mercredi 20 décembre 2023

(FR) L'Union européenne trouve un accord sur une vaste réforme de la politique migratoire

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Un navire transportant des migrants s'approchant de l'île sicilienne de Lampedusa, en Italie, le 16 septembre 2023. (Image d'illustration) REUTERS - YARA NARDI

Après des années de discussion et une nuit entière d'ultimes tractations, les eurodéputés et représentants des États membres ont trouvé ce mercredi 20 décembre 2023 un accord sur l'épineuse réforme du système migratoire européen.

Le Parlement européen et les Etats membres sont parvenus, mercredi 20 décembre 2023, à un accord de principe sur la réforme de la politique migratoire européenne. Plus de trois ans après la présentation de ce projet par la Commission, il a fallu d'intenses tractations pour parvenir à ce compromis sur le "Pacte sur la migration et l'asile", dont les détails devront encore être finalisés.

Cette réforme doit encore être formellement entérinée par le Conseil européen, qui regroupe les dirigeants des 27 Etats membres, et le Parlement. L'objectif est une adoption finale de l'ensemble des textes avant les élections européennes de juin 2024, alors que la question de l'immigration accapare le débat politique dans de nombreux pays, sur fond de montée de l'extrême droite. 

Voici les principaux points du compromis trouvé sur ce "Pacte sur la migration et l'asile", dont les détails devront encore être finalisés.

Il prévoit notamment un contrôle renforcé des arrivées de migrants dans l'UE, des centres près des frontières pour renvoyer plus rapidement ceux n'ayant pas droit à l'asile dans l'UE, et un mécanisme de solidarité obligatoire entre pays membres, au profit des États sous pression migratoire.


Des contrôles renforcés

Un filtrage obligatoire préalable à l'entrée d'un migrant dans l'UE est mis en place, à proximité des frontières extérieures. Ces contrôles d'identification et de sécurité peuvent durer jusqu'à sept jours. A l'issue de ce délai maximum, la personne est orientée vers une procédure d'asile - classique ou accélérée - ou renvoyée dans son pays d'origine ou de transit.

Les pays d'arrivée sont chargés d'entrer les empreintes digitales, images faciales et documents d'identité des demandeurs d'asile et migrants dans la base de données Eurodac, dont le champ a été élargi et qui s'applique désormais aux enfants dès l'âge de 6 ans.


Une "procédure à la frontière"

Les demandeurs d'asile qui ont statistiquement le moins de chances d'obtenir une protection internationale - les ressortissants de pays pour lequel le taux de reconnaissance du statut de réfugié, en moyenne dans l'UE, est inférieur à 20% comme le Maroc, la Tunisie, le Bangladesh - seront orientés vers une "procédure à la frontière".

Ces demandeurs d'asile devront rester dans des centres dédiés le temps de cette procédure.

Les États membres prévoient qu'au niveau de l'UE, quelque 30.000 places soient créées dans ces centres dédiés, afin d'accueillir à terme jusqu'à 120.000 migrants par an.

Les mineurs non accompagnés "posant un risque à la sécurité", indique le texte sans plus de précisions, et les familles avec enfants de moins de douze ans seront eux aussi concernés par cette procédure.


Solidarité obligatoire

Le nouveau système, qui remplace le règlement Dublin III, maintient le principe général en vigueur selon lequel le premier pays d'entrée dans l'UE d'un demandeur d'asile est chargé de l'examen de son dossier.

Un nouveau critère est toutefois ajouté, selon lequel le pays européen de délivrance d'un diplôme est responsable du traitement de la demande d'asile de son titulaire.

Alors que la règle du premier pays d'entrée fait peser un poids plus important sur ceux du Sud de l'Europe, un mécanisme de solidarité obligatoire est introduit pour soulager les États membres confrontés à une pression migratoire.

Les autres pays de l'UE doivent alors contribuer en accueillant des demandeurs d'asile ("relocalisations") ou par une aide financière, ou en moyens humains ou matériels.

Le Conseil prévoit au moins 30.000 relocalisations par an de demandeurs d'asile (depuis des pays sous pression migratoire vers d'autres pays de l'UE). La compensation financière prévue est de 20.000 euros pour chaque demandeur d'asile non relocalisé.


