mardi 25 novembre 2025

(FR) Le premier bâtiment construit avec chauffage et climatisation naturels en France

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Après des essais concluants en Autriche, en Suisse et en Allemagne, le premier bâtiment sans chauffage ni climatisation a été construit en France, dans le quartier de la Confluence, au cœur de Lyon. Cet édifice, conçu pour s'adapter au changement climatique, maintiendra une température ambiante comprise entre 22 et 26 degrés tout au long de l'année et son inauguration est prévue en décembre 2025.

Le projet, baptisé Essentiel 22-26 en référence à la température intérieure maintenue dans le bâtiment, est en construction depuis fin 2024. Conçu par le cabinet d'architectes allemand Baumschlager Eberle, l'immeuble de six étages, situé dans le quartier d'affaires de Lyon, comprend 23 appartements proposés à des prix abordables, autour de 3 000 euros le mètre carré, et est géré par la Fondation Solidaire du Grand Lyon.

Cet immeuble est considéré comme le premier en France à appliquer la théorie bioclimatique, garantissant confort été comme hiver et qualité de l'air intérieur grâce à des solutions purement architecturales. Il s'agit de créer une isolation passive et des structures de rétention de chaleur, afin de constituer un système de ventilation et de refroidissement naturel, conservant la chaleur sans recourir à des dispositifs mécaniques.

Pour comprendre les principes de fonctionnement de cette œuvre architecturale, RFI Vietnamien a interviewé l'architecte Anne Speicher, du cabinet d'architecture Baumschlager Eberle, chargée de concevoir ce bâtiment 22-26.


Les principes fondamentaux ont guidé la conception du premier bâtiment en France

Cette conception vise à répondre à 2 questions importantes : 

1. Comment réduire radicalement la consommation d’énergie des occupants ? 

2. Comment améliorer le confort tout en réduisant les émissions de carbone ?

Pour ce faire, le projet repose sur 3 principes fondamentaux :

- Le premier est l'inertie, on utilise des matériaux qui retiennent, absorbent et libèrent la chaleur, ainsi que l'humidité et l'air froid. À titre d'exemple, la structure du plancher, qui représente 70 % de l'absorption thermique du bâtiment, et les murs qui l'entourent : d'une épaisseur de 72 cm, ils sont constitués de deux couches de briques, enduites de mortier de chaux à l'extérieur et, par endroits, dotées de triple vitrage.

- Le deuxième principe est la ventilation naturelle et le troisième, un système de contrôle intelligent. Ce système surveille et maintient l'équilibre du bâtiment en fonction des paramètres de qualité de l'air (concentration de CO2), d'humidité et de température.

- Les simulations et les tests ont donné des résultats positifs, avec une consommation d'électricité estimée à environ 2 kWh/m²/an. De plus, grâce à sa climatisation naturelle, il s'agit du seul bâtiment à Lyon où la température ne dépasse pas 28 degrés en été.


Le bâtiment présente des caractéristiques particulières qui nécessitent une attention particulière lors de la construction

Le quartier de Confluence est densément peuplé, proche de l'autoroute et donc sujet à de fortes nuisances sonores et à la pollution, et se situe dans une zone sismique en France. Tous ces facteurs ont été pris en compte lors de la conception. L'épaisseur des murs et l'utilisation de matériaux lourds contribuent à une meilleure isolation phonique que les constructions en bois. Les zones résidentielles sont en retrait, tandis que les bureaux et les écoles sont situés à l'extérieur afin de les protéger du bruit et de la poussière.


Comment des facteurs tels que l'orientation du bâtiment et la direction de la lumière sont-ils pris en compte ?

Le bâtiment présente une façade assez profonde et des panneaux de verre intérieurs de 60 à 72 cm, créant un effet de persienne naturelle et procurant de l'ombre. Les pièces à vivre principales sont aménagées à l'intérieur, derrière les porches concaves (loggia), ce qui crée une profondeur esthétique et contribue à bloquer la lumière directe du soleil.

À Lyon Confluence, on a opté pour une solution d'ombrage utilisant des stores extérieurs légers, presque comme du tissu. Ces stores laissent passer l'air, créant un équilibre entre une lumière agréable et une ventilation naturelle, tout en préservant la vue.


Comment fonctionne la ventilation naturelle ?

Toutes les fenêtres sont équipées d'un ouvrant de confort motorisé, relié à un système de capteurs mesurant la concentration de CO2, l'humidité et la température de l'air ambiant. Lorsque la concentration de CO2 augmente, le système ouvre automatiquement cet ouvrant.

Toutes ces données sont transmises au système de gestion technique du bâtiment (GTB), un système de contrôle centralisé fonctionnant selon un algorithme développé par les architectes eux-mêmes. Toutes les deux minutes, les données sont mises à jour et analysées. Lorsque le système détecte une concentration élevée de CO₂, il active automatiquement les portes de confort, permettant une ventilation croisée entre les appartements, tous conçus pour être bidirectionnels et favoriser ainsi une bonne circulation de l'air. Les résidents peuvent toutefois intervenir manuellement et activer ou désactiver le système à leur guise.

Si la porte reste ouverte longtemps, notamment en période de forte chaleur, le système avertira l'utilisateur par une application ou par courriel (fonctionnalités encore en développement). Par exemple : « Si la température extérieure atteint 38 degrés Celsius pendant trois jours consécutifs, la fenêtre doit être fermée. »

L'inertie thermique d'un bâtiment de grande hauteur, à l'instar d'une grotte ou d'une cathédrale ancienne, maintient une température toujours fraîche en été. Par conséquent, l'ouverture de quelques fenêtres pendant une courte période n'a pas d'incidence significative.


