mardi 11 mars 2025

(FR) La consommation de kétamine d’Elon Musk interroge.

 Cliquez ici pour consulter la documentation la plus récente.



Elon Musk, la kétamine et le discours d’un sénateur français
https://richardhetu.com/2025/03/06/elon-musk-la-ketamine-et-le-discours-dun-senateur-francais/


Une consommation excessive de kétamine, une substance psychotrope utilisée comme anesthésiant, comme antidouleur, comme drogue récréative, voire comme antidépresseur dans le cas d’Elon Musk, peut donner à ses usagers l’impression qu’ils sont les rois du monde.


Mégalomane, incontrôlable, capable de toutes les outrances, Elon Musk se comporte-t-il de la sorte parce qu'il a abusé de la kétamine? Le milliardaire ne cache pas qu'il a régulièrement recours à cette substance –parfois utilisée, avec prudence et parcimonie, pour combattre la dépression– à des fins récréatives. En mars 2024, il affirmait en effet à CNN disposer d'une ordonnance lui permettant d'en consommer une semaine sur deux.

Futurism s'interroge: à quel point cette consommation –considérée comme régulière par la docteure en psychopharmacologie Celia Morganpeut-elle avoir un impact sur la personnalité et les agissements du conseiller spécial de Donald Trump? La scientifique, qui a suivi pendant un an 120 personnes utilisant la kétamine à des fins récréatives, explique que la plupart rencontrent de profonds problèmes de mémoire à court et à long terme et sont "nettement dissociés dans leur existence quotidienne". Pas très rassurant.

La chercheuse et son équipe ont également constaté que les utilisateurs réguliers obtenaient des scores très élevés sur les échelles de pensée délirante et qu'ils semblaient convaincus de recevoir des messages secrets qui leur étaient envoyés à eux seuls. Sans tout mettre sur le dos de ce produit également surnommé "spécial K", on peut imaginer que sa consommation bimensuelle ait contribué à renforcer les délires de grandeur du tycoon.




Accro au ketchup

Futurism en profite pour rappeler qu'Elon Musk présente d'importants problèmes d'addiction, dont une particulièrement originale. Dans un article publié en 2023 dans les colonnes du New Yorker, le journaliste Ronan Farrow révélait que le milliardaire était devenu dépendant au ketchup, ce qui inquiétait vivement ses proches. Ceux-ci décrivaient également un homme s'enfermant dans un isolement croissant et peinant souvent à encaisser le stress lié à ses nombreuses activités.

Les associés d'Elon Musk craignent que son penchant pour l'auto-médication ne cesse de croître, ce qui risquerait de le faire devenir toujours plus instable et imprévisible. Quant à Celia Morgan, elle insiste notamment sur le fait que la consommation de kétamine du milliardaire, même seulement une fois toutes les deux semaines, suffit à engendrer des troubles de la mémoire irréversibles et une tendance au délire.

Sachant que les États-Unis sont plus ou moins dans les mains de celui qui est aussi (et entre autres) le patron de X, il y a effectivement de quoi nourrir quelques préoccupations à propos des ravages que la kétamine est possiblement en train de faire sur lui. Extrêmement dangereuse pour le cerveau humain, elle risque de faire beaucoup de mal bien au-delà de la simple boîte crânienne du terrifiant Elon Musk.




lundi 10 mars 2025

(FR) Ce texte viral dénonçant les droits de douane imposés par Trump ne provient pas de la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum.

Cliquez ici pour consulter la documentation la plus récente.


La présidente du Mexique Claudia Sheinbaum

Sur Internet, un texte adressé aux habitants des États-Unis et à leur président Donald Trump pour dénoncer les droits de douane qu’il veut imposer aux autres pays circule de façon virale dans plusieurs langues. Ce texte, attribué à Claudia Sheinbaum, n’a pourtant pas été rédigé par la présidente mexicaine. Il s’agit d’un pamphlet de source anonyme qui circule sous plusieurs versions depuis 2018.


« Vous avez donc voté pour la construction d’un mur.

Maintenant, chers Américains, même si vous ne comprenez pas grand-chose à la géographie, puisque pour vous l'Amérique est votre pays et non un continent, il est important que vous sachiez avant de poser la première brique qu'il y a 7 milliards de personnes derrière ce mur.

Mais comme vous ne connaissez pas vraiment le terme « personnes », nous les appellerons « consommateurs ». Il y a 7 milliards de consommateurs prêts à remplacer leur iPhone par des appareils Samsung ou Huawei en moins de 42 heures. Vous pouvez également remplacer Levis par Zara ou Massimo Dutti.

En moins de six mois, nous pouvons facilement arrêter d’acheter des voitures Ford ou Chevrolet et les remplacer par des voitures Toyota, KIA, Mazda, Honda, Hyundai, Volvo, Subaru, Renault ou BMW qui sont techniquement meilleures que les voitures qu’ils produisent. Ces 7 milliards de personnes peuvent également arrêter de s'abonner à Direct TV, et nous ne le voulons pas, mais nous pouvons arrêter de regarder des films hollywoodiens et commencer à regarder davantage de productions latino-américaines ou européennes qui ont une meilleure qualité, un meilleur message, une meilleure cinématographie et un meilleur contenu.

Même si cela peut paraître incroyable, nous pouvons ignorer Disney et aller au Xcaret Resort à Cancun, au Mexique, au Canada ou en Europe : il existe d'autres destinations formidables en Amérique du Sud, en Amérique de l'Est et en Europe.

Et même si vous n'y croyez pas, même au Mexique, vous pouvez obtenir de meilleurs hamburgers que chez McDonald's et ils ont une meilleure valeur nutritionnelle.

Quelqu'un a-t-il vu les pyramides aux États-Unis ? En Égypte, au Mexique, au Pérou, au Guatemala, au Soudan et dans d’autres pays, il existe des pyramides avec des civilisations incroyables.

Découvrez où trouver les merveilles du monde antique et moderne. Aucun d'entre eux aux États-Unis. Honte à Trump, il les aurait achetés et vendus !

Nous savons qu'Adidas existe, pas seulement Nike, et nous pouvons commencer à porter des baskets mexicaines comme Panam. Nous en savons plus que vous ne le pensez.

Nous savons, par exemple, que si ces 7 milliards de consommateurs n'achètent pas vos produits, il y aura du chômage et votre économie (à l'intérieur du mur raciste) s'effondrera à un tel point que vous nous supplierez de démolir ce mur hideux.

Nous ne voulions pas cela, mais... si vous voulez un mur, vous obtenez un mur.

Cordialement."










 

(FR) Texte du discours de Mark CARNEY "Le futur Premier ministre du Canada" du dimanche 9 mars 2025.

 Cliquez ici pour consulter la documentation la plus récente.


Le chef du Parti libéral, Mark Carney, prononce son discours de victoire lors de l'annonce de son investiture à Ottawa, le dimanche 9 mars 2025. Photo : Adrian Wyld / La Presse Canadienne

YouTubeLe discours de Mark Carney, élu chef du Parti libéral du Canada (en français)

Dimanche 9 mars 2025 a marqué un moment charnière dans la politique canadienne avec l'arrivée de Mark Carney à la tête du Parti libéral. Dans son premier discours en tant que chef du parti, il s'est adressé aux Canadiens, évoquant les défis auxquels le pays est confronté et les valeurs qui guideront son approche du leadership. Son discours a porté sur l'unité, le progrès et la nécessité d'efforts concertés et soutenus pour relever les défis à venir. Voici son discours complet:

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.

Cette salle est forte. Cette salle est le Canada fort. Merci, Cleo. Merci à ma femme, Diana, et à nos enfants, Cleo, Tess, Amelia et Sasha. Sans votre soutien, je ne serais pas ici. Sans vos exemples, je n'aurais pas de but. Sans votre amour, je n'aurais pas la force dont j'ai besoin pour affronter l'avenir.

Monsieur Chrétien, vous avez inspiré ma famille à devenir libérale, y compris mon père à se présenter comme candidat libéral en Alberta dans les années 1980, et moi-même à poursuivre votre tradition de responsabilité fiscale, de justice sociale et de leadership international.

