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(Photo de l'Ambassade de France au Vietnam)
Pour une très grande part, l’armée populaire vietnamienne est dotée d’équipements anciens, le plus souvent de facture soviétique. Mais cela pourrait changer dans les années à venir, Hanoï ayant l’intention d’augmenter annuellement son budget militaire de 5,5 % en moyenne afin de porter son montant à 10,2 milliards de dollars en 2029. Et cela sur fond de rivalités et de disputes territoriales avec Pékin, en particulier en mer de Chine méridionale.
Justement, alors que Pékin revendique la quasi-totalité de cette partie du monde, en pratiquant la politique du fait accompli, la France s’est rangée au côté du Vietnam. C’est en effet ce qu’indique la déclaration sur « l’établissement d’un partenariat stratégique global » entre les deux pays, publiée à l’occasion de la venue du président vietnamien, Tô Lâm, à Paris, le 7 octobre 2024.
« La France et le Vietnam réitèrent leur attachement au maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité en mer de Chine méridionale ainsi qu’au plein respect de la Convention des Nations Unies de 1982 sur le droit de la mer », affirme ce texte. « Les deux parties s’opposent résolument à toute menace de la force ou usage de la force contraire au droit international et réaffirment l’importance du maintien de la sécurité et de la liberté de navigation et de survol sans entrave, ainsi que du droit de passage inoffensif, en mer de Chine méridionale », poursuit-il.
Cela étant, dans le fil du troisième Dialogue de stratégie et de coopération de défense, organisé à Paris en décembre 2023, et de la commémoration du soixante-dixième anniversaire de la bataille de Diên Biên Phu, pour laquelle le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait été convié, la France et le Vietnam ont confirmé leur intention de renforcer leur coopération militaire, afin de « renforcer leur capacité à l’autonomie, selon leurs besoins ».
Pour rappel, la France et le Vietnam ont noué des relations de défense en 1991. Il aura fallu attendre 18 ans pour qu’un premier accord de coopération militaire soit signé. Puis, un partenariat stratégique a été instauré en 2013.
Quoi qu’il en soit, et comme annoncé par M. Lecornu, cette coopération aura un volet mémoriel - il est question de faciliter l’accès aux archives et, pour le Vietnam, de restituer les dépouilles de soldats français - Mais elle concernera aussi la médecine militaire, avec la recherche sur les maladies tropicales infectieuses, la formation, les échanges et l’accès aux bases militaires, en particulier navales.
Ainsi, selon cette déclaration conjointe, le Vietnam s’est engagé à faciliter les « escales de bâtiments français » dans ses ports, conformément à sa législation, « afin de développer la coopération mutuelle et l’échange d’expertise entre les marines et les garde-côtes ».
Mais il est aussi question d’étendre cette coopération à l’industrie de défense, dont le développement est l’une des priorités du Vietnam, celui-ci estimant qu’elle pourrait être un moteur de sa croissance économique. Ainsi, la déclaration parle « d’étudier, d’initier et de mettre en œuvre des projets structurants ».
Reste à voir ce que l’on entend par projets structurants… Dans le domaine économique, l’exceptionnelle réussite du Vietnam avec ses 100 millions d’habitants offre de nouvelles opportunités pour des projets communs dans les secteurs de l’aéronautique, des infrastructures, de la santé, de la défense, de l’agriculture et de l’énergie lors de la conférence de presse qu’il a donnée au côté de son homologue vietnamien.
Tô Lâm a sans doute livré des indices : durant son séjour à Paris, il s’est entretenu avec Benoit de Saint-Exupéry, le vice-président exécutif d’Airbus, et Philippe Errera, le responsable des relations institutionnelles du groupe Safran.