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Le Corridor économique Inde - Moyen Orient - Europe (en anglais : India-Middle East-Europe Economic Corridor, sigle IMEC) est un projet de couloir logistique officialisé par un accord conclu lors du sommet du G20 de 2023 à New Delhi, destiné à relier l’Inde, le Moyen-Orient et l’Europe par des chemins de fer, des lignes maritimes, des pipelines (tuyaux) servant au transport à grande distance et en grande quantité de fluides pétrole, gaz naturel… et des câbles à haut débit.
Poussée par les États-Unis, cette vaste initiative annoncée au G20 en 2023 vise à stimuler les relations commerciales entre l’Inde, le Moyen-Orient et l’Europe. Son objectif est de contrer l’influence chinoise (Nouvelle route de la soie) mais aussi rapprocher les pays du Moyen-Orient, notamment Israël et l’Arabie saoudite.
Le 10 septembre 2023, le Mémorandum d'entente (en anglais Memorandum of Understanding MoU) a été signé par l'Inde, deux pays du Golfe (l'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis), trois pays européens (l'Allemagne, l'Italie, et la France) ainsi que l'Union européenne. Si Israël n’est officiellement pas signataire du mémorandum de septembre 2023, sa contribution, via le port de Haïfa, est au programme de l’administration Biden.
Le projet de corridor devrait suivre une trajectoire de plus de 4 800 km en partant des côtes indiennes par la mer pour arriver aux Émirats arabes unis (EAU), traversant ensuite l’Arabie saoudite, la Jordanie et Israël en transport ferroviaire, avant d’atteindre l’Europe en bateau. Son objectif est de faciliter le commerce de marchandises, mais aussi d'électricité produit à partir d’énergies renouvelables via des câbles. Le projet prévoit aussi un « couloir d’hydrogène » reliant les villes portuaires de Dubaï, Djeddah (Arabie saoudite), Haïfa (Israël) des ports européens.
En janvier 2024, les attaques des houthis en Mer Rouge renforcent la détermination d'Israël à faire avancer ce projet de corridor terrestre reliant l’Inde à l'État hébreu via Abou Dhabi. Le ralentissement du trafic maritime traversant le détroit de Bab-el-Mandeb accélère le trafic terrestre sur des itinéraires alternatifs traversant également l’Arabie saoudite et la Jordanie, ce que certains analystes considèrent comme un test pour le corridor IMEC.
IMEC se présente comme une série d'investissements qui doivent déboucher sur la création de nouvelles infrastructures maritimes et terrestres entre l'Inde, la péninsule arabique, le Proche-Orient et l'Europe méditerranéenne. Deux corridors sont à l’étude :
1. le premier, en mer, relierait le port de Mumbai à celui de Dubaï ;
2. le second, à terre, prendrait le relais depuis Dubaï pour rejoindre le sol européen à travers un réseau ferroviaire (via l’Arabie Saoudite, la Jordanie, et Israël).
Hormis l'administration Biden, l'Inde de Narendra Modi est probablement l'acteur le plus enthousiaste à l’égard d'IMEC.
La volonté de Washington de faire d’IMEC un outil d'endiguement de l’expansion économique chinoise séduit Delhi. Non seulement l’Inde s’est toujours montrée méfiante à l'égard de la Nouvelle route de la soie chinoise, mais les tensions bilatérales avec Pékin se sont accrues.
Sur le plan politique, la logique selon laquelle la normalisation entre Israël et les pays arabes agirait comme le moteur d’IMEC a volé en éclat avec la guerre de Gaza. Les pays du Golfe resteront sur leurs gardes tant qu’aucun progrès sur le dossier palestinien ne sera constaté. La prolongation du conflit, ou encore l’absence d’un nouveau processus de paix viable, pourraient conduire les contributeurs d’IMEC à se focaliser uniquement sur le volet indo-arabe - c'est le sens que l’on peut donner aux déclarations émiriennes et indiennes.
Au-delà des préoccupations des pays de la région - le retour de Trump II à la Maison Blanche le 20 janvier 2025 - c’est à Washington que le futur d’IMEC se jouera.
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