Monsieur le premier ministre Trudeau, le temps qui m'est imparti ne me permet pas de reconnaître toutes vos réalisations. Vous avez allié force et compassion en tant que défenseur du Canada. Vous nous avez guidés à travers certains des défis les plus difficiles auxquels cette nation ait jamais été confrontée. Je vous promets, ainsi qu'à tous les Canadiens, que je travaillerai jour et nuit dans un seul but : bâtir un Canada plus fort pour tous. J'aurai besoin d'aide. Beaucoup. Merci donc à Chrystia, Frank et Karina pour l'énergie et les idées que vous avez apportées à cette campagne. Merci aux ministres qui sont restés à leur poste pour servir directement le Canada en cette période de grand péril. Et merci à l'incroyable groupe de députés libéraux : vous êtes les porte-paroles de vos communautés et la conscience de notre parti. Merci pour votre service.

Pour vous donner une idée de ce service, permettez-moi de citer un message que mes collègues candidats et moi-même avons reçu de Bob Zettel, qui, pour tout vous dire, va à mon église. En fait, je vais à l'église de Bob, car il y va beaucoup plus souvent que moi. Quoi qu'il en soit, Bob nous a écrit, et je cite : "À l'heure actuelle, tout le monde considère que la principale menace réside dans les droits de douane imposés par Trump, [mais] le défi bien plus grand sera, comme il l'a toujours été, de favoriser l'unité et le sens du bien commun. Certains chercheront à s'emparer du pouvoir en nous divisant et nous avons besoin de vous pour continuer à occuper des postes de direction afin de promouvoir un Canada uni... un engagement en faveur du bien commun et un respect de la justice et de l'État de droit dans le monde entier." En ce moment, tous les Canadiens sont appelés à servir à leur manière. Nous sommes tous appelés à nous défendre les uns les autres et à défendre le mode de vie canadien. Alors, laissez-moi vous poser la question : qui est prêt ? Qui est prêt à défendre le Canada avec moi ? Oui, Canada, le Parti libéral est uni et fort, et prêt à se battre pour bâtir un pays encore meilleur.

Tout dans ma vie m'a aidé à me préparer à ce moment. Il y a deux mois, j'ai posé ma candidature pour devenir chef du parti parce que je sentais que nous avions besoin de grands changements, guidés par de fortes valeurs canadiennes. Des valeurs que j'ai apprises à la table du dîner avec mes parents Bob et Verlie et mes trois frères et sœurs Brenda, Sean et Brian. Des valeurs que j'ai apprises sur les patinoires d'Edmonton avec mes entraîneurs, comme Storman-Norman Lee. Mes parents étaient des enseignants qui insistaient sur l'importance du travail acharné, de la communauté et de la tolérance. Mes entraîneurs étaient des bénévoles dévoués qui m'ont appris l'importance du travail d'équipe, de l'ambition et de l'humilité. J'ai conservé ces valeurs à l'université. Je les ai gardées près de moi alors que je gérais des crises ici au Canada et ailleurs dans le monde. Ces mêmes valeurs m'ont guidé dans mon travail pour bâtir des économies fortes. Et aujourd'hui, je m'y accroche alors que nous sommes confrontés à la plus grande crise de notre génération.

Les Canadiens savent que les nouvelles menaces exigent de nouvelles idées et un nouveau plan. Ils savent que les nouveaux défis exigent un nouveau leadership. Les Canadiens veulent un leadership positif qui mettra fin aux divisions et nous aidera à construire ensemble. En réponse, mon gouvernement mettra en œuvre notre plan visant à bâtir une économie plus forte, à créer de nouvelles relations commerciales avec des partenaires fiables et à sécuriser nos frontières. Pour être clair, cela exigera des changements, des changements majeurs. Mais je sais que les Canadiens sont prêts. Ils me le disent partout au pays. Les gens veulent du changement parce qu'ils sont inquiets. Ils s'inquiètent du coût de la vie et de la crise du logement. Ils s'inquiètent de l'avenir des jeunes. Et ils s'inquiètent de l'avenir du Canada, face aux menaces du président Trump et à un monde plus divisé et plus dangereux. Maintenant, je suis avant tout un pragmatique. Et cela signifie que lorsque je vois quelque chose qui ne fonctionne pas, je le change. Ainsi, mon gouvernement éliminera immédiatement la taxe carbone sur la consommation, qui divise les familles, les agriculteurs et les petites et moyennes entreprises. Et nous mettrons fin à la hausse de l'impôt sur les plus-values, car nous pensons que les constructeurs devraient être incités à prendre des risques et récompensés lorsqu'ils réussissent. Le Canada a besoin de plus de changements de ce type. Des changements qui permettent aux gens d'avoir plus d'argent dans leurs poches. Des changements qui rendent nos entreprises plus compétitives. Des changements qui renforcent l'économie la plus forte du G7.

Quelqu'un essaie d'affaiblir notre économie. Donald Trump. Donald Trump a imposé des droits de douane injustifiés sur ce que nous fabriquons, sur ce que nous vendons, sur notre gagne-pain. Il s'en prend aux travailleurs, aux familles et aux entreprises canadiennes. Nous ne pouvons pas le laisser faire et nous ne le laisserons pas faire. Je suis fier de la réaction des Canadiens qui font entendre leur voix et qui font sentir leur poids. Je suis reconnaissant de la façon dont les provinces canadiennes se mobilisent pour lutter. Parce que lorsque nous sommes unis, le Canada est fort. Le gouvernement canadien riposte à juste titre avec nos propres droits de douane qui auront un impact maximal aux États-Unis et un impact minimal ici au Canada. Mon gouvernement maintiendra nos droits de douane jusqu'à ce que les Américains nous montrent du respect... Et prennent des engagements crédibles et fiables en faveur d'un commerce libre et équitable. Entre-temps, nous veillerons à ce que tous les revenus tirés de nos droits de douane soient utilisés pour protéger nos travailleurs.

Les Américains veulent nos ressources, notre eau, nos terres, notre pays. Réfléchissez-y un instant. S'ils réussissent, ils détruiront notre mode de vie. En Amérique, les soins de santé sont une grosse affaire. Au Canada, c'est un droit. L'Amérique est un melting-pot. Le Canada est une mosaïque. L'Amérique ne reconnaît pas les différences. Elle ne reconnaît pas les Premières Nations. Et il n'y aura jamais de droits pour la langue française. La joie de vivre, la culture et la langue française font partie de notre identité. Nous devons les protéger, nous devons les promouvoir. Nous ne les échangerons jamais, au grand jamais, contre aucun accord commercial !

L'Amérique n'est pas le Canada. Et le Canada ne fera jamais, au grand jamais, partie de l'Amérique, sous quelque forme que ce soit. Nous n'avons pas demandé ce combat, mais les Canadiens sont toujours prêts quand quelqu'un d'autre baisse les gants. Alors, les Américains ne doivent pas se tromper... Dans le commerce, comme au hockey, le Canada gagnera. Mais cette victoire ne sera pas facile. Nous sommes confrontés à la crise la plus importante de notre vie. Nous devrons faire des choses extraordinaires... ensemble. Nous devrons construire des choses que nous n'aurions jamais imaginées, à un rythme que nous n'aurions jamais cru possible. Et surtout, nous devons faire passer les gens avant l'argent. Nous devons nous unir pour construire le pays le plus fort, le plus juste et le plus libre du monde.

Il y a quelqu'un d'autre qui va affaiblir notre économie. C'est Pierre Poilievre. Il ne comprend tout simplement pas. Il est de ces politiciens de longue date que j'ai vus partout dans le monde, qui vénèrent l'économie de marché, bien qu'ils n'aient jamais géré de paie. Aujourd'hui, face aux menaces de Trump, Pierre Poilievre refuse toujours d'obtenir son habilitation de sécurité. Et ce, à un moment où notre sécurité nationale est menacée comme jamais auparavant. Il saperait la Banque du Canada en cette période d'immense insécurité économique. Pierre Poilievre veut fermer CBC et Radio-Canada à un moment où la désinformation et l'ingérence étrangère augmentent. Il insulte nos maires et ignore les Premières Nations alors qu'il est temps de construire. Il mettrait fin à l'aide internationale alors que la démocratie et les droits de l'homme sont en péril dans le monde entier. Et il laisserait notre planète brûler. Pierre Poilievre laisserait notre planète brûler. Ce n'est pas du leadership, c'est de l'idéologie. C'est une idéologie qui trahit ce que nous, Canadiens, apprécions... les uns les autres. Et c'est une idéologie qui représente une incompréhension fondamentale du fonctionnement de l'économie.

