièrement ou matériellement bien pire. que n’importe lequel des trois pays.

O'Brien et Stringer semblent avoir mal compris l'histoire européenne. La mission de l'OTAN au cours des 70 dernières années a été non seulement de défendre l'Europe, mais aussi de contenir les explosions nationalistes en Europe qui ont contribué aux deux guerres mondiales, en partie pour qu'aucun pays ne puisse dominer les autres. La seule façon raisonnable pour l’Europe de réaliser ce que suggèrent les deux auteurs est de transformer l’Union européenne en un empire supranational, avec toutes les répressions qui découlent de la création d’une telle entité. En centralisant l’Europe d’un bloc commercial fédéral à un État impérial à part entière, les décideurs politiques encourageraient et promouvraient naturellement les forces sociales centrifuges. Ces forces, à leur tour, déclencheront un cycle de répression politique et économique et d’érosion des droits démocratiques – comme cela s’est produit dans le passé.


LE MEILLEUR DES DEUX MONDES

Heureusement, il existe une option intermédiaire pour une nouvelle architecture stratégique européenne, une option qui évite un retrait complet des États-Unis mais qui n’impose pas à Washington un fardeau au point de le mettre en faillite. Au lieu d’essayer de sécuriser un continent largement en paix et suffisamment riche pour financer sa propre défense, les États-Unis pourraient servir de force d’équilibrage offshore. Washington n’aspirera plus à la suprématie sur le champ de bataille européen. Au lieu de cela, ils permettraient à l’Europe de se réarmer et de partager ensuite le fardeau avec l’Europe. Ils retireront leurs troupes et leurs équipements d’Europe et permettront aux pays d’Europe occidentale de revenir à leur posture de force d’avant 1990. Toutefois, les États-Unis continueront de fournir un parapluie nucléaire global aux membres de l’OTAN et d’empêcher la prolifération nucléaire sur le continent. Objectif américain depuis plus d'un demi-siècle. Sa puissante Deuxième Flotte protégera les voies maritimes, soutiendra les principales puissances navales du continent et continuera à assurer une dissuasion étendue – contribuant ainsi à satisfaire les Européens craintifs et abandonnés au moment de la revanche de la Russie.

Contrairement à l'approche d'O'Brien et Stringer, cette approche est ancrée dans la réalité. Il reconnaît que tous les pays ne sont pas confrontés aux mêmes menaces et que si une hégémonie lointaine offre une sécurité totale, la possibilité de libre arbitre apparaît accrue parmi les pays éloignés de leur principale puissance rivale. De plus, plus la coalition est grande, plus ses membres deviennent égaux, quelles que soient leur taille et leurs contributions, ce qui entraîne une diminution du pouvoir relatif du principal défenseur. Rien de tout cela n’est bénéfique pour Washington.

Une OTAN endormie aiderait à résoudre ces dilemmes. Il maintenait l’Amérique liée au continent, contrôlait la prolifération nucléaire et contenait les impulsions nationalistes et impérialistes parmi les puissances européennes. Cela freine également le populisme des deux côtés de l’Atlantique en rendant les dépenses de défense plus équitables et en assurant la sécurité des nations européennes qui, fondamentalement, ne peuvent pas se faire confiance, pour des raisons historiques. Mais cela oblige l’Europe occidentale à faire davantage pour protéger le continent qu’elle ne le fait aujourd’hui. La simple vérité est que la France, l’Allemagne et d’autres pays d’Europe occidentale n’investiront jamais sérieusement dans leurs forces armées tant qu’ils pourront compter sur la protection américaine. Washington doit se retirer partiellement avant que ces pays puissent mieux se coordonner avec l’Europe centrale et orientale.

Les Européens se plaindront certainement du retrait partiel des États-Unis. Mais en fin de compte, une OTAN en sommeil profiterait à tous ses membres. Si l’Europe partageait mieux le fardeau de la logistique, des blindés, du renseignement et des troupes terrestres, il serait plus facile pour les États-Unis d’assurer la paix et d’unifier l’Europe grâce à leur écrasante puissance nucléaire et navale. Et l’OTAN finira par devenir fermée, minimaliste et défensive – exactement comme ses fondateurs l’avaient initialement prévu.


Sumantra Maitra est membre de la Royal Historical Society et auteur de « The Sources of Russian Aggression » (Les sources de l'agression russe).


Source : Sumantra Maitra, « The Best NATO Is a Dormant NATO », Foreign Affairs, 11/04/2024.