Situations de crise

L'un des textes de la réforme prévoit une réponse en cas d'afflux massif et exceptionnel de migrants dans un État de l'UE, comme au moment de la crise des réfugiés de 2015-2016.

Il prévoit le déclenchement rapide d'un mécanisme de solidarité en faveur de l'État concerné, et la mise en place d'un régime dérogatoire moins protecteur pour les demandeurs d'asile que les procédures habituelles.

Il prolonge la durée possible de détention d'un migrant aux frontières extérieures de l'UE et permet des procédures d'examen des demandes d'asile plus rapides et simplifiées pour un plus grand nombre d'exilés, afin de pouvoir les renvoyer plus facilement.

Il s'applique aussi aux situations d'instrumentalisation, c'est-à-dire les cas où un État tiers utilise la migration pour déstabiliser un pays de l'UE.


La notion controversée de "pays tiers sûr"

Un État membre peut prendre en compte la notion de "pays tiers sûr" pour y renvoyer un demandeur d'asile. C'est-à-dire qu'il peut juger un dossier irrecevable parce que le demandeur est passé par un pays tiers considéré comme "sûr", où il aurait pu déposer une demande de protection. Il faut cependant qu'il y ait un "lien" suffisant entre la personne concernée et ce pays tiers.


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(FR) Projet de loi immigration 2023

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Quotas migratoires, durcissement du regroupement familial, de l'accès à la nationalité française et à certaines allocations, régularisation exceptionnelle des travailleurs sans papiers dans certains métiers, délit de séjour irrégulier rétabli, éloignement facilité en cas d'infractions graves… Que contient le projet de loi sur l'immigration ?

Le 19 décembre 2023, le Parlement a définitivement voté le projet de loi immigration, après accord trouvé entre députés et sénateurs en commission mixte paritaire le même jour.

Le projet de loi du gouvernement comporte plusieurs volets : travail, intégration, éloignement mais aussi asile et contentieux des étrangers.


Travail facilité pour certains métiers

Face à la pénurie de main-d'œuvre rencontrée par certains secteurs (bâtiment, aide à domicile…), l'article 3 du projet de loi crée une carte de séjour "travail dans des métiers en tension" d'une durée d'un an. Les travailleurs en séjour irrégulier pourront demander leur régularisation dans ce cadre. Cette nouvelle carte sera délivrée automatiquement, sous certaines conditions (ancienneté de séjour d'au moins trois ans en France, expérience de huit mois pendant les derniers 24 mois dans un métier ou une zone géographique en tension). Elle sera expérimentée jusqu'à fin 2026, avant son éventuelle pérennisation. Les employeurs n'auront pas de démarches à faire, la carte valant autorisation de travail. À l'heure actuelle, les travailleurs sans papiers employés dans les secteurs en tension peuvent obtenir une carte "salarié" ou "salarié temporaire" mais il s'agit de régularisations exceptionnelles à l'initiative des employeurs.

Pour répondre aux besoins de recrutement dans les hôpitaux et les établissements médico-sociaux, une nouvelle carte de séjour pluriannuelle "talent - professions médicales et de la pharmacie" est instituée au profit de praticiens diplômés hors Union européenne - PADHUE (médecins, sages-femmes, chirurgiens-dentistes et pharmaciens).

Les demandeurs d'asile originaires des pays les plus à risques (demandeurs bénéficiant d’un fort taux de protection en France) pourront travailler immédiatement (contre six mois en principe). Une liste de ces pays sera établie tous les ans. 

Pour lutter contre le travail illégal, une nouvelle amende administrative de 4 000 euros maximum par salarié concerné (doublée en cas de récidive) sanctionnera les employeurs qui abusent de travailleurs en situation irrégulière. Cette amende s'ajoutera aux sanctions pénales et administratives déjà existantes.


