dimanche 23 février 2025

(FR) Taïwan doit-il craindre un abandon par les États-Unis sous Trump ?

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Taïwan, une île au cœur des tensions.

Les responsables taïwanais doivent-ils s’inquiéter, voire paniquer, face aux événements en Ukraine et aux positions de Donald Trump sur cette guerre ? 

La Chine revendique Taïwan, qu’elle considère comme une province renégate destinée à réintégrer son giron. Cependant, depuis des décennies, les États-Unis garantissent la sécurité de l’île grâce à des accords militaires. Joe Biden s’est d’ailleurs montré particulièrement engagé dans la défense de Taïwan. Lorsque la Russie a envahi l’Ukraine, de nombreuses comparaisons ont émergé : 

- Pékin pourrait-il suivre l’exemple de Moscou et lancer une offensive contre Taïwan ? 

- L’attitude de Donald Trump, qui semble prêt à abandonner l’Ukraine, renforce cette inquiétude. 

Si Washington renonce à ses garanties de défense, la Chine pourrait être tentée d’accélérer une réunification par la force, objectif majeur du Parti communiste chinois.




L’expérience de Hong Kong a profondément marqué Taïwan. La fin du principe « un pays, deux systèmes » et l’autoritarisme de Pékin ont convaincu les Taïwanais qu’une réunification pacifique ne leur offrirait aucune garantie politique. 

Aujourd’hui, seuls 3 % d’entre eux soutiennent une réintégration dans la Chine continentale. Le retour de Trump au pouvoir alimente les incertitudes. Il entretient un mépris affiché pour le droit international et a montré peu d’égard pour les alliances occidentales. Pourquoi respecterait-il les engagements envers Taïwan ? Certains craignent qu’il ne profite d’un sommet avec Xi Jinping pour négocier un accord, sacrifiant l’île sur l’autel d’un rapprochement avec Pékin. Certes, Donald Trump s’est montré hostile à la Chine, mais il reste un pragmatique obsédé par les « deals ». 

Avant la pandémie de Covid-19Donald Trump négociait un accord commercial majeur avec Pékin, suspendu depuis. Son retour pourrait relancer ces discussions, d’autant que de nombreuses entreprises américaines, comme Tesla d’Elon Musk, ont intérêt à préserver leurs liens avec la Chine. Toutefois, une invasion de Taïwan n’est pas une évidence, même si plusieurs scénarios prévoient une possible offensive chinoise d’ici 2027. Pékin pourrait hésiter face aux risques économiques et diplomatiques. Une action militaire brutale ternirait son image auprès des pays du Sud global, où elle cherche à renforcer son influence face aux États-Unis. 

De plus, le Parti communiste chinois doit maintenir une croissance économique stable pour assurer sa légitimité. Il pourrait donc privilégier une approche plus subtile, intensifiant la pression sur Taïwan sans recourir à la force, en appliquant les principes de Sun Tzu : gagner sans combattre.

Quoi qu’il en soit, les événements en Ukraine résonnent en Asie. Le Japon, la Corée du Sud et Taïwan perçoivent le « lâchage » de Kiev comme un signal inquiétant. Si Trump peut traiter ses alliés européens avec désinvolture, il pourrait en faire de même avec ses partenaires asiatiques. L’histoire montre que Washington n’a pas toujours consulté Tokyo avant d’opérer des virages diplomatiques, comme en 1972 lors du rapprochement sino-américain orchestré par Nixon. Aujourd’hui, la crainte d’un scénario similaire n’est pas infondée.


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* Trump : abandonner l’Ukraine aujourd’hui, Taïwan demain ? de Pascal Boniface

Pascal Boniface, né le 25 février 1956 à Paris, est un géopolitologue français, fondateur et directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

Le rapprochement entre Donald Trump et Vladimir Poutine sur la question de l’Ukraine alimente les craintes quant à d’autres ambitions territoriales ailleurs dans le monde. Taïwan doit-il redouter une offensive chinoise ?

Depuis des années, la Chine de Xi Jinping oscille entre démonstrations de force et périodes d’accalmie, maintenant ses volontés irrédentistes sur l’île Taïwan. Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, Washington prend ses distances avec ses alliances traditionnelles et adopte une approche plus transactionnelle des relations internationales. Cette évolution interroge sur la solidité du Taiwan Relations Act et de l’aide américaine en cas d’agression chinoise.

Pékin pourrait-elle être tentée de concrétiser ses ambitions ? Une invasion militaire de Taïwan aurait de lourdes conséquences et entrainerait une forte instabilité en mer de Chine. Mais les tensions actuelles en Europe pourraient remodeler les rapports de force à l’échelle mondiale, avec des répercussions directes en Asie-Pacifique.




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