Contrairement à Pierre Poilievre, j'ai travaillé dans le secteur privé. Je sais comment le monde fonctionne et comment il peut être fait pour mieux fonctionner pour nous. Ces connaissances et cette expérience sont particulièrement utiles aujourd'hui au service des Canadiens, alors que nous devons construire une nouvelle économie et créer de nouvelles relations commerciales. Permettez-moi de vous dire autre chose que Pierre Poilievre ignore : nous savons que les marchés n'ont pas de valeurs, contrairement aux gens. Et nous savons, en tant que libéraux, que notre travail consiste à faire en sorte que nos marchés profitent à tous les Canadiens. Les marchés sont l'outil le plus puissant que nous ayons jamais inventé. Ils peuvent nous aider à trouver des solutions à nos plus grands problèmes. Lorsqu'ils sont bien gérés, ils sont plus efficaces que tout pour créer des emplois et une croissance forte. Mais les marchés sont également indifférents à la souffrance humaine et ignorent nos plus grands besoins. Ainsi, lorsqu'ils sont mal gérés - ou pas du tout - ils apportent une richesse énorme à quelques chanceux et des temps difficiles au reste. Dans cette crise, nous devons aider ceux qui sont les plus durement touchés par les droits de douane américains et renforcer notre position ici, chez nous. C'est la bonne chose à faire. C'est la chose juste à faire. C'est la chose canadienne à faire. C'est ce qui fait notre force.

Donald Trump pense qu'il peut nous affaiblir avec son plan de division pour mieux régner. Le plan de Pierre Poilievre nous laissera divisés et prêts à être conquis. Parce qu'une personne qui vénère Donald Trump s'agenouillera devant lui, et ne lui résistera pas. Et les slogans de Pierre Poilievre ne sont pas des solutions. Sa colère n'est pas de l'action. Sa division n'est pas la force. La division ne gagnera pas une guerre commerciale. La division ne paiera pas le loyer ou l'hypothèque. La division ne fera pas baisser le prix des produits d'épicerie. La division ne rendra pas le Canada fort. Voilà où mènent les politiques négatives de division et de colère. La moitié des États-Unis craignent l'autre et se méfient d'elle. Nous ne pouvons pas laisser cela se produire au Canada. Les Américains sont de plus en plus divisés, ce qui les affaiblira. Nous gagnerons cette bataille si nous sommes unis et forts. Oui, nous pouvons discuter de politique. Nous pouvons débattre de hockey. Nous pouvons même être un fan des Oilers à Ottawa. C'est un pays libre. Mais quand il s'agit du Canada, nous sommes tous dans la même équipe. Choisissez d'être forts. Le Canada fort.











dimanche 9 mars 2025

(FR) Extrait du discours de Claude Malhuret lors d’un débat au Sénat sur la situation en Ukraine et sécurité en Europe du 4 mars 2025.

 Cliquez ici pour consulter la documentation la plus récente. 


Claude Malhuret, le sénateur de l'Allier, président du groupe Les indépendants, a tenu un discours particulièrement remarqué le 4 mai 2025 au Sénat.



Extrait du discours de Claude Malhuret : Séance du 4 mars 2025

Intervention 1

M. Claude Malhuret. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, mes chers collègues, l’Europe est à un tournant critique de son histoire. Le bouclier américain se dérobe, l’Ukraine risque d’être abandonnée et la Russie renforcée. Washington est devenue la cour de Néron : un empereur incendiaire, des courtisans soumis et un bouffon sous kétamine chargé de l’épuration de la fonction publique.

C’est un drame pour le monde libre, mais c’est d’abord un drame pour les États-Unis.

Le message de Trump est que rien ne sert d’être son allié puisqu’il ne vous défendra pas, puisqu’il vous imposera plus de droits de douane qu’à ses ennemis et vous menacera de s’emparer de vos territoires tout en soutenant les dictatures qui vous envahissent.

Le roi du deal est en train de montrer ce qu’est l’art du deal à plat ventre. Il pense qu’il va intimider la Chine en se couchant devant Poutine, mais Xi Jinping, devant un tel naufrage, est sans doute en train d’accélérer les préparatifs de l’invasion de Taïwan.

Jamais dans l’histoire un président des États-Unis n’a capitulé devant l’ennemi. Jamais aucun d’entre eux n’a soutenu un agresseur contre un allié, jamais aucun n’a piétiné la constitution américaine, pris autant de décrets illégaux, révoqué les juges qui pourraient l’en empêcher, limogé d’un coup l’état-major militaire, affaibli tous les contre-pouvoirs, ou pris le contrôle des réseaux sociaux. Ce n’est pas une dérive illibérale ; c’est un début de confiscation de la démocratie.

Rappelons-nous qu’il n’a fallu qu’un mois, trois semaines et deux jours pour mettre à bas la République de Weimar et sa constitution. J’ai confiance dans la solidité de la démocratie américaine ; d’ailleurs, le pays proteste déjà. Mais, en un mois, Trump a fait plus de mal à l’Amérique qu’il n’en a fait en quatre ans lors de sa précédente présidence.

Nous étions en guerre contre un dictateur ; nous nous battons désormais contre un dictateur soutenu par un traître. Il y a huit jours, au moment même où Trump passait la main dans le dos de Macron à la Maison-Blanche, les États-Unis votaient avec la Russie et la Corée du Nord à l’ONU contre les Européens réclamant le départ des troupes russes.

Deux jours plus tard, dans le Bureau ovale, le planqué du service militaire donnait des leçons de morale et de stratégie au héros de guerre Zelensky, avant de le congédier comme un palefrenier en lui ordonnant de se soumettre ou de se démettre. Cette nuit, il a franchi un pas supplémentaire dans l’infamie en stoppant la livraison d’armes pourtant promise.

Que faire devant une telle trahison ? La réponse est simple : faire face ! Et d’abord ne pas se tromper : la défaite de l’Ukraine serait la défaite de l’Europe. Les pays baltes, la Géorgie, la Moldavie figurent déjà sur la liste. Le but de Poutine est le retour à Yalta, où fut cédée la moitié du continent à Staline. Les pays du Sud attendent l’issue du conflit pour décider s’ils doivent continuer à respecter l’Europe ou s’ils sont désormais libres de la piétiner.

Ce que veut Poutine, c’est la fin de l’ordre mis en place par les États-Unis et leurs alliés il y a quatre-vingts ans, lequel avait pour premier principe l’interdiction d’acquérir des territoires par la force. Cette idée est à la source même de l’ONU, au sein de laquelle les Américains votent aujourd’hui en faveur de l’agresseur, et contre l’agressé.

En effet, la vision trumpienne coïncide avec celle de Poutine : elle défend un retour aux sphères d’influence, les grandes puissances dictant le sort des petits pays. À moi, le Groenland, le Panama et le Canada ; à toi, l’Ukraine, les pays baltes et l’Europe de l’Est ; à lui, Taïwan et la mer de Chine… On appelle cela, dans les soirées des oligarques du golf de Mar-a-Lago, le « réalisme diplomatique »…

Nous sommes donc seuls. Mais le discours selon lequel on ne peut résister à Poutine est faux. Contrairement à ce qu’affirme la propagande du Kremlin, la Russie va mal. En trois ans, la soi-disant deuxième armée du monde n’a réussi à grappiller que des miettes d’un pays trois fois moins peuplé. Les taux d’intérêt à 25 %, l’effondrement des réserves de devises et d’or, l’écroulement démographique montrent que ce pays est au bord du gouffre. Le coup de pouce américain à Poutine est la plus grande erreur stratégique jamais commise lors d’une guerre

Le choc est violent, mais il a une vertu : les Européens sortent du déni.

M. Claude Malhuret. Ils ont compris en un jour, à Munich, que la survie de l’Ukraine et l’avenir de l’Europe sont entre leurs mains, et que trois impératifs s’imposent à eux.