Intégration et titres de séjour 

Les étrangers qui demandent une première carte de séjour pluriannuelle devront avoir une connaissance minimale de la langue française (la liste des compétences requises sera fixée par décret). Aujourd'hui, les cartes de séjour, en général valables quatre ans, sont délivrées à la seule condition d'avoir suivi un apprentissage du français dans le cadre du contrat d'intégration républicain, mais sans obligation de résultat. Un niveau minimal de français est déjà exigé pour l'octroi d'une carte de résident (dix ans) et pour l'accès à la nationalité française.

Les obligations des employeurs en matière de formation au français langue étrangère (FLE) de leurs salariés étrangers sont renforcées. 

Par ailleurs, tous les étrangers qui demandent une carte de séjour devront s'engager à respecter les principes de la République : liberté d’expression et de conscience, égalité femmes-hommes, devise et symboles de la République… Aujourd'hui, pour certains titres, cette condition n'est pas prévue. En cas de rejet d'un de ces principes, les préfectures pourront refuser, retirer ou ne pas renouveler le titre de séjour.

La menace grave pour l'ordre public devient un motif de non-renouvellement ou de retrait de la carte de résident. De plus, un séjour effectif de six mois par an en France sera imposé pour le renouvellement de certains titres longs.


Possibilités d'éloignement renforcées

Le projet de loi entend faciliter l'éloignement des étrangers qui représentent une menace grave pour l'ordre public. Il permettra l’expulsion des étrangers réguliers, même présents depuis longtemps en France ou y ayant des liens personnels et familiaux, condamnés notamment pour des crimes ou délits passibles d'au moins dix ans de prison ou cinq ans en cas de récidive (meurtre, viol…). Parallèlement, le juge pourra plus largement prononcer une interdiction du territoire français (ITF). Le texte autorisera aussi le prononcé d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) contre des étrangers en situation irrégulière menaçant gravement l’ordre public, y compris lorsqu’ils ont des liens personnels et familiaux en France (étranger arrivé en France avant ses 13 ans, conjoint de Français…). 

L'interdiction de placer en centre de rétention administrative (CRA) des mineurs étrangers de moins de 16 ans, y compris lorsqu'ils accompagnent des adultes, est posée. Cette mesure traduit la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). En revanche, les conditions de rétention des mineurs de 16 à 18 ans n'évoluent pas. 

D'autres mesures pour lutter contre l'immigration irrégulière complètent le texte : répression accrue contre les passeurs et les "marchands de sommeil", possibilité de relever les empreintes digitales des étrangers en situation irrégulière sans leur consentement, contrôle visuel possible des voitures de particuliers en "zone-frontière" (et non plus seulement des véhicules de plus de neuf places)…


Asile et contentieux des étrangers

Le projet de loi crée des "espaces France Asile" en remplacement des guichets uniques d'accueil des demandeurs d'asile (GUDA), qui permettront en un même lieu l'enregistrement du demandeur d'asile par la préfecture, l'ouverture de droits par l'Office français pour l'immigration et l'intégration (OFII) et l'introduction de la demande auprès de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). Le gouvernement prévoit de déployer progressivement ce dispositif.

L’organisation de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) est aussi réformée, avec la création de chambres territoriales de la CNDA et la généralisation du juge unique. La formation collégiale ne sera saisie que pour les affaires complexes.

Enfin, le contentieux des étrangers (qui représente 40% de l'activité des juridictions administratives) est simplifié. Le nombre de procédures contentieuses types est réduit de 12 à 4. Cette simplification s'inspire d'un rapport du Conseil d'État sur le sujet du 5 mars 2020


L'examen du texte au Parlement

Les sénateurs ont, en première lecture, largement modifié le projet de loi. En matière de séjour, d'accès aux soins et de prestations sociales, ils ont notamment : 

- instauré des quotas migratoires (les orientations pluriannuelles de la politique d’immigration devront faire l’objet d’un débat annuel au Parlement, lequel devra voter, pour trois ans, le nombre des étrangers, par catégorie, admis à s’installer en France, hors asile) ;

- durci les conditions du regroupement familial (durée de séjour en France pour demander le regroupement familial rallongée de 18 à 24 mois…) ; 

- restreint l’accès à une carte de séjour et de résident pour les conjoints de Français et parents d'enfants français ;  

