samedi 14 décembre 2024

(FR) La France et le Vietnam envisagent des « projets structurants » dans le domaine de l’industrie de défense.

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Escale de la frégate « Vendémiaire » à Cam Ranh, en mars 2022
(Photo de l'Ambassade de France au Vietnam)

Pour une très grande part, l’armée populaire vietnamienne est dotée d’équipements anciens, le plus souvent de facture soviétique. Mais cela pourrait changer dans les années à venir, Hanoï ayant l’intention d’augmenter annuellement son budget militaire de 5,5 % en moyenne afin de porter son montant à 10,2 milliards de dollars en 2029. Et cela sur fond de rivalités et de disputes territoriales avec Pékin, en particulier en mer de Chine méridionale.

Justement, alors que Pékin revendique la quasi-totalité de cette partie du monde, en pratiquant la politique du fait accompli, la France s’est rangée au côté du Vietnam. C’est en effet ce qu’indique la déclaration sur « l’établissement d’un partenariat stratégique global » entre les deux pays, publiée à l’occasion de la venue du président vietnamien, Tô Lâm, à Paris, le 7 octobre 2024.



Déclaration conjointe du Président Emmanuel Macron et du Président du Vietnam, To Lam.

« La France et le Vietnam réitèrent leur attachement au maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité en mer de Chine méridionale ainsi qu’au plein respect de la Convention des Nations Unies de 1982 sur le droit de la mer », affirme ce texte. « Les deux parties s’opposent résolument à toute menace de la force ou usage de la force contraire au droit international et réaffirment l’importance du maintien de la sécurité et de la liberté de navigation et de survol sans entrave, ainsi que du droit de passage inoffensif, en mer de Chine méridionale », poursuit-il.

Cela étant, dans le fil du troisième Dialogue de stratégie et de coopération de défense, organisé à Paris en décembre 2023, et de la commémoration du soixante-dixième anniversaire de la bataille de Diên Biên Phu, pour laquelle le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait été convié, la France et le Vietnam ont confirmé leur intention de renforcer leur coopération militaire, afin de « renforcer leur capacité à l’autonomie, selon leurs besoins ».

Pour rappel, la France et le Vietnam ont noué des relations de défense en 1991. Il aura fallu attendre 18 ans pour qu’un premier accord de coopération militaire soit signé. Puis, un partenariat stratégique a été instauré en 2013.

Quoi qu’il en soit, et comme annoncé par M. Lecornu, cette coopération aura un volet mémorielil est question de faciliter l’accès aux archives et, pour le Vietnam, de restituer les dépouilles de soldats français - Mais elle concernera aussi la médecine militaire, avec la recherche sur les maladies tropicales infectieuses, la formation, les échanges et l’accès aux bases militaires, en particulier navales.

Ainsi, selon cette déclaration conjointe, le Vietnam s’est engagé à faciliter les « escales de bâtiments français » dans ses ports, conformément à sa législation, « afin de développer la coopération mutuelle et l’échange d’expertise entre les marines et les garde-côtes ».

Mais il est aussi question d’étendre cette coopération à l’industrie de défense, dont le développement est l’une des priorités du Vietnam, celui-ci estimant qu’elle pourrait être un moteur de sa croissance économique. Ainsi, la déclaration parle « d’étudier, d’initier et de mettre en œuvre des projets structurants ».

Reste à voir ce que l’on entend par projets structurants… Dans le domaine économique, l’exceptionnelle réussite du Vietnam avec ses 100 millions d’habitants offre de nouvelles opportunités pour des projets communs dans les secteurs de l’aéronautique, des infrastructures, de la santé, de la défense, de l’agriculture et de l’énergie lors de la conférence de presse qu’il a donnée au côté de son homologue vietnamien.

Tô Lâm a sans doute livré des indices : durant son séjour à Paris, il s’est entretenu avec Benoit de Saint-Exupéry, le vice-président exécutif d’Airbus, et Philippe Errera, le responsable des relations institutionnelles du groupe Safran.











vendredi 13 décembre 2024

(FR) Chute de Bachar Al-Assad : retour sur 55 ans de dynastie sanguinaire en Syrie.

