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Les États-Unis et leurs alliés ont simultanément lancé des sanctions économiques dévastatrices contre la Russie après que le gouvernement du président Vladimir Poutine a déclenché la guerre en Ukraine.
Les Etats-Unis
Jeudi 24/02/2022, le chef de l'Etat américain Joe Biden a annoncé des sanctions économiques et des restrictions d'exportation vers la Russie. Ces représailles économiques et financières "dépassent tout ce qui a jamais été fait", a soutenu le président des Etats-Unis lors d'une allocution télévisée depuis la Maison Blanche.
Quatre banques russes supplémentaires, dont les deux plus grandes du pays, Sberbank and VTB Bank, vont aussi être sanctionnées et plus de la moitié des importations technologiques de la Russie supprimées, a affirmé l'élu démocrate. "Cela imposera un coût sévère à l'économie russe, à la fois immédiatement et à long terme", a prévenu Joe Biden.
Le président américain a annoncé par ailleurs que plusieurs grandes entreprises russes (13 au total), dont le géant de l'énergie Gazprom, ne pourraient plus se financer sur le marché financier américain, une sanction qui avait déjà été prise contre le gouvernement russe lui-même. Les exportations de produits technologiques destinés aux secteurs de la défense et de l'aéronautique vers la Russie ont également été réduites.
Les Etats-Unis ont aussi rallongé la liste des oligarques russes sanctionnés, une manière de taper au portefeuille les grandes fortunes proches de Vladimir Poutine, friandes d'investissements et de dépenses extravagantes à l'étranger. Washington va aussi sanctionner 24 personnes et organisations biélorusses, accusées d'avoir soutenu et aidé l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Le président américain a aussi été interrogé sans ménagement par les journalistes sur les sanctions que les Occidentaux n'ont pas prises. Il a assuré jeudi que couper la Russie du réseau interbancaire SWIFT, un rouage essentiel de la finance mondiale, restait "une option". Mais il a reconnu qu'une telle décision, réclamée par l'Ukraine, n'était pas soutenue par les Européens.
Le Canada
De son côté, le Canada va sanctionner "58 personnes et entités" russes. Les sanctions cibleront des "membres de l'élite russe", des "grandes banques russes" et des "membres du Conseil de sécurité russe" notamment, a précisé le Premier ministre Justin Trudeau. Des ministres russes sont précisément visés par les sanctions : ceux de la Défense, des Finances et de la Justice, ainsi que le groupe de mercenaires russes Wagner, réputé proche du président Vladimir Poutine.
"Nous cessons tous les permis d'exportation pour la Russie", a ajouté Justin Trudeau. Ces permis d'exportation suspendus par le Canada valent plus de 700 millions de dollars canadiens (488 millions d'euros) et visent par exemple des entreprises des secteurs aérospatial, minier et des technologies de l'information.
"Ces sanctions ont une grande portée", a assuré Justin Trudeau, qui a estimé que l'invasion russe de l'Ukraine représentait une "immense menace [pour] la sécurité et la paix dans le monde".
L'Union européenne
Jeudi 24/02/2022, les Vingt-Sept de l'UE ont approuvé jeudi un nouveau train de sanctions contre la Russie, en réponse à son invasion de l'Ukraine. Ciblant les secteurs de la finance, de l'énergie et des transports, elles doivent avoir des "conséquences massives et sérieuses", selon la déclaration commune des Etats membres. L'objectif est de limiter radicalement l'accès de la Russie aux marchés de capitaux européens.
Ces mesures, décidées "en coordination étroite avec les partenaires et alliés" de l'UE, couvriront également les biens à usage double (à la fois civil et militaire) et la délivrance de visas. L'UE va aussi réduire l'accès de la Russie à des "technologies cruciales", en la privant de composants électroniques et de logiciels et en interdisant l'exportation d'avions, pièces et équipements de l'industrie aéronautique et spatiale, ainsi que des technologies de raffinage pour l'industrie pétrolière.
De nouvelles sanctions contre des personnalités proches de Vladimir Poutine doivent s'ajouter à celles déjà entrées en vigueur mercredi 23/04/2022. Elles viseront les individus dans les cercles du pouvoir en gelant entre autres leurs avoirs et en leur interdisant l'accès au sol européen.