- créé une caution "retour" pour l'obtention d'un premier titre de séjour étudiant ; 

- durci les conditions d'accès au séjour des étrangers malades et transformé l’aide médicale d’État (AME) destinée aux sans-papiers en une aide médicale d’urgence (AMU) plus restrictive ;  

- rétabli le délit de séjour irrégulier, qui sera passible de 3.750 euros d’amende ;

- conditionné l'accès à certaines prestations sociales (allocations familiales, aide personnalisée au logement…) à cinq ans de séjour régulier en France ;

- prévu de protéger les étrangers victimes de "marchands de sommeil" ayant déposé plainte (octroi d'un carte de séjour pendant la procédure).

Les dispositions sur l'intégration ont aussi été renforcées (création d’un contrat d’engagement au respect des principes de la République) et les conditions d'accès à la nationalité française restreintes (conjoint de Français, fin de l’acquisition automatique de la nationalité à leur majorité pour les enfants nés en France de parents étrangers, délai de résidence de dix ans en France pour une naturalisation contre cinq aujourd'hui, déchéance de nationalité pour les binationaux coupables d'homicide sur les forces de l’ordre…). 

En matière de travail, le Sénat a supprimé les articles 3 et 4 du projet de loi sur la régularisation des travailleurs sans papiers et l'accès immédiat au travail de certains demandeurs d'asile. Il a inséré à la place un nouvel article 4 bis qui prévoit d'expérimenter jusque fin 2026 une admission exceptionnelle au séjour des travailleurs sans papiers exerçant dans des métiers en tension à leur demande, sous réserve notamment d'avoir travaillé 12 mois (consécutifs ou non) au cours des 24 derniers mois, de résider depuis trois ans en France et de leur intégration. Les préfets disposeront, comme aujourd'hui,  d'un pouvoir discrétionnaire pour leur accorder une carte de séjour "salarié" ou "travailleur temporaire". 

Les dispositions sur l’éloignement ont été modifiées pour autoriser plus largement l’expulsion et les OQTF de certaines catégories d’étrangers (par exemple levée des protections contre l’expulsion en condamnation pour des faits passibles de 3 ou 5 ans de prison ou de violences à l’encontre d’élus ou d’agents publics).  Pour faciliter l’exécution des mesures d’éloignement, le texte tel que voté au Sénat permet de conditionner la délivrance de visas et l’aide publique au développement à la bonne délivrance des laissez-passer consulaires par les États étrangers. Il prévoit, en outre, la radiation, auprès des caisses de sécurité sociale et de Pôle emploi, des étrangers faisant l'objet d’un refus de séjour, d’un retrait de titre de séjour ou d’une expulsion. Un fichier des mineurs étrangers isolés délinquants est créé. 

Concernant le volet "asile", le Sénat a souhaité encadrer, par le biais d’une expérimentation dans au moins dix départements, la création des "espaces France Asile". D’autres amendements concernent les déboutés du droit d’asile : systématisation du prononcé d'une OQTF et interruption immédiate de la prise en charge de leurs soins au titre de la protection universelle maladie (PUMA), sortie des centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA)…

Enfin, la réforme du contentieux des étrangers proposée par le gouvernement a été revue, afin de réduire les procédures de quatre à trois. Des amendements gouvernementaux ont été votés notamment pour conférer un caractère suspensif à l’appel du parquet contre une décision mettant fin à la rétention lorsque l’étranger placé l’est pour des motifs terroristes.

L'Assemblée nationale a rejeté en première lecture le projet de loi, la motion de rejet préalable déposée par le groupe écologiste ayant atteint la majorité absolue des 268 voix requises (270 pour l'adoption, 265 contre et 13 abstentions). 

La commission mixte paritaire (CMP) composée de 7 députés et de 7 sénateurs, a trouvé un accord sur un texte final, à partir du texte réécrit par le Sénat en novembre dernier. Ce texte de compromis est soumis au vote définitif des deux assemblées dans la soirée du 19 décembre 2023.