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 Bachar Al-Assad


La chute de Bachar al-Assad crée une opportunité historique de collecter directement des preuves des crimes du régime syrien restés jusqu'ici inaccessibles aux enquêteurs. Après 55 ans de violations massives des droits humains, de nombreux Syriens réclament vérité et justice.

Tortures, exécutions, attaques chimiques contre des civils, nettoyage ethnique, bombardements sur des zones résidentielles, utilisation de la famine comme arme de guerre… Des crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par le régime de Bachar al-Assad ne semble jamais vouloir s'arrêter. Après des décennies d'impunité, les enquêteurs internationaux espèrent désormais obtenir un accès direct à des preuves documentant cinquante années d'exactions. 

Comme son père Hafez el-Assad (Président de la République syrienne1971-2000), le dictateur déchu a construit son pouvoir sur un régime sanguinaire et paranoïaque où un mot de trop pouvait conduire dans l'enfer des prisons syriennes. Une répression implacable qui a connu son apogée dans le sillage du Printemps arabe. Depuis 2011, l'ONU estime que plus de 300 000 civils ont perdu la vie, sans compter la disparition d'au moins 100 000 Syriens.

"La chute de Bachar Al-Assad représente une opportunité absolument incroyable", explique Aymeric Elluin, chargé de plaidoyer armes et conflits à Amnesty international. "Pour monter des dossiers solides et irréprochables, nous devons avoir accès aux sources primaires, en particulier aux lieux où ont été commises des exactions. Or, depuis mars 2011, le régime nous a bloqué l'accès au territoire syrien. Notre travail s'est donc effectué à distance à travers des images satellites ou des témoignages de rescapés des prisons ayant trouvé refuge à l'étranger".

Malgré le verrouillage opéré par la Syrie de Bachar al-Assad, "nous avons pu avoir accès à beaucoup d'informations grâce à la société civile syrienne qui, très tôt, a collecté des témoignages et des documents officiels", note Chloé Pasmantier, avocate à la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH).


Une montagne de preuves

Ce travail de collecte précoce a été facilité par la bureaucratie méthodique du régime syrien qui a consigné avec une effrayante précision son œuvre de mort. Dès 2014, l'échelle industrielle des tortures infligées aux opposants en Syrie éclate au grand jour avec le dossier César, du pseudonyme de ce militaire chargé de prendre en photo les corps suppliciés de prisonniers. Sa défection a permis de constituer un rapport contenant 55 000 photos portant sur 11 000 détenus torturés et décédés entre 2011 et 2013 dans plusieurs centres de détention.

Devant cette montagne de preuves, l'ONU a mis en place en décembre 2016, le Mécanisme international, impartial et indépendant (MIII), "un facilitateur de justice" siégeant à Genève et chargé de centraliser les pièces à conviction et d'alimenter des procédures judiciaires ouvertes au niveau national contre des responsables syriens dans plusieurs pays européens.

Exemple en France où trois anciens cadres du régime ont été jugés par contumace fin mai et condamnés à la prison à vie. Selon le Parquet national antiterroriste (PNAT), chargé également des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocides, 24 procédures impliquant le régime syrien et ses supplétifs sont en cours, rapporte le journal Le Monde.

En Allemagne, un ancien colonel des services de renseignement syrien a été condamné à la prison à vie pour crimes contre l'humanité en janvier 2022. Anwar Raslan a été reconnu coupable de la mort et de la torture de prisonniers dans un centre de détention secret du pouvoir à Damas, entre 2011 et 2012. 

En novembre 2023, la justice française a également émis un mandat d’arrêt contre l’ex-président syrien pour l’attaque chimique d’août 2013 sur la Ghouta qui a fait plus de 1 400 morts.


Les stocks de Captagon découverts en Syrie

La Syrie de Bachar al-Assad était connue pour produire cette drogue à base d'amphétamine, lui permettant d'inonder le marché au Moyen-Orient et de contourner les sanctions occidentales.