Tout d’abord, ils devront accélérer la livraison de l’aide militaire à l’Ukraine pour compenser le lâchage américain, faire en sorte que celle-ci tienne et, bien sûr, imposer sa présence et celle de l’Europe dans toute négociation. Cela coûtera cher. Il faudra donc en finir avec le tabou de l’utilisation des avoirs russes gelés. Il faudra aussi contourner les complices de Moscou à l’intérieur même de l’Europe, en formant une coalition des seuls pays volontaires, avec bien sûr le Royaume-Uni.

Ensuite, il faudra exiger de tout accord qu’il prévoie le retour des enfants kidnappés et des prisonniers, et qu’il comporte la garantie d’une sécurité absolue. Après Budapest, la Géorgie et Minsk, nous savons ce que valent les accords avec Poutine. Cette garantie passe par une force militaire suffisante pour empêcher toute nouvelle invasion.

Enfin, et c’est le plus urgent, parce c’est ce qui prendra le plus de temps, il faudra rebâtir la défense européenne, négligée au profit du parapluie américain depuis 1945 et sabordée depuis la chute du mur de Berlin. C’est une tâche herculéenne, mais c’est sur le fondement de la réussite ou de l’échec de cette construction que seront jugés dans les livres d’histoire les dirigeants de l’Europe démocratique d’aujourd’hui.

Friedrich Merz vient de déclarer que l’Europe avait besoin de sa propre alliance militaire. C’est reconnaître que la France avait raison depuis des décennies en plaidant pour une autonomie stratégique. Il reste à la construire.

Il faudra investir massivement et renforcer le Fonds européen de défense, hors critères de Maastricht, harmoniser les systèmes d’armes et de munitions, accélérer l’entrée dans l’Union de l’Ukraine, laquelle possède aujourd’hui la première armée européenne, repenser la place et les conditions de la dissuasion nucléaire à partir des capacités française et britannique, et relancer les projets de bouclier antimissile et de satellite européens. Le plan annoncé hier par Ursula von der Leyen est un très bon point de départ.

Et il faudra beaucoup plus. L’Europe ne redeviendra une puissance militaire qu’en redevenant une puissance industrielle. En un mot, il faudra appliquer le rapport Draghi, et pour de bon.

Mais le vrai réarmement de l’Europe, c’est son réarmement moral. Nous devons convaincre l’opinion face à la lassitude et à la peur de la guerre, et, surtout, face aux comparses de Poutine, l’extrême droite et l’extrême gauche. Ces derniers ont encore plaidé hier, à l’Assemblée nationale, devant vous, monsieur le Premier ministre, contre l’unité européenne et la défense européenne. Ils disent vouloir la paix. Ce que ni eux ni Trump ne disent, c’est que leur paix, c’est la capitulation, la paix de la défaite, le remplacement de « de Gaulle-Zelensky » par un « Pétain ukrainien » à la botte de Poutine, la paix des collabos qui ont refusé depuis trois ans toute aide aux Ukrainiens !

Est-ce la fin de l’Alliance atlantique ?


Intervention 2

M. Claude Malhuret. Le risque est grand, mais l’humiliation publique de Zelensky et toutes les décisions folles prises depuis un mois ont fini par faire réagir les Américains. Les sondages sont en chute libre, les élus républicains sont accueillis par des foules hostiles dans leurs circonscriptions. Même Fox News devient critique ! Les trumpistes ne sont plus en majesté. Ils contrôlent certes l’exécutif, le Parlement, la Cour suprême et les réseaux sociaux, mais, dans l’histoire américaine, les partisans de la liberté l’ont toujours emporté. Ils commencent à relever la tête…

Le sort de l’Ukraine se joue dans les tranchées, mais il dépend aussi de ceux qui, aux États-Unis, veulent défendre la démocratie et, ici, de notre capacité à unir les Européens, à trouver les moyens de leur défense commune et à refaire de l’Europe la puissance qu’elle fut un jour et qu’elle hésite à redevenir.

Nos parents ont vaincu le fascisme et le communisme au prix de tous les sacrifices. La tâche de notre génération est de vaincre les totalitarismes du XXIe siècle. Vive l’Ukraine libre, vive l’Europe démocratique ! 







vendredi 7 mars 2025

(FR) Pourquoi l'UE s'est réunie en Angleterre du 2 mars 2025 ?

Cliquez ici pour consulter la documentation la plus récente. 



Le sommet de Londres, du 2 mars 2025, n'était pas un sommet de l'Union européenne, mais un sommet des pays alliés de Kiev afin de discuter des « garanties de sécurité globales » et d'un « plan de paix juste et durable » pour l’Ukraine. Emmanuel Macron a proposé une trêve d’un mois en Ukraine « dans les airs, sur les mers et les infrastructures énergétiques », de façon à tester la volonté de Poutine de faire la paix.

On notera que des pays importants, mais non membres de l'UE figurent autour de la table : Norvège, Canada, Turquie, et bien sûr le Royaume-Uni. En revanche, un pays membre de l'UE, comme la Hongrie, a été écarté en raison de la politique pro-russe de Viktor Orban.


SOUTIEN A L'UKRAINE AUSSI LONGTEMPS QU'IL LE FAUDRA

Ce sommet réuni à l'initiative de Keir Starmer en partenariat avec Emmanuel Macron, a rassemblé 18 chefs d'Etat et de gouvernement déterminés à mobiliser leur pays, face aux menaces impérialistes de Vladimir Poutine et à manifester leur soutien « aussi longtemps qu’il le faudra », au président Volodymyr Zelensky, qui vient d'être humilié et lâché par Donald Trump, à la Maison Blanche. Par ailleurs, Keir Starmer lui, aussi était un peu amer. En conférence de presse, à l'issue de sa visite à Washington, le jeudi 26 février 2025, Donald Trump a coupé la parole au premier ministre britannique, par un vexant " Ca suffit !", alors que celui-ci répondait à une question sur le souhait du président américain d’annexer le Canada et de soustraire, ainsi, l'un de ses royaumes à la monarchie anglaise.


POURQUOI A LANCASTER HOUSE ?

Pourquoi ce sommet s'est-il déroulé à Lancaster House ? Parce que c'est dans ce palais qu'a été signé, par Nicolas Sarkozy et David Cameron, en 2010, le traité historique de « coopération en matière de défense et de sécurité », concernant « le déploiement et l’emploi des forces armées », les « transferts de technologie » entre les deux industries de l'armement, les programmes d'achats d'armements, les échanges d'informations : « Nous [France et Royaume-Uni] sommes déterminés à jouer un rôle leader en matière de sécurité et de défense. La sécurité et la prospérité sont indissociables. » Il souligne « un niveau de confiance mutuelle sans précédent dans notre histoire », la nécessité de « faire face ensemble à de nouveaux défis tels que la prolifération des armes de destruction massive et des missiles balistiques, le terrorisme, les cyberattaques... » d'avoir « des capacités de défense robustes, qui puissent être déployées rapidement et puissent agir ensemble et avec un grand nombre d'alliés » (Communiqué final du traité de Lancaster House, 2 novembre 2010).


COMMENTAIRES

Le Royaume-Uni est une puissance militaire majeure de l’Europe. Il est normal qu’en temps de conflit, il montre de quel côté il se situe. 

Je crois savoir qu'il ne s'agissait pas d'une réunion de l'Union Européenne mais de définir un plan de défense pour l'Europe géographique. Or le Royaume-Uni dispose d'une importante force militaire qu'il ne faut pas négliger.

L’union fait la force !


Voici ce qu’il faut retenir de la prise de parole de Donald Trump du 07 mars 2025

Une journée de déclarations contradictoires pour Donald Trump.

À quelques heures d’intervalle, Donald Trump a donc tenu ce vendredi 07 mars 2025 deux propos inverses sur la Russie, lui qui s’est fortement rapproché du pays dernièrement.

- À 15 h : « Compte tenu du fait que la Russie pilonne actuellement l’Ukraine sur le champ de bataille, j’envisage fortement des sanctions bancaires, des sanctions et des droits de douane à grande échelle contre la Russie »

- À 18 h : « Ça se passe très bien avec la Russie. J’ai toujours eu de bonnes relations avec Vladimir Poutine. Je trouve qu’il est plus difficile de traiter avec l’Ukraine »





jeudi 6 mars 2025

(FR) La Poste : la fin de la distribution quotidienne ?