SOURCES

Projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration

Texte de la commission n°2008 - Projet de loi

Simplifier le contentieux des étrangers, dans l’intérêt de tous

Qu'est-ce qu'une motion de rejet préalable ?

Analyse du scrutin n° 3203

Qu'est-ce qu'une commission mixte paritaire ?

Nouveau projet de loi sur l’immigration 2023 en France












lundi 4 décembre 2023

(FR) Pourquoi un État palestinien est-il la meilleure solution de sécurité pour Israël ?

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Le vide du pouvoir à Gaza après la guerre actuelle déclenchera probablement un nouveau cycle de violence et de terrorisme.

Je viens de passer 5 jours au Moyen-Orient. Avec l’Ukraine, cette région est devenue l’une des plus instables au monde. Quelques instants de calme peuvent donner l’impression que les tensions s’apaisent, mais le conflit israélo-palestinien est toujours aussi répandu et persistera. Notre myopie politique, qui consiste à penser que ce conflit peut être résolu en parlant simplement d’une solution à deux États sans œuvrer pour « panser la blessure », doit cesser. Non seulement pour des raisons humanitaires, judiciaires ou éthiques, mais aussi parce que si nous ne résolvons pas le problème maintenant, cela pourrait conduire à une vague de migration vers l'Europe, en même temps exacerbe le risque de terrorisme et les tensions intercommunautaires..

Cette zone est à nouveau hantée par la douleur et la colère. Les Israéliens ont été profondément touchés par le massacre du 7 octobre 2023, qui a fait plus de 1.200 morts et plus de 200 otages. De leur côté, les Palestiniens sont confrontés à une crise humanitaire à Gaza, à un nouveau massacre faisant plus de 13.000 victimes, pour la plupart des femmes et des enfants, ainsi qu'à des attaques des colons israéliens en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est. Un cessez-le-feu temporaire et le retour d'un groupe d'otages sont entrés en vigueur vendredi 22 novembre 2023. J’espère que cela créera une dynamique positive conduisant à la libération de tous les otages et à la fin des hostilités.

La terreur créée par le Hamas et d’autres groupes extrémistes porte préjudice aux Palestiniens. Les dirigeants que j’ai rencontrés à Ramallah l’ont reconnu. Mais pour eux, le problème fondamental réside dans l’occupation israélienne. Ces dirigeants ont eu du mal à expliquer aux électeurs pourquoi leur liberté de mouvement est restreinte, alors que les colonies illégales fleurissent et que les colons peuvent les attaquer. Les dirigeants palestiniens sont également incapables d’assurer la sécurité en Cisjordanie occupée, tandis qu’Israël retient les impôts palestiniens qu’il a collectés au nom de l’Autorité nationale palestinienne.

Une douleur ne peut pas être utilisée pour en justifier une autre. Mais chaque camp ne regarde que sa propre tragédie, ce qui s’est passé hier ou ce qui se passe aujourd’hui. Il existe cependant un avenir que les deux parties ne peuvent pas encore imaginer. Les Israéliens estiment qu’ils doivent éliminer le Hamas pour assurer leur sécurité, tandis que les Palestiniens ont pour priorité de mettre fin au désastre humanitaire et aux provocations du groupe de colons à Gaza.

Malgré ces défis, nous devons toujours rester ouverts à la possibilité d’une paix. Mon récent voyage dans la région a renforcé ma conviction que la meilleure garantie de la sécurité d'Israël est la création d'un État palestinien. Et, à court terme, nous devrions éviter d’affaiblir l’Autorité nationale palestinienne.

Les vides ne peuvent pas durer longtemps, ni dans la nature, ni en politique. Si ni le Hamas ni Israël ne gèrent Gaza, ce qui n’est pas le cas, le vide du pouvoir sera rapidement comblé par des forces incontrôlées qui pourraient transformer Gaza en un territoire en faillite et ouvrir la voie à un autre cycle de violence et de terreur. Depuis Hobbes, nous savons qu’une société sans Léviathan – sans État – est vouée à la violence et au chaos.