De plus, la Biélorussie, accusée d'être impliquée dans les opérations russes, sera frappée de sanctions supplémentaires, selon la déclaration commune des Vingt-Sept. Le 19 août 2020, l'Union européenne a annoncé des sanctions contre des responsables biélorusses : les 17 responsables et les 11 entités s'ajoutent à la liste noire de l'UE sur la Biélorussie qui comporte déjà 166 noms, dont ceux du président Loukachenko et de 2 de ses fils, ainsi que de 15 entités liées au régime. Les sanctions consistent en un gel des avoirs et une interdiction d'entrée dans l'UE.
Le Royaume-Uni
Le Premier ministre britannique a eu des mots très durs contre la Russie. "Poutine (...) ne pourra jamais se laver les mains du sang de l'Ukraine", a déclaré Boris Johnson, en annonçant "le paquet de sanctions économiques le plus important et le plus sévère que la Russie ait jamais vu".
La compagnie aérienne russe Aeroflot, membre de l'alliance internationale SkyTeam avec Air France-KLM, ne pourra plus desservir le Royaume-Uni. En plus des cinq banques déjà sanctionnées mardi 23/02/2022, le géant public bancaire russe VTB est visé et voit ses actifs sur le sol britannique gelés.
Plus généralement, les nouvelles mesures "vont nous permettre d'exclure totalement les banques russes du secteur financier britannique, qui est bien sûr le plus important d'Europe", a précisé Boris Johnson. Elles vont aussi empêcher les entreprises publiques comme privées de lever des fonds au Royaume-Uni et limiter les sommes que les Russes peuvent détenir sur leurs comptes bancaires britanniques.
Au total, 100 nouvelles entités seront visées, comme le conglomérat Rostec (défense, aérospatial, technologies...). Cinq hommes et femmes d'affaires, Kirill Chamalov (pétrochimie), décrit par des médias comme l'ancien gendre de Vladimir Poutine, Iouri Sliousar (aéronautique), Piotr Fradkov (banque), Denis Bortnikov (banque) et Elena Guéorguieva (banque) sont ajoutés à la liste des personnalités interdites d'entrée sur le sol britannique, où leurs actifs sont gelés.
L'Australie
Le Premier ministre Scott Morrison a annoncé jeudi 24/02/2022 une "deuxième série" de sanctions contre quatre institutions financières et 25 personnes appartenant à quatre entités en charge du développement et de la vente de d'équipements militaires.
Le chef du gouvernement australien a ajouté que d'autres séries de sanctions, notamment à l'encontre de plus de 300 membres de la Douma, le Parlement russe, ayant approuvé l'invasion illégale de l'Ukraine, seront imposées "au fur et à mesure que nous identifierons les responsables".
Le Japon
Le Japon a également pris vendredi 25/02/2022 matin des sanctions supplémentaires contre Moscou. A l'issue d'une réunion en ligne des dirigeants du G7, le Premier ministre Fumio Kishida a annoncé "le gel des actifs et la suspension de la délivrance de visas à des personnes et organisations russes".
Le chef du gouvernement japonais a également annoncé d'autres mesures sur les "exportations vers les organisations russes liées à l'armée" et sur des "biens à usage général comme les semi-conducteurs et les articles figurant sur une liste restreinte basée sur des accords internationaux".
Le Japon a gelé les avoirs du président Poutine et de la Banque centrale de Russie.
La Suisse
Le Conseil fédéral a choisi une voix médiane en décidant, jeudi 24/02/2022, de ne pas s'aligner sur les sanctions occidentales envers la Russie. Mais le président suisse Ignazio Cassis a décidé "d'empêcher le contournement des sanctions de l'UE via la Suisse". Car qui dit neutralité "ne veut pas dire indifférence", a-t-il souligné à l'issue d'une réunion extraordinaire.
Ainsi Moscou ne pourra pas utiliser la Suisse pour éviter les sanctions internationales sur les marchés financiers, certaines opérations étant désormais soumises à autorisation. Cette décision prise par la Suisse est d'importance étant donné le rôle que joue la place financière helvétique en Europe et pour la Russie.
