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Photo d’illustration : Champs d’énergie solaire et éolienne à Quy Nhon, Vietnam, le 11 juin 2023.
AP - Minh Hoàng
Le Vietnam possède 3 200 km de côtes, régulièrement confrontées à des tempêtes, des inondations et des glissements de terrain. Environ 30 % du delta du Mékong sera submergé si le niveau de la mer augmente d’environ 50 cm. La population devrait atteindre 120 millions de personnes d'ici 2030 alors que l'économie est encore émettrice de CO2 car 42 % de la production électrique dépend encore du charbon.
En tant que l'un des cinq pays non insulaires fortement touchés par le changement climatique, le Vietnam s'est fixé de grandes ambitions pour atteindre l'objectif de neutralisation des émissions d'ici 2050. Dans ce chemin, la France affirme son intention de se tenir aux côtés du Vietnam.
A travers de nombreux projets de financement direct ou dans le cadre d'accords avec des partenaires internationaux (JETP du G7, l'Union européenne, Norvège et Danemark ou la stratégie Global Gateway de l'Union européenne...), le gouvernement français, ainsi que le L'Agence française de développement (AFD) promeut le développement durable au Vietnam, en aidant le Vietnam à surmonter certaines des conséquences causées par le changement climatique.
Pour mieux comprendre les projets en cours et à venir, l'ambassadeur de France au Vietnam Olivier Brochet a répondu à quelques questions de RFI Vietnamien le 13 juin 2024.
RFI : Deux projets d'aides financières de l'Union européenne et de la France pour faire face aux impacts du changement climatique ont été annoncés en mars dernier. Le premier projet se déroule dans la ville de Hội An, province de Quảng Nam et le deuxième projet se déroule dans la ville de Đông Hà, province de Quảng Trị. Ambassadeur , dites -nous quelle est l'urgence de la situation pour expliquer le choix de ces deux localités ?
Ambassadeur Olivier Brochet :
Tout d'abord, il faut rappeler que l'Agence française de développement - AFD au Vietnam se concentre sur les projets climatiques. Cela signifie que les ressources financières de l'Agence française de développement sont destinées à soutenir le processus de transition énergétique, et sont principalement au bénéfice du secteur électrique vietnamien, de la Société d'électricité du Vietnam, ou à s'adapter au changement climatique et dans ce cas-ci profitent principalement. les provinces.
Dans ce deuxième cas, avec les deux projets mentionnés ci-dessus, le ministère du Plan et de l'Investissement du Vietnam a demandé un investissement financier à l'Agence française de développement. Le projet à Hội An lié à l'érosion côtière se déroule très rapidement et de toute urgence. Ce projet de financement vise donc à limiter l’érosion côtière, notamment en protégeant les plages de la zone hôtelière côtière de Hội An. Concernant le projet de Đông Hà, c'est parce que cette ville est régulièrement inondée, il est donc nécessaire de soutenir les efforts de prévention des inondations de la ville. Les travaux ont été réalisés dans le bassin amont pour tenter d'éviter des inondations fréquentes dans les zones centrales.
Je rappelle brièvement les origines des deux projets, mais tous deux s'inscrivent dans la politique générale mise en œuvre par la France, notamment par l'agence AFD au Vietnam, au profit des provinces et bien sûr avec le soutien de l'Union européenne, ainsi que. le Fonds WARM (Water and Natural Resources Management Facility - Facilité de Gestion de l'Eau et des Ressources Naturelles pour répondre au changement climatique au Vietnam) dans le but de soutenir tous les projets visant à renforcer la capacité à faire face au changement climatique.
RFI : Le Vietnam fait partie des cinq pays non insulaires les plus vulnérables aux conséquences du changement climatique. Au Vietnam, existe-t-il d’autres localités qui ont besoin d’un accompagnement spécialisé et de l’expérience de la France et de l’Union européenne ?
Ambassadeur Olivier Brochet :
Je pense que l'on peut dire que toutes les provinces du Vietnam sont vulnérables aux conséquences du changement climatique. Comme vous l’avez mentionné plus haut, le Vietnam fait partie des cinq pays non insulaires qui ont été gravement touchés et continueront de l’être. Cela se manifeste par des inondations, l’érosion côtière, l’intrusion d’eau salée ou, à l’inverse, par de graves sécheresses dans de nombreuses régions. Une intervention est donc nécessaire partout.
Actuellement, l'Agence française de développement mène des projets dans une quinzaine de provinces du Vietnam à la demande des comités populaires des provinces avec lesquelles nous entretenons des relations, parfois de longue date, et avons mis en œuvre conjointement de nombreux projets antérieurs. Nous venons d'évoquer deux exemples mais il existe bien d'autres projets. Je voudrais souligner en particulier trois projets que l'Agence française de développement coordonne dans le delta du Mékong. Il s’agit d’un endroit très vulnérable aux impacts futurs, car 50 % de la superficie du delta du Mékong pourrait être submergée sous les eaux d’ici la fin du siècle pour de nombreuses raisons et souffre de nombreux problèmes très graves. Par exemple, l'AFD est intervenue à Cà Mau avec un projet également lié à l'érosion côtière pour limiter ce phénomène. Le deuxième projet se déroule à Hậu Giang et porte sur la gestion des inondations dans la ville. Les deux projets ont été approuvés et sont sur le point d'être signés. Il existe un autre projet à Vĩnh Long visant à empêcher l'intrusion d'eau salée et à renforcer les berges du fleuve.
RFI : L'Ambassadeur a mentionné au moins 5 projets ci-dessus, si l'agence AFD va encadrer, accompagner ou transférer l'expérience aux partenaires vietnamiens afin que ces projets soient pérennes après leur mise en opération dans le futur Hybride ?