Nous avons déjà vu des situations similaires se produire trop souvent auparavant. Nous avons assisté à un afflux de réfugiés fuyant le conflit syrien vers le Liban, la Jordanie et la Turquie. Ces pays ne peuvent pas accueillir une nouvelle vague de réfugiés palestiniens. Comme l’a dit l’un de mes interlocuteurs la semaine dernière, nous ne survivrons pas à une autre Nakba (Le terme arabe signifie « catastrophe » ou « désastre »). Et l’Europe et la communauté internationale n’accepteront pas et ne pourront pas accepter un déplacement massif et forcé de Palestiniens.

Pour éviter que Gaza ne tombe aux mains de groupes armés incontrôlés qui pourraient déstabiliser toute la région environnante, à commencer par Israël, le territoire doit être gouverné par un État qui représente son peuple. La propre sécurité d'Israël nécessite la création d'un État palestinien à Gaza et en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est.

Comment et quand atteindrons-nous cet objectif ?
La réponse dépend de nous tous. Une chose est claire : tous mes interlocuteurs dans le monde arabe acceptent l'existence d'Israël et veulent s'engager dans ce dialogue. Ils reconnaissent l'énorme opportunité que représente une zone de paix, la coopération transfrontalière et le rôle potentiel d'Israël en tant que moteur économique régional. Mais tous conviennent également que la coopération israélo-arabe dépend de la résolution du problème palestinien. Il n’y a tout simplement pas de raccourcis.

Pour avancer, nous devons œuvrer à une solution fondée sur la justice et l’égalité des droits pour les deux peuples. Cela signifie avant tout le besoin de sécurité dans toute la région et en Europe, confrontée aux conséquences immédiates de l’instabilité. En tant que voisins, nous devons unir nos forces avec nos partenaires de la région et du monde entier pour parvenir à une solution politique viable et durable dans l’intérêt des Israéliens, des Palestiniens et de la région. C’est également dans notre intérêt. L'UE, en collaboration avec plusieurs pays arabes, a lancé des efforts pour atteindre cet objectif à travers l'effort pour la Journée de la paix, présenté aux Nations Unies en septembre 2023, juste avant le début de la tempête « Effort pour la Journée de la paix ». Et nous sommes déterminés à continuer à œuvrer pour atteindre cet objectif.


Source : Josep Borrell, « Why a Palestinian state is the best security guarantee for Israel », Financial Times, 26 novembre 2023.

Josep Borrell est le commissaire européen chargé des affaires étrangères et de la politique de sécurité.









vendredi 1 décembre 2023

(FR) Vaseline : indications, bien l'utiliser, précautions d'emploi

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Réclame américaine pour le produit, 1922. « Conseillé […] Ne restez jamais sans une bouteille de celui-ci dans la maison. Il est sûr, toujours efficace et ne coûte qu'un peu. »  (Wikipédia).

La vaseline est un produit présent dans de nombreuses spécialités pharmaceutiques et cosmétiques. Très utile pour l’hydratation de la peau, ce produit gras est recommandé dans de nombreuses indications. les nombreux bienfaits mais aussi sur ses précautions d’emploi.

Elle ne vaut que quelques euros, mais fait souvent des miracles pour le corps. Qu’on l’utilise en soin médical ou en soin beauté, la vaseline est un produit multifonction, qui hydrate et cicatrise de manière efficace. Lotion, huile, gel, pommade, sérum, baume et stick à lèvres, elle existe sous différentes formes et s’adapte à tous types d’usages au quotidien.


Qu’est-ce que la vaseline par définition ?

Marque inventée par un chimiste Robert Chesebrough et déposée en 1872 aux Etats-Unis, la vaseline (qui vient de l’allemand Wasser (eau), du grec elaion (huile, graisse) et du suffixe français -ine, passé depuis dans le langage courant), est un mélange de paraffine (ou alcanes), un extrait naturel des résidus solides du pétrole ; de cire et d’huile, qui ressemble à une graisse. Cette pommade transparente a une texture dense et inodore.

Mélange d’hydrocarbures, fortement saturée en hydrogène, la vaseline est un produit stable qui ne s’oxyde pas et donc, ne périme jamais. Graisse "propre", peu adhésive, elle est destinée à la santé de toute la famille.