La majorité du pétrole russe est en effet négocié à Genève, ainsi que les céréales et les métaux, et la société gérant le gazoduc Nord Stream 2 (dont l'Allemagne vient de suspendre les travaux) a aussi son siège en Suisse, à Zoug.
*** Mise à jour le 28/02/2022 ***
La Suisse a annoncé qu'elle avait rompu sa pratique neutre pour se joindre aux pays de l'UE pour punir Moscou, notamment en gelant les avoirs des élites russes ici, y compris le président Poutine.
"Le Conseil fédéral suisse a décidé aujourd'hui d'accepter pleinement les sanctions de l'UE", a déclaré CNN citant le président suisse Ignazio Cassis le 28 février. "C'est une action sans précédent de la part de la Suisse, qui a toujours été neutre."
Plus précisément, la Suisse va immédiatement geler les comptes du président russe Vladimir Poutine, du Premier ministre Mikhail Mishustin, du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, ainsi que de 367 personnes figurant sur la liste des sanctions de l'UE.
Nouvelle-Zélande
La Nouvelle-Zélande a décidé vendredi 25/02/2022 d’interdire les membres du gouvernement russe d’entrée sur son territoire et a suspendu toute discussion avec la Russie. La Première ministre Jacinda Ardern bloquera également toutes les exportations qui pourraient bénéficier aux forces armées russes.
Corée du Sud
Dans un premier temps, le gouvernement restait prudent sur le sujet des sanctions contre la Russie, car les pays sont alliés dans la gestion des relations avec la Corée du Nord. Mais depuis l’invasion de l’Ukraine, le président Moon Jae-in a annoncé que son gouvernement suivrait les sanctions internationales.
La Corée du Sud interdira également l'exportation de matériaux stratégiques vers la Russie.
Taïwan
Taïwan a annoncé qu’il rejoindrait le parti des sanctions économiques contre la Russie sans révéler quelles mesures étaient envisagées.
Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a déclaré vendredi qu’il « condamne fermement » les actions de la Russie.
Il est important de noter que Taiwan est un leader mondial dans la production de semi-conducteurs.
Monaco
Lundi 28/02/2022, la Principauté de Monaco s’élève à son tour contre l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Elle annonce ce lundi soir avoir « adopté et mis en œuvre, sans délai, des procédures de gel de fonds et de sanctions économiques identiques à celles prises par la plupart des Etats européens », selon un communiqué du cabinet du souverain monégasque. Une décision prise « conformément à ses engagements internationaux ».
Le Prince Albert II « condamne fermement l’invasion de l’Ukraine », exprime « son entière solidarité à la population ukrainienne » et « soutient les appels en faveur d’un cessez-le-feu immédiat », précise le communiqué.
Monaco, deuxième État le plus petit du monde, accueille quelque 750 résidents russes.
Singapour
Surnommée "la Suisse asiatique" , Singapour a également annoncé hier 28/02/2022 des sanctions contre la Russie, bloquant certaines banques russes et les transactions financières liées à la Russie, et contrôlant toutes les exportations de marchandises pouvant être directement utilisées contre l'Ukraine.
Andorre
Après Monaco et la Suisse, la principauté d'Andorre a annoncé ce mardi son intention d’appliquer des sanctions économiques à l’encontre de la Russie et de la Biélorussie, après l'invasion de l'Ukraine. Le chef de son gouvernement, Xavier Espot, a annoncé ce mardi 01 mars que le petit état pyrénéen allait suivre les mesures de sanction prises par l’Union européenne.
Le 03/03/2022, c’est chose faite, puisqu’elle a été approuvée par le Parlement avec 20 des 21 députés présents. Cela va lui donner la possibilité de geler les actifs bancaires des sociétés russes et des ressortissants dont l’action aurait démontré un financement, d’une manière ou d’une autre, de la guerre en Ukraine. Le petit état de 78.000 habitants, dont la moitié seulement d’Andorrans, dénombre 700 résidents russes et biélorusses, ainsi qu’une soixantaine d’entreprises.