Des pilules de captagon découverte dans une usine de fabrication de médicaments dans la ville de Douma en Syrie, le 12 décembre 2024. (BAKR ALKASEM / AFP)

Chute de Bachar al-Assad : trois questions sur les stocks de Captagon découverts en Syrie







jeudi 12 décembre 2024

(FR) L’Occident ne devrait pas trop s’inquiéter de la Syrie.

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Beaucoup de choses peuvent encore mal tourner, mais la chute de l'un des dictateurs les plus brutaux du monde est une chose dont il faut se féliciter.

Hayat Tahrir al-Cham ou HTC (en français, Organisation de libération du Levant; en anglais, Hay'at Tahrir al-Sham ou HTS) est un groupe rebelle islamiste de la guerre civile syrienne. Il est dirigé par Abou Mohammed al-Joulani.  https://fr.wikipedia.org/wiki/Hayat_Tahrir_al-Cham.

« Assad doit partir », a déclaré Barack Obama en 2013. Plus d’une décennie plus tard, le dictateur syrien a véritablement disparu. Mais l’ambiance générale aux États-Unis et en Europe est plus méfiante que festive.

L’histoire récente du Moyen-Orient nous donne de bonnes raisons d’être prudents. Le renversement d’autres dictateurs, tels que Saddam Hussein en Irak et Mouammar Kadhafi en Libye, a conduit à un chaos violent au lieu de la paix et de la stabilité. Le fait que la force qui a vaincu Bachar al-Assad, le groupe rebelle Hayat Tahrir al-Sham (HTS), soit classée comme groupe terroriste par les États-Unis, les Nations Unies et de nombreux pays européens, ajoute à la peur. Les souvenirs de la montée de l’EI en Syrie et en Irak en 2014 sont également encore frais.

Même s’ils ne le disent pas à haute voix, peut-être que l’Amérique et l’Europe préfèrent encore « le diable qu’elles connaissent », Bachar al-Assad, à l’instabilité d’un nouvel ordre en Syrie, dans lequel le le groupe rebelle (HTS) est la force la plus puissante. « Les djihadistes réformistes me semblent contradictoires », a déclaré un dirigeant européen.

La semaine dernière, les Émirats arabes unis ont publiquement soutenu Bachar al-Assad. Même Israël – qui a largement contribué aux troubles d'Assad en détruisant ses alliés du Hezbollah au Liban – préférerait l'ancien régime au nouveau. Yoram Hazony, un universitaire israélien proche de Benjamin Netanyahu, a qualifié le groupe rebelle HTS de « monstres à côté d’Al-Qaïda » et a déclaré que son succès était un « désastre ». En fait, le seul acteur régional puissant soutenant le groupe rebelle HTS est le gouvernement turc de Recep Tayyip Erdoğan.

Mais pour des raisons à la fois humanitaires et géopolitiques, les étrangers occidentaux ont tort de regretter la chute du régime d’Assad. On peut dire que c’est le gouvernement le plus brutal dans une région pleine de régimes terribles. Plus de 500.000 personnes sont mortes en Syrie depuis le début de la guerre civile en 2011 – et plus de 90 % des victimes ont été tuées par le gouvernement syrien et ses alliés étrangers.

Des milliers de prisonniers politiques autrefois détenus dans les prisons d'Assad – où la torture et les meurtres étaient monnaie courante – sont désormais libérés et leurs histoires seront horrifiantes. La guerre civile menée par Assad a contraint des millions de Syriens à fuir le pays, créé une crise des réfugiés qui a déstabilisé l’UE et provoqué de graves tensions en Turquie. La Syrie sous Assad est également devenue une plaque tournante de la criminalité transnationale et du trafic de drogue.

La chute d’Assad constitue également un coup dur pour la Russie et l’Iran. L’intervention militaire réussie de Vladimir Poutine en Syrie en 2015 a envoyé le message que la Russie était de retour en tant que puissance mondiale. La démonstration de puissance de Poutine et sa cruauté indéniable en Syrie l'ont enhardi pour sa prochaine invasion à grande échelle de l'Ukraine en 2022. En revanche, le retrait et l'échec de Poutine en Syrie mettent en évidence à quel point la guerre en Ukraine a épuisé les ressources de la Russie – et sapé l'idée que la communauté internationale les choses évoluent en faveur de Poutine.