 Cliquez ici pour consulter la documentation la plus récente.


© shutterstock


Face à la baisse du nombre de courriers distribués, la Poste examine plusieurs options. La fin de la distribution quotidienne pourrait être actée.

Depuis plusieurs années, les Français reçoivent de moins en moins de courrier papier. En effet, nombreux sont ceux qui ont fait le choix de préférer un mode de communication par voie électronique. De ce fait, le nombre de plis distribués par la Poste a radicalement baissé.

Un plan pour ajuster la stratégie de l'entreprise a été mis en place par le PDG de la Poste Philippe Wahl. Parmi les options étudiées, la fin de la distribution quotidienne du courrier. Découvrez pourquoi un tel changement pourrait intervenir dans les pratiques postales françaises.


La Poste : de moins en moins de courrier distribué

Avec l'avènement du numérique ces dernières années, de nombreuses communications se font désormais par voie électronique. Pour économiser le papier, beaucoup d'entreprises préfèrent envoyer des mails plutôt que des plis postaux. C'est la même chose pour les particuliers, qui envoient, par exemple, beaucoup moins de cartes postales qu'avant. Les textos ou les MMS ont la cote : moins cher, plus rapides, ils sont rentrés dans les usages.

Parallèlement à cela, la Poste a fait face à des retards de livraison depuis le début de l'année. De plus, des bureaux de poste ont été fermés, provoquant la colère des Français habitués à se rendre dans les locaux de ces services de proximité. En réalité, en fermant des bureaux ou en réduisant son personnel, l'entreprise postale tente de s'adapter aux nouveaux usages. D'ailleurs, d'autres pistes sont explorées par la direction de La Poste pour se réinventer.


De gros changements à prévoir à la Poste

Malgré les décisions prises par Philippe Wahl, PDG de la Poste, l'entreprise peine à retrouver l'équilibre. Fin 2024, la Cour des comptes a alerté Michel Barnier, le premier ministre de l'époque, sur les difficultés du service public. "La trajectoire financière de la Poste apparaît encore insuffisante pour constituer une base solide à l'horizon 2030", ont indiqué les spécialistes.

Selon Le Figaro, des "pistes chocs" sont actuellement à l'étude par la Cour des comptes. Et ces options pourraient bien modifier radicalement les habitudes des citoyens français. En effet, la distribution du courrier pourrait cesser d'être quotidienne. Dans notre pays, les facteurs travaillent six jours sur scène. Néanmoins, les magistrats estiment qu'il est désormais nécessaire de "s'interroger sur la fréquence de distribution du courrier". D'autant plus que la France est le seul pays européen dans lequel le courrier est distribué aussi régulièrement. De nombreux états ont fait le choix de limiter aux seuls jours ouvrés le travail des postiers.


À quoi pourrait ressembler la distribution par la Poste à l'avenir ?

Selon les options étudiées en ce moment, la distribution des plis postaux pourrait n'avoir lieu que du lundi au vendredi. Mais la possibilité d'une distribution alternée est également examinée. En clair, les jours de distribution du courrier changeraient selon les zones et les semaines. Un tel changement est-il possible en France ? Le doute est permis, tant la question de l'utilité des bureaux de poste est remise en question ces derniers temps.

 Le nombre de plis traités par an par La Poste est passé de 18 milliards en 2008 à 6 milliards en 2023, un ajustement des pratiques est nécessaire, selon le gouvernement.


Rapport de la Cour des comptes : une analyse nécessaire

Dans un rapport de la Cour des comptes récemment publié, plusieurs recommandations ont été faites concernant la révision de la nécessité d’une distribution six jours sur sept, un cas unique en Europe. Les conclusions soulignent la nécessité de rationaliser les ressources face aux difficultés financières croissantes de La Poste. D’ailleurs, pourquoi continuer à offrir un service coûteux alors que le besoin décroît inexorablement ?

Le rapport invite également à réfléchir à des solutions innovantes et adaptées aux réalités économiques actuelles pour préserver l’équilibre financier de l’entreprise sans compromettre outre mesure la qualité des services offerts aux utilisateurs. Ainsi naît l’idée d’une expérimentation de nouvelles mesures pour évaluer leur impact avant de les généraliser.


Exploration de nouvelles options pour la distribution des courriers

Plusieurs scénarios de distribution sont actuellement à l’étude au sein de La Poste. Parmi eux, la possibilité très crédible de limiter les livraisons aux seuls jours ouvrés ou encore de réaliser une distribution alternée selon les zones géographiques et les semaines. Ces pistes visent à optimiser les ressources humaines et logistiques tout en préservant un service transférable à toutes les régions françaises.

Diversifier l’offre pourrait donc signifier une approche plus personnalisée, permettant à certaines régions où le trafic de courrier reste soutenu de conserver une fréquence élevée de distribution. En revanche, d’autres moins densément peuplées verraient leurs rythmes adaptés à la demande réelle. Une telle flexibilité contribuerait à amortir l’impact économique sans créer trop de perturbations pour les usagers fidèles.


Quelles conséquences pour les utilisateurs ?

Ces ajustements pourraient être vécus différemment en fonction des implications sur le quotidien des citoyens. Néanmoins, force est de constater que rares sont ceux qui conservent aujourd’hui ce lien tangible avec les facteurs. La majorité des ménages trouvent en effet des alternatives pratiques via les outils numériques pour gérer correspondances et transactions. La fin de la distribution quotidienne pourrait même inciter certains à se tourner encore davantage vers la digitalisation complète de leurs activités postales.

Malgré une certaine résilience pour les envois administratifs ou commerciaux, où lettres recommandées et facturations électroniques cohabitent souvent, la progression accélérée de la transformation digitale contraint l’entreprise à se renouveler pour coller à l’évolution des attentes clientes tout en préservant l’emploi futur de ses agents.


Répercussions sur l’organisation interne de La Poste

La diminution du nombre de jours de distribution aura des répercussions significatives sur l’organisation globale de La Poste. Avec moins de tournées à organiser par semaine, l’optimisation du personnel devient une priorité. Cela implique notamment des redéploiements éventuels ou la reconversion professionnelle de certains employés. La capacité d’adaptation collective sera cruciale pour absorber cette évolution structurelle.

Toutefois, au-delà de la dimension humaine, d’autres enjeux stratégiques apparaissent clairement. Sur fond de baisse continue du courrier, l’échéance obligera sans doute aussi La Poste à miser plus intensément sur le développement de ses autres secteurs d’activité, tels que la logistique de colis, le support bancaire grâce aux agences partenaires, mais aussi sur les diversifier face aux mutations sociétales imminentes.


Fermeture progressive des bureaux et maisons France services

Ajoutons que le réseau physique évolue également : récentes décisions annoncé vers une fermeture graduelle de certains bureaux traditionnels remplacés par « maisons France Services », entités larges regroupant plusieurs administrations sous un même toit. Cette stratégie vise à favoriser un accès simplifié et centralisé à différents services publics essentiels tout en réduisant les coûts immobiliers.

Ancré dans cet environnement changeant, le projet semble concilier modernité et accessibilité accrue aux outils numériques initiés lors des transformations publiques globales cadencées sur tout le territoire. Une tentative encourageante pour redessiner durablement le visage institutionnel visible auprès des habitants locaux et satisfaire aux enjeux écologiques modernes.


L’avenir de La Poste dans un contexte européen

Comparée aux standards européens, la France présente un modèle unique où le courrier était distribué presque quotidiennement. En observant les expériences réussies chez nos voisins, telles qu’en Allemagne ou au Royaume-Uni, qui ont su initier avec efficience ces transitions essentielles, La Poste peut tirer parti d’études comparatives enrichies promouvant in fine meilleures pratiques probables transposables ici favorablement.









(FR) Jusqu’où la Russie est-elle prête à provoquer des bouleversements mondiaux ?

Cliquez ici pour consulter la documentation la plus récente. 


Participation à une cérémonie militaire à Rostov-sur-le-Don, Russie, février 2025.
(Stringer / Reuters)

Malgré le soutien de Donald Trump, les pulsions destructrices de Moscou ont des limites.