A quoi sert la vaseline ?

Également appelée "gelée de pétrole originale", ce produit gras d’origine minérale est pâteux à température ambiante, mais fluide / liquide lorsqu’il est chauffé à 70°C.

Couramment utilisé pour favoriser l’hydratation de la peau, il possède aussi des propriétés émollientes, mais aussi cicatrisantes et isolantes. La vaseline officinale est ainsi reconnue comme médicament et délivrée en pharmacie. On l’utilise aussi bien en application directe, pour adoucir, hydrater et lubrifier la peau, qu’en tant que principe actif dans de nombreux médicaments. Hypoallergénique, peu onéreuse, elle est plébiscitée dans de nombreuses applications pharmaceutiques et cosmétiques, notamment comme traitement d'appoint des lésions d'irritation, de brûlure et de sécheresse cutanée…

En dehors de son usage médical, on peut aussi y recourir pour l’entretien du matériel et des objets (graissage au niveau des appareillages électriques, petits mécanismes, armes, serrures, articulations ; aide à l’insertion de pièces ou de vis ; protection contre la corrosion, etc.).


Lotion, gel, crème, huile... Quels sont les différents types de vaseline ?

La vaseline existe sous différentes formes selon les applications. On peut la trouver sous forme de crème, d’onguent, de gazes, de lotion, de baume, de sérum, d'huile, de laxatif, de stick à lèvres… mais aussi colorée et parfumée.

Elle peut être par exemple associée à l’Aloe Vera ou au beurre de cacao. La qualité de la vaseline est également une indication à prendre en compte.


La vaseline est-elle un produit sain ?

Parce qu’elle est d’origine minérale, la vaseline est parfois décriée. En réalité, ce produit est entièrement traité et subit un sévère procédé de purification, avant d’être commercialisé. La réglementation européenne en la matière est d’ailleurs bien plus stricte et rigoureuse qu’en Asie, aux Etats-Unis ou au Moyen-Orient. Pour bénéficier d’un haut niveau de pureté, mieux vaut donc privilégier un produit français.


Quels sont ses bienfaits de ce soin ?

La vaseline n’est pas à proprement parler un hydratant. Il s’agit plutôt d’un produit qui empêche la déshydratation de la peau. Par son effet occlusif, elle limite ce que l’on appelle la perte insensible d’eau. En fait, elle empêche l’évaporation de l’eau. C’est par cette action qu’elle favorise la cicatrisation. Le côté émollient est dû au fait qu’elle est grasse et ramollit la couche cornée. Ce baume adoucissant, qui soulage et protège la peau, peut ainsi être appliqué dans de nombreuses situations.


La vaseline est-elle utile ?

En soin médical

- Sur la peau et notamment, le visage : pour lutter contre les problèmes de sécheresse cutanée, hydrater les peaux sèches, dures et craquelées, aider à cicatriser les brûlures et les plaies, réduire l’apparition des vergetures, protéger la peau contre les coupures mineures, pour aider à enlever une écharde, pour améliorer les cicatrices et les égratignures, pour ne pas teindre la peau en cas de coloration des cheveux, pour réduire les irritations et éruptions cutanées, l'eczéma atopique, le psoriasis et le prurit pour adoucir la sécheresse du coude, pour favoriser la cicatrisation d’un piercing… ;

- Sur le corps et les pieds : pour hydrater les pieds, réduire le durcissement des talons et la corne (appliquez la vaseline le soir après la douche et portez des chaussettes toute la nuit), pour soigner les ampoules ;

- En tant que laxatif lubrifiant et osmotique : l’huile de paraffine (sous forme de pâte orale) permet de ramollir les selles, faciliter leur progression dans l'intestin, et donc, aider à lutter contre la constipation.


En soin des lèvres

- Pour réparer les lèvres gercées ;

- En cas d’herpès labial, appelé couramment "bouton de fièvre", (l’application de vaseline sur la blessure protège celle-ci des bactéries et accélère la guérison).