La défaite de l’Iran est encore plus douloureuse. Au cours des dernières décennies, le régime iranien a bâti un réseau de mandataires puissants et brutaux à travers le Moyen-Orient. Cependant, les forces mandataires de l’Iran sont détruites une à une. Le Hamas a été détruit par l’armée israélienne à Gaza – même au prix d’un terrible coût humain. Le Hezbollah est ébranlé au Liban et n’est plus en mesure de combattre en Syrie. Les attaques de missiles balistiques iraniens contre Israël ont échoué. Si l’Iran perd sa position de force en Syrie, sa puissance régionale s’effondrera en quelques mois seulement.

Bien entendu, il existe de nombreuses raisons de s’inquiéter de la suite des événements. Si le régime iranien perd son bouclier par procuration dans la région, il pourrait trouver d’autres moyens de se protéger, comme par exemple accélérer le développement des armes nucléaires. La reprise des combats pourrait transformer la Syrie en un État en faillite et entraîner une nouvelle vague de réfugiés. Et le groupe rebelle HTS pourrait transformer certaines régions du pays en refuges pour le terrorisme.

Cependant, plusieurs ONG occidentales qui ont travaillé avec le groupe rebelle HTS dans les zones contrôlées par le groupe en Syrie ont trouvé que cette force était bien organisée, pragmatique et désireuse et capable d’établir des contacts avec le monde extérieur. Ils ont mis en garde contre toute hypothèse selon laquelle HTS pourrait devenir Al-Qaïda sous une nouvelle forme.

La réponse prudente de l’Occident à la chute d’Assad reflète les espoirs déçus du soulèvement arabe de 2011. La plongée de la Syrie dans une guerre civile brutale reste un récit édifiant, cité en tête par ceux qui s’inquiètent d’un optimisme naïf quant à l’effondrement des dictatures au Moyen-Orient.

Mais il existe aussi un pessimisme naïf. Croire qu’Assad a fermement pris le pouvoir et que le peuple syrien et la population de la région dans son ensemble ne peuvent s’attendre à rien de moins qu’une répression brutale et continue n’est pas seulement cynique, c’est aussi une erreur catégorique d’accumulation. L’Arabie saoudite, qui a rouvert son ambassade à Damas plus tôt cette année 2024, est un exemple frappant d’un gouvernement qui a décidé de faire des compromis avec Assad au moment même où son pouvoir était sur le point de s’effondrer. Ce n’est que lorsque la guerre au Liban a éclaté que les gens ont compris à quel point le pouvoir du régime d’Assad était fragile.

Au milieu de toute l’anxiété compréhensible concernant l’avenir de la Syrie post-Assad, il est facile d’oublier une simple vérité. La chute d’un régime brutal lié à d’autres régimes brutaux est une bonne chose.


Source : Article de Gideon Rachman, « The west should not succumb to cynical regret over Syria », Financial Times, 09/12/2024.











(FR) Conflit en Syrie - L'arsenal syrien après la chute du gouvernement Bachar al-Assad et ses implications pour l'Ukraine.

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Un missile anti-aérien syrien a été tiré. Photo : agence de presse iranienne MEHR


Selon Defense Express, du missile P-800 Oniks au système de défense aérienne S-300, ces dispositifs constituent non seulement des atouts stratégiques mais apportent également une grande valeur de recherche dans le contexte des tensions géopolitiques actuelles.

Selon le site d'information Defense Express (Ukraine), le 11 décembre 2024, l'effondrement du gouvernement du président Bachar al-Assad en Syrie ouvre une excellente opportunité pour découvrir des entrepôts d'armes et d'équipements militaires géants ayant appartenu à l'armée gouvernementale de ce pays. Une grande partie de l'équipement de l'arsenal syrien provient de Russie et d'Iran, ce qui rend encore plus urgent le contrôle de ces armes. 