L’adhésion du président américain Donald Trump à la Russie semble accentuer une menace qui inquiète les capitales occidentales depuis un an : l’alignement d’un groupe redoutable de rivaux, dont la Chine, l’Iran, la Corée du Nord et la Russie, dans un « axe du changement » dirigé par la Russie. Ces quatre pays sont des révisionnistes déterminés à renverser un ordre mondial qu’ils considèrent comme dirigé contre eux. L’Occident craint qu’en plus de s’apporter mutuellement un soutien économique, militaire et politique, ces pays puissent déclencher un conflit qui laisserait l’Occident dans l’incapacité de contenir ses effets déstabilisateurs.

En prenant ses distances avec ses alliés occidentaux et en entamant des négociations sur la guerre en Ukraine, Washington a laissé entendre que l’un de ses objectifs était de creuser un fossé entre la Russie et ses partenaires. Mais ce résultat n’est pas réaliste. La Russie espère gagner en Ukraine, tôt ou tard, avec ou sans accord avec les États-Unis. Ils n’ont donc aucune raison de rompre les liens avec des partenaires précieux juste pour faire plaisir à Trump – et ne voudraient surtout pas perturber les relations de confiance avec Pékin en recherchant des liens avec Washington qui pourraient ne durer que jusqu’aux prochaines élections américaines. Si l’administration Trump lève la pression américaine sur Moscou, la Russie bénéficiera à la fois de liens plus étroits avec d’autres États révisionnistes et d’un niveau de tolérance sans précédent de la part de Washington à l’égard de sa politique étrangère destructrice.

Mais même dans un environnement relativement favorable, les ambitions de la Russie de bouleverser le monde ont des limites. Les nouveaux conflits qui surgiront ne seront pas forcément en leur faveur. Compte tenu de ses ressources limitées et de sa préoccupation pour l’Ukraine, la capacité de Moscou à influencer les résultats en sa faveur ailleurs dans le monde est sévèrement limitée. Par exemple, lorsque la violence s’est récemment propagée au Moyen-Orient, les Russes étaient initialement optimistes quant au fait que les hostilités porteraient préjudice à leurs adversaires, mais ce conflit a finalement affaibli la position de Moscou en exposant la faiblesse d’un partenaire russe, l’Iran, et en aboutissant à l’effondrement d’un autre, le régime syrien. La dépendance de la Russie à l’égard de partenaires autres que la Chine, l’Iran et la Corée du Nord a également limité sa capacité à provoquer des troubles. La nécessité de maintenir des relations stables avec l’Inde et surtout l’Arabie saoudite a tempéré ses élans agressifs, et le désir de Moscou d’éviter de contrarier les pays du Sud global l’a contraint à s’engager dans les forums diplomatiques multilatéraux, tels que les BRICS et les Nations Unies, avec une certaine prudence.

Ces restrictions seront plus fortes tant que la Russie continuera de faire la guerre en Ukraine, mais elles resteront également en vigueur sous une forme ou une autre après la conclusion d’un accord mettant fin aux combats. S’ils parviennent à contrôler les conséquences de leur intervention, Moscou pourrait estimer que les bénéfices l’emportent sur les risques. Mais comme leur intervention pourrait dégénérer en un conflit à grande échelle nécessitant une intervention militaire russe, Moscou ferait probablement preuve de plus de retenue. En pratique, cela signifie que la Russie va presque certainement intensifier ses campagnes de désinformation et ses actes de sabotage (tels que les cyberattaques et le sabotage des infrastructures) en Europe, reconnaissant que le désir de l’Amérique de se retirer du continent est une opportunité d’éroder davantage la cohésion de l’OTAN. Cependant, la réticence de la Russie à s’impliquer militairement l’empêchera de provoquer des bouleversements dans la péninsule coréenne, au Moyen-Orient et même dans les pays africains où elle maintient une présence sécuritaire. Après avoir été confronté à une opposition à son programme révisionniste dans les forums multilatéraux, Moscou pourrait également réévaluer sa stratégie diplomatique, en partie en fonction de l’ampleur des dommages que les États-Unis eux-mêmes infligeraient à ces institutions.

La Russie a accepté de jouer sur le long terme et comprend qu’elle doit peser chaque confrontation, en particulier lorsque le soutien inattendu de l’administration américaine peut être temporaire ou volatil. Pour que les pays déterminés à contrer les perturbations russes puissent agir efficacement dans cette nouvelle ère d’incertitude, ils devront également évaluer soigneusement où et quand rejoindre le combat – en commençant par le front européen, de plus en plus dangereux.


TROP DE CHAOS

Les conflits qui se produisent simultanément dans de nombreuses régions du monde sont souvent perçus comme profitant aux puissances révisionnistes aux dépens de l’Occident. La raison en est que de nombreux pays occidentaux dépendent encore des États-Unis pour leur protection : Washington est le seul à assumer la charge d’étendre la dissuasion nucléaire et d’autres formes de garanties de sécurité à ses principaux alliés et partenaires en Asie et en Europe. Compte tenu des engagements à plusieurs niveaux de l’Amérique, les ressources collectives de l’Occident pourraient être mises à rude épreuve si les États-Unis se retrouvent entraînés dans plusieurs crises à la fois. Maintenant que la volonté de l’Amérique d’aider est mise en doute, les partenaires de l’Amérique sont peut-être plus désireux que jamais de renforcer leurs défenses sur plusieurs fronts. Ce qui a reçu moins d’attention est le fait que la Russie et ses partenaires sont également confrontés à leurs propres contraintes, qui réduisent leur appétit pour le conflit.

Prenons comme exemple la récente vague d’hostilités au Moyen-Orient. Après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la Russie a d’abord accueilli favorablement cette diversion par rapport à la guerre en Ukraine. Alors qu’Israël a commencé à se battre à Gaza, puis à attaquer la milice du Hezbollah soutenue par l’Iran au Liban et à contrer les attaques de l’Iran et des Houthis au Yémen, les États-Unis ont déplacé des batteries de missiles Patriot et d’autres armes dans la région. Washington a également consacré beaucoup d’efforts diplomatiques à promouvoir les pourparlers de cessez-le-feu à Gaza puis au Liban. Moscou, de son côté, n’a pas fait grand-chose pour tenter d’apaiser les tensions croissantes. Il semble que la pression accrue que les conflits exercent sur les systèmes de défense aérienne limités de l’Occident, ainsi que le ressentiment croissant du reste du monde face aux deux poids deux mesures qu’il perçoit dans la réponse de l’Occident aux guerres de Gaza et d’Ukraine, ne profiteront qu’à la Russie.

Cependant, les troubles au Moyen-Orient se sont révélés trop intenses et trop imprévisibles pour que Moscou puisse facilement trouver une solution en sa faveur. Voyant son partenaire iranien affaibli par des confrontations directes et par procuration avec Israël, la Russie n’a pas réussi à lui offrir un soutien significatif. Les attaques de l’Iran contre Israël en avril et octobre 2024 n’ont causé que des dégâts matériels et des pertes minimes, ce qui suggère que ses capacités en matière de missiles ne sont pas aussi redoutables qu’on le pensait auparavant. Les frappes de représailles israéliennes, notamment celle d’octobre, ont affaibli la production de missiles et les capacités de défense aérienne de l’Iran. La campagne d’Israël contre le Hezbollah a également affaibli le pouvoir du groupe et, début décembre, elle a aidé les forces rebelles en Syrie à renverser le régime de Bachar al-Assad, un allié de Moscou et de Téhéran.

Le renversement d’Assad a notamment mis en évidence les limites des ambitions de la Russie et sa capacité à influencer les événements dans des lieux éloignés. Dans les mois qui ont précédé l’effondrement du régime syrien, Moscou – qui maintient une présence militaire en Syrie depuis 2015 – a augmenté ses patrouilles près du plateau du Golan occupé par Israël, dans le sud-ouest, ainsi que ses bombardements dans la province d’Idlib, dans le nord-ouest, pour empêcher les rebelles anti-Assad de prendre des mesures contre le régime et pour empêcher Israël et la Turquie d’exploiter le chaos pour faire avancer leurs propres objectifs en Syrie. Mais lorsque les rebelles ont lancé leur offensive éclair fin novembre, les forces russes sont restées largement à l’écart. Préoccupé par l’Ukraine, le Kremlin n’a aucune ressource militaire et n’a aucune envie de sauver son allié syrien.