En soin des cheveux et des sourcils

- Contre les poux : il est nécessaire de faire poser le produit, avant de rincer à l’eau claire (par exemple, lorsqu’il s’agit d’étouffer les lentes et les poux) ;

- Pour nourrir, fortifier et adoucir les cheveux, en particulier les cheveux secs ; empêcher l’apparition de pellicules sèches, faciliter le peignage des cheveux, réduire les pointes fourchues des cheveux et empêcher leur casse ;

- Pour aider les sourcils à repousser.


En produit de soin pour bébé

Pour réduire l’érythème fessier et les rougeurs (de nombreuses huiles pour bébé en contiennent).


Pour des soins beauté et maquillage

- Pour avoir de beaux ongles, éviter qu’ils ne cassent ;

- Pour nourrir, allonger les cils ; modeler la forme des sourcils ;

- Pour avoir de belles mains douces ;

- Pour obtenir des lèvres roses, lisses et douces ;

- Pour prévenir et réduire les cernes ;

- Pour réaliser des massages ;

- En tant que lotion éclaircissante, pour limiter les assombrissements de la peau (vaseline healthy white), favoriser un éclat naturel et sain.

D’autres usages sont possibles au quotidien : pour détacher de la colle restée sur les doigts ou faire glisser une bague, pour nettoyer du métal (étain, aluminium, argent, or, chrome, acier chromé), du marbre ou granit ; pour enlever des taches, pour entretenir du liège ou du similicuir, pour nettoyer et protéger le cuir (sac, blouson, chaussures, canapé…), enlever les traces de neige ou de pluie sur les chaussures, pour le bricolage (par exemple, insérer une vis plus facilement, réparer du bois endommagé)…


Comment bien utiliser la vaseline ?

Appliquez une noisette de produit et massez en faisant pénétrer. Pour les pieds ou les mains, portez des chaussettes ou des gants pour dormir, afin de bien assouplir la peau. La vaseline peut aussi être apposée sur un tulle gras et appliquée sur une brûlure, un saignement, une cicatrice… Enfin, dans certains cas, il est nécessaire de faire poser le produit, avant de rincer à l’eau claire (par exemple, lorsqu’il s’agit d’étouffer les lentes et les poux).


Quelles sont les précautions d’emploi ?

La vaseline est une pommade courante, qui entre dans la composition de nombreux produits, traitements et médicaments (par exemple : Glycérol Vaseline Paraffine ou Dexeryl®, Homéoplasmine®, excipient dans les lotions cosmétiques…), sans qu’on le sache toujours. Son utilisation est sécuritaire : peu d’effets indésirables ont été relevés et les avis des patients sont souvent bons.

- Vous pouvez utiliser la vaseline au niveau du contour de l’œil, mais le contact direct avec les yeux doit être évité ;

- Utilisez-la avec parcimonie si vous avez la peau grasse et souffrez d’acné, car elle est susceptible de boucher les pores de la peau ;

- Enfin, n’oubliez pas qu’il ne s’agit pas d’un filtre anti UV : n’oubliez pas d’appliquer une crème solaire en plus de la vaseline si vous vous exposez au soleil.


Par quoi peut-on remplacer la vaseline ?

Si vous n’avez pas de vaseline à la maison, vous pouvez recourir à des corps gras naturels comme l’huile de coco, le beurre de karité, la cire d’abeille ou le beurre de cacao. Ces produits peuvent être de bons substituts (avec des applications plus fréquentes), mais leur utilisation n’est pas aussi variée. Consultez bien la notice pour savoir comment les employer.

Vous l’aurez compris, la vaseline est un produit que l’on peut appliquer pour hydrater et cicatriser la peau, que ce soit au niveau du corps ou du visage. Brûlures, plaies, peau sèche, cicatrices, ses utilisations sont nombreuses et ses différentes formes (lotion, huile, gel, pommade, sérum, stick à lèvres…) existant aujourd’hui en facilitent l’application. Peu onéreuse, on la trouve en pharmacie, sans ordonnance, pour quelques euros.

A noter enfin pour les plus réticents : les fabricants de vaseline travaillent à l’élaboration de vaselines végétales, qui verront le jour bientôt. Celles-ci seront certainement un peu plus chères mais d’origine biosourcée.