Système de défense côtière Bastion

L'une des armes notables de l'inventaire d'équipement militaire syrien est le système de défense côtière Bastion acheté à la Russie, équipé de missiles antinavires supersoniques P-800 Oniks (1). Cependant, il n’existe pas de données fiables sur le nombre de Bastion que la Syrie possède

Pour l'Ukraine, accéder à un système Bastion depuis la Syrie peut aider à détecter les faiblesses du système, développant ainsi des contre-mesures en mer et trouvant des moyens d'empêcher les attaques à longue portée de la Russie avec des missiles P-800 Oniks depuis la Crimée vers l'Ukraine continentale. 


Types de missiles et de systèmes de défense aérienne 

Selon le rapport sur la défense mondiale « The Military Balance 2024 » de l'Institut international d'études stratégiques (IISS), outre les missiles antinavires, les forces du régime de Bachar al-Assad possèdent également un nombre indéterminé de missiles Tochka U (2) et Elbrus (3) tous deux développés par l'Union Soviétique et les missiles Fateh-110 (4) d'Iran.

Ces missiles constituent non seulement un matériel de recherche précieux permettant à l'Ukraine d'améliorer ses tactiques d'interception, mais également de détecter les composants électroniques importés de l'Occident, afin d'empêcher le flux d'armes vers d'autres pays.

Même si l’Elbrus (3) peut s’avérer complexe à utiliser comme arme opérationnelle, le système Tochka U (2) est facilement transférable aux forces armées ukrainiennes, qui connaissent bien les équipements de l’ère soviétique.

En outre, le rapport Military Balance 2024 indique également que la Syrie possède au moins 20 systèmes de puissance sol-air à longue portée S-300PMU2 (5), jusqu'à 36 lanceurs S-125-2M Pechora-2M et un nombre indéterminé de systèmes de missiles S-200, Buk et Buk-. Le M2 se déclenche. Tous ces systèmes pourraient être utiles pour défendre les villes ukrainiennes contre les attaques russes à longue portée. 


Artillerie et force aérienne 

Concernant l'armement d'artillerie syrien, l'Ukraine s'intéresse aux systèmes de lance-roquettes multiples Uragan 220 mm (6) et Smerch 300 mm (7), utilisant des obus d'artillerie rares sur le marché mondial.

En ce qui concerne l’armée de l’air, début 2024, la Syrie dispose d’un total de 184 avions militaires, dont les plus importants sont 30 avions de combat MiG-29 (8). Certains avions ont été mis à niveau vers la version MiG-29SM, permettant l'utilisation de missiles modernes tels que le R-77 et le Kh-31P. 

En outre, la Syrie possède également 10 bombardiers Su-24MK (9) restants sur une vingtaine d'avions reçus à la fin des années 1980. Concernant les hélicoptères, la Syrie possède 4 hélicoptères de guerre anti-sous-marine Ka-28 (10) et 5 hélicoptères Mi-14 (11), malgré leurs capacités opérationnelles. peut être très limité. Cependant, ils peuvent toujours fournir des pièces de rechange pour les réparations et l'entretien. 


Les défis du transfert d’armes vers l’Ukraine

Même si cet arsenal est considérable, la grande question est de savoir quel type d’équipement peut réellement être retiré de Syrie. Qui représentera le nouveau gouvernement en Syrie pour négocier l’éventuel transfert de ces armes ?

Le moment des négociations est également un facteur important, car l’armée de l’air israélienne a mené de nombreuses attaques systématiques contre des bases militaires sur le territoire syrien afin de détruire tous les dépôts d’armes importants laissés sur place par le régime de Bachar al-Assad. 

On peut dire que l’effondrement rapide du régime d’Assad a créé une situation instable en Syrie. Le contrôle de cet énorme arsenal affectera non seulement la région mais aussi la sécurité mondiale dans un avenir proche.