Enfin, la récente vague de conflits au Moyen-Orient a érodé la position stratégique de la Russie. Moscou n’a pas pu ou n’a pas voulu intervenir de manière décisive en faveur de ses partenaires dans la région, et en conséquence, la Russie a perdu son influence dans cette région. Plutôt que de se soutenir mutuellement dans des opérations destructrices, la Russie et l’Iran se concentrent sur leurs propres guerres et sont donc limités, du moins à court terme, dans leur capacité à fournir un soutien ailleurs.


L'ami de mon ennemi

Moscou est également contraint d’équilibrer la poussée destructrice de sa politique étrangère avec les intérêts de partenaires qui n’acceptent pas les objectifs révisionnistes qu’il partage avec la Chine, l’Iran et la Corée du Nord. Ces « réformateurs » incluent de puissants États non occidentaux qui souhaitent mettre à jour les règles de la gouvernance mondiale tout en souhaitant que le système international existant fonctionne. Ce groupe recherche de bonnes relations avec l’Occident et préfère la stabilité à la volatilité.

Pour la Russie, il est particulièrement important de maintenir de bonnes relations avec l’Inde et l’Arabie saoudite. L’Inde est le plus grand acheteur de pétrole de la Russie et le deuxième plus grand fournisseur de biens à double usage – des articles qui ont une valeur à la fois militaire et commerciale – et les deux pays entretiennent également des liens étroits dans le domaine de la défense et de l’industrie. Dans le même temps, l’Arabie saoudite est le principal interlocuteur de la Russie au sein de l’OPEP, une organisation qui a une influence considérable sur le marché mondial du pétrole. (La Russie fait partie de l’OPEP+, qui comprend les membres de l’OPEP et plusieurs autres pays producteurs de pétrole). Les revenus du pétrole et du gaz représentent environ un tiers du budget de l’État russe et sont donc essentiels à sa capacité à faire la guerre en Ukraine. Moscou pourra difficilement résister si les prix du pétrole chutent fortement. L’Arabie saoudite elle-même ne souhaite peut-être pas une baisse des prix du pétrole, mais elle pourrait également subir la pression des États-Unis : Trump a suggéré dans un discours au Forum économique mondial en janvier qu’il pourrait « demander à l’Arabie saoudite et à l’OPEP de baisser les prix du pétrole » pour forcer la fin de la guerre. Si le Kremlin et les dirigeants saoudiens parviennent à maintenir de bonnes relations, tous deux renforceront leur position de négociation vis-à-vis de Washington.


Le Premier ministre indien Narendra Modi, le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping à Kazan, en Russie, en octobre 2024. © Alexander Zemlianichenko / Reuters

Au lieu de coopérer pleinement avec « l’axe du changement », la Russie a ajusté ses politiques pour prendre en compte les préoccupations de ses partenaires réformateurs concernant les autres membres de l’axe. Par exemple, lorsque la Russie a envisagé de livrer des armes aux Houthis soutenus par l’Iran l’été dernier, l’Arabie saoudite, qui considère l’Iran comme un rival, a fait pression sur Moscou pour qu’elle annule son projet. En décembre 2024, les médias ont rapporté que la Russie discutait d'un accord pour vendre à l'Inde son système radar avancé Voronej, qui pourrait aider l'armée indienne à surveiller l'espace aérien au-dessus de la Chine, qui partage une frontière contestée avec l'Inde.

Répondre aux demandes des réformistes est également essentiel pour que la Russie puisse réaliser ses ambitions de devenir une puissance mondiale. La Russie prétend être à la tête de ce qu’elle appelle une « majorité mondiale » dans le but de surmonter l’influence démesurée de l’Occident dans les affaires mondiales. Durant la présidence russe des BRICS l’année dernière, les responsables russes ont tenu des centaines de réunions et de groupes de travail sur des questions allant de l’énergie nucléaire aux soins de santé pour faire avancer ce programme. Cependant, le Brésil et l’Inde se sont opposés aux efforts russes (et chinois) visant à utiliser les BRICS pour saper l’Occident et les institutions affiliées à l’Occident. Par exemple, lors du sommet des BRICS en Russie en octobre dernier, le Premier ministre indien Narendra Modi a averti que le bloc ne devait pas se considérer comme « une alternative aux institutions mondiales ». La Russie a ensuite adouci son ton lors du sommet, le président Vladimir Poutine ayant assuré que les BRICS ne deviendraient pas une « alliance anti-occidentale ».

La capacité de la Russie à utiliser les institutions multilatérales pour fomenter l’instabilité est confrontée à des limitations similaires. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, la Russie peut opposer son veto aux initiatives présentées par les membres occidentaux, et elle est de plus en plus disposée à le faire depuis 2022. Mais Moscou a parfois modéré son comportement perturbateur pour éviter toute réaction négative. En juin dernier, la Russie s’est abstenue lors d’un vote au Conseil de sécurité des Nations Unies sur un plan de cessez-le-feu pour Gaza parrainé par les États-Unis, réalisant que les États arabes soutenaient ce plan et seraient en colère si la Russie y opposait son veto. Mais Moscou n’a pas fait preuve de autant de diplomatie lors du Sommet du Futur des Nations Unies en septembre, lorsqu’il a dû faire face aux critiques du Mexique et de plusieurs autres pays africains. C’est parce que les diplomates russes ont tenté de faire dérailler l’accord final de la conférence, appelé « Pacte pour l’avenir », tout en affirmant que leur objectif était de protéger « les aspirations du Sud global » de « l’Occident collectif ». Le comportement perturbateur de la Russie a eu des effets spectaculaires contre elle ; Seuls six autres pays ont soutenu la décision de reporter la ratification de l’accord, tandis que 143 ont voté contre et 15 se sont abstenus. Un Moscou plus sobre pourrait choisir d’être plus prudent dans les futures négociations multilatérales.


Fluctuations contrôlée

Aidée par ses alliés révisionnistes, la Russie continuera à déstabiliser le monde. Mais toute volatilité n’est pas souhaitable, c’est pourquoi Moscou se concentrera sur les opportunités qui, selon elle, apporteront des avantages stratégiques. En Europe, où la Russie attaque les infrastructures civiles et militaires et intervient dans la politique intérieure depuis des années, la stratégie du Kremlin a peut-être pris en compte une éventuelle réaction négative à son encontre. Pire encore, Moscou pourrait considérer les réprimandes fréquentes de l’administration Trump envers ses alliés européens et son soutien aux forces antilibérales à travers le continent comme une invitation à une ingérence accrue. Les activités de la Russie, destinées à éroder progressivement l’unité européenne, vont non seulement se poursuivre, mais s’intensifier. Dans les pays vulnérables situés entre l’OTAN et le flanc oriental de la Russie, comme la Moldavie, Moscou pourrait également voir un avantage à semer le chaos, encouragé par l’indifférence apparente de Washington à l’égard de cette région. En janvier, la Russie a testé la situation en coupant l'approvisionnement en gaz de la région séparatiste de Transnistrie, dans l'espoir de créer une crise pour le gouvernement central pro-européen de la Moldavie.

Mais ailleurs dans le monde, la Russie pourrait avoir moins d’intérêt à provoquer des troubles, car elle doit prendre en compte à la fois ses propres contraintes en matière de ressources et l’imprévisibilité de l’administration Trump. Par exemple, si l’Iran franchit le seuil nucléaire, Israël (et plus probablement les États-Unis) répondraient probablement par une action militaire, ce qui conduirait à une guerre qui exposerait l’impuissance de la Russie – Moscou ne peut et ne veut pas intervenir dans la défense de l’Iran, risquant une confrontation directe avec Washington – et déstabiliserait la région élargie du Caucase au sud. Il est donc peu probable que Moscou aide Téhéran à se doter d’un arsenal nucléaire opérationnel. La Russie a renforcé ses partenariats de défense avec l’Iran et la Corée du Nord, mais elle ne veut pas être entraînée dans leurs guerres – pas tant qu’ils se battent encore en Ukraine, et probablement pas après. Au Sahel, la Russie a également réévalué son rôle militaire. L’Afrika Korps russe – la force mercenaire contrôlée par l’État qui a remplacé le groupe paramilitaire Wagner dans la plupart des pays où il opérait autrefois – souhaite se concentrer sur la formation des armées locales plutôt que de s’engager dans le type de missions à haut risque que les forces Wagner effectuaient autrefois. Moscou souhaite établir des partenariats de sécurité supplémentaires en Afrique, renforçant ainsi la position de la Russie sur le flanc sud de l'OTAN. Mais l’escalade du conflit pourrait compromettre cet objectif, car elle pourrait exiger davantage de main-d’œuvre et de ressources russes que ce que Moscou est prêt à déployer.