Ambassadeur Olivier Brochet :
Oui, tous ces projets ont été préalablement discutés techniquement de manière assez approfondie pour déterminer les besoins précis en équipements, matériaux, construction, ainsi que les besoins en accompagnement technique, en formation du personnel - ceux chargés de gérer ces questions. Et le Fonds de Gestion de l'Eau et des Ressources Naturelles - WARM mis en œuvre par l'Union Européenne est très utile pour cela car il permet de financer, par le biais de subventions, ces programmes d'assistance technique. L'AFD est financée par la Fondation WARM à hauteur d'environ 2 millions d'euros par an pour l'ensemble des projets de l'agence d'appui au transfert de technologie et d'appui technique aux Comités populaires provinciaux.
RFI : Lors de la COP 26, le Vietnam a annoncé de nombreux objectifs ambitieux. La France et le groupe du G7 sont prêts à aider le Vietnam à mettre en œuvre ce partenariat à travers le programme JETP (Equal Energy Transition Partnership). Alors, quelles sont les orientations pour atteindre ces objectifs ?
Ambassadeur Olivier Brochet :
Oui, le Vietnam s'est courageusement engagé et déterminé à faire face au problème du réchauffement climatique. Je voudrais réitérer les engagements pris lors de la COP 26, qui sont d'être neutres en CO2 d'ici 2050, de se débarrasser du charbon d'ici les années 2040, de réduire le méthane dont on sait qu'au Vietnam est énorme, notamment à cause de la culture du riz. Ce sont des engagements ambitieux.
Notre souhait, et je considère aussi que c'est notre obligation, est d'accompagner le Vietnam dans la mise en œuvre des engagements pris. C'est pourquoi la France s'est engagée auprès d'autres partenaires dans le cadre de l'accord JETP à apporter un soutien spécifique au Vietnam. C'est pourquoi, en juin 2023, la France a proposé le Traité de Paris pour les peuples et la planète (4P). Le Vietnam participe également et fait partie des 54 pays signataires. Le sens de ce Traité est que les pays en développement n’ont pas à choisir entre le développement pour leurs populations et la lutte contre le changement climatique. Les pays les plus riches doivent donc également participer au soutien des efforts que les pays du Sud ont résolument déployés. On voit que la France a pris des engagements politiques très clairs, très forts et que nous mettons ici en œuvre ces engagements.
Je viens de mentionner l'accord JETP ci-dessus parce que la France, avec ses partenaires du G7, s'est engagée à débourser 500 millions d'euros sur cinq ans et bon nombre des premiers projets sont sur le point d'être mis en œuvre dans ce budget. L'un des projets auxquels j'ai pensé en premier est le projet de construction d'un lac hydroélectrique supplémentaire pour la centrale hydroélectrique de Bắc Hà afin d'aider à stocker l'eau et l'énergie excédentaire des cellules solaires pendant la journée pour utiliser cette énergie plus tard. Cette quantité fait fonctionner les turbines à eau dans la région. réservoir le soir lorsque la demande en électricité augmente. C'est un exemple des projets pour lesquels nous accorderons du crédit et qui sont actuellement en phase d'évaluation et de conception.
En outre, la Société vietnamienne d’électricité doit bénéficier d’un grand soutien pour améliorer le réseau électrique, car c’est l’un des problèmes majeurs auxquels le Vietnam est confronté. Une grande partie de la production d’électricité, en particulier de l’électricité renouvelable, est produite dans le Sud, tandis que la demande dans le Nord est extrêmement importante et n’est pas entièrement satisfaite. Il est donc nécessaire d’améliorer le réseau électrique entre le Nord et le Sud pour développer pleinement l’industrie de la production d’énergies renouvelables. Et c’est également le domaine dans lequel nous coopérons avec la Société vietnamienne d’électricité.
Outre le financement public, l'accord JETP comprend également des engagements de la part des entreprises et des sociétés privées pour répondre aux besoins et aux attentes du Vietnam. Dans ce domaine, les entreprises françaises sont présentes et continuent de s'engager. Je donne juste l'exemple d'EDF Renouvelables, qui a un projet important sur les énergies renouvelables au Vietnam. À l’avenir, il y aura peut-être de nombreux autres projets que nous commencerons à envisager en fonction de la politique de la partie vietnamienne. La France peut apporter des solutions pour développer la filière hydrogène et peut-être un jour si le Vietnam se penche sur la question du nucléaire.
Ce qui précède n'est qu'un bref aperçu des projets liés à l'énergie, mais il existe également de nombreux autres projets visant à développer une économie à faible émission de carbone, comme les projets de mobilité urbaine, par exemple dans le cas des subventions pour le métro de Hanoï avec une ligne de train 3. Ou encore, dans le domaine de l'industrie et de l'agriculture, nous menons de nombreux programmes de recherche avec des partenaires vietnamiens pour améliorer et réduire les émissions de carbone agricoles.
Ensuite, nous avons travaillé avec le gouvernement vietnamien pour soutenir la mise en œuvre d'outils de modélisation économique, ce qui est extrêmement nécessaire. Et c'est le cas du projet GEMMES, mis en œuvre depuis de nombreuses années et qui aide le gouvernement à prendre des mesures et à construire des stratégies économiques pour mieux s'adapter aux impacts du réchauffement climatique ainsi qu'aux conséquences de ce phénomène. Ci-dessus quelques exemples de politiques engagées par la France pour accompagner le Vietnam.
SOURCES
- (VN) Pháp triển khai dự án hỗ trợ ứng phó với biến đổi khí hậu tại 15 tỉnh Việt Nam
- Agence française de développement - AFD au Vietnam