Sources

(1) P-800 Oniks https://fr.wikipedia.org/wiki/P-800_Oniks

(2) OTR-21 Totchka https://fr.wikipedia.org/wiki/OTR-21_Totchka

(3) R-17 Elbrus https://en.wikipedia.org/wiki/R-17_Elbrus

(4) Fateh-110 https://en.wikipedia.org/wiki/Fateh-110

(5) S-300 missile system https://en.wikipedia.org/wiki/S-300_missile_system

(6) BM-27 Ouragan https://fr.wikipedia.org/wiki/BM-27_Ouragan

(7) BM-30 Smertch https://fr.wikipedia.org/wiki/BM-30_Smertch

(8) Mikoyan-Gourevitch MiG-29 https://fr.wikipedia.org/wiki/Mikoyan-Gourevitch_MiG-29

(9) Soukhoï Su-24 https://fr.wikipedia.org/wiki/Soukho%C3%AF_Su-24

(10) Kamov Ka-28 https://aviationsmilitaires.net/v3/kb/aircraft/show/15017/kamov-ka-28-otan-helix-a

(11) Mil Mi-14 https://fr.wikipedia.org/wiki/Mil_Mi-14






(FR) Conflit en Syrie - Le journal Washington Post révèle les actions des services secrets ukrainiens en Syrie.

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Les rebelles menés par le groupe HTS/HTC en Syrie ont renversé le régime du président Bachar al-Assad. Photo : CBS

Hayat Tahrir al-Cham ou HTC (en français, Organisation de libération du Levant; en anglais, Hay'at Tahrir al-Sham ou HTS) est un groupe rebelle islamiste de la guerre civile syrienne. Il est dirigé par Abou Mohammed al-Joulani.  https://fr.wikipedia.org/wiki/Hayat_Tahrir_al-Cham.


Les services de renseignement ukrainiens auraient envoyé de nombreux pilotes pour contrôler environ 150 drones afin d'aider les rebelles syriens à renverser le gouvernement du président Bachar al-Assad.

Les informations ci-dessus ont été rapportées par le Washington Post, citant des sources bien informées sur les activités militaires de l'Ukraine, ajoutant que cette décision avait été mise en œuvre par Kiev environ 4 à 5 semaines avant le renversement du régime du président Bachar al-Assad par les rebelles syriens.

"L'Ukraine a envoyé environ 20 opérateurs de drones UAV (Unmanned Aerial Vehicle) expérimentés et 150 drones FPV (First Person View : Grâce à la caméra embarquée à bord, on profite des images en temps réel) dans la province d'Idlib pour soutenir le groupe rebelle Hayat Tahrir al-Sham (HTS)", - indique clairement la source.

Les responsables russes affirment depuis des mois que l’Ukraine a envoyé des agents de renseignement en Syrie pour soutenir les rebelles.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré en septembre 2024 que les services de renseignement ukrainiens étaient présents à Idlib, en Syrie, et que les dirigeants des services de renseignement ukrainiens étaient en contact direct avec le groupe HTS.

Le Washington Post a décrit ces efforts comme ayant joué un « rôle modeste » dans le renversement du président Bachar al-Assad, mais les a évalués comme « faisant partie d'un plan plus large de l'Ukraine visant à contrer secrètement les activités de la Russie au Moyen-Orient, en Afrique et en Russie ».

Cependant, Alexander Libman, expert en politique russe et en Europe de l'Est à l'Université libre de Berlin (Allemagne), a déclaré à Business Insider qu'il serait surprenant que l'Ukraine envoie réellement des opérateurs et des drones en Syrie en raison de la situation inquiétante dans l'est de l'Ukraine. 

"Je ne pense pas que l'Ukraine puisse tirer beaucoup d'avantages de sa participation à ce type d'activités", a déclaré l'expert Alexander Libman. "Au lieu de cela, elle ne fera que gaspiller des ressources qui devraient être consacrées au combat sur son propre territoire Ukraine". 

Cependant, l'effondrement du régime du président Bachar al-Assad pourrait entraîner une perte d'influence de la Russie en Syrie et le contrôle de la base aérienne de Hmeimim et de la base navale de Tartous.

La Russie a utilisé ces bases pour projeter sa puissance en Méditerranée et en Afrique, et pour contrer le flanc sud de l’OTAN.