La structure du mur, son épaisseur et le type de matériaux utilisés ? S’agit-il de matériaux spéciaux ?

La structure principale du bâtiment est une ossature en béton armé composée de poteaux et de poutres, permettant une grande flexibilité d'aménagement, notamment pour la création de parkings, avec un nombre réduit de murs porteurs intérieurs. De ce fait, le bâtiment pourra facilement modifier sa fonction ou son agencement intérieur ultérieurement sans nécessiter de travaux structurels majeurs.

Les murs sont construits avec deux couches de briques, jointoyées en quinconce, ce qui réduit considérablement les transferts de chaleur. L'extérieur est enduit d'un mortier à la chaux. Ce matériau naturel et biosourcé contient de la poudre de coquille d'huître, ce qui réduit significativement les émissions de carbone et régule l'humidité intérieure. Cette double couche de chaux contribue au maintien de l'équilibre hydrothermique (hydrochromie : capacité d'un matériau à changer de couleur au contact de l'eau ou de l'humidité) de l'ensemble du bâtiment.

La structure horizontale est toujours en béton, mais en béton à faibles émissions, tirant parti de la masse et de l'inertie thermique du matériau. L'absence de faux plafond permet au sol en béton d'absorber et de restituer directement la chaleur.


Ce projet pourrait-il être reproduit en France à l'avenir ?

Des projets similaires ont été mis en œuvre en Autriche, en Allemagne et en Suisse pour différents types de bâtiments, tels que des bureaux, des écoles, etc. Notre agence d'architecture travaille également sur un projet similaire pour la SNCF à Bordeaux. Cependant, en France, il existe des leviers, mais aussi des obstacles. Actuellement, la législation française interdit les logements non chauffés et chaque appartement doit être équipé d'au moins un radiateur, ainsi que d'un système de ventilation. Le projet lyonnais a bénéficié d'une autorisation spéciale à titre expérimental.


Le consommateur représente-t-il un défi pour ce projet ?

Outre les obstacles juridiques, le principal défi reste la sensibilisation des utilisateurs. Nombreux sont ceux qui souhaitent maîtriser la température de leur logement. À Lyon, les appartements du projet ont été vendus en une semaine. Les résidents apprécient le confort de l'immeuble, qui gère tout automatiquement, à la manière d'un appareil électroménager intelligent, contribuant ainsi aux économies d'énergie. Des enquêtes menées auprès de projets livrés dans d'autres pays montrent que les habitants apprécient la qualité de l'air intérieur. L'enduit à la chaux naturelle absorbe le CO2, maintient l'humidité et ne dessèche pas la peau ni le nez, contrairement à la climatisation classique. En Autriche, certains médecins ont même constaté une diminution des maladies respiratoires dans ce type d'immeubles.


Les coûts de construction seront-ils gonflés par la prise en compte des facteurs environnementaux ?

Dans le cadre du projet SNCF à Bordeaux, les résultats de l'étude ont montré que les coûts d'investissement étaient comparables à ceux des projets traditionnels. À Lyon, pour le projet Confluence, les coûts ont augmenté de 12 % par rapport à l'estimation initiale. Toutefois, ces coûts supplémentaires sont liés aux exigences actuelles. Notre équipe de recherche a confirmé qu'il est tout à fait possible d'optimiser les coûts afin d'obtenir des prix compétitifs.


À l'avenir, les températures devraient continuer d'augmenter ; dans ce cas, les modèles de bâtiments seront-ils toujours adaptés ?

Actuellement, les bâtiments de type 22 à 26 sont conçus sur la base de données climatiques pour l'année 2050 et non des températures actuelles. À Bordeaux, nous avons pris en compte le scénario de 2100 afin de garantir l'adaptabilité du bâtiment à long terme. Nous avons intégré des ventilateurs à convection pour accentuer la sensation de fraîcheur sans climatisation, ainsi que des dalles actives en béton, capables de conduire et de stocker la chaleur, permettant ainsi la circulation de l'air froid dans le sol sans nécessiter de systèmes de ventilation mécanique complexes.


COMMENTAIRES

Construit dans le quartier de la Confluence, l’immeuble « Essentiel 22-26 » de Nexity utilisera la chaleur humaine et des appareils ménagers pour chauffer pendant l’hiver.

Déjà expérimenté en Autriche et en Suisse depuis 2013, « L'Essentiel » fera partie d'un ensemble de 11 bâtiments dédiés au logement, au commerce et à l'enseignement, livrés entre début 2026 et fin 2027, selon Nexity. L'« Essentiel » proposera enfin 23 appartements à l'achat à des prix modérés, à 3.000 euros le m2, le foncier restant la propriété de la Foncière Solidaire (organisme de foncier solidaire OFS) du Grand Lyon dans le cadre d'un bail réel solidaire (BRS). Un deuxième immeuble de ce type est prévu en 2028 à la Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine).


REFERENCES

YouTubeAttention immeuble sans chauffage avec 22-26 toute l’année !

Révolution Énergétique : Où se trouvera le premier immeuble sans clim, chauffage ni ventilation de France ?

RFI-VN : Pháp : Tòa nhà đầu tiên được xây dựng với hệ thống sưởi và điều hòa tự nhiên







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