La Russie va probablement continuer à ajuster sa position dans la diplomatie multilatérale. Ils soutiendront les BRICS et d’autres forums non occidentaux, mais tempéreront probablement leur agenda anti-occidental pour maintenir de bonnes relations avec le Brésil, président des BRICS cette année, et l’Inde, que Poutine prévoit de visiter cette année. La Russie pourrait accepter que des progrès sur des questions pratiques, comme la création d’un système de paiement mondial contournant les institutions financières américaines ou l’établissement de mesures visant à faciliter le commerce international en monnaies locales, nécessiteront une approche prudente pour obtenir le soutien du Brésil, de l’Inde et d’autres acteurs clés. Mais Moscou pourrait aussi se retrouver de plus en plus en mesure de saper la gouvernance mondiale dans les années à venir, car le mépris affiché de Trump pour le multilatéralisme rend les actions unilatérales de la Russie moins inhabituelles. Et la propension de l’administration Trump à s’aligner sur la Russieplus tôt cette semaine, les États-Unis se sont rangés du côté de la Russie lors de deux votes aux Nations Unies pour marquer le troisième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – pourrait fournir aux diplomates russes une opportunité d’exploiter les fissures au sein de l’Occident, tout en restant prudents pour ne pas contrarier Washington ou les partenaires réformistes de la Russie.


Choisissez vos propres batailles

La Russie ne négociera pas l’abandon de ses liens avec d’autres puissances révisionnistes. L’Europe et ses partenaires doivent donc réfléchir à la manière dont ces relations compliquent leurs décisions sur les menaces à traiter en priorité et sur la manière d’allouer les ressources. Il existe de nombreux points de conflit potentiels. Mais il est inexact et inutile de suggérer que la Russie provoque le chaos partout et en même temps. Une contre-stratégie efficace et durable doit reconnaître les limites auxquelles Moscou est confrontée et concentrer les efforts occidentaux en conséquence.

En Europe, il existe une forte probabilité de voir l’intervention russe s’intensifier. Les vagues d’incendies criminels, d’assassinats et de désinformation à venir exigent une attention immédiate. Les pays européens ne doivent pas seulement faire payer à la Russie ses opérations combinées en durcissant le système de sanctions. Ils doivent également disposer des outils nécessaires pour répondre à des cyberattaques similaires. Ils doivent également se préparer au pire : la Russie pourrait éventuellement utiliser une force militaire soigneusement calculée contre un membre européen de l’OTAN, si elle trouve l’alliance trop faible militairement et trop divisée politiquement pour réagir efficacement. Bien que les activités de la Russie en Afrique ne constituent pas une menace directe pour l’Europe, les pays européens devraient s’efforcer d’empêcher la Russie de renforcer sa présence militaire sur le flanc sud de l’OTAN. Ils devraient notamment tenter de contrecarrer les projets de la Russie de déplacer les structures logistiques qu’elle avait précédemment établies en Syrie vers la Libye, qui servirait de nouvelle plaque tournante aux opérations de l’Afrika Korps. Les efforts actuels pour tenter de créer un fossé entre Moscou et le commandant de l’Armée nationale libyenne, Khalifa Haftar, qui contrôle des zones de la Libye avec des moyens militaires russes, ne sont tout simplement pas suffisants. L’Europe et ses partenaires doivent également se remettre à la tâche difficile et peu glorieuse de promotion d’une gouvernance inclusive en Libye. Pour limiter les incursions russes ailleurs, ils devraient offrir une coopération en matière de sécurité à leurs partenaires africains ou, compte tenu de leurs propres contraintes en matière de ressources, encourager les pays ayant une présence croissante sur le continent – ​​comme la Turquie et les États du Golfe – à jouer un rôle plus important.

En dehors de l’Europe et de l’Afrique, la menace directe que représente la Russie pour l’Occident est limitée, du moins pour l’instant. La coopération de la Russie en matière de défense avec la Chine, l’Iran et la Corée du Nord constitue certainement un enjeu car elle renforcerait les capacités militaires des quatre pays. Mais la Russie n’est pas la principale source d’instabilité dans la plupart des régions du monde. Toutefois, l’Europe et les États-Unis doivent continuer à travailler en étroite collaboration pour appliquer les sanctions et les contrôles à l’exportation afin d’empêcher la Russie et ses partenaires de développer des technologies hautement sensibles. Ils doivent également continuer à travailler avec des pays qui peuvent contribuer à prévenir des formes dangereuses de coopération – par exemple, l’Arabie saoudite pourrait empêcher la Russie de transférer des armes de frappe à longue portée à l’Iran ou aux Houthis. Il est moins urgent d’envisager la possibilité d’une implication de la Russie dans une guerre sur la péninsule coréenne ou au Moyen-Orient. En outre, la possibilité d’un alignement sino-russe conduisant à des formes extrêmes de collusion en temps de guerre, telles que l’utilisation conjointe d’armes nucléaires tactiques dans des conflits simultanés, semble une perspective encore plus éloignée et improbable, mais si de tels scénarios devaient se produire, les conséquences seraient suffisamment désastreuses pour que les planificateurs de la défense occidentale réfléchissent à la manière de gérer une telle agression opportuniste.

Au sein des institutions multilatérales, pour affaiblir la puissance russe, les pays occidentaux doivent s’efforcer de répondre aux demandes légitimes des pays qui réclament une gouvernance mondiale plus inclusive. Le Fonds monétaire international FMI, la Banque mondiale et le Conseil de sécurité des Nations Unies présentent tous un déséquilibre de représentation qui doit être corrigé, quelle que soit la difficulté de cette réforme. L’aliénation entre les membres des BRICS et du G7 ne fait qu’ajouter à l’attrait de l’appel de la Russie en faveur d’un bloc anti-occidental, et il sera donc essentiel d’empêcher cette aliénation. Le G20 peut servir de pont entre les deux groupes de pays, ce qui rend la décision de l’administration Trump de ne pas participer à la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 en Afrique du Sud la semaine dernière d’autant plus dangereuse. L’administration américaine s’est déjà retirée de plusieurs agences de l’ONU, et si son indifférence au multilatéralisme persiste, les pays européens et les pays partageant les mêmes idées, comme l’Australie, le Canada et le Japon, devront combler le vide en fournissant un leadership politique, en compensant le manque de ressources et en soutenant l’organisation. Si elles n’agissent pas, la Russie pourrait saisir l’occasion d’éroder encore davantage l’attrait de ces institutions mondiales.

La deuxième administration Trump est elle-même une source de bouleversements dans la gouvernance mondiale, pour l’Europe et pour de nombreux autres alliés des États-Unis. Pour la Russie, la réorientation américaine apporte une certaine incertitude, mais aussi davantage d’opportunités. La capacité de la Russie à exploiter l’instabilité dans des régions éloignées est structurellement limitée, et cette tendance risque de perdurer. Et si Trump, en tant que président, impose occasionnellement la loi et l’ordre à sa guise, les résultats pourraient ne pas toujours être du goût de la Russie. Mais le repli apparent de Trump sur la pensée des « sphères d’influence » du XIXe siècle pourrait également donner à la Russie plus de latitude pour intensifier son ingérence en Europe. L’Europe et ses partenaires doivent être armés d’évaluations précises des cibles potentielles et des limites potentielles des efforts subversifs de Moscou s’ils veulent naviguer dans la volatilité à venir.


SourceHow Big Is Russia’s Appetite for Upheaval?

Hanna Notte est directrice du programme de non-prolifération eurasienne au James Martin Center for Nonproliferation Studies et associée principale non-résidente au sein du programme Europe, Russie et Eurasie au Center for Strategic and International Studies.