Des images satellite prises par Maxar Technologies plus tôt cette semaine ont montré que les avions de guerre russes étaient toujours présents à Hmeimim mais que les navires de guerre russes n'étaient plus à Tartous.











mercredi 11 décembre 2024

(FR) Conflit en Syrie - L'armée israélienne dit avoir mené près de 480 frappes en Syrie en 48 heures.

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Un drapeau national syrien et un portrait du président syrien Bachar al-Assad déchirés par des combattants antigouvernementaux dans la ville d'Alep, dans le nord de la Syrie, le 30/11/2024.
afp.com/Omar HAJ KADOUR

Alors que l'armée israélienne a mené près de 480 frappes en Syrie en 48 heures depuis la chute du président Bachar al-Assad, sur le terrain, elle continuait mardi 10 décembre 2024 à s'enfoncer dans la partie syrienne du plateau du Golan. Une façon, pour Tel-Aviv, de se préparer à l'après-Assad et à un potentiel chaos

Hayat Tahrir al-Cham ou HTC (en français, Organisation de libération du Levant; en anglais, Hay'at Tahrir al-Sham ou HTS) est un groupe rebelle islamiste de la guerre civile syrienne. Il est dirigé par Abou Mohammed al-Joulani.  https://fr.wikipedia.org/wiki/Hayat_Tahrir_al-Cham


Le chef des rebelles syriens, Abou Mohammad al-Jolani, s'est rendu dimanche à la célèbre mosquée des Omeyyades à Damas. [AFP - ABDULAZIZ KETAZ]

"Si le nouveau régime en Syrie permet à l'Iran de se réimplanter, ou autorise le transfert d'armes au Hezbollah" libanais pro-iranien, a averti mardi Benjamin Netanyahu.

Quelques heures à peine après que les rebelles syriens de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) sont entrés dans Damas, signant la chute du régime de Bachar al-Assad dimanche 8 décembre 2024, l'armée israélienne réagissait, lançant une série de frappes aériennes. Deux jours plus tard, l'armée israélienne dit avoir mené près de 480 frappes en Syrie en 48 heures.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme OSDH, Israël a entre autres bombardé des aéroports, des radars, des véhicules blindés, des dépôts d'armes et de munitions dans plusieurs régions, dont celle de Damas. La marine israélienne a également endommagé des bâtiments syriens équipés de missiles mer-mer au large du port de Lattaquié sur la Méditerranée. Un centre de recherche scientifique près de Damas, soupçonné d'être lié au programme chimique syrien, a aussi été bombardé. 

L'objectif d'Israël est de détruire toutes les armes restantes dans les entrepôts et les unités militaires qui étaient contrôlés par les forces de l'ancien régime

Israël est face à un moment de vide politique et sécuritaire en Syrie et il en profite pour se tailler une part du gâteau. Car il est conscient que quelque soit la tournure que prendront les choses, il lui sera plus facile de composer et de faire pression sur un nouveau gouvernement faible militairement.



Jusqu'ici, le régime de Bachar al-Assad présentait en effet des avantages pour Israël. Même s'il restait un allié du régime iranien et permettait au Hezbollah de faire transiter des armes destinées au Liban par la Syrie, il était trop faible pour s'opposer frontalement à Tel-Aviv. Il permettait ainsi à Israël de mener des frappes aériennes contre des intérêts, des personnes et installations militaires du Hezbollah ou de l'Iran, sans jamais intervenir. 

Israël, c'était un ennemi confortable et surtout stable. Le régime de Bachar al-Assad a rarement mené d'actions directes contre Israël, préférant se concentrer sur les menaces internes.

À cet ennemi peu inquiétant car faible succède ainsi une plongée dans l'inconnu. Une incertitude encore renforcée par l'ambiguïté autour de la personnalité de Mohammed al-Joulani, chef des rebelles syriens de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), prêt à devenir le nouvel homme fort de la Syrie. Si ce dernier se présente aujourd'hui comme pragmatique ce qui pourrait l'inciter à  ne pas chercher d'épreuve de force avec Israël . 

Les nouveaux maîtres de la Syrie sont animés par "une idéologie extrême de l'islam radical", et "c'est pourquoi nous avons attaqué des systèmes d'armes stratégiques comme par exemple des restes d'armes chimiques ou des missiles et roquettes à longue portée, afin qu'elles ne tombent pas aux mains d'extrémistes", a ainsi déclaré lundi le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar.


Avancées sur le terrain

Sur le terrain également, Israël est passé à l'offensive. Depuis samedi 8 décembre, des troupes israéliennes sont positionnées dans la zone tampon située entre le plateau du Golan et la Syrie. C'est la première fois en 50 ans que des chars israéliens sont présents dans cette zone démilitarisée, mise en place en 1974 par un accord d'armistice entre les deux pays.

"C’est un jour historique dans l’histoire du Moyen-Orient", a félicité Benjamin Netanyahu dimanche, depuis le plateau du Golan, saluant dans le même temps la chute du régime de Bachar al-Assad.

L’accord de 1974 avec Damas s’est effondré du fait de l’effondrement du pouvoir syrien, a-t-il poursuivi, ouvrant la voie, selon lui, à une présence israélienne. Dans la foulée, il imposait un couvre-feu à des localités de cette zone tampon. 



Situé dans le sud-ouest de la Syrie, à la frontière orientale d’Israël, et bordé par le Liban au nord et par la Jordanie au Sud, le territoire du Golan revêt une importance stratégique majeure pour Israël, qui en occupe une partie depuis 1967. Au total, une trentaine de colonies israéliennes, soit environ 20.000 personnes, y vivent, au côté d’une population syrienne essentiellement composée par des Arabes druzes. 

Une occupation jugée illégale par le droit international mais qui est devenue une ressource majeure pour l'accès en eau en Israël, le contrôle du plateau du Golan et de ses multiples cours d’eau et nappes phréatiques fournit à Israël, majoritairement désertique, un tiers de l’approvisionnement en eau. La région est par ailleurs devenue un haut lieu touristique pour le tourisme de sports d’hiver et de production de vin réputés


Nouvelle zone tampon

Mais l'enjeu est aussi militaire. Culminant à 2.800 mètres, le plateau du Golan offre un point de vue idéal pour surveiller le sud de la Syrie, et notamment la capitale, Damas, située à environ 60 Km. 

Aujourd'hui, le plateau du Golan représente la menace numéro un pour Israël. Affaibli le régime de Bachar al-Assad n’avait jamais mis en œuvre d’actions diplomatiques sérieuses et militaires sur le terrain pour tenter de récupérer le Golan. Mais Mohammed al-Joulani le chef des rebelles syriens Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) pourrait vouloir revendiquer plus tard son retour dans le giron syrien. 

À plus court terme, ce territoire controversé pourrait devenir le théâtre de combats directs avec Israël. Pendant la guerre civile syrienne, des éléments jihadistes avaient tenté de franchir la frontière israélienne par les hauteurs du Golan. Tel Aviv est donc en état d’alerte car le Golan pourrait, en cas de chaos, devenir un théâtre de confrontation directe avec l’État hébreu (État juif). 

En avançant dans la zone tampon démilitarisée, Israël semble donc vouloir créer une sorte de nouvelle zone tampon plus au nord que l'actuelle. Dans le même temps, avancer vers le nord peut certainement lui permettre de sécuriser des routes utiles au Hezbollah vers le Liban et s'assurer que les territoires contigus au Golan sont sûrs.

Si Israël a, à plusieurs reprises, insisté que cette avancée était une mesure "limitée et temporaire", cela pourrait aussi, à moyen terme, "servir de monnaie de négociation avec le nouveau gouvernement" en Syrie, où "Israël n'accepterait de rendre les territoires conquis que si ce gouvernement ne se montre pas trop hostile.

Toute cette offensive est finalement assez coutumière d'Israël, "il veut créer un équilibre des forces par l'instrument militaire. Et c'est sur ce rapport de forces que se baseront les discussions politiques futures".